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mercredi 16 juillet 2008

Insecticide

Plaques Vapona, bombes… j’ai vécu l’âge d’or de l’insecticide je crois !

Avant nous, il y avait eu le DDT. Poison, mais salvateur aussi. Pour des populations qui sortaient de la guerre couvertes de poux. Affaiblies et attaquées par des nuées de parasites. Mais bon, on s’était quand même rendu compte que le DDT n’était pas aussi bénéfique qu’il n’était toxique. Et qu’il devait y avoir moyen de faire mieux.
Avant nous aussi, le vaporisateur à pompe ! De la bande dessinée seulement. Un peu comme le train à vapeur – sauf que le train à vapeur, lui, on l’avait vu, on le voyait encore occasionnellement – juste comme une icône, un symbole. Une sorte d’idéogramme. De logo dirait-on !
Non, aucun des deux, mon époque fut celle de la plaque Vapona et de la bombe insecticide.
La plaque Vapona, jaune orange, rectangulaire. Pendant dans les maisons. Dégageant un fort parfum de propre et d’interdit aux mouches. Et ça marchait. Mais apparemment, ça marchait un peu trop bien. Et ce n’étaient pas seulement les mouches qui prenaient leur plein de Vapona ! On l’a vue partout… et puis, un jour, on ne l’a plus vue nulle part. Sauf dans les magasins. Où je ne sais quel spécialiste du marketing obstiné continuait à vouloir l’imposer.
La bombe surtout… avec plein de gaz destructeurs de la couche d’ozone en prime. La bombe ? Des bombes. Pleins de bombes vidées à la poursuite des mouches, moustiques, abeille et guêpes dans toutes les maisons. Bombez, bombez… La bombe à la main on se sentait justicier. On poursuivait le moustique hors la loi. La guêpe terroriste. On s’en prenait plein les narines, de cet insecticide… On se sentait fier et fort dans une maison débarrassée de ces intrus.

Dans le même temps, les rapaces, même les plus communs se raréfiaient. Il fallait aller dans les Vosges, pour rencontrer le premier faucon pèlerin – qui niche aujourd’hui au centre de Bruxelles – qui - fatigué sans doute de pondre et couver pour rien - en oubliait même de nicher. Chaque année, on observait avec horreur, le trou dans la couche d’ozone s’élargir, s’étendre comme une peste de plus en plus vers le sud.
Aujourd’hui pend dans ma cuisine, un de ces horribles papiers tue mouche, que nous trouvions archaïques alors. La seule différence ? On a jeté la plaque Vapona aux oubliettes de l’histoire. Vapona vend aujourd’hui le papier tue mouches !

vendredi 20 juin 2008

Italie et Espagne

D’Espagne ils ramenaient une affiche de corrida à leur nom, d’Italie du verre de Murano. Ceux qui partaient en vacances.

Les vacances ? La plupart préféraient faire le carnaval, et tout le budget loisirs de l’année y passait. Envoyer leurs enfants en colonie de vacances ? Ils n’y pensaient même pas.
Les autres. Ceux qui avaient encore de quoi après le carnaval. Ils regardaient vers le Sud. Ignoraient la France. S’arrêtaient en Italie – qui n’était donc pas seulement le pays d’où venaient nos immigrés – ou en Espagne – où ils fermaient les yeux sur les horreurs de la dictature de Franco -. L’année suivante, ils y retourneraient. Chaque année en Italie. Ou chaque année en Espagne.
Le plus étrange : à part les arènes, l’Espagne, c’était juste une plage, la mer. L’Italie, une plage, la mer aussi. Et la côte belge ? Une plage, et la mer. Mais c’était moins loin, et moins prestigieux !

dimanche 25 mai 2008

Immigrés

Immigrés, encore un nouveau mot. Je n’ai personnellement jamais entendu parler que d’Italiens, plus tard de Turcs, de quelques Marocains peut-être.

Et pourtant, quelle différence ?
A quel moment les Italiens, Turcs, Marocains, Congolais, sont ils devenus des immgrés ? Et pourquoi certains d’entre eux seulement ?
D’ailleurs, on a, à lontemps, uniquement parlé de « travailleurs immigrés ». A quel moment les immigrés ont-ils cessé, dans la tête des gens, d’être des travailleurs ?
Et vont-ils, comme en Flandre et aux Pays-Bas, bientôt devenir des « allochtones » ? Tout juste comme les barbares des empires grecs et romains ?

vendredi 25 avril 2008

Incendies

Nous adorions les incendies !

