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lundi 15 septembre 2008

Remouleur

A peu près en face de la maison, le rémouleur s’était arrêté et aiguisait quelques lames.

Encore une de ces images anciennes. Si anciennes qu’il est impossible de les dater, même approximativement.
Il s’était arrêté de l’autre côté de la rue et du carrefour de la rue Lebière. Sur son drôle de vélo qui, à l’arrêt, devait un établi, équipé d’une meule qu’actionnaient les pédales. Je crois du moins. C’est ce que – de loin – je croyais voir. Je ne me suis pas avancé : il faut dire que les métiers ambulants n’avaient pas meilleure presse à l’époque qu’aujourd’hui. Les romanichels vendent des paniers, réparent les casseroles et sont rémouleurs… ça, c’est pour la partie officielle… Pour le reste, nous ne doutions pas qu’ils enlevaient les enfants – ce qu’ils en faisaient nous préoccupait peu ou ajoutait, par le mystère, la crédibilité que trop de détails auraient pu gâcher ! -.

jeudi 11 septembre 2008

Chou rouge

Qui mange encore du chou rouge ?

J’aime le chou vert et la choucroute. Un peu moins le chou fleur. Je ne raffole pas des brocolis. Le chou blanc en salade ou en potée n’est pas mauvais du tout. Ne me parlez pas des choux de Bruxelles, je les déteste. Mais je me méfie du chou rouge !
Ce n’est qu’un chou pourtant. Malgré cette couleur qui en ferait douter. Et si aujourd’hui on se contente de quelques feuilles tranchées fines pour colorer un plat, nous avions à subir le chou rouge comme légume. L’odeur ? Indéfinissable. Tout autant que le goût. Mais en tout cas : pas bon ! Acide si je me souviens bien. Malgré les morceaux de pommes que certaines cuisinières y mettaient.
Bizarre non cette aversion ? Mais elle doit être partagée : sinon, pourquoi le chou rouge a-t-il pratiquement disparu des étals de nos magasins ?

mercredi 20 août 2008

Radio pirate

Radio pirate, radio libre, tout cela avait un furieux parfum de révolte, de conspiration et de clandestinité. Il n’aurait fallu que le brouillage pour se croire à nouveau en guerre.

De radios, il n’y en avait que d’officielles : la RTB (pas encore F), RTL… On allait en chercher plus loin d’abord dans les ondes longues, puis dans les ondes moyennes et enfin, pour les courageux, dans les ondes courtes. Mais ça ressemblait toujours au menu de la cantine : la viande ou le poisson, des patates ou des frites – et si on a de la chance aussi le choix des tagliatelles -, et une ou bien deux cuillères de légumes.
On a entendu parler alors des radios pirates. Eh oui, pirates, comme Barbe noire. D’autant plus pirates qu’ils émettaient à partir de bateaux installés dans les eaux internationales. Très romantique. Amusant à raconter. Mais bon, ce n’est pas ce qu’on écoutait. Ca ne nous intéressait pas vraiment.
Puis sont apparues subitement les radios libres. Libres et clandestines. Quelques heures par jour, elles émettaient à partir d’un kot de Bruxelles ou de Louvain-la-Neuve. De plus en plus. De mieux en mieux. Quelque chose était en train de bouger. Et, franchement, la qualité n’était pas mauvaise du tout. Si certains savaient… la plupart ignoraient d’où se faisaient les émissions.
Ce fut donc le branle bas de combat – tous à vos postes, la marine du roi en vue ! – qui fut crié sur les ondes de radio Louvain-la-Neuve un jour, à la fin des années 70. Les véhicules de détection… et la police qui suivait… étaient dans le quartier de la tour. Quelques minutes plus tard… et quelques centaines d’étudiants en plus… et l’autorité renonçait. La radio pirate pouvait enfin avoir pignon sur rue…
On sait ce qu’elles sont devenues aujourd’hui. La publicité a fait son chemin… Les grands groupes on fabriqué leurs réseaux de radios dites libres… et l’esprit de la révolution des ondes s’en est allé. Alors, on réécoute la RTB (devenue F depuis), et on se console en allant sur le net !

mardi 5 août 2008

Cartes magiques en relief

Vous les aurez sans doute déjà vues, ces cartes magiques, en relief ou animées. Aujourd’hui, elles semblent kitsch. Alors, elles avaient un véritable air de modernité.

