mercredi 7 novembre 2007

Xerographie

En ma présence, le mot xérographie n'est jamais sorti du dictionnaire.

Il y a, et il n'y a jamais eu, n'en déplaise à monsieur Rank et madame Xerox, que la photocopie. Xérographie n'a jamais eu d'utilité que pour les joueurs de Scrabble et de mots croisés ou pour les élèves à la recherche de mots cochons dans le dictionnaire et qui, surpris, pouvaient toujours manifester un intérêt subit pour les mots en X a défaut d'autres versions elles aussi marquées X.
Mais franchement, les premières photocopies, c'était une sorte de farce. Un, ça coutait une fortune. Deux, on ne voyait pas grand chose. Trois le papier était bizarre, tout fin, avec une tendance irrésistible à croller. Et enfin... au bout de quelques temps, il n'y avait plus rien à voir. La photocopie était envolée.
Alors, franchement, pour reproduire les documents, il vallait mieux utiliser d'autres moyens dont je parlerai probablement par ailleurs.

mardi 6 novembre 2007

Wallon

Les Flamands parlent le flamand. Les Bruxellois parlent le français. Les Wallons parlent le belge.

D'ailleurs, Wallon ce n'est pas et ne sera peut être jamais une nationalité. Peut-être justement pour cette raison: l'incapacité de se donner autre chose comme identité collective qu'un vague et trop récent territoire. Incapacité de se définir par rapport à des cousins bruxelles un peu encombrants et grande-gueule. Encore plus face à ces immigrés de la périphérie, sorte de francophones de l'étranger...
Un Wallon? C'est un de ceux qui se réunissent encore en face pour parler, en wallon, de choses et d'autres pendant que le garagiste soigne les dents d'une moissoneuse batteuse ou le moteur d'un tracteur.
C'est un de ceux qui, au carnaval de Malmédy, vit pendant cinq jours en wallon. 24 heures sur 24. Boit, mange, rote, baise et vomit en wallon. Jure et chante en wallon pendant la trève sacrée d'avant carême. L'essentiel du carnaval, ce n'est donc pas le masque: beaucoup de ne sont pas masqués et font le carnaval. C'est le wallon. Seule langue de ces jours de folie publique.
Mais y-a-t'il encore de ces Mohicans comme ceux qui arrivaient chez nous dans les petites classes et ne parlaient pas le français. De vrais Wallons, dont la langue marternelle, paternelle, grand-paternelle et grand-maternelle... est le wallon. Qui ont sucé le dialecte au biberon et le cultivent jour après jour.
En tout cas, à l'école, ils devaient se couler dans le moule. Ils apprenaient la langue commune... le français.

lundi 5 novembre 2007

Vol en rase mottes

Les avions de chasse volent en rase motte et terrorisent la population.

Peut-être dans mon souvenir volent-ils bien plus bas qu'ils ne le faisaient en réalité. Mais je sens encore le hurlement de leurs réacteur déchirer mes tympans. Et je me sens me réfugier dans le giron de ma mère.
Plonger dans la vallée et froler les toits devaient être bien tentant juste avant d'aller tirer sa charge de missiles au camp d'Elsenborn. Se croyaient-ils vraiment en guerre ou méprisaient-ils totalement la population?

dimanche 4 novembre 2007

URSS

L'URSS (CCCP en Russe), c'était au choix: le danger principal, une grande nation, un pays de sportifs, loin derrière le rideau de fer...

Le monde était simple. Il y avait les bons (nous) et les mauvais (les rouges). Je parlerai sans doute un autre jour des jaunes, qui étaient des sortes de rouges.
Donc, pour faire simple, quand on voulait un jeu simple - par exemple des manoeuvres militaires, ou une stratégie de défense, ou une décision sur une implantation de missiles - il y avait les bons (nous, je le rappelle) et les mauvais (les rouges, donc eux).
Il y avait bien quelques communistes en Belgique. Il y en avait même au parlement. Mais ils se trompaient. La preuve, c'est en Belgique qu'ils vivaient. Qu'ils aillent voir là bas. Ils seraient déjà au goulag.
Une autre preuve? L'URSS ça n'existe plus, les rouges non plus alors que la Belgique ça existe encore. Si ce n'est pas une preuve ça! Même le Vatican existe encore.
Les Russes, c'était connu, ne rêvaient que de nous balancer leur bombes atomiques sur la tête. Mais heureusement, nous avions une armée, il y avait le service militaire, et il y avait nos amis les Américains.
D'ailleurs, même dans la conquête spatiale ils étaient moins bons que les Américains. Qui est allé sur la lune? Les Américains. C'est bien la preuve (et tant pis si d'autres premières étaient le fait des Russes, ça ne compte pas).
Un petit doute quand même quand on lisait le journal Vaillant qui en disait pas mal de bien et nous en montrait de bien jolies images.
Il faut avouer aussi que peu de marques rivaliseront jamais avec la puissance de leur logo: CCCP en blanc sur fond rouge. Collé sur le dos de sportives avec des carrures larges comme celles des deux soeur Williams réunies. Mais leur logo, franchement, ça vaut au moins celui de Coca-Cola.

