vendredi 29 février 2008

Epicier

Le matin, l’épicier partait sur son lourd vélo noir pour livrer les clients.

Il portait un cache poussière d’épicier. Gris. Et une tête d’épicier. Grise aussi et chauve. Il semblait autant faire partie de son épicerie que les rayonnages ou la caisse enregistreuse.
Chaque jour il livrait ses clientes - évidemment, les hommes étaient au boulot pendant la journée, seules les femmes et les pensionnés étaient à la maison - sur son vélo d’épicier. Une sorte de monstre avec un plateau pour les colis à l’avant.
Un enfant aurait pu y tenir un instant, mais en fragile équilibre seulement et trop loin du sol pour que ce soit agréable bien longtemps. Le vélo de l'épicier n'était vraiment pas un jeu.
L’épicier, le facteur et d’autres encore visitaient chaque jour vieux et moins vieux. Le courrier, les denrées livrées s'accompagnaient d'une plaisanterie, d'un bout de conversation. Et le quartier semblait alors être redevenu un village.

jeudi 28 février 2008

La dame des téléphones

Quand on avait actionné la manivelle, on obtenait la dame des téléphones.

Avant le GSM il y avait donc le téléphone fixe, avec un clavier. Avant le clavier, le téléphone à cadran rotatif. Et avant le cadran rotatif le téléphone à manivelle. Et avant le téléphone à manivelle, les Belges vivaient dans les cavernes !
Quand on tournait la manivelle, la Dame des téléphones décrochait. Vous demandait qui vous vouliez appeler – comme dans le sketch de Fernand Reynaud, pas vraiment le 22 à Asnières mais par exemple le 575 à Malmédy -. Elle vous mettait en communication, et le tour était joué.
Dans les entreprises, c’était la même chose. On obtenait le central qui vous connectait vers la personne que vous appeliez en branchant des câbles dans un grand tableau.
Mais peu importe la technique. Il y avait donc une dame derrière le téléphone.
Peut-on l’imaginer aujourd’hui ? Ne parlons pas des téléphones, où tout est automatique, mais même mon banquier est remplacé par un guichet automatique. Savez-vous qu’il y avait aussi un pompiste, qui mettait l’essence dans votre réservoir; pas besoin de sortir de sa voiture. Qu'il y avait aussi un poinçonneur - je crois qu'on l'appelait le controlleur - dans le bus, qui validait votre ticket ou vous en vendait un.
Mais le plus amusant, avec la dame des téléphones, c’est - puisqu'on ne la voyait jamais - qu’on pouvait l’imaginer comme on voulait. Pour ma part, je la voyais grosse, très grosse, avec de gros doigts et un bon gros sourire de grosse, et de longs cheveux gras de grosse !
Et tant pis si elle était petite et maigre. Pour moi, elle sourira pour toujours, mille fois plus que n’importe quelle voix automatique !

mercredi 27 février 2008

Chique

Tu me donnes une chique ?

Une chique, c’était un bonbon ! Mais il faudrait le son pour profiter de l’accent. On n’est pas bien loin de chèque…
Nous n'utilisions pas le mot juste ? Risquerait-on de confondre avec la chique de tabac ? Vous m’avez bien regardé ? Vous me donnez quel âge ? A part dans les livres de Lucky Luke, je n’ai jamais vu personne chiquer, pas plus que je n’ai vu de tabac à chiquer. Donc, d’où pourrait venir une quelconque confusion ?
Retour donc au rayon souvenirs ! Sur le chemin de l’école, ceux qui avaient de l’argent passaient au magasin, pour faire leur provision de chiques, chiquelettes, poudre sûre (bien prononcer "poût'sûre" s'il vous plait) et autres friandises.
Vendues à la pièce - comme sur les trottoirs de Dakar ou de Ouagadougou - s’il vous plait ! Dans de grands bocaux. Sous le regard soupçonneux de l’épicière ou de l’épicier. Et dès qu'il y avait deux enfants dans le magasin, ses yeux s'essayant à les suivre simultanément lui donnaient un air de caméléon !

mardi 26 février 2008

Bonbon

J’aime les bonbons avec de la confiture au milieu !

