Mets ta jaquette, tu vas avoir froid !
Une jaquette, c’était un gilet. Et un gilet, c’était en laine. Encore un de ces mots que j’ai laissés au bord de la frontière en quittant la maison familiale. Jaquette : personne ne dit ça ici. Ou je ne l’ai plus entendu. Gilet ? Par ici, les gens ne penseront-ils pas tout de suite au costume trois pièces ? Et d’ailleurs, en ces temps de sweater, jogging, leggings, polar, porte-t-on encore de ces gilets de laine ? Les mots disparaissent en même temps que les réalités qu’ils représentent.
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vendredi 3 octobre 2008
mardi 16 septembre 2008
Saucisson au jambon
Et pour les enfants, le boucher découpait toujours une belle tranche de saucisson au jambon !
Etonnant non que les enfants se tenaient toujours bien chez le boucher. Jamais un mot plus haut que l’autre. Jamais de crise de colère, même chez les plus caractériels. Des enfants parfaits, de vrais échantillons pour un livre de la Comtesse de Ségur.
Et pourtant. C’était bien un endroit bien peu agréable. Eté comme hiver, il y faisait froid. L’étalage et les frigos pulsaient leur morsure glaciale que réverbéraient sans pitié les carrelages blancs. Et la lumière crue mettait en évidence toutes les horreurs que certains projetaient d’ingurgiter : des foies répugnants, des pieds de porc, des langues gigantesques.
Mais en fait, nous n’en voyions rien. Les yeux fixés sur le boucher ou la bouchère. Et cela ne manquait jamais. Quelle que soit l’importance de la commande, le saucisson au jambon était amené sur la machine à trancher. Le boucher réglait sa machine : pas question d’une fine tranche ! Non, un bon demi-centimètre conviendrait. Il en coupait une tranche par enfant. Il prenait le plus souvent encore le soin d’en retirer la peau. Et un grand sourire éclairant sa face, il nous distribuait la récompense attendue.
Rien que pour le souvenir de ce sourire éclatant, je crois que j’aimerai toujours le saucisson au jambon et l’atmosphère des boucheries !
Etonnant non que les enfants se tenaient toujours bien chez le boucher. Jamais un mot plus haut que l’autre. Jamais de crise de colère, même chez les plus caractériels. Des enfants parfaits, de vrais échantillons pour un livre de la Comtesse de Ségur.
Et pourtant. C’était bien un endroit bien peu agréable. Eté comme hiver, il y faisait froid. L’étalage et les frigos pulsaient leur morsure glaciale que réverbéraient sans pitié les carrelages blancs. Et la lumière crue mettait en évidence toutes les horreurs que certains projetaient d’ingurgiter : des foies répugnants, des pieds de porc, des langues gigantesques.
Mais en fait, nous n’en voyions rien. Les yeux fixés sur le boucher ou la bouchère. Et cela ne manquait jamais. Quelle que soit l’importance de la commande, le saucisson au jambon était amené sur la machine à trancher. Le boucher réglait sa machine : pas question d’une fine tranche ! Non, un bon demi-centimètre conviendrait. Il en coupait une tranche par enfant. Il prenait le plus souvent encore le soin d’en retirer la peau. Et un grand sourire éclairant sa face, il nous distribuait la récompense attendue.
Rien que pour le souvenir de ce sourire éclatant, je crois que j’aimerai toujours le saucisson au jambon et l’atmosphère des boucheries !
dimanche 7 septembre 2008
Jahrgang 58
Je suis du Jahrgang 58 !
Encore une de ces expressions allemandes qui ont percolé dans la langue de Malmédy.
Le Jahrgang 58, ce sont tous ceux qui sont nés en 1958 à Malmédy. Comme le font les copains de classes terminales, ils se retrouvent parfois… 30, 40 ou 50 ans plus tard.
Ce qu’ils se racontent et quelles sont leurs activités ? Je n’en ai aucune idée. Demandez-le plutôt à ceux qui auront déjà participé à l’une ou l’autre de ces réunions.
Encore une de ces expressions allemandes qui ont percolé dans la langue de Malmédy.
Le Jahrgang 58, ce sont tous ceux qui sont nés en 1958 à Malmédy. Comme le font les copains de classes terminales, ils se retrouvent parfois… 30, 40 ou 50 ans plus tard.
