lundi 18 février 2008

Dinosaure

Un gamin ou une gamine demandait à ma mère. « Dis Lucie, tu est vieille ? ». Elle, sur un ton normal : « Oui ».
Lui, insistant : « Très vieille ? ». Elle, intriguée : « Eh, oui ! ».
Lui, très insistant : « Très, très vielle ? ». Elle, définitement interloquée : « Pas vraiment ! Mais qu’est ce que tu veux dire ? ».
Lui, direct : « Est-ce que tu as connu les dinosaures ? »

Pour ce gamin, ou cette gamine, c’était raté. Il ne pourra jamais raconter sa discussion avec quelqu’un qui a connu le temps des dinosaures.
Mais, quand j'y repense: une de mes grand-mères est née en 1895. Elle m’a raconté l’avion, son premier avion, qu’il venait de là et qu’il est allé vers là. La voiture et le dirigeable. Le bouvier qui menait les bêtes du village sur la Fagne. Sans oublier évidemment "Lu bierdji Gillet. Cis qui n'aveu qu'one bresse." (Le berger Gillet, celui qui n'avait qu'un bras). On n’a pas parlé des deux guerres qui lui ont fait changer trois fois de nationalité sans quitter son village. En 1890, cinq ans avant sa naissance, c’était la bataille de Wounded Knee… et en 1910 (elle avait 15 ans) Buffalo Bill et ses indiens s’exhibaient en Belgique.
Ou à cette autre grand-mère, née en 1891, et qui me racontait ses pérégrinations de jeune femme enceinte sur le fleuve Congo au tout début des années 20.
Questionnez les vieux – et les moins vieux aussi -. Tous les récits de première main sont inévitablement condamnés à disparaître. Ils sont nos dinosaures.

dimanche 17 février 2008

Vim

La boite de Vim avait de petits trous !

La poudre à récurer Vim est veille comme le monde. Ca ne m’étonnerait pas que les femmes des cavernes qui n'aimaient pas l'odeur de Sidol l’aient déjà utilisé pour tenter d’enlever les crasses que leurs hommes faisaient dans les grottes de Lascaux et d’ailleurs.
Et elle est toujours là. Sur les étagères de nos grands magasins et sous les éviers de nos cuisines.
Par contre, le coup des trous, nous on l’a bien remarqué.
Avant, il y avait de petits trous… donc, la poudre sortait doucement, calmement de la boite. Il arrivait même qu’il faille insister un peu. Cela ne dérangeait personne, sauf les affaires des producteurs.
Et puis un jour, la taille des trous a explosé. Donc la poudre sortait facilement. Très facilement. Trop facilement.
Si certains s’y sont laissé prendre, ce n’est pas le cas de ma mère. A malin, malin et demi. Au lieu d’enlever l’ensemble de l’adhésif qui recouvrait les trous au moment de l’achat, soigneusement, avec un petit couteau, elle le tranchait au milieu… et n’avait donc que la moitié des trous.
Et tant pis pour monsieur et madame Vim ! Ma mère veillait, ils ne feraient pas fortune sur son dos.

samedi 16 février 2008

Quinconce

Les Betterfood sur la tartinière étaient disposés en quinconce, de même que les Legos dans nos constructions.

Et pourtant je ne me souviens pas avoir entendu ce mot dans d’autres bouches que les nôtres. Pas non plus de l’avoir lu (ou si rarement que je l’aurais oublié).
Les institutrices, nous prenant sans doute pour des idiots ou des illettrés – à moins que le français ne leur fasse défaut – ont toujours insisté pour nous corriger, et voulaient absolument que nos Betterfood et Legos soient pour elles disposés en zigzag ou à califourchon.
Et zut ! En quinconce je vous dis !

vendredi 15 février 2008

Uhu

Pour les anciens, il y avait la colle arabique. Pour les petits, la colle blanche - dans de petits pots, à manipuler avec une sorte de cuillère -. Pour les grands, la colle UHU.

Passer de l’une à l’autre était une véritable promotion.
Oubliez la première, elle coulait, elle était franchement ringarde.
La seconde ne collait que le papier, la dernière collait tout ! La seconde s’enlevait facilement des vêtements, la dernière était une catastrophe pour nos mères ! La seconde séchait minablement sur le banc, la dernière séchait lentement en de subtils montages qui ne perdaient que très progressivement leur souplesse !
Quant à l’accusation de servir de drogue à des élèves frustrés de paradis artificiels plus puissants, peut-être. Ce qui est sûr c’est que j’en ai vu aussi adeptes de la colle blanche. La petite cuillère ne servait plus à l’appliquer. Tout juste à la manger. Par pots entiers !

jeudi 14 février 2008

Spa citron

Evidemment qu’on connaissait le Coca - ce n'était pas la préhistoire -. Mais la boisson rafraichissante, c’était le Spa citron !

Le Coca, c’était une sorte de médicament. A boire en petites quantités, sinon on ne dormait pas. Ou bien alors comme remède contre le mal de la voiture.
Le Spa citron, c’était autre chose. On pouvait en boire tout un verre. Voire même, dans les grandes occasions, espérer qu’il y en ait plus encore. D’ailleurs, Spa, ce n’était pas très loin. On passe le circuit, le village de Francorchamp, la Fagne de Malchamp et on y est. L’eau de Spa - et le Spa citron par conséquent – étaient pratiquement des productions locales. Donc garanties bonnes !
Sans oublier le petit bonhomme de l’étiquette, qui semblait jouer à saute mouton sur une fontaine.

mercredi 13 février 2008

Simca

Il en va des marques comme des humains. Certaines laissent des traces, d’autres sont si vite oubliées.

Simca était pourtant connue. Répandue. Réputée même à une époque. La Simca 1000, la Simca Bagheera. Des images qui restent pour ceux qui les ont connues. La voiture familiale, celle du dimanche. Mais aussi celle un peu sportive du jeune qui rue dans les brancards. Pas trop jeune tout de même, parce qu’à cette époque, ils n’avaient pas d’argent pour s’acheter une voiture. Même pour nos parents, c’était un achat difficile.
Vouée à l’oubli par la dissolution dans d’autres marques. Matra Simca, Simca Chrysler… puis plus de Simca du tout.

mardi 12 février 2008

Saint Michel

Parmis les cigarettes belges, j’avais un regard particulier pour les Saint-Michel vertes.

Et s’il y avait des vertes, il devait bien y en avoir d’autres couleurs ? Des rouges je crois.
Pas Bruxellois pour un sou, j’aimais le blason. Saint-Michel terrrassant le dragon. Tout de noir. Et puis le vert. Vif. Puissant. Le seul de l’étalage de cigarettes. Couleur normalement réservée, mais dans des tonalités plus dignes et plus anglaises, à certains cigares.
Et pour les avoir manipulés, alors que gamin j’aidais à l’épicerie, je ne peux oublier ni la souplesse du paquet - ceux d’alors n’étaient pas encore les boites de cartons inaugurées par les marques américaines - ni l’arôme du tabac qui s’en échappait. Je l'associais à l'odeur d'un grenier en été, ou à celle de feuilles mortes une chaude soirée d'automne.