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dimanche 12 octobre 2008

Projecteur de cinema

Vous rappelez-vous le bruit de la machine à écrire ? Et celui du projecteur de cinéma ?

Dans une rue de Prague, cet été, je me suis arrêté soudain. D’une fenêtre ouverte, résonnait dans la rue, la frappe régulière d’une machine à écrire. Quinze ans ? Vingt ans ? Plus encore ? Depuis combien de temps n’avais-je plus entendu ce bruit jadis familier ? Et qui était le (ou la) dactylographiste qui se mettait ainsi à jouer de mes souvenirs ?

Alors, entrainons-nous. De tous les sens, capturons les sensations qui bientôt ne seront plus. Allez de gauche et de droite, sans bien faire le tri : toutes les choses passent ! Concentrez vous tout de même sur les disparitions annoncées, sur les changements qui ont déjà eu lieu.
Le cinéma par exemple : les volutes de fumée des cigarettes qui se déployaient dans le cône de lumière du projecteur ; l’odeur rouge des sièges empoussiérés ou alors trop humides ; la vue de la salle depuis la galerie supérieure. Mais surtout, le bruit caractéristique du projecteur, qui déroule, image après image, son récit. Les interruptions, en cours de film, pour le changement des bobines. La lumière qui s’allume et s’éteint à nouveau – la tâche terminée – dans la cabine du projectionniste. Tous les cinémas du monde ne sont pas encore assez modernes pour nous priver de tous ces incidents !

mercredi 8 octobre 2008

Pronostic Prior

Chaque semaine, oncle Joseph remplissait avec application sa grille Prior.

En fait, Oncle Joseph n’était pas plus notre oncle que tante Catherine n’aurait eu un quelconque lien de parenté avec nous. C’étaient juste de ces parentés de quartier, dans lesquelles les liens d’affection sont parfois plus fort que ceux du sang. De ces délégations d’autorité et d’amour que l’on se croyait forcé d’authentifier en leur attribuant une place dans l’ordre familial.
Chaque semaine, oncle Joseph reprenait donc ses opérations cabalistiques : inscrire de mystérieuses croix sur son bulletin de participation. Jouer ses quelques francs en espérant les récupérer à la fin du week-end, pour pouvoir les rejouer la semaine suivante. Sans aucune passion ni espoir de fortune – il n’y avait pas grand-chose à gagner il me semble -. Mais avec une application et une discipline sans faille. Comme un devoir dont eut dépendu la bonne rotation de la terre : impératif et répété, mais aussi partagé avec tant d’autres que son résultat ne fait plus aucun doute, ou que la fatalité de sa fin ne fasse plus vraiment peur.
Le pronostic était comme le miroir de la marâtre de Blanche Neige : « Pronostic, joli pronostic, dis moi s j’ai encore un tout petit peu de chance et d’habileté… » Un miroir un peu fatigué, qui toujours aurait répondu que s’il y en avait peut être de plus chanceux, on n’était finalement pas si mal. Un peu comme le miroir de votre salle de bain, si vous voyez ce que je veux dire !

dimanche 21 septembre 2008

Poux

Comment se fait-il que nous n’avions jamais de poux ?

Aucune école aujourd’hui n’est épargnée. Chacune à son tour appelle ses élèves, parents et professeurs à participer à la grande campagne d’éradication du petit nuisible !
Bizarre. Je ne me souviens pas qu’il ait jamais été question de poux lorsque j’étais gamin ! Seulement bien plus tard, lorsque j’avais déjà quitté la ville. Pas un enfant rasé. Pas un rappel dans les cartables. L’air de rien, avec notre bain hebdomadaire, et nos vêtements que l’on changeait au même rythme, nous ne devions pas être si sales que cela !

samedi 13 septembre 2008

Poteau de telephone

Le béton a fait sa place. Les billes de chemin de fer sont en béton. Les poteaux de téléphone aussi !