Pour le relief, nous n’avions pas vraiment le choix.
La stéréoscopie, presque aussi vieille que la photographie, restait bien vivante, grâce au Viewmaster et à Walt Disney… Mais elle exigeait de s’appliquer sur les yeux le dispositif adéquat.
L’hologramme n’était pas encore inventé. Et il faudrait longtemps encore pour qu’il se généralise, puis se banalise.
Nous restait donc la carte magique. Soit qu’elle tente de donner l’illusion du mouvement (en la tournant, l’animal ou le personnage changeait de position) ou du relief (les différentes vues présentaient le même objet sous différents angles). Les sujets étaient les plus stupides : une fille qui clignait de l’œil… une plage dont les palmiers se balançaient… une perruche sur son perchoir… Rien d’étonnant à ce qu’ils le soient devenus plus encore : la vierge Marie dans la grotte de Lourdes et autres sujets religieux semblent avoir aujourd’hui pris l’exclusivité sur cette technique !

vendredi 25 juillet 2008

Rasprutcher

Il m’a tout rasprutché !

Juste pour le plaisir du mot en bouche. Rasprutcher, c’est arroser, éclabousser… avec un pistolet à eau par exemple. Ou mieux, au tuyau d'arrosage.
Vous ne l'avez jamais fait peut-être ?

dimanche 29 juin 2008

Richard

Richard, c’était Richard ! Le fou. Promenant sa longue silhouette et sa tête de rouquin dans les rues de la ville. Faisant rire tout le monde. Et moqué par tous.

Pitoyable. Ridicule et inhumaine. Même bien habillé et nourri comme devait l’être Richard, la vie d’un malade mental dans une petite ville pouvait être terrible !
Pour moi, gamin, il était là depuis toujours. Que ce soit en haut ou en bas de la ville, je le croisais souvent. Et sa démarche, caractéristique, le faisait un peu ressembler au Monsieur Hulot de Jacques Tati. Comme s’il tombait en permanence vers l’avant. Et ne marchait que pour ne pas chuter.
Portant un long manteau. Je vois un loden. Mais ce ne devait pas être le cas. Trop beau. Trop chaud. Mais pourquoi pas ? Laissons-lui donc ce loden que je lui imagine.
Au carnaval, il couronnait sa tête d’un chapeau ridicule. Tyrolien peut-être. Jouait d’une flute ou d’une trompette en plastique, ou bien du mirliton, dans l’une ou l’autre fanfare. Le public riait. Le plaisantait.
Richard était sans âge. La moitié du cerveau d’un enfant de dix ans dans un corps presque vieux. Mais il marchait, marchait.
Puis je l’ai vu quelques fois en colère. Pris d’une rage folle. Marcher plus vite encore. Tenté de frapper le premier enfant à sa portée.
J’ai entendu dire que certains – et certaines – s’étaient mis à le plaisanter de plus en plus grassement, de plus en plus crûment. Le commissaire de police était même passé dans les classes pour expliquer aux enfants qu’ils ne devaient pas suivre l’exemple des adultes.
Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Si sa fin aura été meilleure ou pire que le reste de sa vie. Mais, je ne peux m’empêcher quand j’entends Reggiani changer « Priez pour le pauvre Gaspard » - sur un texte de Verlaine – de penser à Richard.

dimanche 22 juin 2008

Karine et Rebecca

J’ai toujours détesté Karine et Rebecca !

