On passait d’abord devant le moulin Kalbusch, puis la 1ère carrière, la 2ème carrière ensuite, la goffe enfin.
La goffe c’était une sorte de grande piscine naturelle dans le lit de la Warche.
Tous les étés, on pouvait y nager. En tout cas les plus courageux, car cela faisait bien loin de la ville. Pour notre part, nous nous arrêtions à la première carrière. L’eau y était peut-être moins profonde mais personne d’autre ne s’y arrêtait. Nous avions la rivière pour nous seuls !
La goffe ! J’adore ces mots que l’on a toujours prononcés et dont on ne connaît pas la signification !
jeudi 4 septembre 2008
mercredi 3 septembre 2008
mardi 2 septembre 2008
Epidiascope
Faire un exposé, c’était bien. Mais c’était mieux encore si l’on faisait bon usage de l’épidiascope !
Episcope, épidiascope ? D’abord on trébuchait sur le nom.
Ensuite on veillait bien à ne pas trébucher en le transportant. C’est qu’il était lourd comme un cheval mort. Qu’il pesait bien sa vingtaine de kilos d’acier et de verre. Un monstre de ferraille et de lumière qui servait à projeter pour la classe n’importe quel document, n’importe quelle page de livre.
Aujourd’hui on scanne et on utilise ordinateur et projecteur numérique.
Une forme étrange aussi. Des formes de ce temps là, qui n’arrivaient pas à se décider entre les angles droits et les courbes. Une couleur de char d’assaut ou de milicienne Est-allemande : gris sombre, grenu. De ces couleurs qu’on n’ose plus.
La plupart des classes avaient le leur. Ou au moins les classes de sciences, qui faisaient grand usage de documentation.
L’épidiascope, c’était finalement le seul outil audio-visuel dont disposaient nos professeurs de l’époque. Le simple fait de l’allumer était pour nous un début de détente : le professeur s’arrêtait de dicter, et nous de noter. Dans la pénombre, il racontait, nous écoutions. C’est tout ce qu’il demandait.
Episcope, épidiascope ? D’abord on trébuchait sur le nom.
Ensuite on veillait bien à ne pas trébucher en le transportant. C’est qu’il était lourd comme un cheval mort. Qu’il pesait bien sa vingtaine de kilos d’acier et de verre. Un monstre de ferraille et de lumière qui servait à projeter pour la classe n’importe quel document, n’importe quelle page de livre.
Aujourd’hui on scanne et on utilise ordinateur et projecteur numérique.
Une forme étrange aussi. Des formes de ce temps là, qui n’arrivaient pas à se décider entre les angles droits et les courbes. Une couleur de char d’assaut ou de milicienne Est-allemande : gris sombre, grenu. De ces couleurs qu’on n’ose plus.
La plupart des classes avaient le leur. Ou au moins les classes de sciences, qui faisaient grand usage de documentation.
L’épidiascope, c’était finalement le seul outil audio-visuel dont disposaient nos professeurs de l’époque. Le simple fait de l’allumer était pour nous un début de détente : le professeur s’arrêtait de dicter, et nous de noter. Dans la pénombre, il racontait, nous écoutions. C’est tout ce qu’il demandait.
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E
lundi 1 septembre 2008
Dimanche sans voitures
Vous vous rappelez les dimanches sans voitures ? Les vrais ! Ceux de la crise pétrolière.
Ces jours ci, on joue au dimanche sans voitures ! Pas en ville. Et encore, seulement dans quelques unes d’entre elles. Mais rien n’empêche non plus de faire 200 kilomètres pour s’y rendre. Et puis, juste une fois. Comme ça. Pour s’amuser dirait-on. Pour faire comme si !
J’ai adoré, et beaucoup avec moi, ces dimanches d’exception du choc pétrolier de 1973. Le calme rendu aux rues. Les cyclistes et les skieurs sur les autoroutes. Les patins à roulettes – non pas encore de rollerblades – et les trottinettes qui ressortent des placards.
Un jour par semaine nous nous amusions de ne pas consommer !
Ces jours ci, on joue au dimanche sans voitures ! Pas en ville. Et encore, seulement dans quelques unes d’entre elles. Mais rien n’empêche non plus de faire 200 kilomètres pour s’y rendre. Et puis, juste une fois. Comme ça. Pour s’amuser dirait-on. Pour faire comme si !
