jeudi 28 août 2008

Marchand de cliquottes

Marchand de cliquottes ! Marchand de cliquottes ! criions nous dans la rue, comme le ferrailleur s’annonçait marchand de vieux fers.

Les cliquottes, c’étaient des chiffons, même si on utilisait parfois le mot pour parler – en plaisantant – des vêtements : « range tes cliquottes ! » Et si le marchand de vieux fers n’a pas disparu, je dois avouer n’avoir jamais vu trace d’aucun marchand de cliquottes. Les achetait-il ? Ou les vendait-il ? Le marchand de vieux fers et le marchand de poubelles étaient bien là pour nous débarrasser de celles-ci comme de ceux là.
Raté encore. J’ai dû naître un poil trop tard !

mercredi 27 août 2008

Chicoree

La chicorée, c’est comme du café. Pas vraiment la même couleur, sans la bonne odeur et surtout, un goût affreux ! Mais il paraît que c’est meilleur pour la santé !

Habitude bizarre que celle qui consiste, en temps de paix, à continuer à consommer des produits de guerre, et en temps de richesse – même relative – ceux auxquelles nous contraignaient la pauvreté. Certains n’en avaient, au sujet de la guerre, qu’à propos de tous ces ersatz qui leurs étaient imposés : le café aux glands, le pain à la sciure et les rutabagas à n’en plus finir pour les plus chanceux.
Se pourrait-il qu’en buvant cette chicorée infecte, ils veuillent seulement ranimer leur machine à souvenirs ? Se plonger à nouveau pour un instant dans un temps révolu, en ayant recours au moindre de ses mauvais côtés. Pour en exhumer les quelques bons instants et trop de chers disparus.

mardi 26 août 2008

Beret

Avant d’enfourcher son vélo, mon père coiffait son béret.

Le Français : béret sur la tête, baguette sous le bras. L’image est connue. Mais des bérets j’en ai bien vu sur d’autres têtes que celles des Français. Et alors qu’aujourd’hui c’est surtout une coiffure pour dames, à l’époque, beaucoup d’hommes le portaient. Le préférant au chapeau – trop cher – peu pratique pour faire du vélo - risquant toujours de s’envoler -.

lundi 25 août 2008

Calicot

De gauche à droite, longeant la plage, l’avion traine son calicot.

Ces avions publicitaires que l’on voyait alors à la côte belge (« côte flamande ») me fascinaient. Avec les boules de Berlin (« boules de l’Yser »), les cuisse-tax et le sable qui nous collait aux pieds au moment de rentrer à notre lieu de résidence, ils constituent le squelette de mon expérience de gamin à la côte.
Leur arrivée, de loin, longeant parfaitement la plage. Leur passage, si lent, mais si bref à la fois. Permettant normalement à chacun de bien prendre la mesure du message qu’ils portaient. Puis leur disparition, si lente, vers le Nord ou le Sud, selon la direction du vent.
En réalité, même si j’ai lu chacun de leurs messages, je pense n’en avoir retenu aucun. Certain que, même si j’en déchiffrais sans peine le texte, seule importait la magie de cet avion lui-même. Comme dans un cerf-volant, on ne regarde pas tellement les couleurs, ou la figure - ou alors un instant seulement – tant on est pris par la qualité de leur vol, ou simplement par l’étonnement.
Cette année, en janvier, le miracle s’est renouvelé. A Miami Beach… un avion est passé. Trainant à son tour son calicot. Foncant vers le Nord. Et c’est sûr… si j’ai bien lu le texte qui y figurait… dix secondes après, je ne m’en souvenais plus. Bouche bée. Gamin fasciné à nouveau par l’avion publicitaire.

dimanche 24 août 2008

Plaque de velo

Chaque année, le vélo recevait sa nouvelle plaque, confirmation du payement de la taxe provinciale.

Regardez attentivement les plus anciens des vélos encore en circulation. Sur la fourche gauche il y avait un pas de vis, servant à y attacher la plaque. Et, si vous ouvrez les yeux mieux encore, vous verrez que certains, fiers de l’age de leur monture, exhibent une plaque parfois pas si vieille que ça. Le Brabant n’a abandonné la pratique qu’en 1998.

samedi 23 août 2008

Mur du son

Un avion qui passe le mur du son, c’était vraiment terrifiant !

Quarante ans et plus après ma dernière expérience, j’en reste encore à craindre la suivante. Et à me demander ce qu’il prenait aux militaires d’ainsi nous mépriser, pauvres civils, à jouer au dessus de nos têtes leurs jeux dangereux. Le hurlement des tuyères des jets qui déferlaient sur la vallée, se croyaient à la guerre, fonçaient, toujours plus vite et franchissaient sans prévenir le mur invisible dans une grande explosion.
Et quand j’apprends qu’il s’agit aujourd’hui d’une arme de guerre classique – destinée à terroriser les populations civiles – je ne peux pas m’en étonner. Nos militaires alliés l’ont testée sur nous !

vendredi 22 août 2008

Touche

L’ardoise, avec la touche qui permettait d’écrire dessus, faisait partie de nos jeux.

La touche, c’était un crayon bizarre – d’ardoise en fait -, qui permettait d’écrire sur l’ardoise. L’un et l’autre avaient fait partie de l’arsenal des enfants de la génération précédente. Pratiques pour apprendre les lettres et répéter à l’infini des exercices que l’on effaçait ensuite.
Je n’aimais pas l’ardoise. Comme d’autres détestent le grincement de la craie sur le tableau, mes doigts avaient eux aussi leurs détestations. Je préférais le papier !