Henry Pousseur, né à Malmédy, a l’âge de ma mère.
Visitez Malmédy. Rencontrez ses habitants. Et vous imaginerez difficilement comment un Henry Pousseur peut en être issu.
Faites en de même à Charleville, et essayez, dans la rue, comme ça, de trouver de futurs Rimbaud. Mais au moins, à Charleville, j’imagine que la plupart aura lu, ou entendu, un poème au moins d’Arthur.
Oserais-je imaginer qu’à Malmédy, un jour, tout le monde aura entendu, à défaut d'écouter, toute une œuvre de Henry Pousseur ? Ou serait-il encore trop tôt ? Une bonne gloire locale est-elle nécessairement une gloire morte ? Ou bien la malédiction serait-elle éternelle qui fait que nul n’est prophète en son pays ?
Entre 1961 (il était un peu tôt il est vrai, à trois ans, pour nous abreuver de musique sérielle ou dodécaphonique... mais pourquoi pas ?) et 1972 - mes années d'école là bas -, je trouve bizarre qu’aucun de mes instituteurs, puis de mes professeurs – de musique par exemple ! – ait jamais eu l’idée de nous entretenir d’un fils de la cité qui faisait parler de lui ailleurs.
Les seules fois où j’en ai entendu parler, c’était par plaisanterie. Chacun imaginant une symphonie pour sachets de pain ou un concerto pour nouvelles chaussures et batterie de cuisine.
Résultat. A près de cinquante ans, je n’en sais pas plus sur mon concitoyen !
vendredi 27 juin 2008
jeudi 26 juin 2008
Oncle Paul
Relire l’Oncle Paul, c’est comme entrer dans une machine à remonter le temps !
Le papier, un peu rèche. Pas le papier glacé d’aujourd’hui. L’encre qui sentait. Et puis ces histoires, comme racontées par un prof, par un oncle – évidemment – ou comme ces émissions historiques en radio et en télévision. Vite lu. Et on en retenait pas mal…
Mais, si vous voulez vraiment vous replonger dans l’ambiance, je vous conseille Jerry Spring et Buck Dany. C’est radical ! Vous rajeunirez de trente ou quarante années au moins !
Le papier, un peu rèche. Pas le papier glacé d’aujourd’hui. L’encre qui sentait. Et puis ces histoires, comme racontées par un prof, par un oncle – évidemment – ou comme ces émissions historiques en radio et en télévision. Vite lu. Et on en retenait pas mal…
Mais, si vous voulez vraiment vous replonger dans l’ambiance, je vous conseille Jerry Spring et Buck Dany. C’est radical ! Vous rajeunirez de trente ou quarante années au moins !
mercredi 25 juin 2008
Nicolas (Saint)
La fête à cadeaux, c’était la Saint Nicolas. Uniquement.
Aujourd’hui c’est cadeaux à la Saint Nicolas, cadeaux à la Noël, et re-cadeaux pour l’anniversaire. Les plus assidus n’oublient pas non plus les cadeaux de Pâques en attendant qu’un jour on en offre encore pour Halloween et la fête nationale !
Pour nous, Saint Nicolas, c’était la fête. J’entends, celle où on recevait des cadeaux.
Pour les anniversaires ? Une voiture modèle réduit, un animal miniature pour notre zoo. Mais surtout un gâteau. Un quatre quart pour moi.
A Noël ? Des mandarines – on n’en avait pas à d’autres moments -, des printen – un délicieux biscuit fabriqué en Allemagne -, un cadeau collectif aussi – un jeu de société par exemple -, et c’était tout.
Des cadeaux aussi pour les grands événements de la vie : la première communion (la petite communion, ou communion privée comme on disait), la communion solennelle (la grande communion). D’événements importants, il n’y en avait pas d’autres pour les enfants.
Aux autres fêtes ? Quelques bonbons. A Pâques on recevait des œufs – je veux parler principalement de ces choses ovales que pondent les poules. A l’époque, à Pâques, on mangeait surtout ça. Pas tellement d’imitations en chocolat ! - ; le nouvel an, on se rendait à peine compte que c’était une fête ; Halloween n’avait pas encore été importé.
Il nous restait donc Saint Nicolas. Le 6 décembre pour ceux qui l’auraient oublié !