J’ai adoré, et beaucoup avec moi, ces dimanches d’exception du choc pétrolier de 1973. Le calme rendu aux rues. Les cyclistes et les skieurs sur les autoroutes. Les patins à roulettes – non pas encore de rollerblades – et les trottinettes qui ressortent des placards.
Un jour par semaine nous nous amusions de ne pas consommer !
dimanche 31 août 2008
Cirer les chaussures
Chaque jour, cirer ses chaussures, et en hiver les graisser : quelle corvée !
Un peu par élégance. Mais si peu. Surtout lorsque les chaussures n’étaient pas trop anciennes. Ou héritées d’un frère ou d’un cousin. Pas pour leur donner l’impossible apparence du neuf. Juste pour qu’on en reconnaisse encore la couleur : noires ? brunes ? beiges ? Il n’y avait, pour les garçons - et les hommes en général -, pas d’autre couleur. Ah si. Blanc. Pour les chaussures de gym en toile. Qui, elles aussi, une ou deux fois l’an – ou bien à la veille d’une compétition – recevaient leur couche de blanc.
Beaucoup par économie. C’est bien connu, le cuir qui n’est pas nourri sèche et casse. Et comme nos souliers avaient vocation de durer – sinon à nos pieds à ceux d’autres enfants -, il fallait donc nourrir les bêtes ! Chaque jour, c’est beaucoup dire, et nous croire bien plus soigneux que nous l’étions. Mais une fois la semaine sans doute. Une couche de cirage. Prendre son repas. Et ensuite faire briller. Par vraiment pour que ça brille… mais bien pour être sûr qu’on ne s’en mettra pas plein le bas du pantalon.
Mais aussi par confort. Surtout lorsqu’il s’agissait de graisser ses chaussures en hiver. Le cirage devenait accessoire. La graisse indispensable pour aller à l’école en pataugeant dans la neige et la gadoue. Ne pas oublier les coutures et la jointure entre le cuir et la semelle. Et bien procéder au tartinage la veille… pour que cela ait le temps d’imprégner le cuir et de sécher ensuite.
Ce qu’on faisait avec nos Nike, Reebok et autres Adidas ? Vous rêvez ? Vous imaginez peut-être qu’on portait des chaussures de sport en rue ? Tout le monde se serait moqué de nous. D’ailleurs, nous n’en avions pas ! Trop cher !
Un peu par élégance. Mais si peu. Surtout lorsque les chaussures n’étaient pas trop anciennes. Ou héritées d’un frère ou d’un cousin. Pas pour leur donner l’impossible apparence du neuf. Juste pour qu’on en reconnaisse encore la couleur : noires ? brunes ? beiges ? Il n’y avait, pour les garçons - et les hommes en général -, pas d’autre couleur. Ah si. Blanc. Pour les chaussures de gym en toile. Qui, elles aussi, une ou deux fois l’an – ou bien à la veille d’une compétition – recevaient leur couche de blanc.
Beaucoup par économie. C’est bien connu, le cuir qui n’est pas nourri sèche et casse. Et comme nos souliers avaient vocation de durer – sinon à nos pieds à ceux d’autres enfants -, il fallait donc nourrir les bêtes ! Chaque jour, c’est beaucoup dire, et nous croire bien plus soigneux que nous l’étions. Mais une fois la semaine sans doute. Une couche de cirage. Prendre son repas. Et ensuite faire briller. Par vraiment pour que ça brille… mais bien pour être sûr qu’on ne s’en mettra pas plein le bas du pantalon.
Mais aussi par confort. Surtout lorsqu’il s’agissait de graisser ses chaussures en hiver. Le cirage devenait accessoire. La graisse indispensable pour aller à l’école en pataugeant dans la neige et la gadoue. Ne pas oublier les coutures et la jointure entre le cuir et la semelle. Et bien procéder au tartinage la veille… pour que cela ait le temps d’imprégner le cuir et de sécher ensuite.
