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mardi 23 septembre 2008

Visiter les morts

La mort nous était somme toute familière : quand quelqu’un décédait, il était de coutume de lui rendre une dernière visite, et de le revoir une dernière fois avant qu’il ne disparaisse.

Mourir n’était pas moins triste, ni moins dur qu’aujourd’hui. Mais nous ne craignions pas alors que la vue d’un mort nous ferait le moindre mal !
S’il arrivait que le défunt soit exposé dans sa chambre à coucher, c’était souvent la première – et la dernière – occasion d’entrer aussi loin dans son intimité. Et même dans le salon, les quelques personnes qui l’entouraient avaient l’air de composer une famille : de plus jeunes et de plus vieux, des hommes et des femmes, liés intimement – au point de pouvoir cohabiter avec son cadavre – à celui qui n’était déjà plus là.
C’était pour nous, les gosses, l’occasion de détailler enfin un visage qui n’était déjà plus familier ! D’y voir alors certains éléments dont nous doutions parfois qu’ils aient été présents du vivant de leur porteur. D’oser regarder enfin sans crainte quelqu’un qui nous faisait peur de son vivant.
Dans la pénombre, seulement éclairée par quelques bougies – qui parfumaient doucement l’atmosphère de leur blanche odeur de cire – et par l’une ou l’autre lampe masquée de voiles, il nous venait des bâillements, et une envie irrésistible de nous asseoir. Ces veillées duraient toujours trop longtemps à notre goût. Nous aurait-on proposé de nous coucher dans un coin ou de nous assoupir dans un fauteuil, nous n’aurions pas résisté bien fort !
Même plus âgé, j’ai goûté à sa juste valeur de ce dernier instant passé avec des êtres plus ou moins chers. Et si j’ai appris à les redouter aussi, je ne peux que regretter que la coutume s’en soit perdue. Après un tel ultime face à face, je me suis toujours trouvé apaisé. Comme s’il était plus facile de consciemment laisser partir quelqu’un dont on voit le visage… que d’abandonner à de sombres projets de pourrissement ou d’incinération une caisse fermée dont on ne connaît pas le contenu avec certitude !

vendredi 19 septembre 2008

Vinyl

A une certaine époque, le toit des voitures – c’était très chic – s’est couvert de vinyl. Mode incompréhensible, suivie ou précédée de près de celle des véhicules bicolores.

C’est drôle les modes. Surtout lorsqu’il s’agit de voitures, parce qu’elles laissent des traces pendant pas mal d’années. Mais surtout, c’est tellement vite démodé !

lundi 1 septembre 2008

Dimanche sans voitures

Vous vous rappelez les dimanches sans voitures ? Les vrais ! Ceux de la crise pétrolière.

Ces jours ci, on joue au dimanche sans voitures ! Pas en ville. Et encore, seulement dans quelques unes d’entre elles. Mais rien n’empêche non plus de faire 200 kilomètres pour s’y rendre. Et puis, juste une fois. Comme ça. Pour s’amuser dirait-on. Pour faire comme si !
J’ai adoré, et beaucoup avec moi, ces dimanches d’exception du choc pétrolier de 1973. Le calme rendu aux rues. Les cyclistes et les skieurs sur les autoroutes. Les patins à roulettes – non pas encore de rollerblades – et les trottinettes qui ressortent des placards.
Un jour par semaine nous nous amusions de ne pas consommer !

dimanche 24 août 2008

Plaque de velo

Chaque année, le vélo recevait sa nouvelle plaque, confirmation du payement de la taxe provinciale.

Regardez attentivement les plus anciens des vélos encore en circulation. Sur la fourche gauche il y avait un pas de vis, servant à y attacher la plaque. Et, si vous ouvrez les yeux mieux encore, vous verrez que certains, fiers de l’age de leur monture, exhibent une plaque parfois pas si vieille que ça. Le Brabant n’a abandonné la pratique qu’en 1998.

jeudi 31 juillet 2008

Via secura

C’était du temps où la sécurité routière était nationale, et s’appelait Via Secura.

