Pas moyen de me souvenir de ce slogan publicitaire – de la réclame disait-on alors – qui terminait sur une incomparable « chaleur charbon ». Ne restent que les derniers vestiges d’un âge d’or : les quelques briquettes et boulets qui sont encore en vente dans certains magasins, sans oublier les terrils, comme un décor de théâtre pour le pays noir.
Pourtant, il y a cinquante ans, et quarante encore, presque tout le monde je crois se chauffait au charbon. Pas de chauffage central. Juste un poêle dans le living. Et parfois aussi – chez les plus modernes -, un chauffe eau dans la salle de bain. Pour le charger, le seau et la pelle à charbon – si caractéristiques l’un comme l’autre avec leurs figures carrées -. Indispensable aussi, le tisonnier, pour activer la combustion quand le feu baissait, qu’il fallait démêler la cendre de ce qui pouvait encore bruler. Et inévitable, la corvée de nettoyage : cendrée et mâchefer qui terminaient sur les sentiers des jardins. Au dessus de chaque maison montait la fumée caractéristique, jaunâtre, qui donnait à l’air en hiver son odeur caractéristique.
Evidemment, il fallait que le charbon vienne de quelque part. De la mine, du charbonnage, naturellement. Il y en avait encore en Wallonie… et puis il n’y en avait plus. Il en est resté quelques temps encore en Flandre. Et puis, ce fut fini là aussi. Mais il n’y avait presque plus personne pour s’en inquiéter. On ne se chauffe plus au charbon. Il n’y eut plus de mines et plus de mineurs.
Il fallait donc qu’il vienne de quelque part, qu’il soit livré. Imaginez-vous qu’il y avait en ville un magasin, ou presque, - le comptoir charbonnier malmédien (CCM) – dont la vitrine présentait les différents produits : charbon gras, mi gras, boulettes, briquettes. Au moins une dizaine de bacs qui me fascinaient. Presque comme la boutique d’un confiseur, où tout est sucré… mais avec tant de goûts différents. Un camion livrait donc les ménages. Les hommes déversaient par le soupirail le contenu des sacs dans la cave à charbon. Tout le monde avait une cave à charbon. Pas moyen de faire autrement. Difficile de partager le stockage du combustible en vrac avec celui de conserves, le séchage de vêtements ou la présence d’une lessiveuse.
Le charbon a disparu, doucement. Il est resté, et reste encore, présent ça et là. Certains vieillards ne voudront jamais rien d’autre.
Il parait que, pendant les trente ou quarante années qu’elle est restée inoccupée avant sa démolition, dans la caserne de Malmédy, chaque chambrée avait son poêle et son seau de charbon prêts. C'est en tout cas ce que nous racontait l'adjudant, de garde à la porte. Pour en cas. La consommation massive de charbon aurait ainsi été un des premiers signes d’une guerre imminente.
Il y a vingt ans encore, alors que le charbon n’était déjà pratiquement plus utilisé nulle part, il restait pourtant dans une administration à Bruxelles un bureau où deux ou trois fonctionnaires s’activaient – si l’on peut dire – à l’achat du précieux combustibles pour tous les ministères. Faut-il préciser que le lieu ne ressemblait à rien d’autre qu’au château de la belle au bois dormant ! Peut-être y sont-ils encore.
mardi 19 août 2008
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