Et pourtant : quoi de plus poétique qu’un poteau de téléphone en bois ?
Il y a bien longtemps, c’était le cas. Alors que les pylônes électriques étaient déjà de béton, ceux de téléphone restaient encore en place. Ils étaient même parfois remplacés.
Après ? C’est comme une maladie contagieuse. Un disparaît après l’autre. Si lentement qu’on ne s’en rend pas compte. D’abord, il en reste encore assez pour qu’on ne s’en rende pas compte. Puis vient le moment où l’on s’habitue : les poteaux de bois cohabitent avec leurs frères de béton ! Enfin, n’en reste plus que quelques-uns : on a déjà oublié que quelques années plus tôt, ils étaient la règle… Et quand disparaît le dernier, tout le monde ignore qu’il s’agissait du seul survivant : d’un monument historique somme toute !
Les nostalgiques en sont donc réduits aux voyages lointains : j’espère que – par exemple - l’Andalousie et l’Orégon garderont les leurs. Et qu’ils permettront ainsi à mes petits enfants de se croire au temps du télégraphe !

vendredi 5 septembre 2008

Piscine

Comment voulez-vous apprendre à nager dans une piscine glacée ?

De 19 à 21 degrés, c’était habituel pour les piscines.

Je me souviens de leçons de natation, bien vaines, à la piscine de Malmédy. Une jolie piscine tout de même… mais bien trop tôt dans la journée couverte par l’ombre de la colline. Je me souviens de mes membres qui s’ankylosent dans le froid. De ma respiration qui se fait de plus en plus désordonnée. Et puis de la constatation par tous – ma mère, le maître nageur, moi je le savais déjà depuis longtemps - que ça ne servait à rien, qu’on n’arriverait à rien… que le gamin ne nagerait pas aujourd’hui, ni cette année probablement.
Plus glauque encore, l’ambiance de celle de l’école communale. Une piscine dans une cave. Eté comme hiver, la lumière qui nous arrivait par les soupiraux faisait penser à la pluie, nous faisait frissonner à l’avance. Construite hors sol, il nous fallait - comme un suicidé le fait d'une balustrade - escalader la paroi et nous jeter enfin dans une eau qu’aucun soleil ne réchaufferait jamais. Là non plus, rien d'étonnant, je ne suis jamais arrivé à rien.

Et puis… mes parents ont décidé d’aller voir plus loin. En Allemagne d’abord, à Montjoie (Monschau). 26 ou 27 degrés dans l’eau. De quoi se sentir enfin bien, par tous les temps.
Et Spa aussi, plus tard, aux mêmes températures. A l’intérieur en hiver, à l’extérieur – et en piscine olympique chauffée s'il vous plait – en été.
Certains nous prenaient pour des fous, de faire autant de kilomètres pour aller nager… Les gosses des voisins qui nous accompagnaient en redemandaient. Les autres ne nageaient pas, ou alors si peu, seulement en été et bien à contrecoeur !

dimanche 24 août 2008

Plaque de velo

Chaque année, le vélo recevait sa nouvelle plaque, confirmation du payement de la taxe provinciale.

Regardez attentivement les plus anciens des vélos encore en circulation. Sur la fourche gauche il y avait un pas de vis, servant à y attacher la plaque. Et, si vous ouvrez les yeux mieux encore, vous verrez que certains, fiers de l’age de leur monture, exhibent une plaque parfois pas si vieille que ça. Le Brabant n’a abandonné la pratique qu’en 1998.

mercredi 20 août 2008

Radio pirate

Radio pirate, radio libre, tout cela avait un furieux parfum de révolte, de conspiration et de clandestinité. Il n’aurait fallu que le brouillage pour se croire à nouveau en guerre.