Un temps où les voitures étaient faites de tôle légère. Où les 4x4 étaient l’exception plutôt que de devenir la règle. Où les voitures étaient bien moins nombreuses, et la vitesse bien moindre. Où les enfants allaient encore tous à l’école à vélo ou à pied - et si la route prenait parfois son tribut, c'était encore assez exceptionnel pour que cela serve de leçon aux autres -. Où la rue, pourtant bien droite sur quelques centaines de mètres, nous servait de terrain de football.
Le plus étrange, rétrospectivement ?
La ceinture de sécurité. D’abord il n’y en avait tout simplement pas. Avant qu’elle ne soit installée sur les voitures. Mais personne ne l’utilisait. Puis qu’elle devienne obligatoire à l’avant. Mais la police ne contrôlait pas. Puis seulement à l’arrière. Combien de centaines de morts aura-t-il fallu avant qu’on ne prenne cette décision toute simple ? Et combien en faudra-t-il encore avant que les bus, les trams et les trains en soient aussi équipés.
Le casque moto ensuite. Imaginez-vous donc que, lui non plus, n’était pas obligatoire. Que beaucoup de motards roulaient sans. Et que la plus grande fantaisie régna ensuite sur les différents types de casques que l’on rencontra. Le bol avec sa garniture de cuir sur les oreilles est bien loin de la sécurité des casques intégraux actuels.
Sans parler du casque vélo. Et n’allez pas y voir les choses modernes et fluorescentes que portent nos cyclistes aujourd’hui. Que non. Un casque vélo, c’étaient simplement une série de boudins de cuir, remplis de je ne sais quoi. Par contre, comme sa version actuelle, alors que les cyclistes en reconnaissaient l’utilité – toute relative -, ils ne voulaient pas le porter. Trop chaud. Gênant. Et peu leur importait déjà la perspective de répandre leur cervelle sur le bitume.

mardi 29 juillet 2008

Visa pour le monde

Tous les dimanche après-midi, la Belgique regardait « Visa pour le monde » !

Chaque semaine on voyageait avec les candidats du jeu concours. On tremblait avec eux. On rêvait comme eux de ce prix incroyable : un tour du monde. Un vrai. Comme celui de Jules Verne, ou de Magellan. Un de ces cadeaux énormes, formidables et – somme toute - totalement inutiles. Qui en faisaient donc encore plus rêver !
Quand le candidat ne connaissait pas la réponse, il pouvait faire appel au téléphone. Demander pour ce faire une valise. « Maryse, une valise ! » entendrai-je encore résonner dans un coin de ma tête, chaque fois que je penserai à « Visa pour le Monde ».

jeudi 3 juillet 2008

Velours

En hiver, nous portions des pantalons de velours.

Comment aurais-je pu imaginer alors qu’il me faudrait expliquer ce qu’est le velours ? Imaginez-vous aujourd’hui devoir expliquer à vos enfants et petits enfants, dans trente, quarante ou cinquante ans, ce qu’est un jeans ? un string ? une télécommande ? un changement de vitesse ? Et bien, préparez vous !
Parce que le velours, c’était important ! On trouvait ça beau. C’était chaud, mais pas trop. C’était doux. Je parle bien du velours côtelé. De celui avec des rayures.
Ma mère nous en faisait parfois aussi des « plaques de rat ». Nous appelions ainsi les appliques de tissus pour renforcer les coudes de tel ou tel pull à la laine un peu fatiguée – prétendant qu’elles étaient faites en peau de rat -.
Il y avait du velours un peu partout.

samedi 7 juin 2008

Variole

En 1962, la crainte d’une épidémie de variole amena les autorités à interdire le carnaval de Malmédy !

Vers le 29 avril de cette année là – j’avais trois ans et demi – je me souviens de l’hôpital, où l’un de mes frères venait de naître. Du centre de la ville, qui n’avait rien de bien particulier. Mais surtout du journal gratuit qui, au lieu du programme des festivités, affichait le dessin d’une haguette en pleurs. Le masque traditionnel du carnaval de Malmédy était effondré par l’interdiction. La vie des Malmédiens s’arrêtait. Vide de sens !
Ils auraient, sans aucun doute, préféré le carnaval, au risque de la variole ! Quand il s’agissait du cwarmè, les Malmédiens avaient de l’héroïsme.

jeudi 22 mai 2008

Feu Vert

Feu Vert, c’était Jacques Careuil, et Jacques Careuil, c’était Feu Vert !

Bon, il y avait André Rémy aussi, mais, Jacques Careuil, lui, avait une voix… inoubliable. Inimitable.
Feu Vert, c’était le jeu télévisé pour les enfants, le mercredi après midi. Des questions de connaissances. Des épreuves physiques. Des trucs inimaginables aujourd’hui dans leur élémentaire simplicité. Des chanteurs aussi : Robert Cogoi, Jean-Claude Darnal, Joe Dassin étaient abonnés de l’émission.
A vos marques, c’était pour les plus grands. Ceux de l’école secondaire. Des vieux, somme toute.
Il n’y avait pas grand monde pour manquer notre Feu Vert hebdomadaire.

lundi 19 mai 2008

Café vert

Dans une réserve, un sac entier de café vert, qui attendait depuis la guerre de Corée d’être enfin torréfié et ne le serait jamais.

