On disait : je voudrais une bière, une poire, une quetsche, un genièvre… On ne parlait pas de marque ! ou si rarement. On changeait de café, on changeait de marque !
Et pourtant, les gens préféraient bien la Jupiler ou la Stella. Et le genièvre de Géromont ou celui des Hollandais.
Et, quand il n’y avait pas de quetsche… et bien on buvait une poire !
lundi 2 juin 2008
dimanche 1 juin 2008
Papier carbone
Une feuille de papier, un papier carbone, une autre feuille de papier, un autre papier carbone, la dernière feuille de papier, le tout dans la machine à écrire. Avant la photocopie, magie du carbone, qui permettait de multiplier les messages.
Le papier carbone ? Je parie que mes gosses n’en ont jamais vu. Ca fait d’ailleurs au moins vingt ans que je n’en ai plus vu moi-même. Le matériau, quelque chose qui ressemblait à du plastique, très fin et résistant à la fois. Noir. La frappe de la machine à écrire se transmettait à travers le papier, et le carbone laissait sa trace d’encre sur la page suivante. Simplissime.
J’en ai utilisé des tonnes, et d’autres aussi. S’imagine-t-on l’énergie qu’il aurait fallu autrement pour écrire à tous ses copains, à toute la famille, pour donner chaque fois les mêmes nouvelles quand on vivait au loin ? Il n’était pas encore question de mémoire informatique, et la photocopie, quand elle est apparue était aussi instable que chère.
Tiens, et à force d’y penser, il me semble aussi que le papier carbone avait une odeur particulière. Quelque chose de très subtil, que je n’arrive plus à retrouver vraiment. Je l’ai là, sur le bout du nez, comme d’autres ont un mot sur le bout de la langue.
Le papier carbone ? Je parie que mes gosses n’en ont jamais vu. Ca fait d’ailleurs au moins vingt ans que je n’en ai plus vu moi-même. Le matériau, quelque chose qui ressemblait à du plastique, très fin et résistant à la fois. Noir. La frappe de la machine à écrire se transmettait à travers le papier, et le carbone laissait sa trace d’encre sur la page suivante. Simplissime.
J’en ai utilisé des tonnes, et d’autres aussi. S’imagine-t-on l’énergie qu’il aurait fallu autrement pour écrire à tous ses copains, à toute la famille, pour donner chaque fois les mêmes nouvelles quand on vivait au loin ? Il n’était pas encore question de mémoire informatique, et la photocopie, quand elle est apparue était aussi instable que chère.
Tiens, et à force d’y penser, il me semble aussi que le papier carbone avait une odeur particulière. Quelque chose de très subtil, que je n’arrive plus à retrouver vraiment. Je l’ai là, sur le bout du nez, comme d’autres ont un mot sur le bout de la langue.
samedi 31 mai 2008
Orchestre mécanique
Le long des nationales, certains cafés accueillaient les autocars. Au fond de la salle jouait parfois un orchestre mécanique.
Des excursions, je garde tout de même ce souvenir émerveillé.
Kitch au possible, tout en cuivres, en ors et en rouges. Jouant une musique imbuvable avec une froideur presque militaire. Et pourtant, l’orchestre mécanique nous fascinait. On l’aurait cru vivant. Et nous tentions de devenir, de suivre simplement, l’intervention de chacun des instruments. Assourdis par leur boucan, nous nous éloignions pas d’un pas tant que la bête ne s’était pas définitivement endormie.
Des excursions, je garde tout de même ce souvenir émerveillé.
Kitch au possible, tout en cuivres, en ors et en rouges. Jouant une musique imbuvable avec une froideur presque militaire. Et pourtant, l’orchestre mécanique nous fascinait. On l’aurait cru vivant. Et nous tentions de devenir, de suivre simplement, l’intervention de chacun des instruments. Assourdis par leur boucan, nous nous éloignions pas d’un pas tant que la bête ne s’était pas définitivement endormie.
vendredi 30 mai 2008
Nénène
Dis bonjour à Nénène ! Donne une baise !
