jeudi 17 juillet 2008

Jeans

Imagineriez-vous un monde sans Jeans ?

Il me semble pourtant que j’ai du attendre au moins mes douze ans pour porter mes premiers Jeans. Et encore étaient-ils blancs. Pour travailler au restaurant de ma tante. De mes premiers blue Jeans, je ne m’en souviens pas vraiment. Sauf qu’ils étaient horribles. Un vêtement de travail. Pas du tout l’objet de mode actuel.
Mais je vous l’assure. La vie était possible sans Jeans !

mercredi 16 juillet 2008

Insecticide

Plaques Vapona, bombes… j’ai vécu l’âge d’or de l’insecticide je crois !

Avant nous, il y avait eu le DDT. Poison, mais salvateur aussi. Pour des populations qui sortaient de la guerre couvertes de poux. Affaiblies et attaquées par des nuées de parasites. Mais bon, on s’était quand même rendu compte que le DDT n’était pas aussi bénéfique qu’il n’était toxique. Et qu’il devait y avoir moyen de faire mieux.
Avant nous aussi, le vaporisateur à pompe ! De la bande dessinée seulement. Un peu comme le train à vapeur – sauf que le train à vapeur, lui, on l’avait vu, on le voyait encore occasionnellement – juste comme une icône, un symbole. Une sorte d’idéogramme. De logo dirait-on !
Non, aucun des deux, mon époque fut celle de la plaque Vapona et de la bombe insecticide.
La plaque Vapona, jaune orange, rectangulaire. Pendant dans les maisons. Dégageant un fort parfum de propre et d’interdit aux mouches. Et ça marchait. Mais apparemment, ça marchait un peu trop bien. Et ce n’étaient pas seulement les mouches qui prenaient leur plein de Vapona ! On l’a vue partout… et puis, un jour, on ne l’a plus vue nulle part. Sauf dans les magasins. Où je ne sais quel spécialiste du marketing obstiné continuait à vouloir l’imposer.
La bombe surtout… avec plein de gaz destructeurs de la couche d’ozone en prime. La bombe ? Des bombes. Pleins de bombes vidées à la poursuite des mouches, moustiques, abeille et guêpes dans toutes les maisons. Bombez, bombez… La bombe à la main on se sentait justicier. On poursuivait le moustique hors la loi. La guêpe terroriste. On s’en prenait plein les narines, de cet insecticide… On se sentait fier et fort dans une maison débarrassée de ces intrus.

Dans le même temps, les rapaces, même les plus communs se raréfiaient. Il fallait aller dans les Vosges, pour rencontrer le premier faucon pèlerin – qui niche aujourd’hui au centre de Bruxelles – qui - fatigué sans doute de pondre et couver pour rien - en oubliait même de nicher. Chaque année, on observait avec horreur, le trou dans la couche d’ozone s’élargir, s’étendre comme une peste de plus en plus vers le sud.
Aujourd’hui pend dans ma cuisine, un de ces horribles papiers tue mouche, que nous trouvions archaïques alors. La seule différence ? On a jeté la plaque Vapona aux oubliettes de l’histoire. Vapona vend aujourd’hui le papier tue mouches !

mardi 15 juillet 2008

Hanneton

Bruns, comme une châtaigne, des antennes comme des râteaux,… si j’ai vu 5 hannetons de ma vie, c’est beaucoup !

Et pourtant on disait qu’il envahissait parfois les arbres – les hêtres je crois -. On le disait nuisible. Je ne l’ai trouvé que sympathique. Amical. Un corps de scarabée, et puis ces antennes bizarres. Design !

lundi 14 juillet 2008

Garde barrière

Je suis arrivé trop tard. La barrière était encore là. La maison du garde barrière aussi. Mais lui avait été remplacé par un système automatique.

Là où la route rencontrait la voie ferrée, il avait la croix de Saint André. Ses feux rouges qui clignotaient pour annoncer la fermeture de la barrière. Rouge et blanc. La sonnerie du signal aussi.
La voiture s’arrêtait dans la campagne. Le regard se tournait alors, au bord de la route, vers la clôture blanche, la maison, blanche aussi. Petite, comme une sorte de maison de poupée. Les bacs de fleur aux fenêtres. Le pignon surplombant les rails.
J’aurais voulu en voir sortir la garde-barrière. Par tous les temps, à heure fixe, descendre à grands tours de manivelle, la barrière. Puis, le train passé, la remonter. La saluer de la main. Je l’ai peut être fait !

dimanche 13 juillet 2008

Foins

Les foins : on était plus nombreux à les faire plutôt que d’en avoir le rhume !