Le café vert et le sucre, sans doute les dernières denrées à avoir été stockées par les Belges, en quantités déraisonnables.
Déraisonnable, c’est le mot. Réaction instinctive de cette part de la population qui a connu les pénuries, les restrictions, les tickets de rationnement.
Réaction bizarre pour nous, qui ne penserions pas nécessairement au café ou au sucre, dont nous n’avons jamais manqué. D’un autre temps aussi, car, qui aujourd’hui serait encore en mesure de torréfier son propre café ? et – mal - torréfié, qui a encore à la maison un moulin à café ?
Réaction contre-productive enfin puisqu’elle contribue elle-même à la pénurie.
Et pourtant… imaginez-vous ce qu’il se passerait si, à l’instant, l’alimentation électrique de toute la Belgique venait à être coupée durablement – disons 1 mois, pour ne pas exagérer dans le catastrophisme - ? Ne seriez-vous pas heureux d’avoir, quelque part, une vingtaine de kilos de sucre, ou ce sac de café vert datant de la guerre de Corée ?

jeudi 8 mai 2008

Veaux de mars

Pluie, soleil, puis neige à nouveau… un temps bien de saison pour les veaux de mars.

Dites donc giboulées de mars si cela vous plait, en mars je préfère penser à ses veaux. Veaux de Mars faudrait-il d’ailleurs écrire, s’agissant - paraît-il - d’une référence à une légende concernant le Dieu de la guerre. Mais peu importe.
Spectaculaires et imprévisibles, comme peuvent l’être les orages en été. Un quartier sera touché, une ville, et pas leurs voisins. On sort léger vêtu, comme pour profiter d’un ciel qui se met au grand beau… et voilà qu’on se retrouve dans une ambiance polaire.
C’est ce que j’adore dans notre météo pourrie. En plus d’être – soi-disant – pourrie, elle est imprévisible. Alors, en mars, je suis heureux !

samedi 12 avril 2008

Vêtements

Mettez un enfant à nu aujourd’hui, et comparez ses vêtements avec ceux que je portais à son âge. Nous vivons définitivement dans un autre monde.

Ce n’est pas simplement la mode qui a changé. C’est tout.
Du tout au tout. De la tête aux pieds il n’y a plus rien de commun entre le slip, t-shirt, jeans, chaussettes industrielles, sweat-shirt, parka nylon, chaussures de sport et ce que portait son père (caleçon, chemisette, chaussettes tricotées par ma grand-mère, pull tricoté par ma mère, manteau de toile, chaussures de cuir).
Bouleversement total des formes, mais surtout des lieux et des modes de production et de distribution. Réduction de la durabilité. On ne peut plus réparer…

lundi 17 mars 2008

Vêtements

Les vêtements se changeaient en fin de semaine seulement.

Les sous vêtements plus souvent, évidemment. Chaque jour sans doute. Mais pour le reste, il fallait tenter de rester propre le plus longtemps possible. Malgré nos jeux dans les bois et dans les prés. Les heures passées dans la poussière des trottoirs et au bord des caniveaux.
Et lorsque plus tard une cousine de mon âge passera une année aux Etats-Unis, la grande nouveauté qu’elle ramena – et la plus difficile à faire à admettre ici – était bien qu’elle changeât quotidiennement de vêtements. Comme les Américains !
Mais où irait-on alors trouver tout ce linge, ces jupes et pantalons, ces chemises et polos, pour s’habiller chaque jour de frais ? Et d’ailleurs, été ou hiver, comment garantir que ce linge serait sec à temps ? Et repassé ?
D’ailleurs les culottes courtes et les jupes avaient bien moins de raisons de se salir que les pantalons. Nous prétendrons donc - en certain temps encore - garder, envers et contre la modernité américaine, nos bonnes vieilles habitudes.
Mais pas pour longtemps ! Il est vrai que la ville est tellement plus sale que la campagne !

vendredi 14 mars 2008

Saut ventral

Pour le saut en hauteur, nous pratiquions le saut ventral.

L’alternative, bien moins efficace était le saut en ciseau. Donc, en compétition, personne n’aurait pensé sauter autrement. Et ils franchissaient encore 2 mètres 33 en 1977 avec cette technique.
Quel ne fut donc pas notre étonnement quand un jour - aux jeux olympiques de 1968 - un certain Fosbury au moment d’arriver à la latte, se retourne et saute en arrière. Comique. Mais redoutablement efficace. En quelques années, le saut ventral avait disparu des concours.
Et pourtant, il avait un certain charme et bien de l'élégance. La course vers le sautoir: l'obstacle en ligne de mire. La première jambe qui s'élance. Le corps qui roule autour de la barre. Le nez, les yeux qui la tutoient. La deuxième jambe qui suit, qui passe, ou ne passe pas. La chute sur le matelas et la latte qui tiendra, ne tiendra pas !

mardi 19 février 2008

Vendredi

Vendredi, jour du poisson !