Karine et Rebecca chantaient - entre autres, mais je ne me souviens que de celle là – « Moi je dors avec nounours dans mes bras ». Voix fluette de gamines, de bébé presque. Un des hits des disques demandés du dimanche – ou bien était-ce le samedi – matin. La récompense pour les enfants vraiment sages – ceux qui restaient stupidement à la maison ou jouaient gentiment dans la cour plutôt que de courir les bois et les champs - ? Le droit d’entendre une fois de plus la sirupeuse mélodie avant d’aller se coucher. Nul ! Tellement énervant que plus de quarante ans après mes tripes se nouent à cette pensée.
Et difficile à décrire aussi. Mais essayons les comparaisons.
Karine et Rebecca c’était comme « J’aime la vie » pendant les deux années qui ont suivi la victoire de Sandra Kim au concours Eurovision de la chanson. La tarte à la crème.
Ou bien, comme Folon depuis son retour en Belgique (pardon, en « Valonnie » comme il disait) et plus encore depuis sa mort.
Comme les appels des agents de télémarketing qui voudraient vraiment vous vendre – ou plutôt, offrir à des conditions exceptionnelles - un salon en cuir dont vous n’avez ni besoin, ni envie. Ou ceux des vautours de télé 2 au sujet de votre abonnement téléphone qu'ils peuvent vous remplacer à des conditions particulièrement avantageuses.
Comme la visite hebdomadaire des témoins de Jéhovah si vous avez eu le malheur, une seule fois, de leur ouvrir votre porte.
Karine et Rebecca, c’était tout ça à la fois !

lundi 16 juin 2008

Elisabeth (Reine)

La mémoire me joue des tours. J’étais persuadé que la reine Elisabeth était morte en 66 ou 67.

Sûr et certain que j’étais alors en troisième primaire, dans la classe de monsieur Vaneste. En haut de l’escalier à gauche, avec la vue sur la cour de récréation. Eh bien non. C’était le 23 novembre 1965. Dans une autre école, celle du quartier des grands prés. Et avec un autre instituteur, monsieur Bragard.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’on a découpé une photo, qu’on l’a collée dans notre cahier – un de ces grands cahiers quadrillés je crois, à couverture souple, vert d’eau ; recouvert de papier bleu -. Qu’on a tracé des lignes, sur la photo, comme pour figurer un mortuaire. Que ce devait être au cours de religion. La photo ? Celle de la veille sur son lit de mort. Macabre ? On ne le ferait plus aujourd’hui ? Eh bien, à l’époque, ça se faisait. Et ça ne gênait personne.
Allez-donc me dire pourquoi c’est juste ce souvenir là qui me revient ? Celui d’une reine que nous ne connaissions pas, sauf par les dessins de nos livres d’histoire, tout pleins encore de l’exaltation de la figure du roi Albert - 1er évidemment ! -. Sans doute parce que, en ces cinquante années qui viennent de passer – en coup de vent – c’est bien la seule reine qui soit morte. Des rois ? Il y en a eu deux (Baudouin et Léopold). Des papes ? J’en ai vu une flopée : j’ai juste raté Pie XII d’une semaine ! Et puis Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul I et II. C’est dire si les morts de papes, ça me connaît !
Mais, pour en revenir à Elisabeth, ce qui me réjouit, c’est qu’on a oublié sa guerre ! Alors qu’elle nous était présentée comme la seule guerrière vivante – mortes les Gabrielle Petit, Edith Cavell et autres Mata Hari ; ignorées de tous les résistantes, vivantes, de la seconde guerre mondiale -. Et qu’on ne retient plus d’elle que son amour de la musique. Bel héritage finalement… vous ne trouvez pas ?

mardi 3 juin 2008

Remise des prix

La remise des prix, une vraie torture pour l’élève moyen !

