Autour de chaque jardin, une haie de ligustrum.
Jardin est un bien grand mot pour ces quelques mètres carrés de gravier. Ce ridicule parterre de fleurs aussi assoiffées que de mauvais goût. Tagettes, dahlias, chrysanthèmes même. C’était à qui exhiberait les plus hideuses floraisons.
Et pour bien marquer la limite de la propriété, une haie de troène.
Et si aujourd’hui lorsqu’une tondeuse à gazon démarre on dirait qu’elle réunit ses voisines comme les cerfs le font au brame, à l’époque le clic-clac des ciseaux à haie d’une seule maison suffisait à raviver les humeurs tranchantes de tous les mâles du quartier. Qu’un seul brin dépasse, c’eut été la honte. Que le profil de la limite végétale ne soit pas tiré au cordeau, le pire était à craindre : l’exil dans les colonies – voire plus loin -, le hara-kiri au taille haie, l’alcoolisme ou la démence…
Le taille haie électrique n’y a pas changé grand-chose. Semaines après semaines, chacun surveillait sa haie, épiait celle du voisin… y mettait au moins autant de soin qu’à sa propre coiffure, et bien plus d’attention qu’à la permanente de l’épouse.
Mais qui aujourd’hui a encore une haie de ligustrum ?
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