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samedi 27 septembre 2008

Droguiste

Avec le quincailler, le droguiste fait partie des espèces en voie de disparition !

Les visites chez le droguiste étaient toujours mémorables.
Pour les produits courants, il suffisait de traverser la rue, vers l’épicerie du quartier : du savon à lessive, du savon vert, des teintures pour les œufs de Pâques. L’indispensable et le commun s’y trouvaient.
Mais sortait-on de ces produits habituels, la visite chez le droguiste était indispensable.
Une bouteille de white spirit ? Chez le droguiste. De la térébenthine ou un quelconque produit pour décaper les meubles ? Chez le droguiste aussi, rien d’étonnant.
Et puis, il y avait tout le reste. Qui faisait de la droguerie une sorte d’échoppe d’alchimiste.
Par exemple le bleu pour blanchir le linge ! Un produit qu’utilisaient nos mères et qui par je ne sais quelle sorcellerie, dont seules les femmes auront jamais le secret, faisait paraître le linge plus blanc. Je vois encore la boite : cubique, ça s’appelait le lion bleu je crois. En tout cas, il y avait un lion sur la boite, couché, majestueux.
Ou bien les capsules de teinture. Quand un vêtement avait cessé de plaire, ou que ses couleurs étaient passées. Souvenir bien plus récent sans doute, car elles étaient faites d’aluminium. Un peu à l’image des rations de lait que les restaurateurs servent avec le café. Je me souviens d’une dose d’orange - éclatant comme celui des clavaires ou de certains lys – mais nullement de ce qu’on en avait fait.
Et aussi l’imperméabilisant, à une époque de tissus bien moins perfectionnés qu’aujourd’hui. De temps en temps, il fallait traiter l’une ou l’autre veste, certains équipements de camping aussi. Et ne croyez pas qu’il s’appliquait à la bombe. C’était une poudre, à diluer dans l’eau. Et pour imperméabiliser, il fallait donc tremper. Là aussi, l’emballage nous était connu : une boite de carton portant le dessin d’un canard, le parapluie sous le bras. Je n’ai jamais cru utile d’en retenir le nom… l’illustration suffisait à le reconnaître et aucun droguiste ne se serait risqué à nous en fournir un autre.

samedi 6 septembre 2008

Chemin de derriere les maisons

Au bout des jardins il y avait le chemin de derrière les maisons !

Mitoyennes deux à deux, les maisons déroulaient derrière elles un long jardin, le plus souvent potager. Au bout on arrivait sur le chemin de derrière les maisons. Pour entrer parfois, juste en face, dans le jardin du voisin de derrière que l’on aurait pu traverser pour se retrouver sur la rue de l’autre côté du bloc. Il se dessinait ainsi des chemins de traverse : pour les familiers, à travers les jardins ; pour les autres entre les rangées de maisons, bien loin du trafic de la rue. Mais jamais d’un jardin à l’autre : chacun tenait à sa clôture et n’accueillait le visiteur que par l’avant ou l’arrière !
L’un ou l’autre avait bien une voiture, et un garage. Et le passage était bien carrossable. Mais si peu fréquenté – il y avait d’ailleurs bien peu de voitures – et les automobilistes s’y engageaient comme en s’excusant, sorte d’intrus dans un espace habituellement réservé aux jeux et aux piétons.
Passer par derrière les maisons, c’était comme les surprendre dans leur intimité : le linge qui sèche, les parterres et le potager plus ou moins bien entretenus, les objets qui trainent éventuellement ça ou là. Surprendre aussi par les fenêtres le mouvement des habitants : on vivait à l’arrière, laissant la pièce du devant – de toute façon masquée par des voiles - pour les grands jours.
Le chemin de derrière les maisons était enfin la porte vers l’aventure : ici, un terrain vague entre deux maisons et une grande prairie ou s’exhibait parfois un cirque ; là, le monde magique du talus de chemin de fer ; à un autre endroit encore, des prairies. Choisir l’un ou l’autre déciderait de nos jeux de la journée.

lundi 1 septembre 2008

Dimanche sans voitures

Vous vous rappelez les dimanches sans voitures ? Les vrais ! Ceux de la crise pétrolière.

