Le curé tournait le dos au public. Distant. Presque méprisant pour l’assemblée. Le rite le voulait !
A la messe, il y avait d’abord le latin. Ne me demandez pas comment – moi qui n’arrive pas à retenir un numéro de téléphone -, mais j’ai encore dans la tête des phrases complètes que j’ai entendues alors… Du temps de la messe en latin. Il y a donc très, très longtemps. Sans doute avec bien des fautes. Celles que fait un gamin qui entend quelque chose à laquelle il ne comprend rien. Mais des relents phrases entières, avec l’intonation qui les accompagne. J’aimais en particulier la musicalité du « est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti, omnis honor et gloria… »
La soutane ? Ce n’était pas différent. Pour les acolytes et autres adjoints sans doute. On les voit le plus souvent en civil maintenant, ce qui n’était pas le cas.
Le sexe des assistants ? Evidemment, à l’époque, les femmes étaient juste bonnes à prier et à nettoyer. Quant à servir la communion ou assister le prêtre dans la cérémonie, il n’en était pas question. Il a fallu sans doute que les églises se vident pour qu’on les en juge enfin dignes !
Il y avait la barrière aussi… On s’agenouillait devant, pour recevoir la communion. Elle marquait aussi clairement la distance qu’il y avait entre le prêtre – et ses acolytes – et le peuple. Les uns dans un monde sacré, les autres dans le monde terrestre.
Mais franchement, comme si la barrière ne suffisait pas, fallait-il vraiment que l’autel se trouve encore bien loin, tout au fond du cœur. Et que, non content de ne pas participer à la communauté, le prêtre lui tourne aussi le dos. Rétrospectivement, il me fait l’effet d’un officiant Aztèque, sur sa pyramide sanglante, et l’or du calice celui d’un couteau sacrificiel.
vendredi 11 juillet 2008
jeudi 10 juillet 2008
Caniche
Un caniche, c’est un chien qui serait coiffé comme une femme !
Un certain type de femme évidemment. Et d’une certaine époque.
Le milieu du corps rasé… les pattes aussi, mais pas les pieds. Des tas de poils autour de la tête… et comme des bottes de fourrure.
On regardait toujours la propriétaire ensuite – jamais un propriétaire, ou alors c’était juste monsieur qui sortait le chien de madame -. Une vieille souvent. Pas bien comique. Mais quand c’était une plus jeune, ça ne ratait jamais : la propriétaire ressemblait à son chien. Une boule de cheveux bouclés, de grandes lunettes, et les vêtements qui vont avec.
Bizarre. On ne rase plus les caniches !
Un certain type de femme évidemment. Et d’une certaine époque.
Le milieu du corps rasé… les pattes aussi, mais pas les pieds. Des tas de poils autour de la tête… et comme des bottes de fourrure.
On regardait toujours la propriétaire ensuite – jamais un propriétaire, ou alors c’était juste monsieur qui sortait le chien de madame -. Une vieille souvent. Pas bien comique. Mais quand c’était une plus jeune, ça ne ratait jamais : la propriétaire ressemblait à son chien. Une boule de cheveux bouclés, de grandes lunettes, et les vêtements qui vont avec.
Bizarre. On ne rase plus les caniches !
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C
mercredi 9 juillet 2008
Belgavox
Les actualités Belgavox, c’était notre Radio Londres à nous !
Difficile à faire comprendre à l’amateur de cinéma d’aujourd’hui qu’on allait voir le cinéma dans une salle. Toujours ! Pas de vidéo, pas de DVD. La télévision, c’était surtout pour les vieux films. Les westerns par exemple.
Un peu plus difficile encore de faire comprendre qu’on avait plusieurs films. Et pas de publicité ! Un court métrage. Ou bien les actualités Belgavox. Une sorte de journal filmé. Avec un commentaire lénifiant. Rien que d’y penser, j’ai l’impression de venir d’une autre planète ! Je me pincerais presque pour être certain de ne pas avoir rêvé ce souvenir !
Difficile à faire comprendre à l’amateur de cinéma d’aujourd’hui qu’on allait voir le cinéma dans une salle. Toujours ! Pas de vidéo, pas de DVD. La télévision, c’était surtout pour les vieux films. Les westerns par exemple.
Un peu plus difficile encore de faire comprendre qu’on avait plusieurs films. Et pas de publicité ! Un court métrage. Ou bien les actualités Belgavox. Une sorte de journal filmé. Avec un commentaire lénifiant. Rien que d’y penser, j’ai l’impression de venir d’une autre planète ! Je me pincerais presque pour être certain de ne pas avoir rêvé ce souvenir !
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B
mardi 8 juillet 2008
Aniline
Ignorant le danger, avec un peu de salive, le facteur humectait son crayon à l’aniline.
