vendredi 28 mars 2008

Gourmette

D’âge en âge, de fête en fête, certains recevaient une nouvelle gourmette, de plus en plus grande, de plus en plus lourde.

Ridicule ce bracelet doré équipé d’une zone plate portant le nom de son titulaire. Comme s’il était trop stupide – ou serait un jour trop saoul – pour s’en souvenir !
Porté par un tout petit – cela arrivait -, c’était mignon. Moins agressif en tout cas que des boucles d’oreilles. Mais, évidemment, on ne la lui laissait pas. Trop dangereux.
Par une fille, pas particulièrement élégant. Mais bon, c’était de l’or. Ou du plaqué or. Donc un bijou. Ca faisait un peu de bruit. Donc, on peut comprendre que les filles aiment ça.
Chez un garçon de 12 ans – la communion solennelle est passée par là – ça va encore. Le bras pendant lâchement… quelques coups de poignet… le bijou se fait entendre. Et encore un petit coup de l’autre côté. Vous avez vu ma nouvelle montre. A cet âge là, on est un peu con. Très parfois.
Mais ensuite, il y a des garçons qui s’y attachent. Et la gourmette grossit en même temps que – la bêtise de - son propriétaire. Ce qui avait encore un soupçon d’élégance tourne définitivement au comique et au vulgaire. Ajoutez-y une chevalière et une médaille autour du cou et le tableau est complet. Je m’enfuis !

jeudi 27 mars 2008

Fumer dans le bus

Je suis né dans un monde qui sentait et goûtait le cendrier froid. Fumer dans les bus était normal.

Bus, trains, cafés, bureaux… il y avait des cendriers partout, qui sentaient le cendrier… le mégot… le pas frais… Qui gluaient sous les doigts... Qui rendaient les doigts amers...
Prendre le bus, c’était nécessairement se trouver pendant tout le trajet – et cela pouvait être long, de Malmédy à Verviers par exemple – devant un cendrier débordant de restes de tabac, de cendres et de chewing-gum mêlés.
C’était la plupart tu temps aussi subir l’odeur des cigarettes de deux ou trois fumeurs invétérés… en plus de celle de la transpiration ou des chaussettes pas fraiches. Parfois même celle d'un cigare ou d'une pipe. Lourds.
C’était enfin recueillir sur les mains agrippées à la barre de maintien les traces de ces effluves, pour les emmener ensuite, quand on quitterait le bus.
Prendre le bus, c’était – pour les narines - comme faire un voyage dans une cité africaine – les odeurs d’épices en moins !

mercredi 26 mars 2008

Explosif

Rien ne se passait. Les flammes s’étaient arrêtées. C’est seulement quand Alain a fait mine de s’approcher que la pompe à vélo est partie comme une fusée. Terminant sa course avec fracas dans la porte des toilettes. L’explosif était bon !

Terrorisme ? Laissez moi rire. Pour nous, explosif, c'était plutôt associé à résistance. Et c'était plutôt bien.
Des explosions, on en entendait régulièrement à la carrière, un peu plus loin dans la vallée. Mais ça, c’était vraiment du trop sérieux. Pas du tout pour nous.
Ce n’est pas un secret. Tapez antiherbe et sucre dans Google et vous trouverez d’autres références à cet explosif. Quand nous étions gosses, tôt ou tard, nous y sommes tous passé. La boite du petit chimiste, c’était trop cher et trop compliqué. Par contre, acheter un paquet d’antiherbe chez le droguiste, et un kilo de sucre à l’épicerie était à la portée de tous.
L’occasion de faire surtout de belles flammes… des incendies spectaculaires dans la cour du patro… De constater ensuite que ça chauffait vraiment très fort, quand la bouteille de Coca qui contenait notre mélange terminait à l’état de galette de verre. Risqué finalement lorsque nous en venions à tenter la fabrication de pétards ou de fusées avec tout ce qui nous tombait sous la main.
Après le coup de la pompe à vélo, on a été refroidis. Et je ne me souviens plus qu’aucun d’entre nous ait encore été tenté de jouer à l’artificier.

mardi 25 mars 2008

Disques racontés

Le Petit Prince, raconté aux enfants par Gérard Philippe dans les années 50 est maintenant réédité en CD.

