lundi 10 mars 2008

Objecteur

Service civil ou militaire ? Civil évidemment pour les objecteurs de conscience.

A une certaine époque, se tourner les pouces pendant un an dans une caserne, c’était servir son pays. Par contre travailler à la protection civile, dans un mouvement de jeunesse ou toute autre organisation sociale pendant deux ans, était un peu traitre à la patrie. Et il fallait donc bien le faire sentir à ces fameux objecteurs de conscience.
Fallait-il donc que ces empêcheurs de tuer en rond n’aient pas compris que nous étions en guerre ? – la rengaine actuelle de George W Bush, qui nous parait relever de la manie pathologique, était alors la norme -. Contre le communisme évidemment. Et le communiste (le couteau entre les dents) qui nous épiait de derrière son rideau de fer.
Les militaires eux, n’avaient d’objections que quand il était question de partir en opérations. Il fallait les voir pleurer à chaudes larmes devant les caméras de télévision lorsqu’ils étaient envoyés au Congo / Zaïre ou ailleurs pour aller sauver nos compatriotes. Prétendant que ce n’était pas pour ça qu’ils avaient rejoint les para-commandos. A croire qu'ils pensaient s'engager dans l'Armée du Salut quand ils ont signé leur contrat !
L’objecteur de conscience était donc le pigeon de la farce. Exploité tout autant que méprisé. Mais au bout du compte, c’est lui qui a eu raison. Le service militaire a été aboli !

dimanche 9 mars 2008

Nondidju

Crénondidju de nondiju !

J’ai beau chercher. J'en trouve difficilement d'autre, car, du côté des jurons et des noms d’oiseaux, notre vocabulaire était bien pauvre à côté de celui des nouvelles générations.
Les injures ? Flamind (Flamand), ou pire Mâssi Flamind (Sale Flamand), Ewaré (Egaré, fou), Biesse (Bête)… Les jurons ? Je ne trouve que Nondidju !
Et encore fallait-il bien veiller au contexte et à la cible. Le moindre pas de côté, et c’était la baffe garantie, la fessée, l’heure dans le coin, le au lit sans souper, ou le va manger dans l’escalier de la cave !
Je n’ai donc jamais eu l’occasion de traiter mon père de con, ma mère de putain, mon prof d'enfoiré, ni mon voisin de pédé. Mais je ne m’en porte pas plus mal pour autant je crois !

samedi 8 mars 2008

Meules de foin

Au moins une fois l’an, les meules de foin poussaient dans les prairies.

Trois perches dressées, comme pour une tente d’indien. Le foin séchait sur les meules. Sortes de champignons qui émergeaient de temps en temps sur les prairies. Avec la mécanisation, elles ont disparu, et le foin en vrac a laissé sa place au foin en balles.
Reste-t-il encore l’un ou l’autre fermier qui résisterait à la nouvelle mode ? Si c’est le cas, ils sont tellement rares que je peux facilement compter celles que j’ai vues « récemment ».
Une fois, peut-être deux mais pas plus, dans ma rue. Un ridicule bout de prairie agrémenté de deux arbres, obstacle rédhibitoire à la mécanisation. J'y ai bien vu quelques meules, entre 91 et aujourd’hui… mais plutôt du côté de 91.
Une autre fois encore, plus récemment, sur un bout de prairie particulièrement enclavé, du côté de Roeselare. C’était il y a au moins 4 ou 5 ans… et je n’ai pas eu l’occasion de mener une nouvelle expédition anthropologique dans ce coin.
Une dernière fois enfin, il y a un an ou deux, aux Pays Bas, du côté de Valkenswaard, au sud d’Eindhoven…
N’oubliez donc pas, la prochaine fois que vous voyez une meule de foin. Arrêtez-vous. Prenez-la en photo. Retournez-y éventuellement avec vos enfants ou vos petits enfants. Prévenez la presse et la télévision. Arrêtez les voitures et ouvrez un blog !
S’il n’est pas déjà trop tard, il est vraiment grand temps !

vendredi 7 mars 2008

Lithinée

A Verviers, on buvait de la lithinée.