Ces jours ci, on joue au dimanche sans voitures ! Pas en ville. Et encore, seulement dans quelques unes d’entre elles. Mais rien n’empêche non plus de faire 200 kilomètres pour s’y rendre. Et puis, juste une fois. Comme ça. Pour s’amuser dirait-on. Pour faire comme si !
J’ai adoré, et beaucoup avec moi, ces dimanches d’exception du choc pétrolier de 1973. Le calme rendu aux rues. Les cyclistes et les skieurs sur les autoroutes. Les patins à roulettes – non pas encore de rollerblades – et les trottinettes qui ressortent des placards.
Un jour par semaine nous nous amusions de ne pas consommer !

mercredi 13 août 2008

Soirées diapositives

Si votre beau frère – celui là qui rit si bêtement et dont vous ne comprendrez jamais comment il a fait pour épouser votre sœur - insiste pour vous montrer ses vidéos de vacances, dites-vous que l’époque a changé, et que vous n’avez échappé - de dix années au moins - aux soirées diapositives que pour tomber dans pire encore !

Les soirées diapositives, c’était comme les maladies d’enfance. Pénible, douloureux parfois, mais il suffisait d’attendre que ça passe.

La forme la plus courante : les diapos de vacances.
Ca, c’est notre départ. La famille devant la voiture. Avec tout le chargement. Ca, c’est le premier parking où on s’est arrêtés. Martine était malade. Elle ne supporte pas la voiture. Trois images, et trois parkings plus loin, c’était enfin l’entrée du camping. Et l’impression qu’on allait devoir revivre – image par image et en temps réel – l’ensemble des vacances stupides et banales au camping de Blankenberge de la famille Dupneu. En plus, pas question de pause publicitaire, pour chercher asile à la toilette – non, les toilettes, c’est pour les Français -. Faites mine d’avoir un besoin pressant et le projectionniste compatissant patientera le temps qu’il faut pour que vous ne ratiez pas une image de l’expédition. Et encore, s’il y avait des chips en quantité. Que nos papilles et notre tube digestif puissent au moins nous communiquer des signaux, des informations positifs au lieu de ces platitudes, de ces alignements de lieux communs et ces visions de paysages et personnages sans charmes qui défilent à l’écran.

Déjà, on pense stratégie. Vaudra-t-il mieux y aller aussi l’an prochain – pour pouvoir dire qu’on connaît - ? Ou bien proclamer son amour exclusif de la montagne, son allergie à la mer – même sur pellicule, qui, sait-on, pourrait aussi être porteuse d’un excès d’iode - ? La cause, il fallait se l’avouer, était toujours désespérée. Mieux valait rêver à des issues plus réalistes : le divorce – et couper tous les ponts évidemment avec le beau-frère -, le veuvage – apparemment élégant et définitif, mais ma sœur pourrait se remarier avec pire ! -, le vol du matériel – mais le beau frère est bien assuré -,… Et enfin, à rechercher une issue, notre esprit était libre. Les diapositives pouvaient continuer de défiler. Il nous suffisait de dodeliner de la tête. D’émettre quelque grognement au gré de pensées qui n’avaient rien à voir avec les images. Le plus grave était passé.

Plus raffiné : le montage audio-visuel.
Et c’est bien de raffinement qui s’agit ici. De celui qui permet que l’épreuve en devienne presque un plaisir - rarement -. De belles images, de manière rythmée, sur une musique appropriée. Et pas trop longtemps. Ajoutez-y un commentaire intelligent. Et vous sortiez d’un tel montage avec l’impression d’avoir reçu, sinon appris, quelque chose. Apaisé, détendu.