De radios, il n’y en avait que d’officielles : la RTB (pas encore F), RTL… On allait en chercher plus loin d’abord dans les ondes longues, puis dans les ondes moyennes et enfin, pour les courageux, dans les ondes courtes. Mais ça ressemblait toujours au menu de la cantine : la viande ou le poisson, des patates ou des frites – et si on a de la chance aussi le choix des tagliatelles -, et une ou bien deux cuillères de légumes.
On a entendu parler alors des radios pirates. Eh oui, pirates, comme Barbe noire. D’autant plus pirates qu’ils émettaient à partir de bateaux installés dans les eaux internationales. Très romantique. Amusant à raconter. Mais bon, ce n’est pas ce qu’on écoutait. Ca ne nous intéressait pas vraiment.
Puis sont apparues subitement les radios libres. Libres et clandestines. Quelques heures par jour, elles émettaient à partir d’un kot de Bruxelles ou de Louvain-la-Neuve. De plus en plus. De mieux en mieux. Quelque chose était en train de bouger. Et, franchement, la qualité n’était pas mauvaise du tout. Si certains savaient… la plupart ignoraient d’où se faisaient les émissions.
Ce fut donc le branle bas de combat – tous à vos postes, la marine du roi en vue ! – qui fut crié sur les ondes de radio Louvain-la-Neuve un jour, à la fin des années 70. Les véhicules de détection… et la police qui suivait… étaient dans le quartier de la tour. Quelques minutes plus tard… et quelques centaines d’étudiants en plus… et l’autorité renonçait. La radio pirate pouvait enfin avoir pignon sur rue…
On sait ce qu’elles sont devenues aujourd’hui. La publicité a fait son chemin… Les grands groupes on fabriqué leurs réseaux de radios dites libres… et l’esprit de la révolution des ondes s’en est allé. Alors, on réécoute la RTB (devenue F depuis), et on se console en allant sur le net !

lundi 18 août 2008

Phosphorescent

Pour ma communion j’ai reçu une montre avec les chiffres phosphorescents ! On les voit même dans la nuit la plus noire.

C’était le genre de magie dont nous ne nous lassions pas. Eclairer notre montre à la lampe de poche. Puis, éteinte, dans le noir en voir briller les marques horaires. D’ailleurs, notre montre, peut-être était ce sa principale utilité, alors que le flux et reflux des habitants, d’un côté à l’autre de la ville, suffisait bien à nous dire l’heure. Presque à la minute près.
La mode des montres à quartz, sans cadran alors, a tourné une page. Seuls de vieux réveils nous permettaient encore de répéter ce tour. L’obscurité n’était définitivement plus le lieu d’aucun miracle.
Sans doute l’un ou l’autre nostalgique en a-t-il eu assez, pour inventer ces étoiles phosphorescentes à coller au plafond. Né bien des années plus tard, c’est sûr, j’en aurais été fou ! Moi aussi j’aurais voulu faire entrer la voie lactée dans ma chambre à coucher.

jeudi 14 août 2008

Lapin de Pâques

Les œufs de Pâques sont apportés par le lapin de Pâques !

Cloches ou lapin ? Les informations que nous recevions des adultes étaient contradictoires.
Les cloches étaient bien parties pour Rome. Il était facile de s’en rendre compte puisqu’elles ne sonnaient plus ni les heures, ni l’appel à la messe. Mais, techniquement, ni le transport – la cloche est, par définition, ouverte vers le bas, et peut difficilement servir, à moins d’être tenue à l’envers, à transporter quoi que ce soit – ni la distribution – les œufs paraissant en relativement bon état au moment où nous les ramassions, il était peu crédible qu’ils aient été largués du ciel – ne penchaient en faveur de cette hypothèse.

Par contre, la façon dont certains œufs étaient cachés, et le fait que cela se passe dans le jardin, pouvaient faire pencher vers l’hypothèse de l’action du lapin. Restait là aussi la difficile question du transport. Un lapin ne se tient pas sur deux pattes. Ne porte pas de hotte. Et aucune de ces représentations ne suffisait à nous faire imaginer l’acte technique d'un lapin livrant de telles quantités d'oeufs, véritables ou en chocolat.
Comment dans ces conditions aurions nous pu croire très longtemps à ces fables ?

lundi 4 août 2008

Bouchon de porcelaine

Comme le Weck, le bouchon de porcelaine avait son anneau de caoutchouc orange ou rouge. Mais il avait ce petit plus, ce petit bruit que faisait la ferraille en s’ouvrant ou se fermant.

Les bouteilles de vin étaient bouchonnées. Rien d’étonnant.
Celles de lait étaient capsulées. Mais il est vrai qu’aujourd’hui on n’achète plus le lait en bouteille. Certaines bouteilles de bière – les petits modèles seulement - aussi.
Mais la plupart portaient ces bouchons de porcelaine qu’on ne trouve plus que dans les boutiques design et sur quelques marques de bières étrangères. Les amateurs les recherchent en brocante et bientôt ils seront sans doute dans les vitrines des musées !
Le bouchon de plastique était inconnu.

mercredi 30 juillet 2008

Les portes du penitencier

C’était du temps de Ceausescu.