Ce qu’ils se racontent et quelles sont leurs activités ? Je n’en ai aucune idée. Demandez-le plutôt à ceux qui auront déjà participé à l’une ou l’autre de ces réunions.
mardi 12 août 2008
Jonquilles
La jonquille c’est le printemps !
Le muguet, c’est bien beau. Ca sent bon. Le seul problème – et de taille – c’est que le client l’attend pour le 1er mai. Et que, sous nos latitudes, et encore plus à l’altitude où je vivais alors, le 1er mai, il n’y avait pas vraiment trace de muguet. S’enrichir de sa cueillette était donc exclu.
Des jonquilles, par contre, il y en avait. Et, finalement, peu importait la date. Quand elles apparaissaient, nous allions en cueillir. Juste un bouquet pour notre mère. Pour la maison. Le plus gros possible. Les tiges et les feuilles bien serrées. Qui ne fassent pas sentir qu’une heure après déjà, elles n’étaient plus aussi belles, plus aussi vivantes qu’elles ne l’étaient dans le sous bois. Mais au moins, faisaient-elles entrer un peu de printemps dans les maisons.
Et, puisqu’elles étaient si simples à cueillir. Nous en ferions donc le commerce. Il y en avait pour des centaines de bouquets. Que les milliers d’acheteurs de la ville se battraient pour acquérir. La fortune était à portée de main.
Partis donc pour une belle carrière commerciale. Prudents tout de même. Avant de nous lancer à grande échelle, nous faisions notre étude de marché. Quatre ou cinq bouquets chacun seraient suffisants comme échantillons. Et les voisins représentatifs de notre cible. Il ne fallait évidemment pas exagérer sur les prix. Vingt francs – nous comptions alors en francs belges – serait-ce trop ? Quinze ne seraient-ils pas mieux ? Les premiers clients – bien que souriants – plutôt que de participer à un commerce promis au plus bel avenir, semblaient nous faire l’aumône. Et dix maisons plus loin, nous bradions déjà ce qu’il nous restait de marchandise. Deux bouquets pour le prix d’un. Puis trois pour la même somme. Pourvu que la chose finisse.
Evanouies les illusions de fortune facile. Abandonnées toutes les ambitions d’une brillante carrière dans les affaires, de succursales à Bruxelles, Liège et Verviers. Mais au moins, nous avions passé une excellente journée dans les bois puis dans les rues.
Que pourrions-nous bien inventer pour le lendemain ?
Le muguet, c’est bien beau. Ca sent bon. Le seul problème – et de taille – c’est que le client l’attend pour le 1er mai. Et que, sous nos latitudes, et encore plus à l’altitude où je vivais alors, le 1er mai, il n’y avait pas vraiment trace de muguet. S’enrichir de sa cueillette était donc exclu.
Des jonquilles, par contre, il y en avait. Et, finalement, peu importait la date. Quand elles apparaissaient, nous allions en cueillir. Juste un bouquet pour notre mère. Pour la maison. Le plus gros possible. Les tiges et les feuilles bien serrées. Qui ne fassent pas sentir qu’une heure après déjà, elles n’étaient plus aussi belles, plus aussi vivantes qu’elles ne l’étaient dans le sous bois. Mais au moins, faisaient-elles entrer un peu de printemps dans les maisons.
Et, puisqu’elles étaient si simples à cueillir. Nous en ferions donc le commerce. Il y en avait pour des centaines de bouquets. Que les milliers d’acheteurs de la ville se battraient pour acquérir. La fortune était à portée de main.
Partis donc pour une belle carrière commerciale. Prudents tout de même. Avant de nous lancer à grande échelle, nous faisions notre étude de marché. Quatre ou cinq bouquets chacun seraient suffisants comme échantillons. Et les voisins représentatifs de notre cible. Il ne fallait évidemment pas exagérer sur les prix. Vingt francs – nous comptions alors en francs belges – serait-ce trop ? Quinze ne seraient-ils pas mieux ? Les premiers clients – bien que souriants – plutôt que de participer à un commerce promis au plus bel avenir, semblaient nous faire l’aumône. Et dix maisons plus loin, nous bradions déjà ce qu’il nous restait de marchandise. Deux bouquets pour le prix d’un. Puis trois pour la même somme. Pourvu que la chose finisse.
