lundi 7 juillet 2008

Zoo d'Anvers

L’excursion au zoo d’Anvers était incontournable. Mais qu’en retiendrait-on ?

Oublions la boutique, voulez-vous. Elle n’a rien de plus, ou de moins, que n’importe quelle boutique de lieu touristique. On s’y arrête. On y achète. Juste parce qu’on est là. Parce qu’on est en excursion et qu’acheter à la boutique de l’endroit visité fait partie du rituel.
Restent alors, des couleurs, et des odeurs.
Par exemple, celle des singes – obsédante -. Je pourrais d'ailleurs m'arrêter là. Terminer ainsi ma visite du Zoo d'Anvers. Le résumer à la seule odeur des primates.
Mais continuons. Celles de la maison des éléphants, des girafes. Un zoo se visite au moins autant avec le nez qu’avec les yeux. Crottin et urine font partie de l’image que nous nous faisons de ses habitants. Même les cages des oiseaux ou l’enclos des flamants (roses) laissent une trace olfactive dans nos mémoires.
Odeur encore au delphinarium. C’est le même bleu qu’à la piscine. La même humidité. Les même plaisir et presque les mêmes cris. Ce sont des plongeons plus spectaculaires. Mais, c’est aussi une odeur. Une odeur d’eau bleue avec du soleil dessus. Chaude. Pas comme celle des ours blancs. Au delphinarium aussi, on entre avec son nez.
Des couleurs enfin… toutes résumées dans le pavillon des girafes. Ces décorations arabisantes. Exotiques. Avec des échos art nouveau.
Somme toute… au zoo d’Anvers, les animaux ne sont pas l’essentiel !

dimanche 6 juillet 2008

Yo-yo

Hula hop, osselets, yoyo, cerceau, toupie… bizarre comme certaines époques peuvent échapper à certains jeux éternels. Nous avons à peine joué aux billes !

Aurais-je vécu une époque si particulière, ou bien étais-je aveugle alors ? Mais aucun de ces jeux, que l’on dit éternels parce qu’ils reviennent régulièrement, n’a eu son heure de gloire lorsque j’étais gamin.
Le vélo. Comme moyen de déplacement d’abord. Comme jeu parfois.
Les voitures miniatures. Nous avons passé des journées, qui font sans doute des mois et des années si on les additionne, sur les bordures à leur faire faire la course.
Les armes. Elles n’étaient pas interdites alors… et armés jusqu’aux dents, lorsque nous ne faisions pas de courses – de voitures ou en vélo – c’est que nous faisions la guerre.
Le foot, évidemment. Au milieu de la rue. Prêts à nous replier lorsqu’apparaissait, rugissant, le camion de la laiterie.
Mais, j’ai beau chercher… mon petit frère a ramené des osselets de colonies de vacances. J’étais trop vieux pour apprendre. J’ai bien eu un yo-yo, mais je n’ai jamais fait école… pas plus que d’autres n’auront pu me montrer qu’il y avait moyen de faire bien mieux que de – stupidement – le faire monter et descendre sur son fil. Hula hop ? Trop rock des sixties. Le cerceau ? Ridicule. On se serait cru dans une histoire de Bécassine. La toupie ? Pour les bébés. Les billes ? Je ne me souviens pas avoir assisté à une seule compétition entre gosses. On en avait, et puis c’était tout.
Non, franchement… c’est à se demander ce qu’avait mon époque pour avoir échappé à tous ces classiques !

samedi 5 juillet 2008

Xhoute si plout

Il habite à Xhoute si plout !

Prononcer "Hoûte si ploût". Ecoute s'il pleut ! Quel nom bizarre pour un lieu...
Habiter à Xhoute si plout… aller à Xhoute si plout… venir de Xhoute si plout… c’est quand même plus joli qu’habiter (aller à, venir de) « je ne sais où » ou « n'importe où »… Plus couleur locale que « le bled ». Même si l’intention était la même.
Ce que nous ne savions pas alors – ou ne voulions pas savoir – c’est que le lieu existait bien. Les lieux faudrait-il dire. Puisqu’il y en avait deux au moins à moins de cinquante kilomètres de chez moi…
L’expression m’est d’autant plus chère depuis que j’ai appris qu’il y avait des Xhoute si plout un peu partout en France : Escota si plau dans le Béarn, Escoute s'il plot en Ardèche. Et qu’ils font tous référence à la nécessité pour le propriétaire d’un moulin à eau d’attendre la pluie.
La poésie du language se cache derrière les exigences les plus triviales.

vendredi 4 juillet 2008

Warchenne

Warche et Warchenne n’étaient pas les bienvenues. Utilisées par l’industrie, sans doute. Pour le reste, craintes, et tolérées seulement.

