mercredi 7 mai 2008

Gruau

On ne mangeait ni flocon d’avoine ni quaker, mais bien du gruau d’avoine.

En fait, je croyais que c’était la même chose, mais il semblerait que le gruau désigne (aussi) le grain entier ou bien très sommairement traité. Mais peu importe, puisque pour ma part je n’en mangeais pas, et ne pourrai donc jamais dire comment cela se préparait.
J’aimais seulement le nom. Tellement rustique que plus personne ne l’utilise aujourd’hui. Il disait les repas copieux de la campagne. Le lait chaud avec de la peau dessus - que je détestais aussi... mais que je ne peux m'empêcher de tenir pour un élément important de toute enfance de ces années là -. Et cette sensation bizarre d’avoir très chaud d’un côté (celui du poêle ou de la cuisinière) et si froid de l’autre (celui du mur ou de la porte).
Un nom qui dit aussi une époque où les choses portaient un nom plutôt qu’une marque !

mardi 6 mai 2008

Tendeurs

Les amis des oiseaux, cercle ornithologique, que cela semble bien gentil, alors qu’il s’agit de vulgaires tendeurs !

Un tendeur, c’était quelqu’un qui capturait les oiseaux pour les mettre en cage. Chardonnerets, bouvreuils, pinsons, tarins, linottes, serins, et d’autres espèces plus rares faisaient les frais de ce sport et commerce.
C’était autorisé, bien sûr… mais tout ne l’était pas, et certains prétendaient qu’il s’agissait là de la chasse du pauvre. D’une forme avancée de la lutte des classes. Et que s’ils étaient par hasard – bien rare – poursuivis, c’était en vertu de leur condition de prolétaire. Et que ces messieurs les chasseurs, eux, pouvaient se permettre ce qu’ils voulaient, parce que, eux, auraient des relations… et patati, et patata…
Mais au bout du compte, les tendeurs faisaient à peu près ce qu’ils voulaient. Capturaient des oiseaux aux périodes interdites… avec du matériel interdit (pas seulement au trébuchet mais aussi avec les fameux filets japonais) et emprisonnaient des espèces interdites.
Je me demande seulement ce qu’ils sont devenus, tous ces tendeurs. Je les vois mal reconvertis en collectionneurs de timbres… et je m’inquiète !

lundi 5 mai 2008

Siege en bois

Les voitures de troisième classe avaient des sièges en bois.

Eh oui, les trains avaient jadis trois classes. La première, à laquelle on n’accédait jamais, sauf pour passer dans la voiture voisine; et avec l’impression - ou la certitude - que notre seule présence gênait ces messieurs dames. La seconde, pour tout le monde, enfin, les gens normaux, comme vous et moi. La troisième enfin pour … je ne sais pas qui. Je ne savais même pas qu’il y avait des billets de troisième classe, qui auraient peut-être pu coûter moins cher que nos billets réduction famille nombreuse, mais en tout cas, il y avait des voitures de troisième classe.
Rustiques au possible, mettant à mal nos fessiers. Reliques sans doute d’une autre époque, pas si lointaine, où des flots d’ouvriers prenaient le chemin de fer pour se rendre au travail. Qui n'auraient pas besoin de plus que du bois, eux qui en avaient vu d'autres...

dimanche 4 mai 2008

Renault 4

Une Renault 4 surmontée d’une grande antenne ? C’est sûrement la BSR !

Jeune et sympathique, la Renault 4.
Est-ce par volonté de camouflage que la BSR (Brigade spéciale de recherche) l’avait aussi choisie ? Probablement. Mais avec tout le génie que nos pandores pouvaient alors mettre dans cette opération.
Une antenne CB de deux mètres sur le toit… Deux agents – comme les Dupondts de Tintin ou des frères siamois -, inévitablement moustachus et affublés d’un imperméable gris, c’est bien là qu’on voyait que notre Etat policier avait quelques failles. Ils ne paraissaient ni efficaces, ni méchants !

samedi 3 mai 2008

Fourgon a bagages

Quand on partait en vacances en train, les bagages voyageaient dans le fourgon.