Evanouies les illusions de fortune facile. Abandonnées toutes les ambitions d’une brillante carrière dans les affaires, de succursales à Bruxelles, Liège et Verviers. Mais au moins, nous avions passé une excellente journée dans les bois puis dans les rues.
Que pourrions-nous bien inventer pour le lendemain ?
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jeudi 17 juillet 2008
Jeans
Imagineriez-vous un monde sans Jeans ?
Il me semble pourtant que j’ai du attendre au moins mes douze ans pour porter mes premiers Jeans. Et encore étaient-ils blancs. Pour travailler au restaurant de ma tante. De mes premiers blue Jeans, je ne m’en souviens pas vraiment. Sauf qu’ils étaient horribles. Un vêtement de travail. Pas du tout l’objet de mode actuel.
Mais je vous l’assure. La vie était possible sans Jeans !
Il me semble pourtant que j’ai du attendre au moins mes douze ans pour porter mes premiers Jeans. Et encore étaient-ils blancs. Pour travailler au restaurant de ma tante. De mes premiers blue Jeans, je ne m’en souviens pas vraiment. Sauf qu’ils étaient horribles. Un vêtement de travail. Pas du tout l’objet de mode actuel.
Mais je vous l’assure. La vie était possible sans Jeans !
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lundi 23 juin 2008
Loriot (Jean-Pierre) et Lenain (Christiane)
Jean-Pierre Loriot et Christiane Lenain nous ont fait passer tant de bonnes soirées.
Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !
Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !
lundi 26 mai 2008
Jeunes
Les jeunes n’étaient alors, ni un problème, ni une question…
Question d’habitude peut-être. Quand, depuis l’âge de cinq ou six ans, du matin au soir, nous courrions les rues, les champs et les bois sans surveillance. En bande le plus souvent. A douze ans, question de bêtises, nous les avions souvent presque toutes faites. Mis le feu à une lande ? Marc l’avait fait. Juste pour voir. On a vu. Bloqués dans une grotte ? On devait être sept ou huit. Pas longtemps. Mais assez pour ne plus y retourner. Et surtout ne pas le raconter à nos parents.
Alors, franchement, shooter dans une poubelle ou y mettre le feu. Briser les vitres d’une aubette de bus ou écrire son nom à la peinture sur les murs. Arrivés à l’adolescence, nous avions autrement plus de créativité que ça ! Et bien moins de désespoir !
Question d’habitude peut-être. Quand, depuis l’âge de cinq ou six ans, du matin au soir, nous courrions les rues, les champs et les bois sans surveillance. En bande le plus souvent. A douze ans, question de bêtises, nous les avions souvent presque toutes faites. Mis le feu à une lande ? Marc l’avait fait. Juste pour voir. On a vu. Bloqués dans une grotte ? On devait être sept ou huit. Pas longtemps. Mais assez pour ne plus y retourner. Et surtout ne pas le raconter à nos parents.
Alors, franchement, shooter dans une poubelle ou y mettre le feu. Briser les vitres d’une aubette de bus ou écrire son nom à la peinture sur les murs. Arrivés à l’adolescence, nous avions autrement plus de créativité que ça ! Et bien moins de désespoir !
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dimanche 11 mai 2008
Jupon
Sous la jupe, le jupon ou la combinaison. Aucune femme de bonne moeurs ne serait sortie moins vêtue.
Coquetterie ? On ne montrait pas le jupon, encore moins la combinaison. Pas à moi du moins. L’hypothèse me semble peu sérieuse.
Frilosité ? Les hommes portaient chemisette, chemise, pull, les femmes n’avaient pas nécessairement toutes ces couches. Pour la saison fraiche en tout cas, cette idée n’est pas déraisonnable.
Pudeur ? Renforcer l’opacité des vêtements en général à une époque où les formes ne se devinaient pas… et donner encore un peu de répit au corps qui se révèle au moment du déshabillage… Ca tient la route.
Economie et hygiène ? Et pourquoi pas tout simplement une manière supplémentaire de garder ses vêtements propres plus longtemps. On ne se changeait pas tous les jours… on se changeait d’ailleurs le moins souvent, tant la lessive était une tâche pénible. Alors, finalement, le jupon, la combinaison, ne seraient-ils que des substituts à trop de lessives répétées ?