Nénène, ce devait être la marraine. A moins que ce ne soit la grand-mère. Ou bien un peu des deux à la fois.
Mais pour moi, c’était juste pour les idiots.
Oma, Nénène… Comme s’ils ne pouvaient dire marraine, grand-mère, bonne maman, tante ceci, tante cela.
Mais non, nénène plutôt : un nom plein de menaces… de moustache qui pique, de peau ridée, d’odeur de vieille et de dentier.
Car la nénène était nécessairement vieille, laide, ridée et acariâtre… La nénène était comme une plante carnivore, qui se fait belle pour attirer l’insecte, mais qui ne renferme que des liquides nauséabonds et toxiques. La nénène essayait, désespérément, d’étreindre des enfants… espérant qu’un jour un peu de leur jeunesse, beauté, de leur odeur encore fraiche, lui resterait au terme de cette étreinte.
Mais ce nom – presque sympathique – sentait trop le piège. Et aucun enfant ne s’y est jamais laissé prendre.
Les nénènes sont condamnées à jamais…
Nénène, ce devait être la marraine. A moins que ce ne soit la grand-mère. Ou bien un peu des deux à la fois.
Mais pour moi, c’était juste pour les idiots.
Oma, Nénène… Comme s’ils ne pouvaient dire marraine, grand-mère, bonne maman, tante ceci, tante cela.
Mais non, nénène plutôt : un nom plein de menaces… de moustache qui pique, de peau ridée, d’odeur de vieille et de dentier.
Car la nénène était nécessairement vieille, laide, ridée et acariâtre… La nénène était comme une plante carnivore, qui se fait belle pour attirer l’insecte, mais qui ne renferme que des liquides nauséabonds et toxiques. La nénène essayait, désespérément, d’étreindre des enfants… espérant qu’un jour un peu de leur jeunesse, beauté, de leur odeur encore fraiche, lui resterait au terme de cette étreinte.
Mais ce nom – presque sympathique – sentait trop le piège. Et aucun enfant ne s’y est jamais laissé prendre.
Les nénènes sont condamnées à jamais…
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jeudi 29 mai 2008
Machine à coudre
Fasciné par la course de la courroie, le va et vient du pédalier, il y avait autant à voir sous la machine à coudre qu’au dessus.
Les tables de machine à coudre font aujourd’hui office de tables de restaurant ou de bar. Leur pédalier, à jamais figé, ne permettra plus jamais de coudre chemises, robes et manteaux. De réparer les accrocs, inévitables, à ces vêtements que nous avions déjà hérités de nos frères, que nous léguerions à ceux qui nous suivaient, à moins que ce ne soit à l’un ou l’autre cousin.
La machine Singer trônait dans pas mal de maisons. Electrique, souvent. Le progrès était passé par là. Mécanique parfois. Elles faisaient pratiquement le même bruit. Ce ronronnement obsédant de l’aiguille, le chuintement du tissus qui avance, parfois le claquement sec de l’aiguille qui casse.
Mais coudre était aussi comme une cérémonie, un rituel et une atmosphère. Le silence et l’ordre se faisaient. Les ciseaux coupaient, taillaient. Les aiguilles, les sabots, les tournevis s’entrechoquaient. Prenaient chacun leur place. Et quand le ronronnement se faisait entendre, c’était comme assister à une naissance. Les pièces informes s’assemblaient une à une en un vêtement qui, le lendemain au plus tard, ferait se retourner les voisines.
Les tables de machine à coudre font aujourd’hui office de tables de restaurant ou de bar. Leur pédalier, à jamais figé, ne permettra plus jamais de coudre chemises, robes et manteaux. De réparer les accrocs, inévitables, à ces vêtements que nous avions déjà hérités de nos frères, que nous léguerions à ceux qui nous suivaient, à moins que ce ne soit à l’un ou l’autre cousin.
