vendredi 14 décembre 2007

Crin

Paul s’est fait un crin au front. Quatre agrafes.

Nous, les garçons, avions notre mesure exacte de l’intensité avec laquelle nous vivions notre vie : le crin, qui se mesure en agrafes pour les meilleurs, en points de suture pour la classe intermédiaire et enfin en centimètres ou millimètres pour la dernière catégorie.
Le crin, c’était donc la coupure, à la tête de préférence, car plus visible. A la limite aux jambes. Tout autre endroit relevait seulement de l’anecdote et ne pouvait témoigner d’aucun héroïsme.
Quant aux objets qui avaient causé la blessure, ils n’étaient pas classés avec tant de certitudes. Seul le fil de fer barbelé régnait sans conteste tout en haut de la liste.

jeudi 13 décembre 2007

Wii

Wii, enfin, je veux dire que…

Avant d’être une marque déposée pour une console de jeu, le Wii rythmait les interventions de Wilfried Martens. Longtemps inamovible premier ministre de la Belgique.
Comme les "Pan", "Bam", "Slash", "Bing" des bandes dessinées... le "Wii" de Wilfried Martens était comme le "Glop glop" de Pifou ou le "Gnap gnap" des Schtroumpfs noirs.

mercredi 12 décembre 2007

Sucre candi

Parfois dans un morceau de sucre candi, un bout de ficelle…

Le sucre candi, je le mets d’abord dans le café, pour qu’il s’échauffe. Et au moment de boire, je le glisse dans ma bouche, sous la langue.
Enfant, c’était comme un avant goût de rhum dont je ne connaissais que l’étiquette sur les étagères de magasin.
Magie enfin quand un morceau contient un bout de ficelle, une sorte d’accident de la production, de témoignage incontestable de la nature artisanale du produit. Bien autre chose que ces carrés de sucre blanc, trop propres et trop parfaits.
Le sucre candi, c’était pour nous comme un fruit exotique. Un bout de tropiques qui se prend du bout des doigts.

mardi 11 décembre 2007

Rhum

Pour moi, le rhum, c’était d’abord une femme. L'antillaise de la bouteille de Negrita. C’est celui que j’ai vu sur les rayons de l'épicerie d'en face, rarement dans la cuisine de ma mère, plus souvent dans celle de l’hôtel de mon oncle par la suite.
Peu friand de pâtisseries, je ne me rappelle pas quand j’en en perçu enfin le goût.

Mais je préférerai donc sans doute encore longtemps le rhum brun au rhum blanc, et le fort parfum du Negrita à la fadeur industrielle du Bacardi. Le Negrita sent la canne à sucre et les îles, la sueur aussi... Le Bacardi sent juste l’alcool et la boite de nuit…

lundi 10 décembre 2007

Parachute

Un parachute, c’est rond !

Quel ne fut pas notre étonnement quand les parachutes modernes, ces ailes bizarres, sont apparus dans le ciel, qui n’étaient pas ronds, qui ne pouvaient donc pas être des parachutes.
Un parachute, c’était rond, évidemment. Et les parachutistes à leurs commandes - mais commande-t-on vraiment un coursier à peine dompté - accomplissaient à nos yeux des prodiges de précision. Ils nous faisaient nécessairement penser aux films de guerre que nous avions vus à la télévision. Ou à la légion, qui sautait alors sur Kolwezi.
Leur héritiers, avec leurs ailes multicolores, ont évidemment brisé toute référence à ce passé militaire.

dimanche 9 décembre 2007

Marchand de poubelles

Le vendredi passe le marchand de poubelles.

C’est ainsi qu’on appelait les éboueurs. Comme s’ils vendaient les poubelles plutôt que de nous débarrasser de leur contenu.

samedi 8 décembre 2007

Front de la jeunesse

Ceux du front de la jeunesse sont sans doute devenus vieux en même temps que nationaux

Qui a dit cheveux longs, idées courtes ? Avec leurs cheveux courts, les membres du front de la jeunesse et des scouts d’Europe avaient les idées bien plus courtes encore. On pouvait s'amuser à imaginer que la croix celtique était tout ce qu’ils étaient capable de poser en guise de signature.
Un temps on a cru qu’ils avaient disparu, qu’un peu d’intelligence les avait frappés et que les idées d’extrême droite pourraient ne plus avoir cours.
Que du contraire, du front de la jeunesse au front national et au vlaamse blok (ou vlaams belang) il y a moins qu’un pas. Les jeunes salauds on probablement tout simplement vieilli, pour devenir aujourd'hui de vieux salauds.