Coquetterie ? On ne montrait pas le jupon, encore moins la combinaison. Pas à moi du moins. L’hypothèse me semble peu sérieuse.
Frilosité ? Les hommes portaient chemisette, chemise, pull, les femmes n’avaient pas nécessairement toutes ces couches. Pour la saison fraiche en tout cas, cette idée n’est pas déraisonnable.
Pudeur ? Renforcer l’opacité des vêtements en général à une époque où les formes ne se devinaient pas… et donner encore un peu de répit au corps qui se révèle au moment du déshabillage… Ca tient la route.
Economie et hygiène ? Et pourquoi pas tout simplement une manière supplémentaire de garder ses vêtements propres plus longtemps. On ne se changeait pas tous les jours… on se changeait d’ailleurs le moins souvent, tant la lessive était une tâche pénible. Alors, finalement, le jupon, la combinaison, ne seraient-ils que des substituts à trop de lessives répétées ?
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mercredi 30 avril 2008
Nicolay (Jean)
On ne me l’enlèvera pas de la tête: quand je pense au Standard de Liège, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Jean Nicolay. Le gardien de but.
Et d’ailleurs, c’est à peu près tout ce que je sais du football : le Standard est champion et Jean Nicolay est le plus grand gardien de but. En me creusant un peu les méninges, je pourrais encore reconnaître avoir entendu parler d'un certain Piot – gardien de but aussi, mais piètre copie à mon avis (de profane) de son grand prédécesseur -, et avouer aussi que j’ai bien un jour entendu prononcer le nom de Preudhomme – mais il aurait tout aussi bien pu pour moi être coureur automobile ou patineur sur glace -.
Et si l’une et l’autre de ces connaissances sentent la naphtaline et le pas frais… c’est bien que je n’ai jamais été intéressé par le foot.
Et d’ailleurs, c’est à peu près tout ce que je sais du football : le Standard est champion et Jean Nicolay est le plus grand gardien de but. En me creusant un peu les méninges, je pourrais encore reconnaître avoir entendu parler d'un certain Piot – gardien de but aussi, mais piètre copie à mon avis (de profane) de son grand prédécesseur -, et avouer aussi que j’ai bien un jour entendu prononcer le nom de Preudhomme – mais il aurait tout aussi bien pu pour moi être coureur automobile ou patineur sur glace -.
Et si l’une et l’autre de ces connaissances sentent la naphtaline et le pas frais… c’est bien que je n’ai jamais été intéressé par le foot.
lundi 28 avril 2008
Longueur des jupes
Le temps qui passait se mesurait à la longueur des jupes des filles.
Pas qu’on les regardait particulièrement, mais dès lors qu’une moitié au moins de l’humanité (sans compter les Ecossais et les curés !) portait jupe ou robe, les variations saisonnières et annuelles pouvaient bien se remarquer.
Maxi, midi, mini, et maxi de nouveau, et midi encore… Passaient les années et les saisons. Midi à nouveau, et maxi.
Verrait-on donc des genoux, seulement des mollets ou rien que des chaussures dans la rue cette saison ? Même les minijupes les plus courtes d’alors n’en révélaient pas beaucoup plus, et pourraient faire à certaines filles d’aujourd’hui figure de bourka.
Le pantalon est passé par là. Et les journaux ne titrent plus sur la longueur des jupes des filles.
Pas qu’on les regardait particulièrement, mais dès lors qu’une moitié au moins de l’humanité (sans compter les Ecossais et les curés !) portait jupe ou robe, les variations saisonnières et annuelles pouvaient bien se remarquer.
Maxi, midi, mini, et maxi de nouveau, et midi encore… Passaient les années et les saisons. Midi à nouveau, et maxi.
Verrait-on donc des genoux, seulement des mollets ou rien que des chaussures dans la rue cette saison ? Même les minijupes les plus courtes d’alors n’en révélaient pas beaucoup plus, et pourraient faire à certaines filles d’aujourd’hui figure de bourka.
