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lundi 4 février 2008

Honda Four

Etonnant comme, gamin, on capte des bribes d’histoire. De la grande et de la petite.

Tenez, la Honda Four.
On n’y connaissait rien en moto, pas plus qu’en mobylette dont on ne rêvait même pas. Si peu de nos copains en avaient ou en auraient un jour.
Mais, celle là, oui !
Le « four » peut-être. Pas seulement une Honda, mais avec un quelque chose de plus. Un mot magique et mystérieux (l’anglais était bien loin de nos préoccupations. Le néérlandais ou l’allemand, sans doute, l’anglais on y penserait plus tard).
Et puis le 750 aussi. Nous, on voyait les rares 50 des comiques du quartier. Le scooter 125 de l’épicière. Les vitesses hallucinantes qu’atteignaient les 125, 250 et 500 sur le circuit de Francorchamp. Et même les 50 ! Alors, pensez : 750 ! C’était un nombre fou.
Allez le dire aux motards actuels, habitués qu’ils sont à des cylindrées de 900 et de 1200 cc !
Et donc, retour à l’histoire. Il parait que la Honda Four est vue comme la première moto moderne du marché. C’est peut-être cela que nous avions perçu, avec nos moyens de gosses.

mercredi 9 janvier 2008

Draps de lit froids

Comme l’ane et le bœuf de la crèche exhalaient la chaleur, la maison de ma grand-mère exhalait le froid.

Quitter la touffeur du salon ou la bonne chaleur de la cuisine pour aller à la toilette ou à la buanderie, au-delà du couloir glacé, était déjà toute une épreuve. Mais ce n’était rien à côté de la simple perspective des draps glacés et humides qui nous attendaient à l’étage, non chauffé.
Eté comme hiver, le couloir semblait souffler une odeur de froid sur ses visiteurs. Et de poser le pied sur l’escalier craquant qui menait à l’étage vous en remplissait les narines. Semblait en imprégner à l’instant tous vos vêtements.
Et toutes les bouillottes n’y feraient rien ; vous ne retiendriez à jamais de ces rares nuits que la frayeur de cette plongée dans l’humidité froide de la vieille maison maternelle, prélude au contact insupportable, même à travers la toile du pyjama, des draps de lit glacés et humides.

vendredi 21 décembre 2007

Frontiere

A la frontière, le douanier levait la barrière et nous indiquait, d’un signe paresseux, que nous pouvions passer.

Au pire, s'il voulait faire du zèle, il y allait de la question rituelle "Rien à déclarer ?".
Une frontière n’était pas qu’un trait sur une carte, un panneau – ou un changement subtil - de signalisation sur une autoroute. Nous n’étions pas alors européens, mais belges, allemands, luxembourgeois, néérlandais ou français…
Le poste frontière avait cet aspect désuet qu'on ne retrouve vraiment que dans les albums de Tintin. Et entre Belgique et Allemagne on pouvait croire franchir le passage entre la Bordurie et la Syldavie.
Le même batiment sans éclat. La même barrière stupide. Une simple perche de sapin, levée par la force humaine… à une époque où tout ne devait pas être électrique, motorisé, télé ou radio commandé. Partout comme une copie d'un même douanier qui veut en faire le moins possible et rêve déjà d'une pension aussi paisible que l'aura été sa carrière.

samedi 15 décembre 2007

Marechal ferrant

Chaque matin et chaque soir, et sans nous arrêter sur le temps de midi, nous passions devant la forge, aux bords de la Warchenne. Eté comme hiver, les portes grandes ouvertes, résonnait du rythme du marteau sur le fer rougi, du chuintement du soufflet, exhalait l’odeur de la corne brulée et du crotin frais.
Il y avait souvent des chevaux au ferrage.
Deux ou trois fermiers irréductibles, les débardeurs, les propriétaires de chevaux de manège et de promenade faisaient que cette activité était pour nous comme quotidienne.
D'un fer droit parfois, en général d'un fer préfabriqué, le forgeron modelait la chaussure qu'il fallait. Nous tenant juste devant la porte, nous ne perdions pas un instant ni un détail de la scène.
Et, alors que le spectacle se répétait pratiquement à l'identique, nous étions la prochaine fois aussi nombreux et aussi attentifs. Captivés chaque fois par un rituel quasi religieux.

samedi 8 décembre 2007

Front de la jeunesse

Ceux du front de la jeunesse sont sans doute devenus vieux en même temps que nationaux

Qui a dit cheveux longs, idées courtes ? Avec leurs cheveux courts, les membres du front de la jeunesse et des scouts d’Europe avaient les idées bien plus courtes encore. On pouvait s'amuser à imaginer que la croix celtique était tout ce qu’ils étaient capable de poser en guise de signature.
Un temps on a cru qu’ils avaient disparu, qu’un peu d’intelligence les avait frappés et que les idées d’extrême droite pourraient ne plus avoir cours.
Que du contraire, du front de la jeunesse au front national et au vlaamse blok (ou vlaams belang) il y a moins qu’un pas. Les jeunes salauds on probablement tout simplement vieilli, pour devenir aujourd'hui de vieux salauds.

mardi 4 décembre 2007

Boite a fromage

Avec une boite de Vache qui rit, nous fabriquions une crèche.