Mais ne vous faites aucune illusion. Ces expériences étaient aussi rares que précieuses. Car le raffinement pouvait être celui de la torture. Vous assommant de musiques toujours les mêmes (Popcorn et Oxygène neuf fois sur dix). Multipliant les images banales, ratées et répétitives; et montrant en cinquante photos ce que deux vous avaient déjà fait comprendre: il n'y avait rien à comprendre ni à espérer ! Vous vous agitiez sur votre chaise. Cherchant un peu de ce confort qui ne venait pas de la projection. Soupiriez. Tentiez d’étendre vos jambes. Ressentiez l’étouffement déjà – cette salle manque d’air, il y fait trop chaud – ou l’engourdissement par le froid. Comme une chape de béton qui descendait sur le public.
Votre seul espoir : que le projecteur tombe. Que l’ampoule éclate. Une panne de courant. Un incendie s’il vous plait. Non, surtout pas. Seigneur, que votre volonté soit faite. Laisser ces moments de douleur s’achever. Que leur auteur ne se doute de rien et n’ait aucun prétexte – surtout – à prononcer la sentence fatidique : "Puisque tout le monde semble avoir apprécié, il nous reste le temps de repasser le montage une fois encore !"

mercredi 6 août 2008

Derniere guerre

Ils nous parlaient d’une autre époque. Ils disaient que c’était juste avant, pendant, ou juste après la dernière guerre !

Ils parlaient tous de la dernière guerre ! Mais de laquelle ? De celles d’Irak ou d’Afghanistan ? De laquelle de toutes les guerres israélo-arabes ? Ou bien des guerres de libération ? Et que faisaient-ils encore de celles de Corée, du Vietnam, du Cambodge ? De toutes celles qui ont fait éclater la Yougoslavie ? Pour eux, sans aucun doute : la dernière guerre, c’était celle de 40-45.
Mais ils avaient de qui tenir. La génération qui les précédait n’en avait, dans ses bouches depuis longtemps édentées, que pour la « der des der ». Celle de 14-18, la grande guerre comme ils disaient aussi, devait arrêter le cycle de la violence. Tant de boucherie aurait suffi enfin à combler tous les appétits de sang et de chair à canon. On sait ce qu’il en est advenu.
Pensée magique ? Certains ont repris le flambeau de la myopie. Cherchez sur internet : « dernière intifada », « dernière guerre du golfe »… et vous en trouverez qui n’ont pas appris vraiment. Qui croient peut-être arrêter les chars et les bombardiers avec les seules lettres d’un adjectif. Eponger les rivières de sang avec les pages des dictionnaires.
Je crains qu’ils oublient un peu vite que dernier ne se conjugue vraiment bien qu'avec cigarette et verre... et pour autant encore qu'il s'agisse de ceux d’un condamné !

vendredi 11 juillet 2008

Dos

Le curé tournait le dos au public. Distant. Presque méprisant pour l’assemblée. Le rite le voulait !

A la messe, il y avait d’abord le latin. Ne me demandez pas comment – moi qui n’arrive pas à retenir un numéro de téléphone -, mais j’ai encore dans la tête des phrases complètes que j’ai entendues alors… Du temps de la messe en latin. Il y a donc très, très longtemps. Sans doute avec bien des fautes. Celles que fait un gamin qui entend quelque chose à laquelle il ne comprend rien. Mais des relents phrases entières, avec l’intonation qui les accompagne. J’aimais en particulier la musicalité du « est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti, omnis honor et gloria… »
La soutane ? Ce n’était pas différent. Pour les acolytes et autres adjoints sans doute. On les voit le plus souvent en civil maintenant, ce qui n’était pas le cas.
Le sexe des assistants ? Evidemment, à l’époque, les femmes étaient juste bonnes à prier et à nettoyer. Quant à servir la communion ou assister le prêtre dans la cérémonie, il n’en était pas question. Il a fallu sans doute que les églises se vident pour qu’on les en juge enfin dignes !
Il y avait la barrière aussi… On s’agenouillait devant, pour recevoir la communion. Elle marquait aussi clairement la distance qu’il y avait entre le prêtre – et ses acolytes – et le peuple. Les uns dans un monde sacré, les autres dans le monde terrestre.
Mais franchement, comme si la barrière ne suffisait pas, fallait-il vraiment que l’autel se trouve encore bien loin, tout au fond du cœur. Et que, non content de ne pas participer à la communauté, le prêtre lui tourne aussi le dos. Rétrospectivement, il me fait l’effet d’un officiant Aztèque, sur sa pyramide sanglante, et l’or du calice celui d’un couteau sacrificiel.

dimanche 15 juin 2008

Dinitrol

Dinitrol, Rutex, simoniser… et quand ça ne suffisait pas, le mastic, ou pire, changer le plancher. La rouille était la hantise de l’automobiliste.