Le pantalon est passé par là. Et les journaux ne titrent plus sur la longueur des jupes des filles.
samedi 26 avril 2008
Jeuner
Pas question de manger avant la messe. Vous seriez en état de péché…
Jeuner avant la messe du dimanche. Jeuner pendant le carême. Jeuner avant la messe de minuit, à Pâques et à Noël. Jeuner encore. Jeuner pour les pauvres. Jeuner pour les petits noirs. Jeuner à cause de nos péchés. Et si on n'en n'a pas commis, jeuner à cause du péché originel. Ils n’avaient que ce mot là à la bouche.
Comme s’il y avait eu une contre-indication médicale à l’absorption d’hostie lorsque l’estomac aurait contenu quoi que ce soit. Qu’en plus de notre âme, ce serait notre corps que nous aurions mis en danger.
Et jeuner avant d’aller à la piscine… se languir deux heures durant en été devant une rivière, de peur d'hydrocution. Et jeuner encore avant d’aller chez le médecin…
Et, évidemment, au seul endroit où nous aurions parfois voulu le faire, il n’était pas possible de jeuner ! C’était à la maison, quand nous n’aimions pas ce qui était sur la table…
Tu le manges maintenant, ou bien on te le servira froid plus tard !
Le monde est mal fait!
Jeuner avant la messe du dimanche. Jeuner pendant le carême. Jeuner avant la messe de minuit, à Pâques et à Noël. Jeuner encore. Jeuner pour les pauvres. Jeuner pour les petits noirs. Jeuner à cause de nos péchés. Et si on n'en n'a pas commis, jeuner à cause du péché originel. Ils n’avaient que ce mot là à la bouche.
Comme s’il y avait eu une contre-indication médicale à l’absorption d’hostie lorsque l’estomac aurait contenu quoi que ce soit. Qu’en plus de notre âme, ce serait notre corps que nous aurions mis en danger.
Et jeuner avant d’aller à la piscine… se languir deux heures durant en été devant une rivière, de peur d'hydrocution. Et jeuner encore avant d’aller chez le médecin…
Et, évidemment, au seul endroit où nous aurions parfois voulu le faire, il n’était pas possible de jeuner ! C’était à la maison, quand nous n’aimions pas ce qui était sur la table…
Tu le manges maintenant, ou bien on te le servira froid plus tard !
Le monde est mal fait!
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mercredi 9 avril 2008
Saint Jean
Le jour de la Saint Jean (le 24 juin) les enfants du quartier de la route de Falize dansaient dans les rues. C’étaient les rondes de la Saint Jean !
Les filles coiffées d’une couronne de pâquerettes souvent, de Saint-Jean (des marguerites) si elles étaient déjà en fleur, de marguerites des jardins parfois. Les garçons le torse barré – à la manière des édiles communaux – d’un ruban de papier crépon.
Je pourrais vous fredonner l’air – mais cela passe très mal dans un blog qui se limite au texte -… j’ai encore le souvenir brumeux de quelques strophes de la chanson, en wallon évidemment, comme tout ce qui est folklorique à Malmédy – il y était question de fête, de la naissance « do binamé St Jean » (du bien aimé Saint Jean), et pour rimer, de petits et grands - … mais je me souviens surtout que ce qui pourra paraître d’ici quelques années comme une coutume antique, avait disparu.
Je ne me souviens d’ailleurs que de deux éditions dans le quartier… et d’aucune dans les autres de la ville…
Les filles coiffées d’une couronne de pâquerettes souvent, de Saint-Jean (des marguerites) si elles étaient déjà en fleur, de marguerites des jardins parfois. Les garçons le torse barré – à la manière des édiles communaux – d’un ruban de papier crépon.
Je pourrais vous fredonner l’air – mais cela passe très mal dans un blog qui se limite au texte -… j’ai encore le souvenir brumeux de quelques strophes de la chanson, en wallon évidemment, comme tout ce qui est folklorique à Malmédy – il y était question de fête, de la naissance « do binamé St Jean » (du bien aimé Saint Jean), et pour rimer, de petits et grands - … mais je me souviens surtout que ce qui pourra paraître d’ici quelques années comme une coutume antique, avait disparu.
Je ne me souviens d’ailleurs que de deux éditions dans le quartier… et d’aucune dans les autres de la ville…
lundi 31 mars 2008
Jaune
A des centaines de mètres, on reconnaissait les voitures françaises. Elles avaient des phares jaunes.