Nous avions, je crois, débarqué du côté de Chilia Veche – sur le Nord du delta du Danube -, et on reprendrait le bateau à Sulina – sur les rives de la mer Noire -. C’était en Roumanie, du temps de Ceausescu, il y a 30 ans au moins.
Avec une bande de copain, nous nous étions enfoncés dans le delta. Dans la benne d’un tracteur, qui faisait transport public. Jusqu’à un village plus loin. A proximité des marais. Et des oiseaux sauvages. Nous campions au cœur du village, sur un espace ouvert, qui devait servir à tout. De place du village parfois, de terrain de foot, de salle de bal même.

La nuit tombée, les musiciens sont arrivés, et les danseurs. Un joueur de grosse caisse, l’autre d’accordéon. Je ne sais lequel a commencé. Ce devait être la grosse caisse : boum-boum, boum-boum, boum-boum. Comme un cœur qui bat. Boum-boum, boum-boum, encore et toujours. Puis l’accordéon de démarrer sur « The House of the Rising Sun » (Les portes du pénitencier pour ceux qui préfèrent Johnny Halliday), et de continuer sur le même air, sans fin. Les portes du pénitencier et le boum-boum du tambour dans la nuit du delta… Enfin, les danseurs qui s’y mettent. Quelques femmes, et bien trop d'hommes, chaloupant deux à deux – mais ils ne devaient pas être bien nombreux – dans leurs pauvres vêtements de paysans communistes. Piétinant doucement le sable de la piste de danse improvisée.
La nuit était totale. Et le village n’avait aucun éclairage. Ce bal improvisé non plus. Dans ma tente, la valse de l’accordéon - jouant et rejouant sans fin le même morceau -, le grondement de la grosse caisse, le frôlement des danseurs que l’on devine, ont servi de berceuse à un sommeil lourd, si lourd.

Leur danse était aussi sincère et pathétique que celle de l'ours enchainé et muselé par le Rom. Marchant tristement sur les routes de l'Est derrière la carriole à deux roues des nomades.

mercredi 23 juillet 2008

Papier buvard

Théoriquement, le papier buvard servait à éponger l’encre… En pratique, il en allait bien autrement !

Artistique… Posez la pointe de votre stylo sur un papier buvard, et observez le boire l’encre. La tache se répandre. Essayez d’en faire quelque chose d’esthétique. Essayez de contrôler la vague bleue qui parcourt le rose du papier. N’oubliez pas de laisser assez d’encre quand même dans votre stylo pour pouvoir écrire quand le maître recommencera sa dictée…
Médical… Il parait que le buvard humide dans les chaussures donnait la fièvre. Qu’il pouvait ainsi, au moment opportun, permettre d’éviter un examen ou une interrogation redoutée. Le seul problème est que la posologie et le monde d’application sont bien vagues. Et que je n’ai jamais réussi à appliquer une recette, soi-disant, infaillible.
Cancre… Dépourvue de colle, la cellulose des papiers buvard fait les meilleures boules de papier mâché dont on peut rêver. Roses, elles se détachent particulièrement bien sur le plafond blanc de la classe où les cancres les ont projetées. Plus elles sont grosses, plus grande est la gloire… Un jour peut-être, le ciel de la classe, sera-t-il entièrement rose !
Tactile… Doux, ou presque…. Mais il y avait des fibres plus dures dans le papier buvard. Comme des éclats de verre. Qui faisaient qu’il n’était pas si agréable que ça à manipuler. Qui fait qu’on n’aurait pas posé sa joue contre – juste pour le plaisir – alors qu’il ne devait être fait que de cellulose.
Nasal… Acide. L’odeur du papier buvard n’était pas agréable. Comme le toucher. Un peu paradoxale… On aurait attendu une odeur plus en harmonie avec le rose de sa couleur…
Non, le buvard était un jeu… mais un jeu un peu bizarre… et pas tout à fait aussi agréable qu’on aurait pu l’espérer.

samedi 5 juillet 2008

Xhoute si plout

Il habite à Xhoute si plout !