Un bonbon, c’était un biscuit.
Les meilleurs ? A chacun ses goûts. Pour moi, les sablés ronds, avec de la pâte de fruit au milieu. Et puis les café glacé, au sucre glacé profondément parfumé de moka.
Mais il y avait aussi des tas de biscuits qui ne s’appelaient pas bonbon : les biscuits militaires, les petits beurre, les spéculoos, les printen…
Vous ne vous y retrouvez pas ? Nous on s’y retrouvait très bien !

lundi 25 février 2008

Angleterre

L’Angleterre était une île !

Ponts et tunnels ont changé le monde tout autant que certains grands canaux avaient marqués les époques précédentes.
Il y avait l’avion, bien entendu. Mais j’ai fait mon baptême de l’air à passé 23 ans. Et d’autres, de ma génération, auront sans doute dû attendre bien plus longtemps encore. Ou ne l'ont pas encore fait.
L’Angleterre était donc bien une île, que l’on n'atteignait qu'en bateau. Quand la mer n’était pas trop mauvaise. Ou quand le Herald of Free Enterprise ne faisait pas la culbute au moment de quitter la Belgique. L'hydroglisseur, lui, était un truc pour riches, aussi vite abandonné qu'inventé.
On en a donc rêvé, à ce jour où on arriverait à Londres à pied sec. Des années. Des décennies. L’idée d’un tunnel était de celles qui revenaient régulièrement. Tellement régulièrement et avec tellement peu de suites que personne n’y croyait plus vraiment.
On croyait à la possibilité d’un tunnel sous la Manche comme on croyait qu’un jour l’an 2000 arriverait, avec toute la magie de la date et les fantasmes que nous nous faisions sur ce que serait la technologie à cette époque.
On y croyait, comme on aurait cru à la possibilité de mettre le pied sur la lune. Un truc tellement hors de portée de nos esprits, autant hors la mesure des moyens techniques que nous pouvions penser, que l’on ne pourrait, finalement, qu’être un peu déçu, au moment où notre rêve s’accomplirait.
Nous nous étonnons toujours, lorsque surviennent de tels événements qu'ils arrivent si tôt, comme pour nous surprendre. Puis nous trouvons bien vite banal ce que nous avons si longtemps attendu.
Mais heureusement, même accessible en voiture et en train, l'Angleterre ne fera sans doute jamais vraiment partie du continent européen. L'insularité n'est plus maintenant dans la nature mais dans ses habitants, moins visible mais tout aussi profonde !

dimanche 24 février 2008

Electrophone

Tourne disque, pick-up ou électrophone, c’est du pareil au même !

A l’heure du MP3 et autres IPODs, mon électrophone fait décidément vieillot. Tout autant que sa musique.
Quand j’étais gamin, on ne disait déjà plus pick-up, trop américain. On disait normalement tourne disque. Pas encore platine, plus tard réservé aux installations Hifi. Mais on disait encore souvent électrophone.
Vieillot ? Alors, pourquoi tant de morceaux actuels utilisent-ils le son crachotant des radios anciennes, et les échos de l’aiguille sautillant sur de mauvais disques vinyls voire de rouleaux de phonographes ?
Pas seulement pour inscrire les choses dans le passé. Mais aussi parce que ce son est tellement plus chaud – même bien moins parfait – que celui produit par nos froides méthodes actuelles. On oserait presque dire qu’il a quelque chose de naturel.

samedi 23 février 2008

Carrousel

Chaque année, nous montions les carrousels avec les forains.

Au train où vont les choses, dans 10 ans, les enfants de nos enfants ne connaîtront que les manèges des Français. Alors qu’un manège, c’est un truc pour les chevaux. Un carrousel, c’est une machine qui tourne, avec des voitures, des camions de pompiers et des fusées.
D’ailleurs, les chevaux, c’est juste pour les filles. Les garçons ne vont jamais au manège !

vendredi 22 février 2008

Crieur public

C’est un des souvenirs les plus étranges qu’il me reste. La certitude d’avoir, au moins une fois, entendu le crieur public.

