vendredi 28 décembre 2007

Manivelle

La 2CV ne démarrant pas, on a du la faire partir à la manivelle.

Comme dans les très vieux films muets, où le héros démarre sa voiture avec une manivelle, la 2CV Citroën (et ses déclinaisons Ami 6, Ami 8, Dyane et Méhari) offrait une issue aux pannes de démarreur.
Avant la fiabilité des véhicules actuels (jusqu'au moment ou l'électronique vous dit M... irrémédiablement) et l’arrivée rapide (pour peu qu'il fasse beau et que vous ne soyez pas pressé) des services d’assistance, la manivelle était là, pour rassurer le propriétaire de la 2CV. La seule voiture encore à l’avoir, à se moquer de toutes celles qui n’avaient même plus ce moyen de secours ultime.
Mais jamais à ma connaissance personne de sensé ne se serait risqué à tenter un démarrage à la manivelle – au risque d’en recevoir un retour (de manivelle) bien nommé -, ni n’aurait eu la moindre idée de la conduite à suivre.
Mais il en va sans doute de même de l’extincteur et de la trousse de secours dans nos voitures actuelles.

jeudi 27 décembre 2007

Linotype

De la linotype tombent les lignes de plomb.

Au début des années 80, alors que la photocomposition, l’offset, et toutes les techniques modernes d’impression bousculaient toutes les veilles habitudes, à l’imprimerie Saint-Paul de Dakar, fonctionnaient encore, pour certaines productions, de bonnes vielles linotypes.
Une sorte d’immense machine à écrire, plus haute qu’un homme. Un clavier libérant un à un les moules à caractères, et quand la ligne était terminée le plomb était injecté, la forme coulée. Les lignes assemblées, les corrections faites, il fallait parfois refaire une ou deux lignes. Ranger les caractères à nouveau dans leurs casiers et produire, dans un cliquetis de filature, le nouveau texte.
On croyait voir un animal préhistorique. Moins un dinosaure qu’un ptérodactyle. De ceux qui, bien qu'affligés de la lourdeur de leur genre, démontrent qu’ils sont capables de se dépasser, et de prendre la voie des airs.
Dommage pour eux, leur envol ne les menait pas bien loin car notre imprimerie ne leur donnait pour pature que les annonces notariales.

mercredi 26 décembre 2007

Ketche

T’as vu Jean-Luc avec sa ketche ?

Ma connaissance du wallon est bien trop sommaire pour tenter d’en savoir plus. Mais la ketche c’était la copine, à ne pas confondre avec sa version bruxelloise (le petit gars, le ketje de Bruxelles, équivalent du titi parisien).
Evidemment un ou deux rangs en dessous de la crapaude. Et pas du tout aussi sérieux ni adulte.
La ketche, c’était vraiment un truc de gosses.

mardi 25 décembre 2007

Jules

Je vais chez Jules.

Est-ce que l’expression est encore utilisée ?
Pudeur stupide du langage ? Tartuferie ? Aller chez Jules, c’était aller à la toilette (aux toilettes pour nos amis français).
Qui oserait s'appeler Jules dès lors ? Pas de chance, j'aurais tant voulu prénommer mon fils ainsi !

lundi 24 décembre 2007

Internat

Comme Harry Potter, j’ai vécu à l’internat.

Chaque école un peu importante avait le sien. Et dans la mienne les externes n’étaient qu’une petite minorité d’indigènes, de fils de paysans parfois un peu balourds - pas plus, pas moins que les autres évidemment -.
Le monde était bien plus grand alors… où alors étions nous plus petits que les distances paraissaient si importantes; qu’aller à l’école à 40 km de distance impliquait nécessairement de partir le lundi matin pour ne revenir que le samedi midi. Et que dire de ces fils de militaires casernés en Allemagne qui, en une petite journée et demi, faisaient un rapide aller retour entre l’école et leur famille résidant en territoire ennemi - comment appeler autrement un territoire que nous occupions militairement ? -.
L’internat de tous les fantasmes et légendes, pour ceux qui n'y vivaient pas. Derrière le secret de leurs murs, l’occasion de tous les récits fabriqués pour – au choix - fasciner ou effrayer l’auditeur.
Mais en tout cas, c’était chez nous. La première véritable occasion de vivre pendant des jours et des semaines sur un territoire qui était le nôtre. Que jamais aucun parent ne pourrait parcourir qu’en visiteur et en étranger.

dimanche 23 décembre 2007

Hache-persil

Charles, tu peux me hacher le persil ?

Dans la cuisine, il n'y avait pas 150 ustensiles. Et bien peu étaient électriques. La plupart semble avoir disparu de notre mémoire. Et ce qu’ils servaient à préparer ne figure évidemment plus sur nos assiettes au quotidien.
Le persil par exemple et le hache-persil.
Une sorte d'entonoir de tôle avec une poignée, au fond une grille, sur le côté une manivelle. On tournait la manivelle et le persil finissait haché sur les aliments. Finement, proprement. Tous les hachoirs électriques n'arriveront pas à autant de douceur.
S’il y avait une machine dans le tiroir, c'était donc bien que l’on consommait souvent du persil…

samedi 22 décembre 2007

Guyou

Qui veut jouer au guyou(oouuuu) ?

Des dizaines de fois, dans la cour de l’école communale des garçons, l’appel a été lancé. Mobilisant les participants. Dégageant le terrain.
Le guyou, c’était la chaine. Un en attrape un deuxième et, le tenant par la main, ils en attrapent un troisième. La quatrième capture permet de couper la chaine en deux et ainsi de suite.
Courir, attraper, se tenir par la main. Derrière les barrières de l'école, s'agiter de gauche à droite, tout le temps d'une récréation.
C’était un de nos rares jeux je crois. Nous n’avions pas de ballon. Aucun jeu ou accessoire. Mais nous n’aurions pour rien au monde manqué cette récréation.
Qui veut jouer au guyou(oouuuu) avec nou(oouuuu)s ?