Alors que la télévision avait bien peu de place dans nos vies et que la radio ne s’intéressait pas aux enfants, les disques racontés étaient dans toutes les maisons… en tout cas, chez toutes les familles nombreuses.
Le Petit Prince, évidemment. J’aimais bien. Mais pas trop souvent. Et surtout, le Livre de la jungle, sur deux 33 tours, qui reprenaient 3 épisodes de l’histoire de Mowgli mais aussi – sur une face B - celle de Rikki-tikki-tavi, la mangouste.
A force de les écouter et de réécouter, on les connaissait par cœur… Et aujourd’hui encore, il m’arrive régulièrement d’entendre résonner dans ma tête tel bout de musique, telle réplique.
Quand j’ai faim ? Je pense toujours aux Bandarlogs (à cause de Mowgli qui y crie : « J’ai faim !). J’ai toujours été incapable de me souvenir de la moindre poésie pour l’école, mais je me souviens encore de répliques complètes de Darzee, l’oiseau tailleur…
Après sont venues les vies de musicien : Chopin, Bach je crois. Plus savant. Moins palpitant. J’y ai bien pris un certain gout de la musique classique… Mais franchement, Le livre de la Jungle, c’était autrement palpitant !

lundi 24 mars 2008

Cent dix

Oufti, quelle décharge ! C’est du 110 ou du 220 ?

Le 110 volts en Belgique, c’est vraiment la préhistoire. Si loin dans le temps. Se prendre une décharge électrique remettait bien les idées en place, évidemment… mais ce n’était rien de comparable avec le 220.
Il y a donc eu une période où il fallait faire attention. 110 ou 220 ? Et ne pas se tromper surtout avec un appareil 110, sinon, il grillait en quelques instants. Irrémédiablement le plus souvent. Parfois, par chance, c’était juste un fusible qui lachait. Mais c’est bien loin tout ça.
Pourtant, il suffit d’un petit saut vers les USA et on peut retrouver ce parfum nostalgique du 110 volts.

dimanche 23 mars 2008

Bouts ferrés

Les souliers de ski avaient le bout ferré.

Je n’ai jamais cherché à savoir pourquoi, mais le bout des souliers de skis était recouvert d’une lame de métal. Je ne parle évidemment pas de ces véhicules extraterrestres que chaussent les skieurs de nos jours, mais bien des chaussures (quelque chose qui sert à marcher) que nous utilisions alors.
D’ailleurs, on pouvait utiliser des skis avec n’importe quelle chaussure. Mais, le chic du chic pour nous, c’était évidemment la chaussure de ski. A peine différente des chaussures normales. L’avant un peu plus carré peut-être. L’arrière renforcé pour recevoir le tendeur de l’attache. Mais surtout, ces pointes ferrées.
Menaçantes dans la cour de récréation. Les coups de pieds n’étaient pas rares et celui qui portait de telles chaussures bénéficiait surement d’un avantage – au moins psychologique – non négligeable.
Ou simplement fières de leur apparence. Quelques coups de la pointe sur les pavés de la cour, pour bien faire entendre le son du métal. Un regard de côté pour voir si le public avait bien remarqué la merveille que l’on portait aux pieds. Puis quelques pas un peu raides – comme si les skis y étaient restés attachés ou que la journée sur les pistes avait été bien longue - pour bien les mettre en valeur.

samedi 22 mars 2008

Airelles

Je n’aimais pas la confiture d’airelles… mais je peux au moins distinguer une airelle d’une canneberge… surtout lorsque cette dernière vient du Canada et a fait du bodybuilding.

Mais continuez donc à croire que vous mangez de la confiture d’airelles à Noël, cela ne fera jamais de mal qu’à la langue française.
Pour ma part j’ai appris à l’école que, dans la préhistoire, les cueilleurs/chasseurs avaient précédé les agriculteurs. Me voilà donc bien plus préhistorique que je ne le pensais. Car, la cueillette – bien plus que la chasse – ça nous connaissait.
Les airelles, cueillies sur la Fagne à grand peine. Les myrtilles, pratiquement aux mêmes endroits. Les jonquilles. Le muguet. Pour vendre ou donner. Les champignons des champs à l’automne. Les chicorées des champs (les pissenlits) pour la salade et les orties pour la soupe au printemps. Les prairies et les bois étaient des sources de nourriture pour les humains.
Et c’était délicieux !
On est bien loin là de ces fruits surgelés, exportés du lointain Canada.