La ville était parsemée de sirènes publiques, destinées à appeler les pompiers volontaires au service - et puis aussi, on ne sait jamais, à avertir la population en cas de bombardement -. A la première sonnerie, nous sautions sur nos vélos. Guettions le pin-pon du camion des pompiers, qui nous indiquerait quelle direction il allait prendre. Vérifions si par hasard aucune fumée n’était visible au dessus de l’horizon, désignant un incendie dans l’une ou l’autre vallée proche.
Et puis, quelques instants plus tard, fusait le premier bolide rouge. Rapidement suivi d’un ou deux autres. Et au milieu, une bande de gosses, pédalant comme des dératés, impatients de rejoindre les lieux du sinistre.
S’agissait-il d’une maison, il n’y avait pas vraiment de raison de se réjouir. Moins encore d’occasion de participer au travail d’extinction. C’était là une chose sérieuse, grave, dans laquelle nous sentions que nous n’aurions pas notre place. Nous nous tenions alors à bonne distance. Et quittions les lieux dès que nous savions de quoi il s’agissait. Au moins, nous aurions pédalé tout notre saoul.
Mais lorsqu’il s’agissait d’un bois ou d'un bout de lande, nous étions à la fête. Et il ne serait venu à l’idée de personne de nous éloigner des lieux du sinistre. Il fallait parfois porter les tuyaux – dans les bois et les talus -, en assistance aux pompiers qui affrontaient les flammes, et pouvaient difficilement contrôler cet encombrant reptile. Ou bien, plus amusant encore, nous étions dans la ligne de front. Une branche feuillue à la main, un mouchoir noué sur la bouche si la fumée était trop forte. Battant comme des fous les flammes rugissantes, nous lançant comme des chevaliers du temps jadis à l’assaut du feu, puis des brasiers résiduels, enfin des quelques flammèches qui résistaient.
Nous rentrions à la maison noirs de suie et fourbus. Mais toujours, un sourire éclatant témoignait de la bonne journée que nous venions de passer ! Et pas besoin de rêver d’un jour devenir pompier. Nous l’étions déjà !

dimanche 30 mars 2008

Indiens

Quand j’étais gamin, on était cow-boy ou on était indien !

Remettons les choses dans leur contexte. A la télévision, il y avait les westerns. John Wayne. La chevauchée fantastique. Des feuilletons. Les bons cow-boys. Les mauvais indiens…
Mais pas trop mauvais. Parce qu’ils étaient photogéniques… spectaculaires presque… Que leurs femmes aussi démontraient qu’ils avaient une présence physique indispensable. Eux, par la violence brute. Elles comme des lianes. Ou un ruisseau. Ou une branche dans le vent. Quelque chose de souple, de doux.
Les cow-boys eux n’avaient pas de femmes. Ou bien des idiotes blondes qui les laissaient partir suivre le cul de leurs vaches.
L’avantage des cow-boys. C’est qu’ils n’avaient pas besoin des indiens. Ils pouvaient se battre entre eux. En duel. Ou bien entre cow-boys et bandits… L’inconvénient, c’est qu’il fallait un flingue. Avec des amorces si possible. En ruban, ça faisait peu de bruit. Et ça faisait gamin. Donc, la version plastique était mieux…
Par contre, l’avantage des indiens, c’est qu’ils fabriquaient leurs armes eux-mêmes. Un bout de corde. Ca s’obtient facilement. La corde de chanvre ou la ficelle étaient dans toutes les maisons. Et n’étaient pas rationnés. Une branche de noisetier pour l’arc. Et, un passage sur les déchets de la scierie Closson – qui frabriquait des cintres – nous fournirait à suffisance en flèches bien droites et acérées.
Quant au costume… un chapeau scout écrasé de la bonne manière ferait l’affaire pour le cow-boy… et les poulaillers fourniraient les plumes pour l’indien…
Mais, soyons bien clairs. On en était encore au vrai western… Pas encore au western spaghetti… Et encore moins à Soldier blue, Silverado et autres Danse avec les loups… Nos cow-boys tueraient en gardant leur bonne conscience tous les indiens… qui mourraient bien volontiers pour que se maintienne l’ordre des choses, et que la terre tourne rond.

