vendredi 30 novembre 2007

Armand Bachelier

... depuis Paris, Armand Bachelier.

C'était le correspondant éternel de la RTB (pas encore F) à Paris. A la grosse voix de nounours. Et une métrique reconnaissable entre toutes.
Quand il lisait ses billets on aurait cru qu'il récitait du La Fontaine... mais avec l'expression en plus. Et même si je n'y comprenais rien, je ne pouvais qu'être subjugué par cette voix fascinante qui nous parvenait de centaines de kilomètres plus loin.

jeudi 29 novembre 2007

Weck

Avant les surgelés, il y avait les Weck.

Citation: "L'idée que la technique Weck serait démodée, est complètement dépassée. Au contraire, Weck est à la mode, stériliser est de nouveau dans le coup!"
Une cuve d'aluminium avec couvercle. Un grand thermomètre qui plongeait au centre de ce couvercle. Des pots de verre scellés par un anneau élastique orange. Mystérieuse, la confection de conserves avait un peu de la cuisine du diable. Je me souviens avoir longtemps encore déplacé cette casserole bizarre lorsqu'il fallait chercher quelque chose dans la cave.
Quant à savoir ce que contenaient ces pots, je n'en ai plus la moindre idée. A part les poires cuites, que j'adorais. Je me souviens seulement du geste bizarre et magique, génialement simple, qui permettait de les ouvrir. Il suffisait de tirer sur l'élastique emprisonné entre les deux parfois de verre... l'air entrait, et le pot était ouvert.

mercredi 28 novembre 2007

Oufti

C'était juste une interjection locale, ils en ont fait une friandise.

Oufti... (littérallement "Ouf toi") avec au moins 3 i, permet d'identifier le Liégeois sans risque de se tromper.
En dehors de Liège on pourrait d'ailleurs presque traduire par: "je dis ouf, et je suis liégeois!" ... j'ai d'ailleurs connu un Liégois que l'on surnommait - à Bruxelles évidemment - oufti.
Il parait que le surnom du Che a la même origine. Un tic de language des Argentins. S'il était né en Outremeuse... vous imaginez les t-shirts et les drapeaux rouges ornés de son portrait et marqué d'un grand: Le Oufti?

mardi 27 novembre 2007

Luc Varenne

On regardait la TV et on écoutait la radio quand Luc Varenne commentait.

Je n'ai jamais été grand amateur des (retransmissions de) compétitions sportives et je ne comprends toujours rien aux règles les plus tordues du football.
Mais quand par hasard le même événement était retransmis à la fois par la TV et par la radio... et que, par hasard, Luc Varenne faisait le commentaire, il vallait la peine de prendre un peu de temps pour profiter du boniment.
Avec lui, le foot, qui m'ennuyait, en devenait passionnant; le cyclisme devenait un drame antique. Ou bien, le foot comme le cyclisme me restaient-ils indifférents? Ce qui était touchant c'était d'entendre un adulte déborder d'émotion, passer par toutes les couleurs des sentiments, du déséspoir à la joie folle, à la vue d'un simple ballon disputé par 22 idiots.
Dans ma mémoire, il doit faire partie des quatre ou cinq conteurs d'histoire les plus brillants que j'aie entendu.

lundi 26 novembre 2007

Kodak Box

J'ai fait ma première photo au Kodak Box.

Ce devait être dans les années 66 ou 67, voire même avant, du côté du monument Appolinaire, sur les hauteurs d'Outrelepont. Le chemin qui monte, les talus des deux côtés. Et je crois, un chien qui traverse le chemin. Très loin.
Je me souviens aussi du rouleau de film - j'ai appris récemment que c'était du format 620, pas très éloigné de notre actuel format 120, utilisé dans les appareils 6x6 -, avec son emballage de papier. Et de mon père qui procédait au chargement.
S'il a été utilisé avant? Après? Je ne me souviens finalement de rien d'autre que de l'avoir pris plus tard comme jouet. Nous nous amusions de la visée inversée, à travers un gros verre bombé comme un cul de bouteille: qu'un objet apparaisse sur la droite, il rentrait par la gauche de la photo.
Je lui dois une bonne partie de mon virus de la photographie.