Les enseignantes maternelles manquaient sans doute de moyens ; il faut avouer qu’elles manquaient cruellement d’imagination parfois, ou que la leur bégayait.
Pliez un fond de boite de Vache qui Rit en deux. Fabriquez vos Marie, Joseph et petit Jésus en découpant le couvercle de carton. Les plus courageux et les plus doués peuvent aussi s’essayer à faire un âne et un bœuf.
Décorez ! Avec de l’ouate évidemment ; indispensable pour représenter la neige que nous associions à la Noël.
Ramenez à la maison et espérez que les institutrices de vos trop nombreux frangins n’ont pas eu la même idée - évidemment au même moment, parce que Noël ce n'est pas toute l'année -. Et surtout qu’en ce cas ils ne soient pas beaucoup plus doués que vous pour le bricolage.
Laissez trainer quelques jours dans la maison et espérez que votre mère fera disparaître ces horreurs dans la poubelle du vendredi. Si vous avez de la chance, l'an prochain, vous ferez autre chose que cette horreur!

lundi 12 novembre 2007

Flamind

... Flamind ...

Flamind, pas flamand. La langue d'alors était parsemée de scories wallonnes.
L'injure était fréquente, pratiquement équivalente à notre "T'es con !" ou "T'es blonde ou quoi ?" actuels.
Bête comme un Flamand, personne n'en doutait. On en était bien loin des soupçons du Flamand Leterme sur les capacités intellectuelles du Wallon moyen. A l'époque, l'idiot, c'était le Flamand. Tous les Flamands.

Toutes les blagues en témoignaient. Recyclées ensuite sur les Belges par nos amis français. Les voilà qui concernent aujourd'hui les blondes. Dans cette fuite du politiquement correct qui sera la prochaine victime?

samedi 10 novembre 2007

Pain francais

La boulangère française: "Mais monsieur, tous les pains sont français ici !"

Non, pas baguette, un pain français. Personne ne l'appelait autrement.
Si on en trouvait à Malmedy, je n'en ai aucun souvenir. Il nous arrivait d'en manger quand on était en excursion en Allemagne avec mes parents. Comme une sorte de friandise, ou comme un rituel. Visiter Montjoie impliquait aussi de grignoter, en se promenant dans la ville, un peu de cette nourriture étrange.
Et si nous allions en France, il y en avait toujours bien un pour demander à la boulangère un pain français.

samedi 20 octobre 2007

Friture

Je vais à la friture... pas à la friterie...

Prenez n'importe quel belgicisme. Prononcez le avec un accent bien gras. Et chacun de comprendre que le belgicisme, ce n'est pas cultivé, ce n'est pas bien... Cela vous range juste au dessus de l'animal (bien que l'animal, c'est avéré, ne commette jamais de belgicisme)...
Mais que se serait-il passé si, par un fabuleux hasard touristico-gastronomique, nos amis les français s'étaient épris de la frite belge... Et, avec un accent pointu avaient parlé de ces charmantes fritures qui nous fournissent une nourriture si typique et populaire...
La friture avait d'ailleurs une autre utilité: géographique. Pas besoin de carte. Frituur, en Flandre. Friture/Frituur à Bruxelles. Friture en Wallonie. Belge fritten ou patatten, vous êtes aux Pays-Bas. French frites chez ces idiots d'américains. Friterie, vous étiez en France. Le changement de vocabulaire a dès lors bien quelques relents d'annexion.
Car l'inquisition est passée par là, et toutes les fritures ont en quelques années changé leur enseigne. Les ayatollahs de la langue française n'ont pas supporté que les belges nomment autrement que les français ces endroits où les frites étaient tellement meilleures (eh oui, il faut les frire deux fois!) que chez eux.
D'ailleurs, au train où on va, on ne dira bientôt plus que Quick ou Mac Donalds! Et là, pas question de tartare ou de fricadelle... Pas même de mitraillette, cette aberration de la culture franco-belge...