C’était au coin de la route de Falize et de la rue Lebière. Et je ne devais pas être bien grand à l’époque.
Je n’ai plus aucun souvenir ni du bonhomme, ni de ce qu’il annonçait. Le crieur public annonçait les événements dans les quartiers alors que personne n’avait la télévision et que la radio ne transmettait évidemment pas nos nouvelles d’intérêt local.
Alors ? Une décision communale ? Un décès ? Ou bien alors quelque chose en rapport avec le carnaval ?
Aucune chance de jamais le savoir. Ma mémoire est gommée.

jeudi 21 février 2008

Tinne

Il nous est arrivé de prendre notre bain dans la tinne.

La tinne, c’était un grand bassin de fer blanc (j'imagine que ça vient de "tin", en anglais fer blanc. Mais alors, c'est qu'il m’aura fallu 50 ans pour le comprendre).
Un matériau qu’on ne rencontre plus que chez les fleuristes et autres décorateurs, pour décorer. Il y avait pourtant aussi le seau en fer, les bidons de lait à la ferme et probablement d’autres objets que j’ai oubliés.
Mais la tinne, c'était vraiment un objet important tout autant qu'encombrant !

mercredi 20 février 2008

Fil à linge

Le lundi, le fil à linge s’habillait de frais.

Un seul jour pour la lessive ? Vous n’y pensez pas, des monceaux de linge s’accumuleraient ! Et dépendre de la météo pour le séchage ? Nous vivons en Belgique tout de même, soyez sérieux !
Le fil à linge a donc disparu de nos paysages du Nord. Il ne figure plus qu’au rang des curiosités touristiques de Naples et autres villes italiennes. Ou bien de charge anachronique pour ceux qui font du camping.
Et pourtant, le fil à linge, c’était tout un monde à explorer.
Un terrain de jeu. Pour se cacher, au risque bien réel de faire tomber le linge, et de devoir en assumer les terribles conséquences.
Un reflet indiscret de ce qui se passe dans la maison. Si « on lave son linge sale en famille », pour les sécher, le grand et le petit linge sont bien exposés aux regards de tous.
Le lieu de l’insolite parfois. Quand par exemple les draps de lit encore humides, pris par le grand gel, sont devenus comme des tôles étranges. En les pliant on pensait briser une immense ostie.
Sujet éternel de gags et de clins d’œil pour le cinéma et la bande dessinée enfin. Avec des histoires drôles et d’autres qui l’étaient bien moins tant elles étaient éculées.
Tout un univers disparu. Comme une forêt qui aurait existé dans chacun de nos jardins. Et que toutes, en une nuit, sans qu’on s’en aperçoive, aient disparu à jamais !

mardi 19 février 2008

Vendredi

Vendredi, jour du poisson !

Le jeudi, le poissonnier passait dans la rue. Et à certains endroits il le fait encore. Apportant le poisson tout frais d’Ostende.
Je me souviens bien de la sole, de la plie. Délicieux. Bien moins des autres variétés qu’on pouvait acheter alors. En tout cas, je n’aimais pas les crevettes.
Tous les vendredi, par décret religieux, on mangeait donc du poisson. Et consommer de la viande aurait – en un certain temps – été comme violer le ramadan pour un musulman. Rien de gravissime, mais impie surement.
Ce qu’on violait surtout alors, c’était la coutume plus que la religion. Une manière établie de vivre et de faire. C’eut été comme manger le dessert avant la soupe. Voire souper en regardant la télévision.
Inconcevable !