Souvent, nous l’avons fêté la veille au soir. Pour de simples raisons pratiques, mais mes parents s’arrangeaient toujours pour créer quand même la surprise. Pour pouvoir mieux en profiter surtout. Profiter surtout d’une bonne nuit sans l’attente du matin.
L’école commençait un peu plus tard… et sur un rythme et un ton qui n’était pas vraiment celui de tous les jours. Le 6 décembre, c’était une sorte de jour de vacances en classe.
Aujourd’hui c’est cadeaux à la Saint Nicolas, cadeaux à la Noël, et re-cadeaux pour l’anniversaire. Les plus assidus n’oublient pas non plus les cadeaux de Pâques en attendant qu’un jour on en offre encore pour Halloween et la fête nationale !
Pour nous, Saint Nicolas, c’était la fête. J’entends, celle où on recevait des cadeaux.
Pour les anniversaires ? Une voiture modèle réduit, un animal miniature pour notre zoo. Mais surtout un gâteau. Un quatre quart pour moi.
A Noël ? Des mandarines – on n’en avait pas à d’autres moments -, des printen – un délicieux biscuit fabriqué en Allemagne -, un cadeau collectif aussi – un jeu de société par exemple -, et c’était tout.
Des cadeaux aussi pour les grands événements de la vie : la première communion (la petite communion, ou communion privée comme on disait), la communion solennelle (la grande communion). D’événements importants, il n’y en avait pas d’autres pour les enfants.
Aux autres fêtes ? Quelques bonbons. A Pâques on recevait des œufs – je veux parler principalement de ces choses ovales que pondent les poules. A l’époque, à Pâques, on mangeait surtout ça. Pas tellement d’imitations en chocolat ! - ; le nouvel an, on se rendait à peine compte que c’était une fête ; Halloween n’avait pas encore été importé.
Il nous restait donc Saint Nicolas. Le 6 décembre pour ceux qui l’auraient oublié !
Souvent, nous l’avons fêté la veille au soir. Pour de simples raisons pratiques, mais mes parents s’arrangeaient toujours pour créer quand même la surprise. Pour pouvoir mieux en profiter surtout. Profiter surtout d’une bonne nuit sans l’attente du matin.
L’école commençait un peu plus tard… et sur un rythme et un ton qui n’était pas vraiment celui de tous les jours. Le 6 décembre, c’était une sorte de jour de vacances en classe.
mardi 24 juin 2008
Martin (Saint)
Le 10 novembre au soir, c’était à Malmédy, les feux de la Saint Martin.
Il y en avait un à Outrelepont, à Floriheid, et le dernier dans le quartier des Grands Prés.
Traditionnellement, on y brulait tous les déchets avant l’hiver… mais les temps avaient changé et il était surtout fait de bois (ce n’est pas grave) et de vieux pneus (j’entends d’ici les hurlements de réprobation dans la salle !).
La nuit tombée, tout le quartier se dirigeait vers son bucher, au son de la fanfare. Les garçons portaient des torches. Les plus petits des lampions. Pas question quand on avait un peu grandi de se promener avec un lampion, on aurait eu l’air de quoi devant les copains !
Le feu mis, les chansons chantées (« C’est’u lu veuye do saint martin, nos ava fini scol’a tin… »), les rondes faites, chacun retournait chez lui. Les enfants recevaient un paquet de biscuits et de friandises du comité de quartier. Prélude à ceux qu’ils recevraient à la Saint-Nicolas, un peu moins d’un mois plus tard.
Le feu, quand à lui, continuait de brûler, et c’était, pour nous les gosses, à celui qui brulerait le plus longtemps. Deux ? Trois jours ? Ou plus encore. Il se racontait que lors de la construction de la cité - vers 60 je crois - notre feu brûlait encore en janvier !
Il y en avait un à Outrelepont, à Floriheid, et le dernier dans le quartier des Grands Prés.
Traditionnellement, on y brulait tous les déchets avant l’hiver… mais les temps avaient changé et il était surtout fait de bois (ce n’est pas grave) et de vieux pneus (j’entends d’ici les hurlements de réprobation dans la salle !).
La nuit tombée, tout le quartier se dirigeait vers son bucher, au son de la fanfare. Les garçons portaient des torches. Les plus petits des lampions. Pas question quand on avait un peu grandi de se promener avec un lampion, on aurait eu l’air de quoi devant les copains !