dimanche 25 novembre 2007

Instamatic

Pour ma communion j'aurais pu, comme beaucoup d'autres, recevoir un Instamatic

Encore une invention de monsieur Kodak qui a marqué ma génération. Si ce n'est à leur petite communion (à 6 ans) alors c'est à leur grande (à 12 ans) que la plupart d'entre nous auront reçu leur premier appareil photo. Un Kodak Instamatic. Un Instamatic pour les intimes.
Le net m'apprend que l'histoire commence en 63 (j'avais 5 ans)... et qu'en 72 apparaît le format 110.
L'Instamatic, c'était l'équivalent de nos appareils jetables actuels... sauf qu'on ne jetait pas l'appareil. Une qualité optique très moyenne. Un film convenable. Et des résultats finalement satisfaisants compte tenu de la simplicité du procédé.
Juste un poil plus soigné côté technique que les toy-cameras - Diana ou Holga -.
Il aura permis aux souvenirs de toute une génération d'être fixés sur la pellicule.

samedi 24 novembre 2007

Hanter

Il rentre bien tard votre gamin. - C'est qu'il hante, savez vous!

D'un garçon qui fréquentait une fille, on disait - en wallon, mais aussi dans notre français à nous - qu'il hantait.
Bien moins prosaïque que "sortir avec"... c'était à se demander à quel fantome on avait à faire, et si la victime pouvait bien voir celui-là qui était réputé la hanter.
Courtiser disait-on encore. Qui parlerait encore de courtiser à ce jour où toute idée d'approche préliminaire, voire de relation durable, semblent avoir disparu?

vendredi 23 novembre 2007

Garmich Partenkirchen

Le 1er de l'an, on regarde à la télévision le concours de saut à ski de Garmisch Partenkirchen.

Quand j'étais gamin, le nouvel an était presque un jour comme les autres. Ce n'est que bien plus tard que j'ai constaté la montée de la mode du réveillon. Celui de Noël nous suffisait.
Mais ce que nous n'aurions manqué pour rien au monde, et qui faisait toute l'originalité de cette journée, c'était, après le rituel un peu stupide de la bénédiction urbi et orbi, tout le temps passé à regarder le concours à ski de Garmisch Partenkirchen.
D'abord, rester devant la TV à ne rien foutre, alors que nous aurions pu jouer dehors. Ensuite, le plaisir de prononcer ce nom bizarre, et de pouvoir raconter à l'école qu'on avait vu tout le concours de saut à ski de Garmisch Partenkirchen. Enfin, la magie de ces corps suspendus nulle part entre ciel et terre, silencieux et comme immobiles.

jeudi 22 novembre 2007

Decalcomanie

Une notice au dos
C'est le mode d'emploi
Laissez tremper dans l'eau
Et comptez jusqu'à trois
Sur un support bien lisse
Ça devient un réflexe
On maintient de l'index
Et du pouce on coulisse
Et un Davy Crockett
A l'avant du frigo ...

Et Gottainer continue plus avant son mambo de la décalcomanie.
Avant l'autocollant, il y avait donc cette petite chose fragile, qui réclamait bien du doigté pour la mettre en place.
Il y en avait de superbes, et de tous les styles. Et quand on faisait une maquette d'avion ou de bateau, la pose des décalco donnait au moins la moitié du plaisir, indiquant que la bête allait bientôt pouvoir être montrée.
Quelle déchéance elle a subi par la suite... la dernière fois que j'en ai vu, c'était sous forme de décorations pour de ridicules oeufs de Pâques où l'autocollant est venu ensuite faire un tour.
Seuls peut être les faux tatouages qu'aiment les enfants s'apparentent encore, par le plaisir qu'ils peuvent donner, à cet imagier disparu.

mercredi 21 novembre 2007

Carte à jouer

Des cartes à jouer et des pinces à linge. Quel boucan cela faisait dans les rayons de nos vélos.

Au mieux, nous jouions à bataille. Plus grand, nous apprendrions aussi parfois à jouer au couillon. Cela ne nous empêchait nullement de faire grand usage de cartes à jouer.
Une pince à linge, une ou deux cartes qui aboutissent dans les rayons de la roue avant. L'opération répétée de chaque côté... et de préférence aussi sur les vélos des copains, et nous étions prêts pour faire le tour du quartier.
Aucune utilité évidemment, sauf celle de se faire entendre... mais c'était un plaisir si simple.

mardi 20 novembre 2007

Service militaire

Le service militaire forgeait les hommes...