Le monde entier s’éclairait en blanc… mais la France résistait à l’envahisseur… et s’éclairait en jaune. C’est fini. C’est peut-être dommage.
Mais il parait que, leurs phares étant moins efficaces, ils ont dû le compenser en développant de meilleurs optiques, et qu’ils sont devenus les spécialistes des lentilles de Fresnel.
Je n’ai pas vérifié, mais pourquoi pas. A quelque chose, parfois, malheur est bon !
Le monde entier s’éclairait en blanc… mais la France résistait à l’envahisseur… et s’éclairait en jaune. C’est fini. C’est peut-être dommage.
Mais il parait que, leurs phares étant moins efficaces, ils ont dû le compenser en développant de meilleurs optiques, et qu’ils sont devenus les spécialistes des lentilles de Fresnel.
Je n’ai pas vérifié, mais pourquoi pas. A quelque chose, parfois, malheur est bon !
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mercredi 5 mars 2008
Juke-box
Tous les 45 tours récents étaient présents dans le juke-box de la piscine.
Dans les cafés d’alors, il n’y avait pas de musique de fond. Pas de radio, pas de télévision allumée en permanence.
Alors parfois, quelqu’un se dirigeait vers le juke-box. Enfournait quelques pièces. Sélectionnait ses morceaux. Et retournait à sa place.
Pour nous les gosses, ce n’était pas tant la musique qui nous attirait que la précision de la mécanique qui se mettait en route. Un bras prélevait le 45 tours, le posait sur le tourne disque dans le bon sens (eh oui, un 45 tours, comme un 33, avait deux faces) et la musique commençait. A la fin du morceau, le disque était rangé à sa place et le suivant le remplaçait.
Pas besoin de Wurlitzer somptueux, n’importe quel juke-box était comme un miracle de technologie, comme apporté là par quelque civilisation extra-terrestre.
Quant aux morceaux. Je ne me souviens que de variété française. Sirupeuse à souhait … « Pour un petit tour, au petit jour, entre tes draps… pour un petit tour, au petit jour, entre tes bras… la, la, la, lala, la lalala… » Ou plus animée « Si j’avais un marteau… » … Que de toute manière nous n’entendrions jamais à la maison.
Dans les cafés d’alors, il n’y avait pas de musique de fond. Pas de radio, pas de télévision allumée en permanence.
Alors parfois, quelqu’un se dirigeait vers le juke-box. Enfournait quelques pièces. Sélectionnait ses morceaux. Et retournait à sa place.
Pour nous les gosses, ce n’était pas tant la musique qui nous attirait que la précision de la mécanique qui se mettait en route. Un bras prélevait le 45 tours, le posait sur le tourne disque dans le bon sens (eh oui, un 45 tours, comme un 33, avait deux faces) et la musique commençait. A la fin du morceau, le disque était rangé à sa place et le suivant le remplaçait.
Pas besoin de Wurlitzer somptueux, n’importe quel juke-box était comme un miracle de technologie, comme apporté là par quelque civilisation extra-terrestre.
Quant aux morceaux. Je ne me souviens que de variété française. Sirupeuse à souhait … « Pour un petit tour, au petit jour, entre tes draps… pour un petit tour, au petit jour, entre tes bras… la, la, la, lala, la lalala… » Ou plus animée « Si j’avais un marteau… » … Que de toute manière nous n’entendrions jamais à la maison.
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jeudi 31 janvier 2008
Chocolat Jacques
Tout Belge, parait-il est friand, et connaisseur, de bon chocolat. Laissez-moi donc vous conseiller le Chocolat Jacques fourré à la fraise.
Les souvenirs n’ont évidemment pas plus à faire de la gastronomie que de l'objectivité. Etait-ce bien à la fraise d'ailleurs ? Et heureusement, ce chocolat n’existe plus : il m’évitera de commettre l’irréparable et de tenter d'y retrouver quelques uns de mes souvenirs les plus chers.
Localisme encore. Le chocolat Jacques était fabriqué à Eupen. Juste de l’autre côté des Fagnes.