Le feu mis, les chansons chantées (« C’est’u lu veuye do saint martin, nos ava fini scol’a tin… »), les rondes faites, chacun retournait chez lui. Les enfants recevaient un paquet de biscuits et de friandises du comité de quartier. Prélude à ceux qu’ils recevraient à la Saint-Nicolas, un peu moins d’un mois plus tard.
Le feu, quand à lui, continuait de brûler, et c’était, pour nous les gosses, à celui qui brulerait le plus longtemps. Deux ? Trois jours ? Ou plus encore. Il se racontait que lors de la construction de la cité - vers 60 je crois - notre feu brûlait encore en janvier !
lundi 23 juin 2008
Loriot (Jean-Pierre) et Lenain (Christiane)
Jean-Pierre Loriot et Christiane Lenain nous ont fait passer tant de bonnes soirées.
Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !
Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !
dimanche 22 juin 2008
Karine et Rebecca
J’ai toujours détesté Karine et Rebecca !
Karine et Rebecca chantaient - entre autres, mais je ne me souviens que de celle là – « Moi je dors avec nounours dans mes bras ». Voix fluette de gamines, de bébé presque. Un des hits des disques demandés du dimanche – ou bien était-ce le samedi – matin. La récompense pour les enfants vraiment sages – ceux qui restaient stupidement à la maison ou jouaient gentiment dans la cour plutôt que de courir les bois et les champs - ? Le droit d’entendre une fois de plus la sirupeuse mélodie avant d’aller se coucher. Nul ! Tellement énervant que plus de quarante ans après mes tripes se nouent à cette pensée.
Et difficile à décrire aussi. Mais essayons les comparaisons.
Karine et Rebecca c’était comme « J’aime la vie » pendant les deux années qui ont suivi la victoire de Sandra Kim au concours Eurovision de la chanson. La tarte à la crème.
Ou bien, comme Folon depuis son retour en Belgique (pardon, en « Valonnie » comme il disait) et plus encore depuis sa mort.
Comme les appels des agents de télémarketing qui voudraient vraiment vous vendre – ou plutôt, offrir à des conditions exceptionnelles - un salon en cuir dont vous n’avez ni besoin, ni envie. Ou ceux des vautours de télé 2 au sujet de votre abonnement téléphone qu'ils peuvent vous remplacer à des conditions particulièrement avantageuses.
Comme la visite hebdomadaire des témoins de Jéhovah si vous avez eu le malheur, une seule fois, de leur ouvrir votre porte.
Karine et Rebecca, c’était tout ça à la fois !
Karine et Rebecca chantaient - entre autres, mais je ne me souviens que de celle là – « Moi je dors avec nounours dans mes bras ». Voix fluette de gamines, de bébé presque. Un des hits des disques demandés du dimanche – ou bien était-ce le samedi – matin. La récompense pour les enfants vraiment sages – ceux qui restaient stupidement à la maison ou jouaient gentiment dans la cour plutôt que de courir les bois et les champs - ? Le droit d’entendre une fois de plus la sirupeuse mélodie avant d’aller se coucher. Nul ! Tellement énervant que plus de quarante ans après mes tripes se nouent à cette pensée.
Et difficile à décrire aussi. Mais essayons les comparaisons.
Karine et Rebecca c’était comme « J’aime la vie » pendant les deux années qui ont suivi la victoire de Sandra Kim au concours Eurovision de la chanson. La tarte à la crème.
Ou bien, comme Folon depuis son retour en Belgique (pardon, en « Valonnie » comme il disait) et plus encore depuis sa mort.
Comme les appels des agents de télémarketing qui voudraient vraiment vous vendre – ou plutôt, offrir à des conditions exceptionnelles - un salon en cuir dont vous n’avez ni besoin, ni envie. Ou ceux des vautours de télé 2 au sujet de votre abonnement téléphone qu'ils peuvent vous remplacer à des conditions particulièrement avantageuses.
Comme la visite hebdomadaire des témoins de Jéhovah si vous avez eu le malheur, une seule fois, de leur ouvrir votre porte.