A peine sa voiture achetée, le propriétaire filait au garage pour faire traiter le châssis. Il y retournait tous les deux ou trois ans pour un traitement de fond, un nettoyage, des injections.
Mais, peine perdue, au bout du compte, la rouille venait quand même. S’attaquait au châssis. Rongeait le plancher, la carrosserie. Par temps de pluie, on roulait les pieds dans l’eau. Et quand on y regardait bien, on pouvait voir la route défiler sous soi… Les garde-boue se faisaient la malle. Les plus petits trous étaient soigneusement traités, au mastic. Les plus gros se couvraient d’autocollants : Standard champion ! Cercle royal mandoliniste. Malmundaria. Un tigre Esso. Et d’autres encore. Plus la voiture pourissait, plus elle se couvrait d’illustrations.
Jusqu’au jour où le contrôle technique prononçait le verdict définitif. L’engin était bon pour la casse !
La rouille, c’était la peste. C’était le cancer. Et si certains y survivaient, aucun n’y échappait.

mardi 20 mai 2008

Deux parents

J’ai beau chercher… Sans exception, tous mes copains avaient deux parents !

Il y avait bien l’habituel et inévitable fils de la veuve, dans chaque école. Bon élève, toujours. Bonne mère, toujours aussi.
Sinon, c’était monotone. Papa, maman, le ou les enfants. Pas le moindre enfant de divorcé dans les rangs. Aucun de ces voyageurs qui auraient passé une semaine chez papa et sa nouvelle femme, une chez maman et son nouveau mari.
Tout juste des familles lisses, apparemment propres sur elles, sans problèmes ni états d’âmes.
Et s’il y avait bien l’un ou l’autre divorcé dans la ville, cela faisait bizarre… très… Comme un bouton au milieu du visage ou un nid de poule au milieu de la route.
Les temps ont bien changé depuis !

mardi 22 avril 2008

Fete Dieu

De la fête Dieu, je n’ai vu que des ailes. De ces accessoires d’angelot, en tulle, qui devaient être portées par ma petite voisine d’en face.

Mes parents, bien que très religieux à leur manière, n’y participaient pas. Estimant que c’était tant de carnaval et si peu de religion. La laissaient donc aux vrais carnavaleux, les Malmédiens.
En grattant un peu encore ce qu’il me reste de mémoire de ces jours là, il me semble tout de même capturer encore une image. Le carrefour du début de la rue Chemin Rue parsemé de pétales de rose.
Et ça, c’est certain. Ca ne date pas du carnaval !

dimanche 20 avril 2008

Diabolo

Il est fou, le fils des voisins. Il tirait sur notre façade. Et avec des diabolos en plus !

Le diabolo que l’on fait danser sur une corde, que l’on lance vers le ciel pour le rattraper au terme de figures tarabiscotées. Très peu pour nous. Cela faisait partie de l’imagerie ancienne. Un truc qui appartenait plutôt à Bécassine qu’à notre époque. Les écoles du cirque n'existaient pas encore. Et attendraient longtemps avant d'être à la mode.
Par contre, le diabolo que l’on charge dans une carabine à air comprimé… Ca c’était de l’actuel ! Et bien plus précis en tir à l’extérieur que les plombs simples utilisés sur les foires. Bien plus lourd et destructif aussi.
Car des carabines à air comprimé, certains en possédaient. Mon frère par exemple. Et nous les utilisions.
La plupart pour le tir à la cible. Infiniment moins cher quand on le pratiquait ainsi que sur les champs de foire. Au risque sur ceux-là de s’encombrer d’un nounours géant (rose de surcroit) ou d’être moqué par l’ensemble des spectateurs si chaque coup ne portait pas. Alors que nous faisions plus que soupçonner tous les gérants de tir de fausser les canon pour distribuer d'autant moins de lots - pourtant infames -.
Certains pour le tir aux pigeons… aux moineaux… et sur tout ce qui était petit et bougeait dans leur jardin. Jusqu’au jour où, peu contents de la réticence des oiseaux à encore venir se faire tuer chez eux, ils se mettaient à canarder le jardin des voisins. Cela se terminait immanquablement par un coup de sonnette rageur du voisin en question… d’une correction magistrale… et par la disparition définitive de la carabine à plomb…
Pour tous ceux que j’ai connus, c’est là que s’est arrêtée pour toujours une brève histoire de délinquance… et peut-être un brillant futur de tueur à gage !

vendredi 18 avril 2008

An 2000

L’expression « An 2000 » s’utilise seulement au futur, en relation avec un progrès technique non vérifiable (« En l’an 2000, les voitures voleront ») et soi-disant idéal (« En l’an 2000, on ne mangera plus que des pilules »).