Prononcer "Hoûte si ploût". Ecoute s'il pleut ! Quel nom bizarre pour un lieu...
Habiter à Xhoute si plout… aller à Xhoute si plout… venir de Xhoute si plout… c’est quand même plus joli qu’habiter (aller à, venir de) « je ne sais où » ou « n'importe où »… Plus couleur locale que « le bled ». Même si l’intention était la même.
Ce que nous ne savions pas alors – ou ne voulions pas savoir – c’est que le lieu existait bien. Les lieux faudrait-il dire. Puisqu’il y en avait deux au moins à moins de cinquante kilomètres de chez moi…
L’expression m’est d’autant plus chère depuis que j’ai appris qu’il y avait des Xhoute si plout un peu partout en France : Escota si plau dans le Béarn, Escoute s'il plot en Ardèche. Et qu’ils font tous référence à la nécessité pour le propriétaire d’un moulin à eau d’attendre la pluie.
La poésie du language se cache derrière les exigences les plus triviales.

vendredi 27 juin 2008

Pousseur (Henry)

Henry Pousseur, né à Malmédy, a l’âge de ma mère.

Visitez Malmédy. Rencontrez ses habitants. Et vous imaginerez difficilement comment un Henry Pousseur peut en être issu.
Faites en de même à Charleville, et essayez, dans la rue, comme ça, de trouver de futurs Rimbaud. Mais au moins, à Charleville, j’imagine que la plupart aura lu, ou entendu, un poème au moins d’Arthur.
Oserais-je imaginer qu’à Malmédy, un jour, tout le monde aura entendu, à défaut d'écouter, toute une œuvre de Henry Pousseur ? Ou serait-il encore trop tôt ? Une bonne gloire locale est-elle nécessairement une gloire morte ? Ou bien la malédiction serait-elle éternelle qui fait que nul n’est prophète en son pays ?
Entre 1961 (il était un peu tôt il est vrai, à trois ans, pour nous abreuver de musique sérielle ou dodécaphonique... mais pourquoi pas ?) et 1972 - mes années d'école là bas -, je trouve bizarre qu’aucun de mes instituteurs, puis de mes professeurs – de musique par exemple ! – ait jamais eu l’idée de nous entretenir d’un fils de la cité qui faisait parler de lui ailleurs.
Les seules fois où j’en ai entendu parler, c’était par plaisanterie. Chacun imaginant une symphonie pour sachets de pain ou un concerto pour nouvelles chaussures et batterie de cuisine.
Résultat. A près de cinquante ans, je n’en sais pas plus sur mon concitoyen !

jeudi 26 juin 2008

Oncle Paul

Relire l’Oncle Paul, c’est comme entrer dans une machine à remonter le temps !

Le papier, un peu rèche. Pas le papier glacé d’aujourd’hui. L’encre qui sentait. Et puis ces histoires, comme racontées par un prof, par un oncle – évidemment – ou comme ces émissions historiques en radio et en télévision. Vite lu. Et on en retenait pas mal…
Mais, si vous voulez vraiment vous replonger dans l’ambiance, je vous conseille Jerry Spring et Buck Dany. C’est radical ! Vous rajeunirez de trente ou quarante années au moins !

lundi 23 juin 2008

Loriot (Jean-Pierre) et Lenain (Christiane)

Jean-Pierre Loriot et Christiane Lenain nous ont fait passer tant de bonnes soirées.

Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !

mardi 3 juin 2008

Remise des prix

La remise des prix, une vraie torture pour l’élève moyen !

