Autour de chaque jardin, une haie de ligustrum.
Jardin est un bien grand mot pour ces quelques mètres carrés de gravier. Ce ridicule parterre de fleurs aussi assoiffées que de mauvais goût. Tagettes, dahlias, chrysanthèmes même. C’était à qui exhiberait les plus hideuses floraisons.
Et pour bien marquer la limite de la propriété, une haie de troène.
Et si aujourd’hui lorsqu’une tondeuse à gazon démarre on dirait qu’elle réunit ses voisines comme les cerfs le font au brame, à l’époque le clic-clac des ciseaux à haie d’une seule maison suffisait à raviver les humeurs tranchantes de tous les mâles du quartier. Qu’un seul brin dépasse, c’eut été la honte. Que le profil de la limite végétale ne soit pas tiré au cordeau, le pire était à craindre : l’exil dans les colonies – voire plus loin -, le hara-kiri au taille haie, l’alcoolisme ou la démence…
Le taille haie électrique n’y a pas changé grand-chose. Semaines après semaines, chacun surveillait sa haie, épiait celle du voisin… y mettait au moins autant de soin qu’à sa propre coiffure, et bien plus d’attention qu’à la permanente de l’épouse.
Mais qui aujourd’hui a encore une haie de ligustrum ?
lundi 12 mai 2008
dimanche 11 mai 2008
Jupon
Sous la jupe, le jupon ou la combinaison. Aucune femme de bonne moeurs ne serait sortie moins vêtue.
Coquetterie ? On ne montrait pas le jupon, encore moins la combinaison. Pas à moi du moins. L’hypothèse me semble peu sérieuse.
Frilosité ? Les hommes portaient chemisette, chemise, pull, les femmes n’avaient pas nécessairement toutes ces couches. Pour la saison fraiche en tout cas, cette idée n’est pas déraisonnable.
Pudeur ? Renforcer l’opacité des vêtements en général à une époque où les formes ne se devinaient pas… et donner encore un peu de répit au corps qui se révèle au moment du déshabillage… Ca tient la route.
Economie et hygiène ? Et pourquoi pas tout simplement une manière supplémentaire de garder ses vêtements propres plus longtemps. On ne se changeait pas tous les jours… on se changeait d’ailleurs le moins souvent, tant la lessive était une tâche pénible. Alors, finalement, le jupon, la combinaison, ne seraient-ils que des substituts à trop de lessives répétées ?
Coquetterie ? On ne montrait pas le jupon, encore moins la combinaison. Pas à moi du moins. L’hypothèse me semble peu sérieuse.
Frilosité ? Les hommes portaient chemisette, chemise, pull, les femmes n’avaient pas nécessairement toutes ces couches. Pour la saison fraiche en tout cas, cette idée n’est pas déraisonnable.
Pudeur ? Renforcer l’opacité des vêtements en général à une époque où les formes ne se devinaient pas… et donner encore un peu de répit au corps qui se révèle au moment du déshabillage… Ca tient la route.
Economie et hygiène ? Et pourquoi pas tout simplement une manière supplémentaire de garder ses vêtements propres plus longtemps. On ne se changeait pas tous les jours… on se changeait d’ailleurs le moins souvent, tant la lessive était une tâche pénible. Alors, finalement, le jupon, la combinaison, ne seraient-ils que des substituts à trop de lessives répétées ?
Libellés :
J
samedi 10 mai 2008
Hospice
Résidence pour personnes âgées, home pour vieillards, séniorerie, maison de convalescence, centre gériatrique… tant de désignations politiquement correctes pour désigner l’hospice !
Quand un vieux était vraiment trop vieux, qu’il n’avait plus de famille pour s’occuper de lui, ou qu’il était devenu trop difficile de le faire, on le mettait à l’hospice.
Une sorte d’asile – au sens d’abri – pour ceux qui avaient vécu trop longtemps. On les voyait de la rue, marcher dans un jardin rachitique. Ne jamais trop s’éloigner de la protection des murs, comme s’il leur était poussé un nouveau cordon ombilical, qui progressivement rétrécissait, les ramenait dans la matrice de l’hospice, avant de finalement les retourner à la terre.