La machine Singer trônait dans pas mal de maisons. Electrique, souvent. Le progrès était passé par là. Mécanique parfois. Elles faisaient pratiquement le même bruit. Ce ronronnement obsédant de l’aiguille, le chuintement du tissus qui avance, parfois le claquement sec de l’aiguille qui casse.
Mais coudre était aussi comme une cérémonie, un rituel et une atmosphère. Le silence et l’ordre se faisaient. Les ciseaux coupaient, taillaient. Les aiguilles, les sabots, les tournevis s’entrechoquaient. Prenaient chacun leur place. Et quand le ronronnement se faisait entendre, c’était comme assister à une naissance. Les pièces informes s’assemblaient une à une en un vêtement qui, le lendemain au plus tard, ferait se retourner les voisines.
mercredi 28 mai 2008
LEM
Le LEM (module d’excursion lunaire) était une sorte de drôle d’insecte…
Pardonnez du peu, c’était il y a presque 40 ans, entre 69 et 72. Les hommes se promenaient sur la lune… Qui a dit que le temps signifiait nécessairement le progrès ?
Nous, on l’a vu à la télévision. On en a rêvé. On en a fait des bricolages. Des élocutions.
Le LEM, dans sa fragilité, témoigne d’une sorte d’arrogance insouciante.
On allait sur la lune à bord d’un bidule aux pattes d’insecte. Les astronautes sautaient comme le capitaine Hadock dans Objectif Lune. La télévision n’était même pas en couleur. Pour la couleur, il fallait acheter Paris Match. C’était extraordinaire, mais c’était aussi normal… Tout était possible. Et d’ailleurs, ce serait bientôt l’An 2000… Et que d’ailleurs, en l’An 2000… ou en 2001 au plus tard…
Et, bien sûr qu’il y a eu des drames (Apollo 1) et du suspense (Apollo 13), et de la musique dramatique de Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra). Mais au bout du compte, on s’y est habitué. Et la lune est devenue comme une lointaine banlieue des Etats-Unis.
C’est bizarre que, 36 ans après, personne n’y soit retourné !
Pardonnez du peu, c’était il y a presque 40 ans, entre 69 et 72. Les hommes se promenaient sur la lune… Qui a dit que le temps signifiait nécessairement le progrès ?
Nous, on l’a vu à la télévision. On en a rêvé. On en a fait des bricolages. Des élocutions.
Le LEM, dans sa fragilité, témoigne d’une sorte d’arrogance insouciante.
On allait sur la lune à bord d’un bidule aux pattes d’insecte. Les astronautes sautaient comme le capitaine Hadock dans Objectif Lune. La télévision n’était même pas en couleur. Pour la couleur, il fallait acheter Paris Match. C’était extraordinaire, mais c’était aussi normal… Tout était possible. Et d’ailleurs, ce serait bientôt l’An 2000… Et que d’ailleurs, en l’An 2000… ou en 2001 au plus tard…
Et, bien sûr qu’il y a eu des drames (Apollo 1) et du suspense (Apollo 13), et de la musique dramatique de Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra). Mais au bout du compte, on s’y est habitué. Et la lune est devenue comme une lointaine banlieue des Etats-Unis.
C’est bizarre que, 36 ans après, personne n’y soit retourné !
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mardi 27 mai 2008
Karaté
Le karaté n’existait pas ! Il y avait bien le judo, que certains continuaient à appeler jiu jitsu… Alors que d’autres, nostalgiques d’un temps révolu, parlaient encore de savate et de boxe française…
Pour donner des coups, il y avait la boxe.
Pour éviter d’en recevoir, le judo, et la course à pieds !
Pour donner des coups, il y avait la boxe.
Pour éviter d’en recevoir, le judo, et la course à pieds !
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