Suant de suffisance, le bon élève s’avance. La tête haute et le torse bombé. En plus des trois livres qui nous revenaient à chacun – l’école communale avait alors à cœur de promouvoir la lecture dans les familles – il en ramassait plein d’autres, et des gros, lui faisant un bagage presque aussi gros que notre cartable de tous les jours. Puis venait le défilé des anonymes, des moyens mêlés aux médiocres. Pas de pitié pour aucun. Ne pas être le premier, le second, à la limite ne troisième, était un crime ; devait être sanctionné. Le médiocre quatrième et le bon dernier subissaient le même sort : 3 livres et un regard distrait d’un directeur déjà fatigué d’une distribution qui s’éternise. Même le dernier pouvait se sentir plus heureux. Passant le dernier, au moins, il était un peu remarqué. Tout le monde savait qui il était.
Plus terrible encore quand cette fameuse remise des prix se faisait dans la grande salle de l’école, et qu’au lieu de la modeste et familière estrade, c’est la scène qu’il fallait escalader pour exhiber toute sa médiocrité.
La consolation venait au retour à la maison lorsque ma mère ramassait tous les livres de la famille. Elle en écartait parfois – rarement – l’un ou l’autre, qui avait l’heur de nous plaire, et qui tranchait par rapport à la confondante bêtise et manque d’imagination de l’ensemble (A nous six, nous avons sûrement ramené au moins 4 ou 5 « Capitaine courageux » et au moins autant de l’un ou l’autre de ceux que nos maîtres jugeaient indispensables à toute bonne bibliothèque). Mais l’essentiel disparaissait le jour même, et reprenait le chemin de la librairie qui nous les échangeait contre des ouvrages un peu plus conformes à nos vœux ! La vraie remise des prix, c’est bien ma mère qui la faisait.

dimanche 1 juin 2008

Papier carbone

Une feuille de papier, un papier carbone, une autre feuille de papier, un autre papier carbone, la dernière feuille de papier, le tout dans la machine à écrire. Avant la photocopie, magie du carbone, qui permettait de multiplier les messages.

Le papier carbone ? Je parie que mes gosses n’en ont jamais vu. Ca fait d’ailleurs au moins vingt ans que je n’en ai plus vu moi-même. Le matériau, quelque chose qui ressemblait à du plastique, très fin et résistant à la fois. Noir. La frappe de la machine à écrire se transmettait à travers le papier, et le carbone laissait sa trace d’encre sur la page suivante. Simplissime.
J’en ai utilisé des tonnes, et d’autres aussi. S’imagine-t-on l’énergie qu’il aurait fallu autrement pour écrire à tous ses copains, à toute la famille, pour donner chaque fois les mêmes nouvelles quand on vivait au loin ? Il n’était pas encore question de mémoire informatique, et la photocopie, quand elle est apparue était aussi instable que chère.
Tiens, et à force d’y penser, il me semble aussi que le papier carbone avait une odeur particulière. Quelque chose de très subtil, que je n’arrive plus à retrouver vraiment. Je l’ai là, sur le bout du nez, comme d’autres ont un mot sur le bout de la langue.

mardi 20 mai 2008

Deux parents

J’ai beau chercher… Sans exception, tous mes copains avaient deux parents !

Il y avait bien l’habituel et inévitable fils de la veuve, dans chaque école. Bon élève, toujours. Bonne mère, toujours aussi.
Sinon, c’était monotone. Papa, maman, le ou les enfants. Pas le moindre enfant de divorcé dans les rangs. Aucun de ces voyageurs qui auraient passé une semaine chez papa et sa nouvelle femme, une chez maman et son nouveau mari.
Tout juste des familles lisses, apparemment propres sur elles, sans problèmes ni états d’âmes.
Et s’il y avait bien l’un ou l’autre divorcé dans la ville, cela faisait bizarre… très… Comme un bouton au milieu du visage ou un nid de poule au milieu de la route.
Les temps ont bien changé depuis !

mercredi 14 mai 2008

Pouhon

Sentant le souffre et la rouille, c’était le pouhon. Certains en buvaient l’eau. Prétendant lui trouver des vertus médicinales.

On ne connaissait pas le pouhon Pierre le Grand - trop snob, trop historique, trop spadois -. Tout juste le pouhon des îles, en Outrelepont., non loin de la fontaine Saint Quirin.
De temps en temps, un - vieux - vélo s’arrêtait. Une vieille ou un vieux - aussi vieux que le vélo - en descendait, chargé de bouteilles. Les bouteilles remplies, le vélo repartait.
Serait-ce donc là le secret de la longévité et de la vitalité de ces cyclistes ? Et un peu de rouille absorbée aurait-elle fait disparaître celle qui normalement aurait bloqué leurs articulations de vieillards ?
J’en doute. Mais ils le croyaient ! Et continuaient de pratiquer ce rituel étrange.