A Saint-Louis, sur mon île du milieu du fleuve Sénégal, je me suis émerveillé de vivre, non seulement au bord de la mer, mais surtout au bord – et au milieu - d’un fleuve. Et au cours de mes voyages, je ne peux m’empêcher de trouver toujours un charme particulier aux villes qui se mirent dans un cours d’eau. Malmédy, elle, tourne le dos à ses deux rivières !
La Warche, elle ne peut – ne pouvait - trop l’ignorer, qui baignait ses papeteries et tanneries. Mais la Warchenne ?
Furtive. Venant de nulle part. D’une vallée, au bout de l’avenue Montbijou, qu’on s’étonne presque de trouver là. Trop verte. Trop naturelle. Et puis, entrant dans la ville sous ce pont cassé. Cassé depuis toujours aussi. N’intéressant personne. Disparu peut-être avec la construction du supermarché. Il y a deux décennies au moins. Hésitant ensuite. Se résignant enfin, la Warchenne n’irait pas vraiment en ville. Se faufilerait entre les maisons, derrière l’école, derrière le parc. Toujours derrière : l’école, les maisons, le parc, la ville lui tournent le dos !
Battue enfin, se jetant dans la Warche sans gloire et sans témoins. Son embouchure n’intéresserait personne.
Mais laissez la donc à sa discrétion naturelle. En pleine ville j’ai encore vu cette année la truite et le cincle plongeur. J’ai même vu des gamins y pêcher !

jeudi 3 juillet 2008

Velours

En hiver, nous portions des pantalons de velours.

Comment aurais-je pu imaginer alors qu’il me faudrait expliquer ce qu’est le velours ? Imaginez-vous aujourd’hui devoir expliquer à vos enfants et petits enfants, dans trente, quarante ou cinquante ans, ce qu’est un jeans ? un string ? une télécommande ? un changement de vitesse ? Et bien, préparez vous !
Parce que le velours, c’était important ! On trouvait ça beau. C’était chaud, mais pas trop. C’était doux. Je parle bien du velours côtelé. De celui avec des rayures.
Ma mère nous en faisait parfois aussi des « plaques de rat ». Nous appelions ainsi les appliques de tissus pour renforcer les coudes de tel ou tel pull à la laine un peu fatiguée – prétendant qu’elles étaient faites en peau de rat -.
Il y avait du velours un peu partout.

mercredi 2 juillet 2008

Unigro

Le catalogue Unigro était indispensable ! C’était le seul qui permettait de faire de bonnes flèches de sarbacane.

Arrachez une feuille du catalogue. Roulez-la autour de votre index de la main droite, tout en maintenant de la main gauche son autre extrémité pour en faire une pointe. Ni trop fine – elle ne profitera pas de tout votre souffle – ni trop grosse – vous serez obligé de la couper – léchez le bord de la feuille pour sceller votre cône de papier.
Enfilez votre flèche dans les précédentes et recommencez.
Avec une vingtaine de flèches, vous êtes prêt pour le combat. Il sera toujours possible de ramasser celles des ennemis pour les leur renvoyer.
Bien rangées dans votre carquois. La sarbacane – un tube pour câble électriques coupé à la bonne longueur - en main, vous vous lancez sur le sentier de la guerre.

mardi 1 juillet 2008

Tanneries

A leur retour, les touristes semblaient n’avoir retenu que la puanteur des tanneries marocaines. La Warche n’était pas si loin que le Maroc !

A Malmédy, il y avait d’abord les anciennes tanneries. Marquant l’entrée de la ville, comme une muraille historique, elles exhibaient leurs colombages et leur ruine. Spectaculaires. Historiques. Je comprends difficilement aujourd’hui qu’on ait autorisé leur disparition. C’est une tout autre ville qu’on donnerait aujourd’hui à voir. Reste donc le souvenir seulement.
Les tanneries en activité ensuite. Laides comme des usines de ce temps là. Sales aussi. On n’en voyait pas grand-chose. Quelques charriots de peau parfois. Un camion qui entre ou qui sort. Des déchets surtout. Entre vert et bleu. Dégageant une odeur obsédante de bassin de décantation. Tout autour de la tannerie la même couleur… sur les quelques fleurs rachitiques qui survivaient… sur les ponts… sur les murs… Dans la rivière et sur ses rives. La Warche prenait des apparences de cours d’eau d’après cataclysme : au lieu de fleurs, des rhubarbes sauvages ; au lieu de poissons, quelques lambeaux de cuir ; et pour tous oiseaux des corneilles à la chasse aux rats !
Aujourd’hui enfin, il n’en reste plus rien. L’odeur est partie. La couleur avec elle. L’emploi, l’espoir de quelque richesse aussi. Bientôt, tout le monde aura oublié !