Pour l’avion, tout le monde trouve cela normal. On embarque léger. On ne s’encombre pas de tout un fatras de valises à trainer dans les couloirs et sur les rampes d’embarquement. Plus ou moins confiant, on se dit qu’il n'est pas nécessaire de garder un œil sur ses bagages pour qu’ils arrivent à destination.
Pour le train, c’était un peu la même chose. Arrivé sur le quai, un rapide passage à la dernière voiture, et l’on confiait ses bagages pour la durée du trajet. A destination, nouveau passage vers le fourgon pour récupérer ses valises et ses malles.
D’ailleurs, avec la fin de ces envois par train ont disparu les étiquettes qui agrémentaient les bagages de ceux qui avaient beaucoup voyagé. Ils servent encore d’accrochage visuel sur certaines publicités… restent associés à l’idée de villégiature… mais, comme la locomotive à vapeur – elle aussi surreprésentée – ils ont disparu de notre paysage.

vendredi 2 mai 2008

Par avion

By airmail: Il y avait bien de la magie dans une lettre par avion !

Quand on la recevait, c’était un plaisir tout particulier. Avant de la toucher, la couleur d’abord : bleue, parfois bordée d’une frise alternant le bleu, le blanc et le rouge. Tous les autres courriers étaient blancs, bruns à l’occasion. Bleu, signifiait par avion.
Posée sur la main, son poids ensuite : celui d’un papillon, d’un colibri. Celui d’un souffle de vent peut-être.
On regardait alors l’adresse de l’expéditeur, ou le timbre. On regardait les deux. Elle venait sûrement du Congo, ou bien du Zaïre, ou bien du Congo à nouveau, plus tard… Elle venait de loin toujours.
D’un coup de couteau de cuisine (de ceux qui coupent bien plus finement que nos couverts de table), la lettre était ouverte, avec précaution pour ne pas déchirer le précieux contenu. Un feuillet, deux parfois, de papier par avion. Bleu aussi. Fin comme du papier bible. Couvert d’un seul côté d’une écriture appliquée de religieuse ou de missionnaire, de celle passionnée de l’explorateur ou de l’aventurier, molle du colon attardé ou de l’épave alcoolique - mais ceux-là, c'est vrai, n'écrivaient jamais ! -. Disant des nouvelles d’il y a longtemps déjà. Des jours nécessairement. Des semaines souvent. Des mois parfois, tant le monde était plus grand alors qu’il ne l’est aujourd’hui.
Lue, relue, précautionneusement rangée, la lettre avait apporté son lot de rêve. On tentait d’imaginer le là-bas… On se faisait son petit cinéma personnel sans même imaginer que les choses pourraient être bien différentes de ces rêves éveillés.
Il serait bientôt temps de s’y mettre soi même. Une enveloppe bleue. Une ou deux feuilles de papier par avion. Et de tenter à notre tour d’offrir à notre correspondant un peu de ce plaisir que nous avons ressenti …

jeudi 1 mai 2008

Hostie

A genoux. En rangs d’oignons. Les fidèles attendaient leur tour. Tendaient la langue, fermaient les yeux, fermaient la bouche sur l’hostie… Dieu ne pouvait qu’exister (à l’époque ! J’avoue ne pas avoir suivi son parcours récent et tout ignorer de ce qu’il est devenu depuis), tant l’expérience était divine… plutôt que particulièrement agréable.

Mais halte là… je parle bien de la vraie hostie ; l’hostie en hostie. De cette pâte fine et blanche. Sans aucun goût, dont on emballait aussi les poudres sûres et qui recouvrait certains biscuits. De celles qui étaient si fragiles qu’il fallait les doigts experts du curé pour les manipuler sans leur faire de mal.
Comment, vous ne le saviez pas ? On ne pouvait pas mordre sur l’hostie. Sinon elle pouvait saigner !
Surtout pas de ces nouvelles choses qui sont venues par la suite, sous prétexte d'authenticité et de proximité avec l'expérience du Christ. Grosses, vulgaires, brunâtres… goûtant et sentant le vieux, le renfermé, le pas propre… Que même la grand faim que nous avions ne pouvait pas nous faire trouver appétissantes…
Serait-ce la vraie raison pour laquelle les églises sont vides de nos jours ?