Bien peu des prévisions que j’ai entendues ou formulées se sont réalisées dans les délais impartis (le GSM)… et les représentations qui en étaient faites semblent aujourd’hui presque aussi datées que celles de Jules Verne ou de Melies concernant la conquête spatiale.
L’an 2000, c’était loin. Si loin. Tous les rêves et les fantasmes étaient permis. Toutes les inventions.
L’an 2000, c’était notre « 2001, Odyssée de l’espace ». Mais un monde idéalisé. Toujours. Le changement. Le changement technique allait toujours dans le bon sens. La médecine, que nous voyions avancer à grands pas, nous guérissait de tous les maux. Les transports ? Illimités. On en était déjà à habiter la lune et la planète mars. Les communications ? Le téléphone dans la montre bracelet était sûr.
Et les voix discordantes du Club de Rome ne sont venues que plus tard. Et n’ont jamais eu beaucoup d’écho. La pollution. La technique qui rongeait la terre comme un cancer. Tout cela aurait fait tache sur une image bien trop brillante pour être gâchée par de si futiles détails. Oui, c’était vrai, il y avait des problèmes. Mais… en l’an 2000, tout cela aurait trouvé une solution !

Étions-nous frappés de myopie ? Faites donc le test vous-même.
En l’an 2050, la montée des eaux, due au réchauffement climatique, pourrait mettre en danger des zones entières en Flandre et aux Pays-Bas… Ou bien. Les filles qui naissent aujourd’hui vivront le passage du siècle suivant, au-delà de 2100 !
Ces idées ne sont pas vraiment le problème… Le seul problème c’est la date. Qui d’entre nous pourrait donc se projeter 20, 50 et même 100 ans en avant… alors qu’en même temps nous nous demandons ce que nous pourrons bien préparer ce soir pour le souper ?

jeudi 17 avril 2008

Direction assistée

Avant la direction assistée, le volant se tournait à l’huile de bras… et les manœuvres de parking faisaient des biceps de camionneur.

Direction assistée, freinage assisté, boite automatique, lève glace électrique, ouvre coffre électrique il ne faut plus grand effort physique pour conduire une voiture. Ce n’est que le moteur arrêté que les utilisateurs s’en rendent parfois compte… se disant que quelque chose doit être en panne !
Et quand on apprenait à conduire, c’était la première difficulté : s’habituer à s’accrocher au volant – des deux mains – pour maintenir la voiture dans la bonne direction, lui faire prendre les virages élégamment. Supplice surtout, lors des manœuvres de parking. Lorsqu’il fallait, de manière répétée, braquer, contrebraquer, braquer encore, et contrebraquer à nouveau… Et si le corps était bien face au volant, cela pourrait encore aller… mais non, la plupart des véhicules n’avaient pas de rétroviseur droit… Il fallait donc se tourner pour voir en arrière… Et tirer quand même. Et tourner, et retourner quand même.
Dur, lourd. Mais on s’y faisait. Et au bout de quelques mois, on ne s’en rendait plus compte. On imaginait difficilement que cela pût être autrement.

mardi 25 mars 2008

Disques racontés

Le Petit Prince, raconté aux enfants par Gérard Philippe dans les années 50 est maintenant réédité en CD.