Suant de suffisance, le bon élève s’avance. La tête haute et le torse bombé. En plus des trois livres qui nous revenaient à chacun – l’école communale avait alors à cœur de promouvoir la lecture dans les familles – il en ramassait plein d’autres, et des gros, lui faisant un bagage presque aussi gros que notre cartable de tous les jours. Puis venait le défilé des anonymes, des moyens mêlés aux médiocres. Pas de pitié pour aucun. Ne pas être le premier, le second, à la limite ne troisième, était un crime ; devait être sanctionné. Le médiocre quatrième et le bon dernier subissaient le même sort : 3 livres et un regard distrait d’un directeur déjà fatigué d’une distribution qui s’éternise. Même le dernier pouvait se sentir plus heureux. Passant le dernier, au moins, il était un peu remarqué. Tout le monde savait qui il était.
Plus terrible encore quand cette fameuse remise des prix se faisait dans la grande salle de l’école, et qu’au lieu de la modeste et familière estrade, c’est la scène qu’il fallait escalader pour exhiber toute sa médiocrité.
La consolation venait au retour à la maison lorsque ma mère ramassait tous les livres de la famille. Elle en écartait parfois – rarement – l’un ou l’autre, qui avait l’heur de nous plaire, et qui tranchait par rapport à la confondante bêtise et manque d’imagination de l’ensemble (A nous six, nous avons sûrement ramené au moins 4 ou 5 « Capitaine courageux » et au moins autant de l’un ou l’autre de ceux que nos maîtres jugeaient indispensables à toute bonne bibliothèque). Mais l’essentiel disparaissait le jour même, et reprenait le chemin de la librairie qui nous les échangeait contre des ouvrages un peu plus conformes à nos vœux ! La vraie remise des prix, c’est bien ma mère qui la faisait.

dimanche 4 mai 2008

Renault 4

Une Renault 4 surmontée d’une grande antenne ? C’est sûrement la BSR !

Jeune et sympathique, la Renault 4.
Est-ce par volonté de camouflage que la BSR (Brigade spéciale de recherche) l’avait aussi choisie ? Probablement. Mais avec tout le génie que nos pandores pouvaient alors mettre dans cette opération.
Une antenne CB de deux mètres sur le toit… Deux agents – comme les Dupondts de Tintin ou des frères siamois -, inévitablement moustachus et affublés d’un imperméable gris, c’est bien là qu’on voyait que notre Etat policier avait quelques failles. Ils ne paraissaient ni efficaces, ni méchants !

mardi 8 avril 2008

Réveil

Tic, tic, tic, font les réveils d’aujourd’hui !
Tic, tac, tic, tac, faisaient ceux d’autrefois !

De plus, il fallait les remonter. Régulièrement. Tous les jours pour les plus faibles. Tous les jours pour les autres aussi. Juste une question d’habitude. Juste pour ne pas oublier.
Et puis ce tic, tac, tic, tac… Ferme, puissant… Alors qu’aujourd’hui le stupide et léger tic, tic des réveils digitaux empêchent certains de dormir, nous n’étions dérangés ni par le tic, ni par le tac de ces monstres mécaniques. Ils nous berçaient plutôt.
Et puis la sonnerie. Intégrée pour les plus doux… surmontant l’appareil pour les plus agressifs. L’appel à quitter les limbes était impératif, magistral, tempétueux… Pas question de se réfugier sous son oreiller ou de feindre l’ignorance.
Le réveil imposait son cocorico de métal, se déchainait sur la table de nuit. Il fallait tendre le bras dans le froid de la chambre. Faire taire l’importun chambard.
Mais, l’homme s’habitue à tout. Et il en était que même ces monstres d’acier hurlant n’arrivaient pas à réveiller. Ne restaient alors que trois options.
Le modèle géant. Pas sûr. Tout juste une sorte de gadget décoratif.
Deux réveils… dont un hors de portée du bras du dormeur… Pas mal du tout. Mais très dérangeant pour les occupants de chambres voisines qui devaient supporter l’intégralité du chant du premier.
Ou enfin, poser le réveil sur une assiette remplie de pièces de monnaie. Qui ajoutaient leur cacophonie à l’original horloger. Imparable autant que délicat !

samedi 5 avril 2008

Oeuf à repriser

Un œuf dans une chaussette. Des doigts de vieille. Une chaussette reprisée. Comme tant d’autres avant elle.