lundi 18 février 2008

Dinosaure

Un gamin ou une gamine demandait à ma mère. « Dis Lucie, tu est vieille ? ». Elle, sur un ton normal : « Oui ».
Lui, insistant : « Très vieille ? ». Elle, intriguée : « Eh, oui ! ».
Lui, très insistant : « Très, très vielle ? ». Elle, définitement interloquée : « Pas vraiment ! Mais qu’est ce que tu veux dire ? ».
Lui, direct : « Est-ce que tu as connu les dinosaures ? »

Pour ce gamin, ou cette gamine, c’était raté. Il ne pourra jamais raconter sa discussion avec quelqu’un qui a connu le temps des dinosaures.
Mais, quand j'y repense: une de mes grand-mères est née en 1895. Elle m’a raconté l’avion, son premier avion, qu’il venait de là et qu’il est allé vers là. La voiture et le dirigeable. Le bouvier qui menait les bêtes du village sur la Fagne. Sans oublier évidemment "Lu bierdji Gillet. Cis qui n'aveu qu'one bresse." (Le berger Gillet, celui qui n'avait qu'un bras). On n’a pas parlé des deux guerres qui lui ont fait changer trois fois de nationalité sans quitter son village. En 1890, cinq ans avant sa naissance, c’était la bataille de Wounded Knee… et en 1910 (elle avait 15 ans) Buffalo Bill et ses indiens s’exhibaient en Belgique.
Ou à cette autre grand-mère, née en 1891, et qui me racontait ses pérégrinations de jeune femme enceinte sur le fleuve Congo au tout début des années 20.
Questionnez les vieux – et les moins vieux aussi -. Tous les récits de première main sont inévitablement condamnés à disparaître. Ils sont nos dinosaures.

dimanche 17 février 2008

Vim

La boite de Vim avait de petits trous !

La poudre à récurer Vim est veille comme le monde. Ca ne m’étonnerait pas que les femmes des cavernes qui n'aimaient pas l'odeur de Sidol l’aient déjà utilisé pour tenter d’enlever les crasses que leurs hommes faisaient dans les grottes de Lascaux et d’ailleurs.
Et elle est toujours là. Sur les étagères de nos grands magasins et sous les éviers de nos cuisines.
Par contre, le coup des trous, nous on l’a bien remarqué.
Avant, il y avait de petits trous… donc, la poudre sortait doucement, calmement de la boite. Il arrivait même qu’il faille insister un peu. Cela ne dérangeait personne, sauf les affaires des producteurs.
Et puis un jour, la taille des trous a explosé. Donc la poudre sortait facilement. Très facilement. Trop facilement.
Si certains s’y sont laissé prendre, ce n’est pas le cas de ma mère. A malin, malin et demi. Au lieu d’enlever l’ensemble de l’adhésif qui recouvrait les trous au moment de l’achat, soigneusement, avec un petit couteau, elle le tranchait au milieu… et n’avait donc que la moitié des trous.
Et tant pis pour monsieur et madame Vim ! Ma mère veillait, ils ne feraient pas fortune sur son dos.

samedi 16 février 2008

Quinconce

Les Betterfood sur la tartinière étaient disposés en quinconce, de même que les Legos dans nos constructions.

Et pourtant je ne me souviens pas avoir entendu ce mot dans d’autres bouches que les nôtres. Pas non plus de l’avoir lu (ou si rarement que je l’aurais oublié).
Les institutrices, nous prenant sans doute pour des idiots ou des illettrés – à moins que le français ne leur fasse défaut – ont toujours insisté pour nous corriger, et voulaient absolument que nos Betterfood et Legos soient pour elles disposés en zigzag ou à califourchon.
Et zut ! En quinconce je vous dis !

vendredi 15 février 2008

Uhu

Pour les anciens, il y avait la colle arabique. Pour les petits, la colle blanche - dans de petits pots, à manipuler avec une sorte de cuillère -. Pour les grands, la colle UHU.