Indélébile, c’était l’instrument du facteur. Pour les documents importants. Les recommandés. Les colis… Toxique surtout. Le facteur savait qu’il ne fallait pas le mettre en bouche. Mais le faisait quand même. Finalement, on l’a interdit.
Moins spectaculaires quand même que la cire à cacheter. Elle aussi a disparu. Même pour les paquets de bulletins de vote, après le dépouillement des élections, on ne l’utilise plus depuis récemment.
Indélébile, c’était l’instrument du facteur. Pour les documents importants. Les recommandés. Les colis… Toxique surtout. Le facteur savait qu’il ne fallait pas le mettre en bouche. Mais le faisait quand même. Finalement, on l’a interdit.
Moins spectaculaires quand même que la cire à cacheter. Elle aussi a disparu. Même pour les paquets de bulletins de vote, après le dépouillement des élections, on ne l’utilise plus depuis récemment.
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A
lundi 7 juillet 2008
Zoo d'Anvers
L’excursion au zoo d’Anvers était incontournable. Mais qu’en retiendrait-on ?
Oublions la boutique, voulez-vous. Elle n’a rien de plus, ou de moins, que n’importe quelle boutique de lieu touristique. On s’y arrête. On y achète. Juste parce qu’on est là. Parce qu’on est en excursion et qu’acheter à la boutique de l’endroit visité fait partie du rituel.
Restent alors, des couleurs, et des odeurs.
Par exemple, celle des singes – obsédante -. Je pourrais d'ailleurs m'arrêter là. Terminer ainsi ma visite du Zoo d'Anvers. Le résumer à la seule odeur des primates.
Mais continuons. Celles de la maison des éléphants, des girafes. Un zoo se visite au moins autant avec le nez qu’avec les yeux. Crottin et urine font partie de l’image que nous nous faisons de ses habitants. Même les cages des oiseaux ou l’enclos des flamants (roses) laissent une trace olfactive dans nos mémoires.
Odeur encore au delphinarium. C’est le même bleu qu’à la piscine. La même humidité. Les même plaisir et presque les mêmes cris. Ce sont des plongeons plus spectaculaires. Mais, c’est aussi une odeur. Une odeur d’eau bleue avec du soleil dessus. Chaude. Pas comme celle des ours blancs. Au delphinarium aussi, on entre avec son nez.
Des couleurs enfin… toutes résumées dans le pavillon des girafes. Ces décorations arabisantes. Exotiques. Avec des échos art nouveau.
Somme toute… au zoo d’Anvers, les animaux ne sont pas l’essentiel !
Oublions la boutique, voulez-vous. Elle n’a rien de plus, ou de moins, que n’importe quelle boutique de lieu touristique. On s’y arrête. On y achète. Juste parce qu’on est là. Parce qu’on est en excursion et qu’acheter à la boutique de l’endroit visité fait partie du rituel.
Restent alors, des couleurs, et des odeurs.
Par exemple, celle des singes – obsédante -. Je pourrais d'ailleurs m'arrêter là. Terminer ainsi ma visite du Zoo d'Anvers. Le résumer à la seule odeur des primates.
Mais continuons. Celles de la maison des éléphants, des girafes. Un zoo se visite au moins autant avec le nez qu’avec les yeux. Crottin et urine font partie de l’image que nous nous faisons de ses habitants. Même les cages des oiseaux ou l’enclos des flamants (roses) laissent une trace olfactive dans nos mémoires.
Odeur encore au delphinarium. C’est le même bleu qu’à la piscine. La même humidité. Les même plaisir et presque les mêmes cris. Ce sont des plongeons plus spectaculaires. Mais, c’est aussi une odeur. Une odeur d’eau bleue avec du soleil dessus. Chaude. Pas comme celle des ours blancs. Au delphinarium aussi, on entre avec son nez.
Des couleurs enfin… toutes résumées dans le pavillon des girafes. Ces décorations arabisantes. Exotiques. Avec des échos art nouveau.
Somme toute… au zoo d’Anvers, les animaux ne sont pas l’essentiel !
dimanche 6 juillet 2008
Yo-yo
Hula hop, osselets, yoyo, cerceau, toupie… bizarre comme certaines époques peuvent échapper à certains jeux éternels. Nous avons à peine joué aux billes !
Aurais-je vécu une époque si particulière, ou bien étais-je aveugle alors ? Mais aucun de ces jeux, que l’on dit éternels parce qu’ils reviennent régulièrement, n’a eu son heure de gloire lorsque j’étais gamin.
Le vélo. Comme moyen de déplacement d’abord. Comme jeu parfois.
Les voitures miniatures. Nous avons passé des journées, qui font sans doute des mois et des années si on les additionne, sur les bordures à leur faire faire la course.