L'ennui avec les russes, le vrai, c'est qu'avec leur rideau de fer à quelques heures de routes de la maison, pendant de si longues années ils ont réussi à faire croire à tout le monde qu'il y aurait définitivement deux Europe, la leur (rouge) et la nôtre (la bonne).

samedi 3 novembre 2007

Traineau

Nous dévalions la colline sur nos traineaux.

Eh oui. Traineau. Pas luge. Et avec l’accent liégeois ou verviétois, le mot prend encore plus de saveur. Avec le tré qui s’allonge autant que le nô…
Chacun avait le sien, qu’il fallait remettre en état dès les premières neiges. La rouille sur les patins ? Il nous est bien arrivé de croire qu'un peu de technique moderne arrangerait les choses, et de farter nos bêtes de course comme on le faisait avec les skis à l'époque. Rien n'y faisait, seules les techniques traditionnelles réussissaient. Sur le chemin de la piste, il suffisait de trouver des morceaux de route encore découverts et de l’y trainer. Un peu plus loin, la neige compléterait le boulot.
Les plus lourds permettaient sur de longues pistes d’atteindre une plus grande vitesse finale, mais les plus courts étaient les meilleurs, Seul le torse reposait alors sur le bolide.
Je pense me souvenir avoir acheté le mien 25 francs. Tout le contenu de ma tirelire y était passé.

vendredi 2 novembre 2007

Speakerine

La TV d’aujourd’hui m’a enlevé les speakerines.

Il me semble qu’elles étaient toutes blondes. En tout cas, elles étaient permanentées à souhait et souriantes, quoi qu’il advienne.
Avec elles, pas besoin de programme TV. On savait tout de suite si on avait envie de voir le film ou s’il fallait mettre les enfants au lit en raison de scènes qui ne leur conviendraient pas.
Elles accompagnaient notre soirée. Et bizarre, elles n’ont jamais porté qu’un prénom : Sylvie, Maryse, … Je ne me souviens pas qu’aucune ait jamais eu un soupçon de nom de famille.
Normal, cela nous aurait retiré le droit de croire qu'elles faisaient partie de la nôtre.
Un jour elles ont disparu. J’imagine, à la RTBF, une grande armoire dans laquelle on aurait rangé toutes les speakerines, en attendant d’en faire à nouveau usage. Sans aucun doute, comme les manequins des vitrines, ont elles pris un petit air kitch, mais elles ne peuvent pas avoir changé, et leur sourire doit toujours briller du même éclat qu'au jour où elles ont été remisées là.

jeudi 1 novembre 2007

Rage

Le 8 juillet 1885, Louis Pasteur vaccine contre la rage un jeune Alsacien.

Du temps où il n’était pas question du SIDA et où la maladie de Lime n’était pas encore connue. Depuis longtemps la crainte du grand méchant loup avait été bannie, et pourtant, le petit chaperon rouge a failli être privé de promenades en forêts.
La rage règnait. Ou du moins c’est ce que l’on nous disait. Elle est passée par ici, elle repassera par là. Et de gazer tous les renards. Et en un temps où les chasseurs ne passaient même pas d’examen de chasse, de gazer aussi tous les blaireaux, par ignorance tout autant que par bêtise.
Nous avions tous en mémoire les gravures de nos livres de sciences naturelles. Le grand Pasteur sauvant d’une mort affreuse un enfant autrement condamné. Un renard avec la rage devenait dans l’imaginaire bien pire qu’un loup.
Jusqu’au jour où quelqu’un a imaginé qu’il serait peut être plus efficace de vacciner les animaux plutôt que de poursuivre un jeu, perdu d’avance, de massacre.
Les sauvageons et la racaille peuvent donc aujourd’hui tranquillement affirmer : j’ai la rage !
Ils ne seront pas gazés.