Passer de l’une à l’autre était une véritable promotion.
Oubliez la première, elle coulait, elle était franchement ringarde.
La seconde ne collait que le papier, la dernière collait tout ! La seconde s’enlevait facilement des vêtements, la dernière était une catastrophe pour nos mères ! La seconde séchait minablement sur le banc, la dernière séchait lentement en de subtils montages qui ne perdaient que très progressivement leur souplesse !
Quant à l’accusation de servir de drogue à des élèves frustrés de paradis artificiels plus puissants, peut-être. Ce qui est sûr c’est que j’en ai vu aussi adeptes de la colle blanche. La petite cuillère ne servait plus à l’appliquer. Tout juste à la manger. Par pots entiers !

jeudi 14 février 2008

Spa citron

Evidemment qu’on connaissait le Coca - ce n'était pas la préhistoire -. Mais la boisson rafraichissante, c’était le Spa citron !

Le Coca, c’était une sorte de médicament. A boire en petites quantités, sinon on ne dormait pas. Ou bien alors comme remède contre le mal de la voiture.
Le Spa citron, c’était autre chose. On pouvait en boire tout un verre. Voire même, dans les grandes occasions, espérer qu’il y en ait plus encore. D’ailleurs, Spa, ce n’était pas très loin. On passe le circuit, le village de Francorchamp, la Fagne de Malchamp et on y est. L’eau de Spa - et le Spa citron par conséquent – étaient pratiquement des productions locales. Donc garanties bonnes !
Sans oublier le petit bonhomme de l’étiquette, qui semblait jouer à saute mouton sur une fontaine.

mercredi 13 février 2008

Simca

Il en va des marques comme des humains. Certaines laissent des traces, d’autres sont si vite oubliées.

Simca était pourtant connue. Répandue. Réputée même à une époque. La Simca 1000, la Simca Bagheera. Des images qui restent pour ceux qui les ont connues. La voiture familiale, celle du dimanche. Mais aussi celle un peu sportive du jeune qui rue dans les brancards. Pas trop jeune tout de même, parce qu’à cette époque, ils n’avaient pas d’argent pour s’acheter une voiture. Même pour nos parents, c’était un achat difficile.
Vouée à l’oubli par la dissolution dans d’autres marques. Matra Simca, Simca Chrysler… puis plus de Simca du tout.

mardi 12 février 2008

Saint Michel

Parmis les cigarettes belges, j’avais un regard particulier pour les Saint-Michel vertes.

Et s’il y avait des vertes, il devait bien y en avoir d’autres couleurs ? Des rouges je crois.
Pas Bruxellois pour un sou, j’aimais le blason. Saint-Michel terrrassant le dragon. Tout de noir. Et puis le vert. Vif. Puissant. Le seul de l’étalage de cigarettes. Couleur normalement réservée, mais dans des tonalités plus dignes et plus anglaises, à certains cigares.
Et pour les avoir manipulés, alors que gamin j’aidais à l’épicerie, je ne peux oublier ni la souplesse du paquet - ceux d’alors n’étaient pas encore les boites de cartons inaugurées par les marques américaines - ni l’arôme du tabac qui s’en échappait. Je l'associais à l'odeur d'un grenier en été, ou à celle de feuilles mortes une chaude soirée d'automne.

lundi 11 février 2008

RTT

Quand je serai grand, je travaillerai à la RTT, comme mon père ! Et toi ? A la poste, comme ma mère !

La RTT, c’était la Régie des télégraphes et des téléphones, du temps où il y avait encore le télégraphe… et où c’était encore une régie. Devenue depuis Belgacom.
Le type même de boulot qui engageait pour la vie… Que l’on pouvait même croire héréditaire. A une époque où ce genre d’idées pouvait encore avoir cours. Papa travaille chez machin… le gamin travaillera chez machin aussi !
Pas vraiment comme aujourd’hui où seuls les chomeurs voient parfois leurs enfants leur succéder dans la fonction ! On pourrait évidemment leur souhaiter mieux !

dimanche 10 février 2008

Pez

Le Pez, on le désirait. Quand on l’avait, on était toujours déçu.