Le petit fermier d’en face d’abord. Que je vois encore sur son petit tracteur. Ou son fils. A la barre faucheuse longtemps. Plus tard à la faucheuse à disque. Tondre leurs minuscules prairies et y ériger quelques meules quand le foin y serait à peu près sec.
Plus tard, alors que nous habitions sur les hauteurs de la ville, ces visites impromptues du fermier voisin. A la recherche de bras lorsque la pluie menaçait. Il faut dire qu’il ne suffisait pas à l’époque d’un tracteur ou deux de plus, pour charger d’immenses balles ou des rouleaux – quand on ne les laisse pas simplement sur la prairie, enrobés de plastique – à la force hydraulique. C’est bien d’huile de bras qu’il fallait alors. Pour parcourir la prairie d’un pas rapide. Planter sa fourche dans un ballot. Le lever pour le passer à ceux qui chargeaient le char à foin. Lever de plus en plus haut. A bout de bras enfin, le souffle court, les jambes tremblantes, des ballots des plus en plus lourds.
Mais la fin du travail arrivait toujours. Alors que la poussière du foin était comme du papier de verre sur nos fronts et nos bras. Nos mouchoirs – de tissus évidemment – s’emplissaient d’une morve presque aussi noire que celle d’un mineur. Le repas du soir se prenait à la ferme. D’énormes tranches de pain couvertes de charcuteries et de fromages. De grandes goulées de sirop de sureau et de bière. D’eau aussi. Pour tenter de rendre à notre corps tous ces litres qu’il avait sués sous le soleil brulant. Dans la touffeur d’avant l’orage. Qui viendrait ou qui ne viendrait pas ! Mais peu importe, puisque les foins étaient rentrés.

samedi 12 juillet 2008

Expo 67

Evidemment, l’expo 58 a été importante. Mais je ne me souviens que ce celle de 67, à Montréal !

Les deux ont marqué ma vie. La première par ma naissance. La seconde, par l’arrivée de la télévision.
Je me souviens seulement vaguement des images de l’époque. De ces batiments futuristes. De ces travellings interminables dans un monde plus étrange encore que les rares films de science fiction de l’époque.
Mais franchement, ce n’était pas notre premier souci !
Nous regardions plutôt la télévision elle-même. Ce mastodonte de bois et de verre. Sur une table à roulettes hyper moderne, aux pattes d’insecte. Tellement haute et tellement moderne qu’au bout d’une semaine – mais peut-être sont-ce six mois – la table, et la télévision avec elle, s’est cassé la figure.
En fait, j’ai longtemps cru qu’on avait acheté la télévision pour l’expo 67 !

vendredi 11 juillet 2008

Dos

Le curé tournait le dos au public. Distant. Presque méprisant pour l’assemblée. Le rite le voulait !

A la messe, il y avait d’abord le latin. Ne me demandez pas comment – moi qui n’arrive pas à retenir un numéro de téléphone -, mais j’ai encore dans la tête des phrases complètes que j’ai entendues alors… Du temps de la messe en latin. Il y a donc très, très longtemps. Sans doute avec bien des fautes. Celles que fait un gamin qui entend quelque chose à laquelle il ne comprend rien. Mais des relents phrases entières, avec l’intonation qui les accompagne. J’aimais en particulier la musicalité du « est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti, omnis honor et gloria… »
La soutane ? Ce n’était pas différent. Pour les acolytes et autres adjoints sans doute. On les voit le plus souvent en civil maintenant, ce qui n’était pas le cas.
Le sexe des assistants ? Evidemment, à l’époque, les femmes étaient juste bonnes à prier et à nettoyer. Quant à servir la communion ou assister le prêtre dans la cérémonie, il n’en était pas question. Il a fallu sans doute que les églises se vident pour qu’on les en juge enfin dignes !
Il y avait la barrière aussi… On s’agenouillait devant, pour recevoir la communion. Elle marquait aussi clairement la distance qu’il y avait entre le prêtre – et ses acolytes – et le peuple. Les uns dans un monde sacré, les autres dans le monde terrestre.
Mais franchement, comme si la barrière ne suffisait pas, fallait-il vraiment que l’autel se trouve encore bien loin, tout au fond du cœur. Et que, non content de ne pas participer à la communauté, le prêtre lui tourne aussi le dos. Rétrospectivement, il me fait l’effet d’un officiant Aztèque, sur sa pyramide sanglante, et l’or du calice celui d’un couteau sacrificiel.