Alors que la télévision avait bien peu de place dans nos vies et que la radio ne s’intéressait pas aux enfants, les disques racontés étaient dans toutes les maisons… en tout cas, chez toutes les familles nombreuses.
Le Petit Prince, évidemment. J’aimais bien. Mais pas trop souvent. Et surtout, le Livre de la jungle, sur deux 33 tours, qui reprenaient 3 épisodes de l’histoire de Mowgli mais aussi – sur une face B - celle de Rikki-tikki-tavi, la mangouste.
A force de les écouter et de réécouter, on les connaissait par cœur… Et aujourd’hui encore, il m’arrive régulièrement d’entendre résonner dans ma tête tel bout de musique, telle réplique.
Quand j’ai faim ? Je pense toujours aux Bandarlogs (à cause de Mowgli qui y crie : « J’ai faim !). J’ai toujours été incapable de me souvenir de la moindre poésie pour l’école, mais je me souviens encore de répliques complètes de Darzee, l’oiseau tailleur…
Après sont venues les vies de musicien : Chopin, Bach je crois. Plus savant. Moins palpitant. J’y ai bien pris un certain gout de la musique classique… Mais franchement, Le livre de la Jungle, c’était autrement palpitant !

lundi 24 mars 2008

Cent dix

Oufti, quelle décharge ! C’est du 110 ou du 220 ?

Le 110 volts en Belgique, c’est vraiment la préhistoire. Si loin dans le temps. Se prendre une décharge électrique remettait bien les idées en place, évidemment… mais ce n’était rien de comparable avec le 220.
Il y a donc eu une période où il fallait faire attention. 110 ou 220 ? Et ne pas se tromper surtout avec un appareil 110, sinon, il grillait en quelques instants. Irrémédiablement le plus souvent. Parfois, par chance, c’était juste un fusible qui lachait. Mais c’est bien loin tout ça.
Pourtant, il suffit d’un petit saut vers les USA et on peut retrouver ce parfum nostalgique du 110 volts.

jeudi 28 février 2008

La dame des téléphones

Quand on avait actionné la manivelle, on obtenait la dame des téléphones.

Avant le GSM il y avait donc le téléphone fixe, avec un clavier. Avant le clavier, le téléphone à cadran rotatif. Et avant le cadran rotatif le téléphone à manivelle. Et avant le téléphone à manivelle, les Belges vivaient dans les cavernes !
Quand on tournait la manivelle, la Dame des téléphones décrochait. Vous demandait qui vous vouliez appeler – comme dans le sketch de Fernand Reynaud, pas vraiment le 22 à Asnières mais par exemple le 575 à Malmédy -. Elle vous mettait en communication, et le tour était joué.
Dans les entreprises, c’était la même chose. On obtenait le central qui vous connectait vers la personne que vous appeliez en branchant des câbles dans un grand tableau.
Mais peu importe la technique. Il y avait donc une dame derrière le téléphone.
Peut-on l’imaginer aujourd’hui ? Ne parlons pas des téléphones, où tout est automatique, mais même mon banquier est remplacé par un guichet automatique. Savez-vous qu’il y avait aussi un pompiste, qui mettait l’essence dans votre réservoir; pas besoin de sortir de sa voiture. Qu'il y avait aussi un poinçonneur - je crois qu'on l'appelait le controlleur - dans le bus, qui validait votre ticket ou vous en vendait un.
Mais le plus amusant, avec la dame des téléphones, c’est - puisqu'on ne la voyait jamais - qu’on pouvait l’imaginer comme on voulait. Pour ma part, je la voyais grosse, très grosse, avec de gros doigts et un bon gros sourire de grosse, et de longs cheveux gras de grosse !
Et tant pis si elle était petite et maigre. Pour moi, elle sourira pour toujours, mille fois plus que n’importe quelle voix automatique !

lundi 18 février 2008

Dinosaure

Un gamin ou une gamine demandait à ma mère. « Dis Lucie, tu est vieille ? ». Elle, sur un ton normal : « Oui ».
Lui, insistant : « Très vieille ? ». Elle, intriguée : « Eh, oui ! ».
Lui, très insistant : « Très, très vielle ? ». Elle, définitement interloquée : « Pas vraiment ! Mais qu’est ce que tu veux dire ? ».
Lui, direct : « Est-ce que tu as connu les dinosaures ? »