Les armes. Elles n’étaient pas interdites alors… et armés jusqu’aux dents, lorsque nous ne faisions pas de courses – de voitures ou en vélo – c’est que nous faisions la guerre.
Le foot, évidemment. Au milieu de la rue. Prêts à nous replier lorsqu’apparaissait, rugissant, le camion de la laiterie.
Mais, j’ai beau chercher… mon petit frère a ramené des osselets de colonies de vacances. J’étais trop vieux pour apprendre. J’ai bien eu un yo-yo, mais je n’ai jamais fait école… pas plus que d’autres n’auront pu me montrer qu’il y avait moyen de faire bien mieux que de – stupidement – le faire monter et descendre sur son fil. Hula hop ? Trop rock des sixties. Le cerceau ? Ridicule. On se serait cru dans une histoire de Bécassine. La toupie ? Pour les bébés. Les billes ? Je ne me souviens pas avoir assisté à une seule compétition entre gosses. On en avait, et puis c’était tout.
Non, franchement… c’est à se demander ce qu’avait mon époque pour avoir échappé à tous ces classiques !
Aurais-je vécu une époque si particulière, ou bien étais-je aveugle alors ? Mais aucun de ces jeux, que l’on dit éternels parce qu’ils reviennent régulièrement, n’a eu son heure de gloire lorsque j’étais gamin.
Le vélo. Comme moyen de déplacement d’abord. Comme jeu parfois.
Les voitures miniatures. Nous avons passé des journées, qui font sans doute des mois et des années si on les additionne, sur les bordures à leur faire faire la course.
Les armes. Elles n’étaient pas interdites alors… et armés jusqu’aux dents, lorsque nous ne faisions pas de courses – de voitures ou en vélo – c’est que nous faisions la guerre.
Le foot, évidemment. Au milieu de la rue. Prêts à nous replier lorsqu’apparaissait, rugissant, le camion de la laiterie.
Mais, j’ai beau chercher… mon petit frère a ramené des osselets de colonies de vacances. J’étais trop vieux pour apprendre. J’ai bien eu un yo-yo, mais je n’ai jamais fait école… pas plus que d’autres n’auront pu me montrer qu’il y avait moyen de faire bien mieux que de – stupidement – le faire monter et descendre sur son fil. Hula hop ? Trop rock des sixties. Le cerceau ? Ridicule. On se serait cru dans une histoire de Bécassine. La toupie ? Pour les bébés. Les billes ? Je ne me souviens pas avoir assisté à une seule compétition entre gosses. On en avait, et puis c’était tout.
Non, franchement… c’est à se demander ce qu’avait mon époque pour avoir échappé à tous ces classiques !
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Y
samedi 5 juillet 2008
Xhoute si plout
Il habite à Xhoute si plout !
Prononcer "Hoûte si ploût". Ecoute s'il pleut ! Quel nom bizarre pour un lieu...
Habiter à Xhoute si plout… aller à Xhoute si plout… venir de Xhoute si plout… c’est quand même plus joli qu’habiter (aller à, venir de) « je ne sais où » ou « n'importe où »… Plus couleur locale que « le bled ». Même si l’intention était la même.
Ce que nous ne savions pas alors – ou ne voulions pas savoir – c’est que le lieu existait bien. Les lieux faudrait-il dire. Puisqu’il y en avait deux au moins à moins de cinquante kilomètres de chez moi…
L’expression m’est d’autant plus chère depuis que j’ai appris qu’il y avait des Xhoute si plout un peu partout en France : Escota si plau dans le Béarn, Escoute s'il plot en Ardèche. Et qu’ils font tous référence à la nécessité pour le propriétaire d’un moulin à eau d’attendre la pluie.
La poésie du language se cache derrière les exigences les plus triviales.
Prononcer "Hoûte si ploût". Ecoute s'il pleut ! Quel nom bizarre pour un lieu...
Habiter à Xhoute si plout… aller à Xhoute si plout… venir de Xhoute si plout… c’est quand même plus joli qu’habiter (aller à, venir de) « je ne sais où » ou « n'importe où »… Plus couleur locale que « le bled ». Même si l’intention était la même.
Ce que nous ne savions pas alors – ou ne voulions pas savoir – c’est que le lieu existait bien. Les lieux faudrait-il dire. Puisqu’il y en avait deux au moins à moins de cinquante kilomètres de chez moi…
L’expression m’est d’autant plus chère depuis que j’ai appris qu’il y avait des Xhoute si plout un peu partout en France : Escota si plau dans le Béarn, Escoute s'il plot en Ardèche. Et qu’ils font tous référence à la nécessité pour le propriétaire d’un moulin à eau d’attendre la pluie.
La poésie du language se cache derrière les exigences les plus triviales.
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