Rappelez-vous. Un distributeur rectangulaire de plastique, surmonté d’une tête à l’effigie d’un personnage (de Disney la plupart du temps). Basculez la tête vers l’arrière, il vous offre un petit bonbon (pardon : une chique, disions nous).
Mais, déception totale. L’opération est totalement stupide et de plus ne fait aucun bruit à part, au fil du temps, un vague grincement de ressort. L’appareil de plastique léger n’a aucun attrait.
Sans oublier le contenu. Un vague aglomérat de matière sucrée, si légèrement parfumée que tous les goûts se confondent sans qu'on ait même l'occasion d'en préférer aucun.
Pourquoi donc tant de gosses ont-ils cassé les pieds de leurs parents pour en avoir ? Et comment se fait-il que l’on en trouve encore ? J’y verrais bien une démonstration supplémentaire que les gosses sont vraiment stupides !

samedi 9 février 2008

Nivea

Le seul produit de beauté qu’il y avait dans la plupart des maisons ? La crème Nivea.

A une époque où les marques étaient bien moins nombreuses, Nivea était une valeur sûre. La grosse boite ronde, d’un bleu profond, l’inscription en blanc dessus.
La boite ouverte, le miracle de cette blancheur parfaite et la lourdeur de cette crème sous les doigts. Une subtile odeur de propre, de doux et de frais.
C’était le remède miracle. Une irritation. Nivea. Un début de coup de soleil. Nivea. La peau sèche. Nivea encore.

vendredi 8 février 2008

Mitsubishi

Il nous aura fallu un an certainement pour prononcer Toyota sans faute… et seulement six mois pour Mitsubishi.

C’est la même chose dans toutes les familles, l’aîné doit faire tout le boulot ; les suivants en récoltent les avantages.

jeudi 7 février 2008

Matra

En France, c’est un nom bien chargé de signification. Matra, c’est aussi de l’armement, des avions…

Nous, les gosses, n’avons pas vu passer ces missiles. Tout juste deux OVNI de la marque.
La Matra Simca Bagheera, un coupé vaguement sportif avec trois sièges à l’avant. Que j’ai toujours imaginé bien inconfortable. Et dont le seul avantage fut probablement de permettre à la passagère de se tenir plus près du conducteur - ou au chauffeur de rever que cela se produise un jour - que s’il n’y avait que deux sièges.
Et la Matra Espace, le tout premier monovolume, librement inspiré des vans américains.
La première a disparu dans les oubliettes de l’histoire de l’automobile, la seconde vit toujours – sous la marque Renault – et a créé le marché européen des monovolumes.

mercredi 6 février 2008

Matchbox

Matchbox et Dinky Toys, il n’y en avait pas d’autres.

Majorette, Mattel, on ne connaissait pas. Il y avait juste les marques sérieuses. Dinky Toys, pour les vraies miniatures, d’une solidité à toute épreuve. Et puis Matchbox, celles qu’on gardait dans la poche. A la taille, le nom le dit, d’une boite d’allumettes.
Si petites évidemment que des copains jaloux pouvaient facilement oublier qu'ils les avaient empochées au moment de partir. Si petites enfin qu’il leur manquait tant de détails présents sur leurs grandes sœurs : portes ouvrantes, pneux interchangeables, sièges basculants.
Je les laisse donc aux collectionneurs, et je préférerai toujours mes Dinky Toys.

mardi 5 février 2008

Kreidler

Juste à l’opposé des gros cubes, il y avait la Kreidler.

Et pourtant elle était impressionante sous des dehors bien anodins.
D’abord, c’était une 50 cc. Juste un de plus que la mobylette des copains. Exactement autant que la moto du voisin prétentieux (dont, à part l’insupportable et continuelle pétarade, le seul souvenir notable pour le quartier fut le soleil qu’il fit avec sa moto un jour où il frimait un peu plus que d’habitude).
Mais alors, sur un circuit, vous oubliiez vos références. Pilotée par des virtuoses aux allures de jockeys, quand elle déboulait à 130 km à l’heure, on se disait bien qu’il devait y avoir mieux à faire dans la vie que de faire le tour du bloc en émettant un bruit de tronçonneuse soprano, mais aussi que le fils des voisins ne le comprendrait sans doute jamais!

lundi 4 février 2008

Honda Four

Etonnant comme, gamin, on capte des bribes d’histoire. De la grande et de la petite.

