dimanche 13 juillet 2008

Foins

Les foins : on était plus nombreux à les faire plutôt que d’en avoir le rhume !

Le petit fermier d’en face d’abord. Que je vois encore sur son petit tracteur. Ou son fils. A la barre faucheuse longtemps. Plus tard à la faucheuse à disque. Tondre leurs minuscules prairies et y ériger quelques meules quand le foin y serait à peu près sec.
Plus tard, alors que nous habitions sur les hauteurs de la ville, ces visites impromptues du fermier voisin. A la recherche de bras lorsque la pluie menaçait. Il faut dire qu’il ne suffisait pas à l’époque d’un tracteur ou deux de plus, pour charger d’immenses balles ou des rouleaux – quand on ne les laisse pas simplement sur la prairie, enrobés de plastique – à la force hydraulique. C’est bien d’huile de bras qu’il fallait alors. Pour parcourir la prairie d’un pas rapide. Planter sa fourche dans un ballot. Le lever pour le passer à ceux qui chargeaient le char à foin. Lever de plus en plus haut. A bout de bras enfin, le souffle court, les jambes tremblantes, des ballots des plus en plus lourds.
Mais la fin du travail arrivait toujours. Alors que la poussière du foin était comme du papier de verre sur nos fronts et nos bras. Nos mouchoirs – de tissus évidemment – s’emplissaient d’une morve presque aussi noire que celle d’un mineur. Le repas du soir se prenait à la ferme. D’énormes tranches de pain couvertes de charcuteries et de fromages. De grandes goulées de sirop de sureau et de bière. D’eau aussi. Pour tenter de rendre à notre corps tous ces litres qu’il avait sués sous le soleil brulant. Dans la touffeur d’avant l’orage. Qui viendrait ou qui ne viendrait pas ! Mais peu importe, puisque les foins étaient rentrés.

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