Pour ce gamin, ou cette gamine, c’était raté. Il ne pourra jamais raconter sa discussion avec quelqu’un qui a connu le temps des dinosaures.
Mais, quand j'y repense: une de mes grand-mères est née en 1895. Elle m’a raconté l’avion, son premier avion, qu’il venait de là et qu’il est allé vers là. La voiture et le dirigeable. Le bouvier qui menait les bêtes du village sur la Fagne. Sans oublier évidemment "Lu bierdji Gillet. Cis qui n'aveu qu'one bresse." (Le berger Gillet, celui qui n'avait qu'un bras). On n’a pas parlé des deux guerres qui lui ont fait changer trois fois de nationalité sans quitter son village. En 1890, cinq ans avant sa naissance, c’était la bataille de Wounded Knee… et en 1910 (elle avait 15 ans) Buffalo Bill et ses indiens s’exhibaient en Belgique.
Ou à cette autre grand-mère, née en 1891, et qui me racontait ses pérégrinations de jeune femme enceinte sur le fleuve Congo au tout début des années 20.
Questionnez les vieux – et les moins vieux aussi -. Tous les récits de première main sont inévitablement condamnés à disparaître. Ils sont nos dinosaures.

dimanche 3 février 2008

Dinky Toys

Qu’aurions nous été sans les voitures miniatures ? Sans les Dinky Toys et les autres.

Mais imaginerait-on aujourd’hui que nos voitures étaient de lourd métal. Pas un pouce de plastique à l'extérieur.
Qu’elles avaient des pneus interchangeables ? A force de rouler sur les bordures, les pneus s’usaient… donc (conjonction logique à une époque où réparer était dans les habitudes), comme pour une vraie voiture, les pneus s’achetaient… la voiture survivait.
Et l’habileté du conducteur était alors - comme dans la grande stratégie des courses de Formule 1 - de procéder au moment opportun à des changements de pneus pendant la course : les nouveaux à gauche ou à droite ? ainsi, je pourrais éventuellement doubler mon frangin en l’attaquant sur la gauche ! sans risque de verser en bas de la bordure...
S'imagine-t-on enfin que, des années durant, nous utiliserions la même et unique voiture dans tous nos jeux ? Irremplaçable. Imbattable !

samedi 2 février 2008

Daf

La Hollande a donné au monde le fromage, les moulins et la Daf !

La Daf avait l’air d’un idiot de village. Un peu difforme, juste assez pour dire son originalité. Lente. Emettant de drôles de bruits, comme un gémissement, un chant de gorge.
Mais la Daf était la seule voiture automatique de son époque. Et, sous des dehors de carton pâte, solide avec ça. Ses propriétaires ne roulaient peut-être pas beaucoup, mais ils la gardaient des années durant.
La marque reste, pour les camions. La voiture, avec son esthétique de Trabant, a bien vite disparu. Tant mieux, tant pis !

mercredi 9 janvier 2008

Draps de lit froids

Comme l’ane et le bœuf de la crèche exhalaient la chaleur, la maison de ma grand-mère exhalait le froid.

Quitter la touffeur du salon ou la bonne chaleur de la cuisine pour aller à la toilette ou à la buanderie, au-delà du couloir glacé, était déjà toute une épreuve. Mais ce n’était rien à côté de la simple perspective des draps glacés et humides qui nous attendaient à l’étage, non chauffé.
Eté comme hiver, le couloir semblait souffler une odeur de froid sur ses visiteurs. Et de poser le pied sur l’escalier craquant qui menait à l’étage vous en remplissait les narines. Semblait en imprégner à l’instant tous vos vêtements.
Et toutes les bouillottes n’y feraient rien ; vous ne retiendriez à jamais de ces rares nuits que la frayeur de cette plongée dans l’humidité froide de la vieille maison maternelle, prélude au contact insupportable, même à travers la toile du pyjama, des draps de lit glacés et humides.

jeudi 3 janvier 2008

Sac a dos

Un sac à dos, c’est beige… et c’est un Lafuma, ou bien c’est kaki, et il est militaire.

Il y avait deux couleurs de sacs à dos : les beiges – civils – et kakis – militaires -. Et deux sortes : à armature métallique – les normaux – et à lattes de bois – pour l'escalade -. Au magasin de sport et camping, le choix était donc des plus simples – sachant que les montagnes manquaient cruellement de nos paysages et que nous n’avions rien de militaire - : le grand ou le petit.
D’ailleurs on disait Lafuma, comme on disait bic, frigidaire ou mobylette.