vendredi 11 janvier 2008

Jokari

Ballon, pelle, rateau, seau et jokari. Sans oublier les maillots évidemment. Il n’en fallait pas beaucoup plus, selon nous les enfants, pour une semaine à la mer.

Un bloc de bois. Une balle de caoutchouc tenue par un fil élastique. Une raquette de bois blanc. C’était le jokari. Un des jeux classiques de notre enfance.
La version avec la balle de tennis ne viendrait que bien plus tard. Décevante somme toute lorsque la balle finissait par perdre de son lustre, à ressembler à une peluche qui aurait passé six mois dans une poubelle.
Question exercice, c’était notre squash. Un effort intense. Court le plus souvent. De quoi écouler un surcroit d’énergie. De passer par exemple la frustration d’être resté assis trop longtemps aux côtés des parents.
Jusqu’à l’accident inévitable. L’élastique qui lache. La balle qui file au loin. La course pour la récupérer. Et ma mère qui la répare, jusqu’à la prochaine fois.

jeudi 10 janvier 2008

Passe-montagne

Maintenant, on dit cagoule. Et on en fait même des chansons. Quand nous allions à la neige, c’était pourtant bien d’un passe montagne que nous avions besoin.

Pour affronter le froid polaire sans doute, pour nous protéger de tous nos excès et de ceux de nos copains aussi. La neige ne restait pas longtemps au sol… et nous ne restions pas longtemps sur nos traineaux… La neige nous habillait, et quoi de mieux pour protéger le cou d’une bonne savonée qu’un passe-montagne.

mercredi 9 janvier 2008

Draps de lit froids

Comme l’ane et le bœuf de la crèche exhalaient la chaleur, la maison de ma grand-mère exhalait le froid.

Quitter la touffeur du salon ou la bonne chaleur de la cuisine pour aller à la toilette ou à la buanderie, au-delà du couloir glacé, était déjà toute une épreuve. Mais ce n’était rien à côté de la simple perspective des draps glacés et humides qui nous attendaient à l’étage, non chauffé.
Eté comme hiver, le couloir semblait souffler une odeur de froid sur ses visiteurs. Et de poser le pied sur l’escalier craquant qui menait à l’étage vous en remplissait les narines. Semblait en imprégner à l’instant tous vos vêtements.
Et toutes les bouillottes n’y feraient rien ; vous ne retiendriez à jamais de ces rares nuits que la frayeur de cette plongée dans l’humidité froide de la vieille maison maternelle, prélude au contact insupportable, même à travers la toile du pyjama, des draps de lit glacés et humides.

mardi 8 janvier 2008

Talus

Par intérêt ou indifférence, les adultes nous laissaient chaque année bruler les herbes sèches du talus de chemin de fer.

A quelques centaines de mètres de la maison, il marquait là, comme d’un trait, la limite de la ville. En deça, le tissus dense des habitations sociales du Foyer Malmédien ; au-delà, le terrain de football et deux ou trois commerces.
Comme dans un décor de train miniature, la locomotive débouchait du tunnel, et suivait la voie, accrochée au flanc de la colline. Franchissait le viaduc au dessus de la rivière. Et longeait la ville, longuement, comme en hésitant. Surplombant les maisons, puis des champs encore, avant d’aboutir enfin à la gare.
Mais les trains étaient si rares. Et on les voyait approcher de si loin. Ils roulaient si lentement à l’époque, que le talus ne leur appartenait pas. Et même si l’on parlait bien du talus du chemin de fer, il est clair que c’était notre domaine à nous !

lundi 7 janvier 2008

Zwin

Ce n’était pas seulement à la mer – donc très loin – mais, comme La Panne, le coin de la mer. Juste après, c’était la frontière. Pour nous, frontaliers de l’autre bout, cela signifiait quelque chose. Nous y retrouvions un peu de l’ambiance de nos régions limitrophes de l'Allemagne, du Luxembourg et des Pays-Bas.
Il fallait prendre le train d’abord, puis un bout de tram sans doute. Et encore une bonne trotte à pied jusqu’à l’entrée du parc. A moins de passer par la plage, les dunes, et de franchir les barbelés.
Le Zwin était comme un bout d’histoire. Pas très glorieusement, delta pitoyable et morceau de dépouille de Brugge la morte. Plus positivement, le dernier bout d’anarchie et de mauvaises herbes sur une côté trop réglementée et intégralement vouée au béton.
L’antithèse du mur de l’Atlantique ?

dimanche 6 janvier 2008

Xhoffraix

Xhoffraix se dit tout juste Hofrê, avec un H aspiré.

Xhoffraix, Xhignesse, avec un H en français, et qui se prononce par endroit Chofrê en wallon. Et ne mélangez pas l’un avec l’autre, vous passeriez au mieux pour un rustre, plus probablement pour pédant et idiot.
La prononciation des noms de villages et de lieux dits est parfois aussi rocailleuse que les chemins qui y mènent. Ils servent ainsi à reconnaître le nouveau venu. Celui qui n’y a jamais mis les pieds – ni la langue – pour s’en moquer, et l’éloigner si nécessaire.
Et si par hasard, l’amour du lieu le prend, pour le reconnaître ensuite comme familier, comme ami peut-être un jour.

samedi 5 janvier 2008

W (double V)

Wagon pas vagon et Wallon pas vallon !

Si on a inventé des lettres différentes, c’est bien pour s’en servir. Et pas pour allègrement les confondre l’une avec l’autre. Le vallon, c’est une petite vallée, avec un V. Et le Wallon, c’est un habitant de la Wallonie, avec un W.
Faut-il absolument être un peu germain pour faire la différence ?
Nous serons alors donc germains ! Et, si elle peut s'en contenter, la Belgique en survivra peut-être.