Ce qu’on faisait avec nos Nike, Reebok et autres Adidas ? Vous rêvez ? Vous imaginez peut-être qu’on portait des chaussures de sport en rue ? Tout le monde se serait moqué de nous. D’ailleurs, nous n’en avions pas ! Trop cher !
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samedi 30 août 2008
Briquet a essence
Un briquet, c’était lourd. Fort. Et cela sentait l’essence.
Ne me parlez pas de Zippo. Connais pas ! Jamais vu. Jamais entendu. Les marques et nous, vous savez ! Un briquet, c’était un briquet. C’est tout. Mais un briquet à essence de toute façon.
Un briquet à essence, c’est lourd, si lourd. Et ça sent l’essence évidemment. Il en reste toujours un peu à l’extérieur. Et ensuite sur les mains quand on l’a manipulé. Dans la poche du fumeur. Il y a la pierre à briquet aussi, qu’il faut régulièrement changer. Attaquée par l’acier de la roulette, elle jette des étincelles en même temps qu’une odeur caractéristique d’orage. Vers une mèche, imbibée d’essence. La mèche aussi, il faut la remplacer régulièrement. Rien d’étonnant à ce que les fumeurs préfèrent les briquets jetables.
Mais un briquet d’alors, ça semblait puissant. Tout plein de force et de violence contenue. Comme celles d’un pistolet ou d’une moto.
Ne me parlez pas de Zippo. Connais pas ! Jamais vu. Jamais entendu. Les marques et nous, vous savez ! Un briquet, c’était un briquet. C’est tout. Mais un briquet à essence de toute façon.
Un briquet à essence, c’est lourd, si lourd. Et ça sent l’essence évidemment. Il en reste toujours un peu à l’extérieur. Et ensuite sur les mains quand on l’a manipulé. Dans la poche du fumeur. Il y a la pierre à briquet aussi, qu’il faut régulièrement changer. Attaquée par l’acier de la roulette, elle jette des étincelles en même temps qu’une odeur caractéristique d’orage. Vers une mèche, imbibée d’essence. La mèche aussi, il faut la remplacer régulièrement. Rien d’étonnant à ce que les fumeurs préfèrent les briquets jetables.
Mais un briquet d’alors, ça semblait puissant. Tout plein de force et de violence contenue. Comme celles d’un pistolet ou d’une moto.
vendredi 29 août 2008
Alouette
Une alouette, c’est un hélicoptère ! Un hélicoptère, c’est une alouette !
Bon, d’accord. L’alouette, c’est aussi un oiseau. Mais, franchement, dans notre haute Ardenne, elle n’était pas particulièrement fréquente. Ou bien on ne la voyait pas.
Et tous les hélicoptères étaient des alouettes ! Tous ? Enfin, juste ceux qu’on voyait. Ceux de la gendarmerie surtout. De l’armée parfois.
Les plus gros, ce n’était pas pour chez nous. Il y en avait bien à la mer, pour le sauvetage. Et puis, parfois on voyait aussi passer l’un ou l’autre OVNI, une banane volante de l’armée américaine par exemple.
Non. Je le maintiens. Un hélicoptère, c’était une alouette !
Fascinante cette bestiole. On avait l’impression qu’elle était toute vitrée. Que pilote et passagers flottaient ainsi dans l’air, retenus par presque rien, et spectateurs de tout. Des gnomes dans une bulle de savon.
Bon, d’accord. L’alouette, c’est aussi un oiseau. Mais, franchement, dans notre haute Ardenne, elle n’était pas particulièrement fréquente. Ou bien on ne la voyait pas.
Et tous les hélicoptères étaient des alouettes ! Tous ? Enfin, juste ceux qu’on voyait. Ceux de la gendarmerie surtout. De l’armée parfois.
Les plus gros, ce n’était pas pour chez nous. Il y en avait bien à la mer, pour le sauvetage. Et puis, parfois on voyait aussi passer l’un ou l’autre OVNI, une banane volante de l’armée américaine par exemple.
Non. Je le maintiens. Un hélicoptère, c’était une alouette !
Fascinante cette bestiole. On avait l’impression qu’elle était toute vitrée. Que pilote et passagers flottaient ainsi dans l’air, retenus par presque rien, et spectateurs de tout. Des gnomes dans une bulle de savon.
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