lundi 7 janvier 2008

Zwin

Ce n’était pas seulement à la mer – donc très loin – mais, comme La Panne, le coin de la mer. Juste après, c’était la frontière. Pour nous, frontaliers de l’autre bout, cela signifiait quelque chose. Nous y retrouvions un peu de l’ambiance de nos régions limitrophes de l'Allemagne, du Luxembourg et des Pays-Bas.
Il fallait prendre le train d’abord, puis un bout de tram sans doute. Et encore une bonne trotte à pied jusqu’à l’entrée du parc. A moins de passer par la plage, les dunes, et de franchir les barbelés.
Le Zwin était comme un bout d’histoire. Pas très glorieusement, delta pitoyable et morceau de dépouille de Brugge la morte. Plus positivement, le dernier bout d’anarchie et de mauvaises herbes sur une côté trop réglementée et intégralement vouée au béton.
L’antithèse du mur de l’Atlantique ?

dimanche 6 janvier 2008

Xhoffraix

Xhoffraix se dit tout juste Hofrê, avec un H aspiré.

Xhoffraix, Xhignesse, avec un H en français, et qui se prononce par endroit Chofrê en wallon. Et ne mélangez pas l’un avec l’autre, vous passeriez au mieux pour un rustre, plus probablement pour pédant et idiot.
La prononciation des noms de villages et de lieux dits est parfois aussi rocailleuse que les chemins qui y mènent. Ils servent ainsi à reconnaître le nouveau venu. Celui qui n’y a jamais mis les pieds – ni la langue – pour s’en moquer, et l’éloigner si nécessaire.
Et si par hasard, l’amour du lieu le prend, pour le reconnaître ensuite comme familier, comme ami peut-être un jour.

samedi 5 janvier 2008

W (double V)

Wagon pas vagon et Wallon pas vallon !

Si on a inventé des lettres différentes, c’est bien pour s’en servir. Et pas pour allègrement les confondre l’une avec l’autre. Le vallon, c’est une petite vallée, avec un V. Et le Wallon, c’est un habitant de la Wallonie, avec un W.
Faut-il absolument être un peu germain pour faire la différence ?
Nous serons alors donc germains ! Et, si elle peut s'en contenter, la Belgique en survivra peut-être.

vendredi 4 janvier 2008

Tchouler

Arrête de tchouler. T’es pas une fille tout de même.

Tchouler… avec le «ou» qui prend tout son temps, en wallon, c’est pleurer. Un de ces mots superbes qui, quand on les a entendus, ne seront jamais oubliés.
Irremplacables. Tchouler, ce n’est pas seulement pleurer. C’est plutôt pleurer comme une Madeleine… ou bien pleurer toutes les larmes de son corps… ou bien… n’importe quelle forme de pleurer qui ne soit pas seulement pleurer. Tchouler comme un gosse… tchouler dans un coin… tchouler pour des bêtises…
Tchouler quoi !

jeudi 3 janvier 2008

Sac a dos

Un sac à dos, c’est beige… et c’est un Lafuma, ou bien c’est kaki, et il est militaire.

Il y avait deux couleurs de sacs à dos : les beiges – civils – et kakis – militaires -. Et deux sortes : à armature métallique – les normaux – et à lattes de bois – pour l'escalade -. Au magasin de sport et camping, le choix était donc des plus simples – sachant que les montagnes manquaient cruellement de nos paysages et que nous n’avions rien de militaire - : le grand ou le petit.
D’ailleurs on disait Lafuma, comme on disait bic, frigidaire ou mobylette.

mercredi 2 janvier 2008

Regle a calculer

Le soir, sur la table du salon, mon père travaillait encore. La règle à calculer était sa meilleure assistante.

J’ai appris à l’école secondaire comment elle fonctionnait. Même appris rapidement à vaguement l’utiliser avant d'aussi rapidement l'oublier. Mais toujours, elle a gardé pour moi un aspect tout à fait magique.
Il y avait bien, au magasin en face, une machine à calculer mécanique qui a grand renforts de coups de manivelle, et à grand bruit, faisait les opérations nécessaires à la gestion de la boutique.
Il y aurait, bien plus tard, les premières machines à calculer électroniques.
Mais cet engin ci était silencieux. N’avait besoin d’aucune source d’énergie, sauf celle de mon père qui la manipulait. Et se glissait dans la poche de son veston ou dans sa serviette. Il en avait même il me semble une de format réduit.
Sans compter ces pages entières d’idéogrammes qu’il produisait. Qu'il a toujours prétendu avoir composé de nos bons chiffres arabes et d’orthographe française. N’ayant jamais rien pu en déchiffrer, je suis sûr qu’il avait le génie ainsi que le goût du secret d’un Léonard de Vinci.

mardi 1 janvier 2008

Queue de renard

Une Opel Manta avec une queue de renard attachée à l’antenne radio.

A Malmédy, la queue de renard était déjà le symbole de l’arlequin, qui en caressait la tête des spectateurs du carnaval.
Mais ce fut aussi un accessoire de décoration automobile. Assez stupide d’ailleurs. Qui donc a eu le premier l’idée de tuer un renard. De lui couper la queue. Et d’attacher celle-ci à l’antenne d’une auto-radio ? Et si l’idée était stupide, le résultat, lui, était affligeant.
La queue de renard est à peu de choses près aussi décorative que la balle de tennis sur l’attache remorque !