vendredi 29 février 2008

Epicier

Le matin, l’épicier partait sur son lourd vélo noir pour livrer les clients.

Il portait un cache poussière d’épicier. Gris. Et une tête d’épicier. Grise aussi et chauve. Il semblait autant faire partie de son épicerie que les rayonnages ou la caisse enregistreuse.
Chaque jour il livrait ses clientes - évidemment, les hommes étaient au boulot pendant la journée, seules les femmes et les pensionnés étaient à la maison - sur son vélo d’épicier. Une sorte de monstre avec un plateau pour les colis à l’avant.
Un enfant aurait pu y tenir un instant, mais en fragile équilibre seulement et trop loin du sol pour que ce soit agréable bien longtemps. Le vélo de l'épicier n'était vraiment pas un jeu.
L’épicier, le facteur et d’autres encore visitaient chaque jour vieux et moins vieux. Le courrier, les denrées livrées s'accompagnaient d'une plaisanterie, d'un bout de conversation. Et le quartier semblait alors être redevenu un village.

jeudi 28 février 2008

La dame des téléphones

Quand on avait actionné la manivelle, on obtenait la dame des téléphones.

Avant le GSM il y avait donc le téléphone fixe, avec un clavier. Avant le clavier, le téléphone à cadran rotatif. Et avant le cadran rotatif le téléphone à manivelle. Et avant le téléphone à manivelle, les Belges vivaient dans les cavernes !
Quand on tournait la manivelle, la Dame des téléphones décrochait. Vous demandait qui vous vouliez appeler – comme dans le sketch de Fernand Reynaud, pas vraiment le 22 à Asnières mais par exemple le 575 à Malmédy -. Elle vous mettait en communication, et le tour était joué.
Dans les entreprises, c’était la même chose. On obtenait le central qui vous connectait vers la personne que vous appeliez en branchant des câbles dans un grand tableau.
Mais peu importe la technique. Il y avait donc une dame derrière le téléphone.
Peut-on l’imaginer aujourd’hui ? Ne parlons pas des téléphones, où tout est automatique, mais même mon banquier est remplacé par un guichet automatique. Savez-vous qu’il y avait aussi un pompiste, qui mettait l’essence dans votre réservoir; pas besoin de sortir de sa voiture. Qu'il y avait aussi un poinçonneur - je crois qu'on l'appelait le controlleur - dans le bus, qui validait votre ticket ou vous en vendait un.
Mais le plus amusant, avec la dame des téléphones, c’est - puisqu'on ne la voyait jamais - qu’on pouvait l’imaginer comme on voulait. Pour ma part, je la voyais grosse, très grosse, avec de gros doigts et un bon gros sourire de grosse, et de longs cheveux gras de grosse !
Et tant pis si elle était petite et maigre. Pour moi, elle sourira pour toujours, mille fois plus que n’importe quelle voix automatique !

mercredi 27 février 2008

Chique

Tu me donnes une chique ?

Une chique, c’était un bonbon ! Mais il faudrait le son pour profiter de l’accent. On n’est pas bien loin de chèque…
Nous n'utilisions pas le mot juste ? Risquerait-on de confondre avec la chique de tabac ? Vous m’avez bien regardé ? Vous me donnez quel âge ? A part dans les livres de Lucky Luke, je n’ai jamais vu personne chiquer, pas plus que je n’ai vu de tabac à chiquer. Donc, d’où pourrait venir une quelconque confusion ?
Retour donc au rayon souvenirs ! Sur le chemin de l’école, ceux qui avaient de l’argent passaient au magasin, pour faire leur provision de chiques, chiquelettes, poudre sûre (bien prononcer "poût'sûre" s'il vous plait) et autres friandises.
Vendues à la pièce - comme sur les trottoirs de Dakar ou de Ouagadougou - s’il vous plait ! Dans de grands bocaux. Sous le regard soupçonneux de l’épicière ou de l’épicier. Et dès qu'il y avait deux enfants dans le magasin, ses yeux s'essayant à les suivre simultanément lui donnaient un air de caméléon !

mardi 26 février 2008

Bonbon

J’aime les bonbons avec de la confiture au milieu !