Chez mes cousins des Hougnes, on ne buvait pas l’eau du robinet comme ça. On y ajoutait de mystérieux sachets de lithinée.
Rituel bizarre pour nous qui étions habitués à une eau particulièrement pure, descendant tout droit du plateau des Hautes Fagnes.
D’autant plus que la leur aussi venait des Fagnes… mais, distribuée dans de vieilles tuyauteries en plomb elle était pratiquement imbuvable. Tant pour son goût détestable que par sa charge de métaux délétères.
Mais, poison ou pas, à l’époque, on buvait encore bien de l’eau du robinet. Elle n’était pas encore – comme aujourd’hui – tant saturée en chlore que l’on a l’impression de boire de l’eau de javel !

jeudi 6 mars 2008

Kepi

Sur les vieilles photos, les gendarmes portaient un képi ridicule, de forme indéfinissable, et bien plus haut que sa version actuelle.

Ridicule, c’est vrai, mais les couvre-chefs insolites font bien partie du charme des vieilles photos, et les inscrivent immédiatement dans leur époque.
Je ne me rappelle plus l’avoir vu sur la tête d’un gendarme, c’est vrai.
Mais par contre, une des saynettes de la remise des prix alors que j’étais en maternelle, présentait bien la chanson des petits gendarmes. Et ils portaient bien des imitations en carton de tels képis.
Et c’est surtout la photo de ce couvre chef qui a marqué ma mémoire. De rois ou de ministres, d'événements dramatiques ou de crimes. Des grandes grèves de 60 peut-être aussi.
Quick et Flupke étaient associés au casque du gendarme ? Notre génération sera peut-être un jour associée à ce képi.

mercredi 5 mars 2008

Juke-box

Tous les 45 tours récents étaient présents dans le juke-box de la piscine.

Dans les cafés d’alors, il n’y avait pas de musique de fond. Pas de radio, pas de télévision allumée en permanence.
Alors parfois, quelqu’un se dirigeait vers le juke-box. Enfournait quelques pièces. Sélectionnait ses morceaux. Et retournait à sa place.
Pour nous les gosses, ce n’était pas tant la musique qui nous attirait que la précision de la mécanique qui se mettait en route. Un bras prélevait le 45 tours, le posait sur le tourne disque dans le bon sens (eh oui, un 45 tours, comme un 33, avait deux faces) et la musique commençait. A la fin du morceau, le disque était rangé à sa place et le suivant le remplaçait.
Pas besoin de Wurlitzer somptueux, n’importe quel juke-box était comme un miracle de technologie, comme apporté là par quelque civilisation extra-terrestre.
Quant aux morceaux. Je ne me souviens que de variété française. Sirupeuse à souhait … « Pour un petit tour, au petit jour, entre tes draps… pour un petit tour, au petit jour, entre tes bras… la, la, la, lala, la lalala… » Ou plus animée « Si j’avais un marteau… » … Que de toute manière nous n’entendrions jamais à la maison.

mardi 4 mars 2008

Interlock

Interlock, dralon, nylon, velours, jersey, pilou, tergal,…

Ce sont les sept qui me viennent immédiatement à la mémoire. Mais nous en connaissions d’autres, des noms de tissus.
Il est vrai que notre mère – comme tant d’autres à l’époque – cousait tout ou partie de nos vêtements. Et que mon père, en bon Verviétois, avait fait des études textiles.
Mais ce n’était pas tout. Les vêtements n’étaient pas simplement des objets qu’on achetait, qu’on utilisait si peu de temps, et puis que l’on jetait.
Faits à la maison, ou hérités d’un cousin plus âgé, même neufs ils avaient déjà parfois une histoire et gardaient une origine. Made in China ne figurait alors sur aucune étiquette. Ils venaient donc bien de quelque part, et surtout de quelqu'un. Comme les costumes de mon père, taillés sur mesure. Un luxe aujourd'hui. La norme à l'époque.