Pour repriser une chaussette. Stop. Repriser signifie réparer un tissus, un tricot. Donc, pour repriser une chaussette ma grand-mère (ouf, un terme qu’il ne faut pas encore expliquer !) utilisait son poing ou un œuf à repriser.
Plutôt son poing, je dois le dire. Bien plus facile à retrouver et à ranger que l’œuf en question. Mais bon, il existait donc un outil qui ne servait qu’à réparer – faut-il expliquer ce mot ? – les chaussettes.

mardi 25 mars 2008

Disques racontés

Le Petit Prince, raconté aux enfants par Gérard Philippe dans les années 50 est maintenant réédité en CD.

Alors que la télévision avait bien peu de place dans nos vies et que la radio ne s’intéressait pas aux enfants, les disques racontés étaient dans toutes les maisons… en tout cas, chez toutes les familles nombreuses.
Le Petit Prince, évidemment. J’aimais bien. Mais pas trop souvent. Et surtout, le Livre de la jungle, sur deux 33 tours, qui reprenaient 3 épisodes de l’histoire de Mowgli mais aussi – sur une face B - celle de Rikki-tikki-tavi, la mangouste.
A force de les écouter et de réécouter, on les connaissait par cœur… Et aujourd’hui encore, il m’arrive régulièrement d’entendre résonner dans ma tête tel bout de musique, telle réplique.
Quand j’ai faim ? Je pense toujours aux Bandarlogs (à cause de Mowgli qui y crie : « J’ai faim !). J’ai toujours été incapable de me souvenir de la moindre poésie pour l’école, mais je me souviens encore de répliques complètes de Darzee, l’oiseau tailleur…
Après sont venues les vies de musicien : Chopin, Bach je crois. Plus savant. Moins palpitant. J’y ai bien pris un certain gout de la musique classique… Mais franchement, Le livre de la Jungle, c’était autrement palpitant !

jeudi 13 mars 2008

Ruban de machine à écrire

Une pression sur un curseur, et la machine passait du noir au rouge, par la magie du ruban bicolore.

Le temps des machines à écrire classiques est bien loin maintenant.
Dès avant la généralisation de l’ordinateur, dans les années 70, elles avaient d’ailleurs déjà été submergées par l’arrivée des machines IBM à boules.
Faut-il donc en rappeler le principe. Le papier est maintenu sur un chariot qui se déplace de droite à gauche, au rythme de la frappe. Chaque touche du clavier commande une tige qui vient frapper le ruban. Qui lui-même imprime le papier.
Et ce ruban de tissus était donc, d’habitude, rouge et noir.
Quand on le mettait en place, ou quand on le rebobinait, on s’en mettait évidemment plein les doigts. Mais cela faisait partie des charmes de la dactylographie ! Pour corriger ? Il suffisait de tout reprendre à zéro… Et pour les exemplaires multiples ? Le papier carbone…

lundi 11 février 2008

RTT

Quand je serai grand, je travaillerai à la RTT, comme mon père ! Et toi ? A la poste, comme ma mère !

La RTT, c’était la Régie des télégraphes et des téléphones, du temps où il y avait encore le télégraphe… et où c’était encore une régie. Devenue depuis Belgacom.
Le type même de boulot qui engageait pour la vie… Que l’on pouvait même croire héréditaire. A une époque où ce genre d’idées pouvait encore avoir cours. Papa travaille chez machin… le gamin travaillera chez machin aussi !
Pas vraiment comme aujourd’hui où seuls les chomeurs voient parfois leurs enfants leur succéder dans la fonction ! On pourrait évidemment leur souhaiter mieux !

mercredi 2 janvier 2008

Regle a calculer

Le soir, sur la table du salon, mon père travaillait encore. La règle à calculer était sa meilleure assistante.