Tenez, la Honda Four.
On n’y connaissait rien en moto, pas plus qu’en mobylette dont on ne rêvait même pas. Si peu de nos copains en avaient ou en auraient un jour.
Mais, celle là, oui !
Le « four » peut-être. Pas seulement une Honda, mais avec un quelque chose de plus. Un mot magique et mystérieux (l’anglais était bien loin de nos préoccupations. Le néérlandais ou l’allemand, sans doute, l’anglais on y penserait plus tard).
Et puis le 750 aussi. Nous, on voyait les rares 50 des comiques du quartier. Le scooter 125 de l’épicière. Les vitesses hallucinantes qu’atteignaient les 125, 250 et 500 sur le circuit de Francorchamp. Et même les 50 ! Alors, pensez : 750 ! C’était un nombre fou.
Allez le dire aux motards actuels, habitués qu’ils sont à des cylindrées de 900 et de 1200 cc !
Et donc, retour à l’histoire. Il parait que la Honda Four est vue comme la première moto moderne du marché. C’est peut-être cela que nous avions perçu, avec nos moyens de gosses.

dimanche 3 février 2008

Dinky Toys

Qu’aurions nous été sans les voitures miniatures ? Sans les Dinky Toys et les autres.

Mais imaginerait-on aujourd’hui que nos voitures étaient de lourd métal. Pas un pouce de plastique à l'extérieur.
Qu’elles avaient des pneus interchangeables ? A force de rouler sur les bordures, les pneus s’usaient… donc (conjonction logique à une époque où réparer était dans les habitudes), comme pour une vraie voiture, les pneus s’achetaient… la voiture survivait.
Et l’habileté du conducteur était alors - comme dans la grande stratégie des courses de Formule 1 - de procéder au moment opportun à des changements de pneus pendant la course : les nouveaux à gauche ou à droite ? ainsi, je pourrais éventuellement doubler mon frangin en l’attaquant sur la gauche ! sans risque de verser en bas de la bordure...
S'imagine-t-on enfin que, des années durant, nous utiliserions la même et unique voiture dans tous nos jeux ? Irremplaçable. Imbattable !

samedi 2 février 2008

Daf

La Hollande a donné au monde le fromage, les moulins et la Daf !

La Daf avait l’air d’un idiot de village. Un peu difforme, juste assez pour dire son originalité. Lente. Emettant de drôles de bruits, comme un gémissement, un chant de gorge.
Mais la Daf était la seule voiture automatique de son époque. Et, sous des dehors de carton pâte, solide avec ça. Ses propriétaires ne roulaient peut-être pas beaucoup, mais ils la gardaient des années durant.
La marque reste, pour les camions. La voiture, avec son esthétique de Trabant, a bien vite disparu. Tant mieux, tant pis !

vendredi 1 février 2008

Coccinelle

Pour tourner, la Coccinelle sortait son piou-piou à droite ou à gauche.

Il y a tant à dire sur la VW (dites VéWé, pas Volxvaguenne comme les Français !) Coccinelle. Ses formes inimitables. Sa longévité. Sa place unique dans les esprits de plusieurs générations. Le bruit caractéristique de son moteur. Les films, un peu stupides, dont elle a fait l’objet. Et encore, et encore…
Mais, la magie de la Cox, c’était son piou-piou : les flèches de direction. Comme le bras du cycliste qui s’écarte du corps, à gauche ou à droite, mais qui en plus s’allume. Un accessoire d’un autre temps.
Quand on l’a supprimé, on a enlevé beaucoup à la bestiole. Elle est devenue presqu’une voiture comme les autres.