Détestant les pralines fourrées, et la persistante douceur du praliné, j’apprécie par contre, de temps en temps, une praline à l’alcool. Peut-être bien à cause de cette sensation sans égale de la barre de chocolat fourré qui éclate sous la dent et de la crème parfumée - ou de la liqueur - qui envahit la bouche. Juste avant, le gout unique du chocolat. Juste après, une marée de fruits et de fraicheur. Tout ce qui suit fait, au mieux, partie de l'alimentation.
Certains détestent-ils l’After Eight pour son mariage étrange du chocolat et de la menthe ? Je regrette juste pour ma part que l’irruption de la menthe soit bien trop peu spectaculaire, et cette retenue bien trop britanique !
Les souvenirs n’ont évidemment pas plus à faire de la gastronomie que de l'objectivité. Etait-ce bien à la fraise d'ailleurs ? Et heureusement, ce chocolat n’existe plus : il m’évitera de commettre l’irréparable et de tenter d'y retrouver quelques uns de mes souvenirs les plus chers.
Localisme encore. Le chocolat Jacques était fabriqué à Eupen. Juste de l’autre côté des Fagnes.
Détestant les pralines fourrées, et la persistante douceur du praliné, j’apprécie par contre, de temps en temps, une praline à l’alcool. Peut-être bien à cause de cette sensation sans égale de la barre de chocolat fourré qui éclate sous la dent et de la crème parfumée - ou de la liqueur - qui envahit la bouche. Juste avant, le gout unique du chocolat. Juste après, une marée de fruits et de fraicheur. Tout ce qui suit fait, au mieux, partie de l'alimentation.
Certains détestent-ils l’After Eight pour son mariage étrange du chocolat et de la menthe ? Je regrette juste pour ma part que l’irruption de la menthe soit bien trop peu spectaculaire, et cette retenue bien trop britanique !
vendredi 11 janvier 2008
Jokari
Ballon, pelle, rateau, seau et jokari. Sans oublier les maillots évidemment. Il n’en fallait pas beaucoup plus, selon nous les enfants, pour une semaine à la mer.
Un bloc de bois. Une balle de caoutchouc tenue par un fil élastique. Une raquette de bois blanc. C’était le jokari. Un des jeux classiques de notre enfance.
La version avec la balle de tennis ne viendrait que bien plus tard. Décevante somme toute lorsque la balle finissait par perdre de son lustre, à ressembler à une peluche qui aurait passé six mois dans une poubelle.
Question exercice, c’était notre squash. Un effort intense. Court le plus souvent. De quoi écouler un surcroit d’énergie. De passer par exemple la frustration d’être resté assis trop longtemps aux côtés des parents.
Jusqu’à l’accident inévitable. L’élastique qui lache. La balle qui file au loin. La course pour la récupérer. Et ma mère qui la répare, jusqu’à la prochaine fois.
Un bloc de bois. Une balle de caoutchouc tenue par un fil élastique. Une raquette de bois blanc. C’était le jokari. Un des jeux classiques de notre enfance.
La version avec la balle de tennis ne viendrait que bien plus tard. Décevante somme toute lorsque la balle finissait par perdre de son lustre, à ressembler à une peluche qui aurait passé six mois dans une poubelle.
Question exercice, c’était notre squash. Un effort intense. Court le plus souvent. De quoi écouler un surcroit d’énergie. De passer par exemple la frustration d’être resté assis trop longtemps aux côtés des parents.
Jusqu’à l’accident inévitable. L’élastique qui lache. La balle qui file au loin. La course pour la récupérer. Et ma mère qui la répare, jusqu’à la prochaine fois.
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mardi 25 décembre 2007
Jules
Je vais chez Jules.
Est-ce que l’expression est encore utilisée ?
Pudeur stupide du langage ? Tartuferie ? Aller chez Jules, c’était aller à la toilette (aux toilettes pour nos amis français).
Qui oserait s'appeler Jules dès lors ? Pas de chance, j'aurais tant voulu prénommer mon fils ainsi !
Est-ce que l’expression est encore utilisée ?
Pudeur stupide du langage ? Tartuferie ? Aller chez Jules, c’était aller à la toilette (aux toilettes pour nos amis français).
Qui oserait s'appeler Jules dès lors ? Pas de chance, j'aurais tant voulu prénommer mon fils ainsi !
