Et pour les enfants, le boucher découpait toujours une belle tranche de saucisson au jambon !
Etonnant non que les enfants se tenaient toujours bien chez le boucher. Jamais un mot plus haut que l’autre. Jamais de crise de colère, même chez les plus caractériels. Des enfants parfaits, de vrais échantillons pour un livre de la Comtesse de Ségur.
Et pourtant. C’était bien un endroit bien peu agréable. Eté comme hiver, il y faisait froid. L’étalage et les frigos pulsaient leur morsure glaciale que réverbéraient sans pitié les carrelages blancs. Et la lumière crue mettait en évidence toutes les horreurs que certains projetaient d’ingurgiter : des foies répugnants, des pieds de porc, des langues gigantesques.
Mais en fait, nous n’en voyions rien. Les yeux fixés sur le boucher ou la bouchère. Et cela ne manquait jamais. Quelle que soit l’importance de la commande, le saucisson au jambon était amené sur la machine à trancher. Le boucher réglait sa machine : pas question d’une fine tranche ! Non, un bon demi-centimètre conviendrait. Il en coupait une tranche par enfant. Il prenait le plus souvent encore le soin d’en retirer la peau. Et un grand sourire éclairant sa face, il nous distribuait la récompense attendue.
Rien que pour le souvenir de ce sourire éclatant, je crois que j’aimerai toujours le saucisson au jambon et l’atmosphère des boucheries !
mardi 16 septembre 2008
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