Le jeudi, le poissonnier passait dans la rue. Et à certains endroits il le fait encore. Apportant le poisson tout frais d’Ostende.
Je me souviens bien de la sole, de la plie. Délicieux. Bien moins des autres variétés qu’on pouvait acheter alors. En tout cas, je n’aimais pas les crevettes.
Tous les vendredi, par décret religieux, on mangeait donc du poisson. Et consommer de la viande aurait – en un certain temps – été comme violer le ramadan pour un musulman. Rien de gravissime, mais impie surement.
Ce qu’on violait surtout alors, c’était la coutume plus que la religion. Une manière établie de vivre et de faire. C’eut été comme manger le dessert avant la soupe. Voire souper en regardant la télévision.
Inconcevable !

dimanche 17 février 2008

Vim

La boite de Vim avait de petits trous !

La poudre à récurer Vim est veille comme le monde. Ca ne m’étonnerait pas que les femmes des cavernes qui n'aimaient pas l'odeur de Sidol l’aient déjà utilisé pour tenter d’enlever les crasses que leurs hommes faisaient dans les grottes de Lascaux et d’ailleurs.
Et elle est toujours là. Sur les étagères de nos grands magasins et sous les éviers de nos cuisines.
Par contre, le coup des trous, nous on l’a bien remarqué.
Avant, il y avait de petits trous… donc, la poudre sortait doucement, calmement de la boite. Il arrivait même qu’il faille insister un peu. Cela ne dérangeait personne, sauf les affaires des producteurs.
Et puis un jour, la taille des trous a explosé. Donc la poudre sortait facilement. Très facilement. Trop facilement.
Si certains s’y sont laissé prendre, ce n’est pas le cas de ma mère. A malin, malin et demi. Au lieu d’enlever l’ensemble de l’adhésif qui recouvrait les trous au moment de l’achat, soigneusement, avec un petit couteau, elle le tranchait au milieu… et n’avait donc que la moitié des trous.
Et tant pis pour monsieur et madame Vim ! Ma mère veillait, ils ne feraient pas fortune sur son dos.

jeudi 24 janvier 2008

Viewmaster

Tous les Disney, nous les avons vu au Viewmaster.

Au départ, la stéréoscopie. Un truc vieux comme la photographie. Deux images, des lunettes spéciales pour les regarder.
Mettez là-dessus un coup de miniaturisation et d’ingéniosité : les photos sont disposées de part et d’autre d’un disque de carton.
Ajouter une couche de plastique. Le Viewmaster était en plastique et sentait le plastique. C’est sans doute à cause de cette odeur persistante que je ne m’y suis jamais fait.
Terminez enfin en le consacrant définitivement à célébrer la monomanie Disney. Nous n’avions pas le journal de Mickey, pas de Tshirts ni de Sweat-Shirts de ses héros (d'ailleurs il n'y avait à l'époque ni de T, ni de Sweat-shirts)… nous connaissions à peine la plupart des héros de l’ami Walt… Mais nous avons vu à nous en fatiguer les yeux Blanche neige et les autres vieux Disney au Viewmaster.

Fascinés que nous étions par cette illusion de relief. Comme si dans ce boitier ridicule que nous tenions dans les mains se tenait enfermé un univers entier, et toutes ses dimensions.

mardi 27 novembre 2007

Luc Varenne

On regardait la TV et on écoutait la radio quand Luc Varenne commentait.

Je n'ai jamais été grand amateur des (retransmissions de) compétitions sportives et je ne comprends toujours rien aux règles les plus tordues du football.
Mais quand par hasard le même événement était retransmis à la fois par la TV et par la radio... et que, par hasard, Luc Varenne faisait le commentaire, il vallait la peine de prendre un peu de temps pour profiter du boniment.
Avec lui, le foot, qui m'ennuyait, en devenait passionnant; le cyclisme devenait un drame antique. Ou bien, le foot comme le cyclisme me restaient-ils indifférents? Ce qui était touchant c'était d'entendre un adulte déborder d'émotion, passer par toutes les couleurs des sentiments, du déséspoir à la joie folle, à la vue d'un simple ballon disputé par 22 idiots.
Dans ma mémoire, il doit faire partie des quatre ou cinq conteurs d'histoire les plus brillants que j'aie entendu.

lundi 5 novembre 2007

Vol en rase mottes

Les avions de chasse volent en rase motte et terrorisent la population.

Peut-être dans mon souvenir volent-ils bien plus bas qu'ils ne le faisaient en réalité. Mais je sens encore le hurlement de leurs réacteur déchirer mes tympans. Et je me sens me réfugier dans le giron de ma mère.
Plonger dans la vallée et froler les toits devaient être bien tentant juste avant d'aller tirer sa charge de missiles au camp d'Elsenborn. Se croyaient-ils vraiment en guerre ou méprisaient-ils totalement la population?