J’ai appris à l’école secondaire comment elle fonctionnait. Même appris rapidement à vaguement l’utiliser avant d'aussi rapidement l'oublier. Mais toujours, elle a gardé pour moi un aspect tout à fait magique.
Il y avait bien, au magasin en face, une machine à calculer mécanique qui a grand renforts de coups de manivelle, et à grand bruit, faisait les opérations nécessaires à la gestion de la boutique.
Il y aurait, bien plus tard, les premières machines à calculer électroniques.
Mais cet engin ci était silencieux. N’avait besoin d’aucune source d’énergie, sauf celle de mon père qui la manipulait. Et se glissait dans la poche de son veston ou dans sa serviette. Il en avait même il me semble une de format réduit.
Sans compter ces pages entières d’idéogrammes qu’il produisait. Qu'il a toujours prétendu avoir composé de nos bons chiffres arabes et d’orthographe française. N’ayant jamais rien pu en déchiffrer, je suis sûr qu’il avait le génie ainsi que le goût du secret d’un Léonard de Vinci.

mardi 1 janvier 2008

Queue de renard

Une Opel Manta avec une queue de renard attachée à l’antenne radio.

A Malmédy, la queue de renard était déjà le symbole de l’arlequin, qui en caressait la tête des spectateurs du carnaval.
Mais ce fut aussi un accessoire de décoration automobile. Assez stupide d’ailleurs. Qui donc a eu le premier l’idée de tuer un renard. De lui couper la queue. Et d’attacher celle-ci à l’antenne d’une auto-radio ? Et si l’idée était stupide, le résultat, lui, était affligeant.
La queue de renard est à peu de choses près aussi décorative que la balle de tennis sur l’attache remorque !

mardi 11 décembre 2007

Rhum

Pour moi, le rhum, c’était d’abord une femme. L'antillaise de la bouteille de Negrita. C’est celui que j’ai vu sur les rayons de l'épicerie d'en face, rarement dans la cuisine de ma mère, plus souvent dans celle de l’hôtel de mon oncle par la suite.
Peu friand de pâtisseries, je ne me rappelle pas quand j’en en perçu enfin le goût.

Mais je préférerai donc sans doute encore longtemps le rhum brun au rhum blanc, et le fort parfum du Negrita à la fadeur industrielle du Bacardi. Le Negrita sent la canne à sucre et les îles, la sueur aussi... Le Bacardi sent juste l’alcool et la boite de nuit…

samedi 1 décembre 2007

Rasoir

Le rasoir d'alors laissait les joues rèches.

Le rasoir était un petit bijou de mécanique. Dévissez le manche et il s'ouvrait en papillon. La lame - une Gilette sans doute, mais à l'époque, on ne s'intéressait pas aux marques, on les utilisait, les nommait seulement - se logeait au centre et l'on refermait les ailes du papillon en tournant le manche dans l'autre sens.
Simple lame évidemment. Un tranchant de chaque côté. Modèle universel. Pas question de manche Gilette G2 qui n'accepte pas les têtes de Mach 3 ou de Wilkinson, encore moins de G5 ou de Turbo machin. Tout était alors compatible. Le fabriquant de lame de rasoirs pouvait avoir la même fierté que le fabriquant de vis de 8mm par 35, et inversément. Pas question de plastique non plus. Tout était recyclable, même s'il n'était pas recyclé.
"Les enfants... ne pas toucher!", nous le savions. C'est que les lames de rasoir, ça coupait... et pas de bidule plastique pour les tenir.
Mais je touchais quand même. Prudemment. Pas fou. Pour le poids du métal, lourd dans la main - comme pourrait l'être un pistolet ou un marteau, une charrue peut-être -. Pour le fini du métal, granuleux, presqu'à l'image d'une barbe d'un jour, rèche. Mais de cette rudesse qui attire: comme le baiser de mon père mal rasé. Pour la température enfin, si chargé de froid alors que les salles de bain n'étaient chauffées qu'à l'heure d'y entrer.

lundi 5 novembre 2007

Vol en rase mottes

Les avions de chasse volent en rase motte et terrorisent la population.

Peut-être dans mon souvenir volent-ils bien plus bas qu'ils ne le faisaient en réalité. Mais je sens encore le hurlement de leurs réacteur déchirer mes tympans. Et je me sens me réfugier dans le giron de ma mère.
Plonger dans la vallée et froler les toits devaient être bien tentant juste avant d'aller tirer sa charge de missiles au camp d'Elsenborn. Se croyaient-ils vraiment en guerre ou méprisaient-ils totalement la population?