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dimanche 16 décembre 2007
Abat-jour
J’ai fait un abat jour au cours de travaux manuels. Encore plus laid que celui offert par la tante Germaine.
Un cadre de fil de fer… un bout de tissus… quand on ne parlait pas encore d’halogènes ni de luminaires… Il parait que les nazis en faisaient en peau humaine. Du meilleur goût évidemment. Mais il semble bien qu'en matière de goût ce ne soit ni du côté des nazis, ni de celui des abat jour qu'il faille aller chercher.
Et côté éclairage n’oublions pas non plus le lustre de cristal… Et, pour le sommet du kitch, les fausses bougies… avec leurs ampoules torsadées pour faire plus vrai…
Dans ce temps là, c’était si laid, et si facile. Essayez maintenant de penser l’éclairage de votre maison ou de votre appartement.
Un cadre de fil de fer… un bout de tissus… quand on ne parlait pas encore d’halogènes ni de luminaires… Il parait que les nazis en faisaient en peau humaine. Du meilleur goût évidemment. Mais il semble bien qu'en matière de goût ce ne soit ni du côté des nazis, ni de celui des abat jour qu'il faille aller chercher.
Et côté éclairage n’oublions pas non plus le lustre de cristal… Et, pour le sommet du kitch, les fausses bougies… avec leurs ampoules torsadées pour faire plus vrai…
Dans ce temps là, c’était si laid, et si facile. Essayez maintenant de penser l’éclairage de votre maison ou de votre appartement.
samedi 8 décembre 2007
Front de la jeunesse
Ceux du front de la jeunesse sont sans doute devenus vieux en même temps que nationaux
Qui a dit cheveux longs, idées courtes ? Avec leurs cheveux courts, les membres du front de la jeunesse et des scouts d’Europe avaient les idées bien plus courtes encore. On pouvait s'amuser à imaginer que la croix celtique était tout ce qu’ils étaient capable de poser en guise de signature.
Un temps on a cru qu’ils avaient disparu, qu’un peu d’intelligence les avait frappés et que les idées d’extrême droite pourraient ne plus avoir cours.
Que du contraire, du front de la jeunesse au front national et au vlaamse blok (ou vlaams belang) il y a moins qu’un pas. Les jeunes salauds on probablement tout simplement vieilli, pour devenir aujourd'hui de vieux salauds.
Qui a dit cheveux longs, idées courtes ? Avec leurs cheveux courts, les membres du front de la jeunesse et des scouts d’Europe avaient les idées bien plus courtes encore. On pouvait s'amuser à imaginer que la croix celtique était tout ce qu’ils étaient capable de poser en guise de signature.
Un temps on a cru qu’ils avaient disparu, qu’un peu d’intelligence les avait frappés et que les idées d’extrême droite pourraient ne plus avoir cours.
Que du contraire, du front de la jeunesse au front national et au vlaamse blok (ou vlaams belang) il y a moins qu’un pas. Les jeunes salauds on probablement tout simplement vieilli, pour devenir aujourd'hui de vieux salauds.
mercredi 21 novembre 2007
Carte à jouer
Des cartes à jouer et des pinces à linge. Quel boucan cela faisait dans les rayons de nos vélos.
Au mieux, nous jouions à bataille. Plus grand, nous apprendrions aussi parfois à jouer au couillon. Cela ne nous empêchait nullement de faire grand usage de cartes à jouer.
Une pince à linge, une ou deux cartes qui aboutissent dans les rayons de la roue avant. L'opération répétée de chaque côté... et de préférence aussi sur les vélos des copains, et nous étions prêts pour faire le tour du quartier.
Aucune utilité évidemment, sauf celle de se faire entendre... mais c'était un plaisir si simple.
Au mieux, nous jouions à bataille. Plus grand, nous apprendrions aussi parfois à jouer au couillon. Cela ne nous empêchait nullement de faire grand usage de cartes à jouer.
Une pince à linge, une ou deux cartes qui aboutissent dans les rayons de la roue avant. L'opération répétée de chaque côté... et de préférence aussi sur les vélos des copains, et nous étions prêts pour faire le tour du quartier.
Aucune utilité évidemment, sauf celle de se faire entendre... mais c'était un plaisir si simple.
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