Quand un vieux était vraiment trop vieux, qu’il n’avait plus de famille pour s’occuper de lui, ou qu’il était devenu trop difficile de le faire, on le mettait à l’hospice.
Une sorte d’asile – au sens d’abri – pour ceux qui avaient vécu trop longtemps. On les voyait de la rue, marcher dans un jardin rachitique. Ne jamais trop s’éloigner de la protection des murs, comme s’il leur était poussé un nouveau cordon ombilical, qui progressivement rétrécissait, les ramenait dans la matrice de l’hospice, avant de finalement les retourner à la terre.
Libellés :
H
vendredi 9 mai 2008
Week-end
Il parait que le terme week-end est d’usage depuis le début du 20ème siècle. Bizarre, là j’ai comme de sérieux doutes.
Désignant le samedi et le dimanche, cela ne m’étonnerait pas qu’il soit bien plus récent en Belgique.
Car nous allions bien à l’école le samedi matin, jusqu’en 1974 au moins. La crise pétrolière nous en a chassé le samedi, et le ministère a finalement trouvé que cela n’était pas une trop mauvaise solution.
Restait que nos parents travaillaient encore le samedi… et qu’il n’était donc pas question - en aurions-nous même eu les moyens - de se faire un « week-end » à la mer, du vendredi au dimanche soir comme aujourd'hui. Cela est venu quelques années plus tard. Et là aussi, tout le monde a trouvé cela normal.
Alors, parlait-on de week-end avant cette époque ? J’ai bien l’impression que non !
Désignant le samedi et le dimanche, cela ne m’étonnerait pas qu’il soit bien plus récent en Belgique.
Car nous allions bien à l’école le samedi matin, jusqu’en 1974 au moins. La crise pétrolière nous en a chassé le samedi, et le ministère a finalement trouvé que cela n’était pas une trop mauvaise solution.
Restait que nos parents travaillaient encore le samedi… et qu’il n’était donc pas question - en aurions-nous même eu les moyens - de se faire un « week-end » à la mer, du vendredi au dimanche soir comme aujourd'hui. Cela est venu quelques années plus tard. Et là aussi, tout le monde a trouvé cela normal.
Alors, parlait-on de week-end avant cette époque ? J’ai bien l’impression que non !
jeudi 8 mai 2008
Veaux de mars
Pluie, soleil, puis neige à nouveau… un temps bien de saison pour les veaux de mars.
Dites donc giboulées de mars si cela vous plait, en mars je préfère penser à ses veaux. Veaux de Mars faudrait-il d’ailleurs écrire, s’agissant - paraît-il - d’une référence à une légende concernant le Dieu de la guerre. Mais peu importe.
Spectaculaires et imprévisibles, comme peuvent l’être les orages en été. Un quartier sera touché, une ville, et pas leurs voisins. On sort léger vêtu, comme pour profiter d’un ciel qui se met au grand beau… et voilà qu’on se retrouve dans une ambiance polaire.
C’est ce que j’adore dans notre météo pourrie. En plus d’être – soi-disant – pourrie, elle est imprévisible. Alors, en mars, je suis heureux !
Dites donc giboulées de mars si cela vous plait, en mars je préfère penser à ses veaux. Veaux de Mars faudrait-il d’ailleurs écrire, s’agissant - paraît-il - d’une référence à une légende concernant le Dieu de la guerre. Mais peu importe.
Spectaculaires et imprévisibles, comme peuvent l’être les orages en été. Un quartier sera touché, une ville, et pas leurs voisins. On sort léger vêtu, comme pour profiter d’un ciel qui se met au grand beau… et voilà qu’on se retrouve dans une ambiance polaire.
C’est ce que j’adore dans notre météo pourrie. En plus d’être – soi-disant – pourrie, elle est imprévisible. Alors, en mars, je suis heureux !
mercredi 7 mai 2008
Gruau
On ne mangeait ni flocon d’avoine ni quaker, mais bien du gruau d’avoine.