Karine et Rebecca, c’était tout ça à la fois !
samedi 21 juin 2008
Colombophilie et batellerie
Barcelone, ciel dégagé, lâcher à cinq heures trente. Bordeaux, couvert, les convoyeurs attendent.
Grands malades, trois poutrelles levées ; Hastière, deux vantelles ouvertes.
Les disques choisis, la météo marine, les communiqués colombophiles et ceux pour la batellerie me manquent !
Les cérémonies religieuses avaient leur litanie des saints – Saint Charles… Priez pour nous ! Sainte Martine… Priez pour nous ! Saint Quirin… Priez pour nous ! - ; les cérémonies patriotiques leur litanie des héros – Camille Lemaire… Mort pour la patrie ! François Bovesse… Mort pour la patrie ! Clément Hubert… Mort pour la patrie ! -. La radio avait les siennes !
Les disques choisis ? De Martin pour Viviane, à l’occasion de son anniversaire. De bon-papa José pour sa petite Monique à l’occasion de sa communion. De tonton Louis pour sa nièce préférée… De Lulu pour Bertha : merci pour ton cadeau. Et ça continuait. Dix, quinze personnes avaient choisi le même disque – très quelconque la plupart du temps -. Et la présentatrice lisait ces messages l’un après l’autre. Comme pour enfiler un chapelet de personnes. Ou pour en faire une chanson. Au point que l’on écoutait celle qui suivait de manière distraite. Seul importaient ces noms, toutes ces personnes qui, d’une certaine manière, passaient à la radio.
Les communiqués colombophiles, eux, comme ceux pour la batellerie nous faisaient voyager. Loin avec les pigeons : Nantes, Bordeaux, Amiens… Bien plus près avec les bateaux : Hastière, le canal Albert… Et là aussi, c’était comme une chanson qui disait le voyage. Toute une géographie et une poésie de lieux connus ou pas. Les pigeons qui reviennent. Qui arriveront ou pas au pigeonnier. Les bateaux qui s’en vont, qui partent ou qui passent.
C’était enfin, avec ces derniers, une langue mystérieuse. De poutrelles et de vantelles, qui pouvaient être levées ou abaissées, ouvertes ou fermées ! Et cela semblait être important. Comme des messages codés de radio Londres. Le brouillage en moins !
Grands malades, trois poutrelles levées ; Hastière, deux vantelles ouvertes.
Les disques choisis, la météo marine, les communiqués colombophiles et ceux pour la batellerie me manquent !
Les cérémonies religieuses avaient leur litanie des saints – Saint Charles… Priez pour nous ! Sainte Martine… Priez pour nous ! Saint Quirin… Priez pour nous ! - ; les cérémonies patriotiques leur litanie des héros – Camille Lemaire… Mort pour la patrie ! François Bovesse… Mort pour la patrie ! Clément Hubert… Mort pour la patrie ! -. La radio avait les siennes !
Les disques choisis ? De Martin pour Viviane, à l’occasion de son anniversaire. De bon-papa José pour sa petite Monique à l’occasion de sa communion. De tonton Louis pour sa nièce préférée… De Lulu pour Bertha : merci pour ton cadeau. Et ça continuait. Dix, quinze personnes avaient choisi le même disque – très quelconque la plupart du temps -. Et la présentatrice lisait ces messages l’un après l’autre. Comme pour enfiler un chapelet de personnes. Ou pour en faire une chanson. Au point que l’on écoutait celle qui suivait de manière distraite. Seul importaient ces noms, toutes ces personnes qui, d’une certaine manière, passaient à la radio.
Les communiqués colombophiles, eux, comme ceux pour la batellerie nous faisaient voyager. Loin avec les pigeons : Nantes, Bordeaux, Amiens… Bien plus près avec les bateaux : Hastière, le canal Albert… Et là aussi, c’était comme une chanson qui disait le voyage. Toute une géographie et une poésie de lieux connus ou pas. Les pigeons qui reviennent. Qui arriveront ou pas au pigeonnier. Les bateaux qui s’en vont, qui partent ou qui passent.
C’était enfin, avec ces derniers, une langue mystérieuse. De poutrelles et de vantelles, qui pouvaient être levées ou abaissées, ouvertes ou fermées ! Et cela semblait être important. Comme des messages codés de radio Londres. Le brouillage en moins !
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