mardi 4 mars 2008

Interlock

Interlock, dralon, nylon, velours, jersey, pilou, tergal,…

Ce sont les sept qui me viennent immédiatement à la mémoire. Mais nous en connaissions d’autres, des noms de tissus.
Il est vrai que notre mère – comme tant d’autres à l’époque – cousait tout ou partie de nos vêtements. Et que mon père, en bon Verviétois, avait fait des études textiles.
Mais ce n’était pas tout. Les vêtements n’étaient pas simplement des objets qu’on achetait, qu’on utilisait si peu de temps, et puis que l’on jetait.
Faits à la maison, ou hérités d’un cousin plus âgé, même neufs ils avaient déjà parfois une histoire et gardaient une origine. Made in China ne figurait alors sur aucune étiquette. Ils venaient donc bien de quelque part, et surtout de quelqu'un. Comme les costumes de mon père, taillés sur mesure. Un luxe aujourd'hui. La norme à l'époque.

lundi 24 décembre 2007

Internat

Comme Harry Potter, j’ai vécu à l’internat.

Chaque école un peu importante avait le sien. Et dans la mienne les externes n’étaient qu’une petite minorité d’indigènes, de fils de paysans parfois un peu balourds - pas plus, pas moins que les autres évidemment -.
Le monde était bien plus grand alors… où alors étions nous plus petits que les distances paraissaient si importantes; qu’aller à l’école à 40 km de distance impliquait nécessairement de partir le lundi matin pour ne revenir que le samedi midi. Et que dire de ces fils de militaires casernés en Allemagne qui, en une petite journée et demi, faisaient un rapide aller retour entre l’école et leur famille résidant en territoire ennemi - comment appeler autrement un territoire que nous occupions militairement ? -.
L’internat de tous les fantasmes et légendes, pour ceux qui n'y vivaient pas. Derrière le secret de leurs murs, l’occasion de tous les récits fabriqués pour – au choix - fasciner ou effrayer l’auditeur.
Mais en tout cas, c’était chez nous. La première véritable occasion de vivre pendant des jours et des semaines sur un territoire qui était le nôtre. Que jamais aucun parent ne pourrait parcourir qu’en visiteur et en étranger.

dimanche 25 novembre 2007

Instamatic

Pour ma communion j'aurais pu, comme beaucoup d'autres, recevoir un Instamatic

Encore une invention de monsieur Kodak qui a marqué ma génération. Si ce n'est à leur petite communion (à 6 ans) alors c'est à leur grande (à 12 ans) que la plupart d'entre nous auront reçu leur premier appareil photo. Un Kodak Instamatic. Un Instamatic pour les intimes.
Le net m'apprend que l'histoire commence en 63 (j'avais 5 ans)... et qu'en 72 apparaît le format 110.
L'Instamatic, c'était l'équivalent de nos appareils jetables actuels... sauf qu'on ne jetait pas l'appareil. Une qualité optique très moyenne. Un film convenable. Et des résultats finalement satisfaisants compte tenu de la simplicité du procédé.
Juste un poil plus soigné côté technique que les toy-cameras - Diana ou Holga -.
Il aura permis aux souvenirs de toute une génération d'être fixés sur la pellicule.

mardi 23 octobre 2007

Interlude

Du temps de la télévision en direct, je regretterai toujours les interludes.

Les programmes ayant régulièrement quelques minutes de retard, la speakerine - une autre espèce disparue - nous annonçait, avec un sourire à désarmer un skin-head, qu'il nous faudrait encore un peu patienter.
Et, sur fond de musique classique, on avait droit à des minutes de ruisseau glougloutant, de feuilles d'arbre agitées par la brise, ou à la version originale non sous-titrée de l'aquarium du restaurant chinois qui fascine encore nos enfants... Et les poissons n'étaient rouges que dans nos esprits, puisque la TV (pas télé), elle, était en noir et blanc.
L'interlude ne pouvait être interrompue que par une chose: la speakerine nous annonçant qu'il nous faudrait ... encore un peu patienter...
On savait prendre son temps à l'époque.