En fait, je croyais que c’était la même chose, mais il semblerait que le gruau désigne (aussi) le grain entier ou bien très sommairement traité. Mais peu importe, puisque pour ma part je n’en mangeais pas, et ne pourrai donc jamais dire comment cela se préparait.
J’aimais seulement le nom. Tellement rustique que plus personne ne l’utilise aujourd’hui. Il disait les repas copieux de la campagne. Le lait chaud avec de la peau dessus - que je détestais aussi... mais que je ne peux m'empêcher de tenir pour un élément important de toute enfance de ces années là -. Et cette sensation bizarre d’avoir très chaud d’un côté (celui du poêle ou de la cuisinière) et si froid de l’autre (celui du mur ou de la porte).
Un nom qui dit aussi une époque où les choses portaient un nom plutôt qu’une marque !
En fait, je croyais que c’était la même chose, mais il semblerait que le gruau désigne (aussi) le grain entier ou bien très sommairement traité. Mais peu importe, puisque pour ma part je n’en mangeais pas, et ne pourrai donc jamais dire comment cela se préparait.
J’aimais seulement le nom. Tellement rustique que plus personne ne l’utilise aujourd’hui. Il disait les repas copieux de la campagne. Le lait chaud avec de la peau dessus - que je détestais aussi... mais que je ne peux m'empêcher de tenir pour un élément important de toute enfance de ces années là -. Et cette sensation bizarre d’avoir très chaud d’un côté (celui du poêle ou de la cuisinière) et si froid de l’autre (celui du mur ou de la porte).
Un nom qui dit aussi une époque où les choses portaient un nom plutôt qu’une marque !
Libellés :
G
mardi 6 mai 2008
Tendeurs
Les amis des oiseaux, cercle ornithologique, que cela semble bien gentil, alors qu’il s’agit de vulgaires tendeurs !
Un tendeur, c’était quelqu’un qui capturait les oiseaux pour les mettre en cage. Chardonnerets, bouvreuils, pinsons, tarins, linottes, serins, et d’autres espèces plus rares faisaient les frais de ce sport et commerce.
C’était autorisé, bien sûr… mais tout ne l’était pas, et certains prétendaient qu’il s’agissait là de la chasse du pauvre. D’une forme avancée de la lutte des classes. Et que s’ils étaient par hasard – bien rare – poursuivis, c’était en vertu de leur condition de prolétaire. Et que ces messieurs les chasseurs, eux, pouvaient se permettre ce qu’ils voulaient, parce que, eux, auraient des relations… et patati, et patata…
Mais au bout du compte, les tendeurs faisaient à peu près ce qu’ils voulaient. Capturaient des oiseaux aux périodes interdites… avec du matériel interdit (pas seulement au trébuchet mais aussi avec les fameux filets japonais) et emprisonnaient des espèces interdites.
Je me demande seulement ce qu’ils sont devenus, tous ces tendeurs. Je les vois mal reconvertis en collectionneurs de timbres… et je m’inquiète !
Un tendeur, c’était quelqu’un qui capturait les oiseaux pour les mettre en cage. Chardonnerets, bouvreuils, pinsons, tarins, linottes, serins, et d’autres espèces plus rares faisaient les frais de ce sport et commerce.
C’était autorisé, bien sûr… mais tout ne l’était pas, et certains prétendaient qu’il s’agissait là de la chasse du pauvre. D’une forme avancée de la lutte des classes. Et que s’ils étaient par hasard – bien rare – poursuivis, c’était en vertu de leur condition de prolétaire. Et que ces messieurs les chasseurs, eux, pouvaient se permettre ce qu’ils voulaient, parce que, eux, auraient des relations… et patati, et patata…
Mais au bout du compte, les tendeurs faisaient à peu près ce qu’ils voulaient. Capturaient des oiseaux aux périodes interdites… avec du matériel interdit (pas seulement au trébuchet mais aussi avec les fameux filets japonais) et emprisonnaient des espèces interdites.
Je me demande seulement ce qu’ils sont devenus, tous ces tendeurs. Je les vois mal reconvertis en collectionneurs de timbres… et je m’inquiète !
Libellés :
T
Inscription à :
Articles (Atom)