Un bonbon, c’était un biscuit.
Les meilleurs ? A chacun ses goûts. Pour moi, les sablés ronds, avec de la pâte de fruit au milieu. Et puis les café glacé, au sucre glacé profondément parfumé de moka.
Mais il y avait aussi des tas de biscuits qui ne s’appelaient pas bonbon : les biscuits militaires, les petits beurre, les spéculoos, les printen…
Vous ne vous y retrouvez pas ? Nous on s’y retrouvait très bien !

lundi 25 février 2008

Angleterre

L’Angleterre était une île !

Ponts et tunnels ont changé le monde tout autant que certains grands canaux avaient marqués les époques précédentes.
Il y avait l’avion, bien entendu. Mais j’ai fait mon baptême de l’air à passé 23 ans. Et d’autres, de ma génération, auront sans doute dû attendre bien plus longtemps encore. Ou ne l'ont pas encore fait.
L’Angleterre était donc bien une île, que l’on n'atteignait qu'en bateau. Quand la mer n’était pas trop mauvaise. Ou quand le Herald of Free Enterprise ne faisait pas la culbute au moment de quitter la Belgique. L'hydroglisseur, lui, était un truc pour riches, aussi vite abandonné qu'inventé.
On en a donc rêvé, à ce jour où on arriverait à Londres à pied sec. Des années. Des décennies. L’idée d’un tunnel était de celles qui revenaient régulièrement. Tellement régulièrement et avec tellement peu de suites que personne n’y croyait plus vraiment.
On croyait à la possibilité d’un tunnel sous la Manche comme on croyait qu’un jour l’an 2000 arriverait, avec toute la magie de la date et les fantasmes que nous nous faisions sur ce que serait la technologie à cette époque.
On y croyait, comme on aurait cru à la possibilité de mettre le pied sur la lune. Un truc tellement hors de portée de nos esprits, autant hors la mesure des moyens techniques que nous pouvions penser, que l’on ne pourrait, finalement, qu’être un peu déçu, au moment où notre rêve s’accomplirait.
Nous nous étonnons toujours, lorsque surviennent de tels événements qu'ils arrivent si tôt, comme pour nous surprendre. Puis nous trouvons bien vite banal ce que nous avons si longtemps attendu.
Mais heureusement, même accessible en voiture et en train, l'Angleterre ne fera sans doute jamais vraiment partie du continent européen. L'insularité n'est plus maintenant dans la nature mais dans ses habitants, moins visible mais tout aussi profonde !

dimanche 24 février 2008

Electrophone

Tourne disque, pick-up ou électrophone, c’est du pareil au même !

A l’heure du MP3 et autres IPODs, mon électrophone fait décidément vieillot. Tout autant que sa musique.
Quand j’étais gamin, on ne disait déjà plus pick-up, trop américain. On disait normalement tourne disque. Pas encore platine, plus tard réservé aux installations Hifi. Mais on disait encore souvent électrophone.
Vieillot ? Alors, pourquoi tant de morceaux actuels utilisent-ils le son crachotant des radios anciennes, et les échos de l’aiguille sautillant sur de mauvais disques vinyls voire de rouleaux de phonographes ?
Pas seulement pour inscrire les choses dans le passé. Mais aussi parce que ce son est tellement plus chaud – même bien moins parfait – que celui produit par nos froides méthodes actuelles. On oserait presque dire qu’il a quelque chose de naturel.

samedi 23 février 2008

Carrousel

Chaque année, nous montions les carrousels avec les forains.

Au train où vont les choses, dans 10 ans, les enfants de nos enfants ne connaîtront que les manèges des Français. Alors qu’un manège, c’est un truc pour les chevaux. Un carrousel, c’est une machine qui tourne, avec des voitures, des camions de pompiers et des fusées.
D’ailleurs, les chevaux, c’est juste pour les filles. Les garçons ne vont jamais au manège !