Dans le temps, le monde était simple. Il y avait ceux qui avaient fait leur service militaire (les hommes) et les autres.
Les femmes faisaient évidemment partie de la deuxième catégorie, et n'avaient de ce fait rien d'intéressant à raconter.
Alors que ceux qui l'avaient fait, lorsqu'ils étaient entre eux, passaient les cinquante années suivantes à raconter combien la vie qu'ils menaient alors était débile, les ordres stupides et tout cela une perte de temps et d'énergie. Mais que survienne quelqu'un qui ne l'avait pas fait... il se mettaient à le convaincre qu'il ne saurait jamais ce que c'est que de devenir un homme, un vrai...
Ceux qui ne l'avaient pas fait d'expliquer à leur tour comment ils avaient réussi à éviter la corvée. Se glorifiant de leurs pieds plats ou d'un testicule en moins dont ils auraient eu honte en d'autres circonstances. Et que penser alors de la réalité ou de la feinte des maux de ceux qui étaient exclus pour des motifs psychiatriques ? Le conseil de révision et leurs journées au Petit Chateau se racontaient comme Napoléon a du resasser le récit de ses batailles à ses géoliers de Sainte Hélène...
Car d'un côté comme de l'autre, le service militaire aura surtout réussi à généraliser les minables entourloupes et tant de soumission.

lundi 19 novembre 2007

Bas nylons

Zut, j'ai une flèche dans mon bas gauche...

Toutes les femmes il me semble, portaient des bas nylons.
On ne se maquillait pas alors, ou alors si peu, et seulement pour les grandes occasions (je me souviens que ma mère avait un tube de rouge à lèvre)... mais aller les jambes nues avait quelque chose d'inconvenant. Les femmes n'ont osé exhibé leurs mollets blanchâtres à l'épilation imparfaite que bien plus tard.
Je me souviens aussi qu'il devait d'abord s'agir de bas. Je me souviens parfaitement de ces fixations bizarres, de jaretelles ou d'attaches sur un corset de ma mère, concues pour tenir fermement mais sans déchirer, le précieux matériau. Mais très vite, il s'est agi de collants. Des panties disait on. L'avantage? La fixation. L'inconvénient? Quand un bas filait, on pouvait le remplacer par un autre. Le panty, lui, était fichu...
Les flèches dans les bas, elles ont peut être recueilli plus de vernis à ongle chez certaines que leurs ongles.
Mais tout ça, c'était évidemment avant le pantalon.

dimanche 18 novembre 2007

Tourterelle turque

La tourterelle turque est une immigrée récente...

Un jour, vers la fin des années 60, elle est apparue dans notre jardin. Ma mère y nourrissait une foule d'oiseaux et se faisait un plaisir de les identifier.

Non, la tourterelle turque, aujourd'hui familière, n'a pas toujours été là. Elle s'est installée en Belgique récemment. Il y a donc des gens qui n'en auront jamais vu... d'autres qui en auront toujours vu...
Et surtout, la plupart qui n'auront jamais fait la différence entre l'avant et l'après... face à quelques uns qui, comme moi, se souviennent de leur arrivée.
Mais à voir la façon dont le monde tourne, je crains maintenant d'avoir surtout à tenter de me souvenir quand tel insecte, tel oiseau ou telle fleur auront disparu... Vous avez entendu le coucou cette année? Et l'an dernier?

samedi 17 novembre 2007

Pissenlit

Madame Larousse sème à tout vent... des pissenlits qui feront une délicieuse salade...

L'homme, à mon époque, avait encore une tradition vivace de cueillette... Pour manger, pour vendre,... champignons, muguet, pissenlits,...
Au printemps, une fois ou deux, nous avions droit à notre salade de pissenlits. A d'autres c'était la soupe d'orties. En automne, les champignons des champs. En été myrtilles et airelles. Et les gelées de framboises. Celles de mûres...

La recette: Récoltez des feuilles de pissenlit (avec un petit couteau, on les tranche au dessus de la racine en un mouvement tournant) bien avant que ne s'annonce la floraison.
Lavez les. Préparez vos pommes de terre. Rissolez des lardons fumés dans une copieuse dose de beurre ou de margarine, jusqu'à ce qu'ils soient bien grillés. Tranchez vos feuilles de pissenlit en morceaux de plus ou moins 1 cm.
Disposez les pommes de terre, les pissenlits, le lard dans un grand plat. Poivrez copieusement.
Vous pouvez aussi les préparer "à la liégoise", en terminant la cuisson du lard avec une bonne dose de vinaigre (à l'estragon si possible).

vendredi 16 novembre 2007

Apartheid

Trop longtemps, j'ai cru que l'apartheid me survivrait...

Le monde a produit et produira encore certaines aberrations qu'il n'est pas bon d'oublier.
Le développement séparé de nos coloniaux et la ségrégation raciale à l'américaine ont survécu trop longtemps en Afrique du Sud sous le nom de l'apartheid. L'histoire semblait arrêtée dans cette partie de l'Afrique.
En un temps ou la priorité politique était d'abord de lutter contre les rouges, le monde était bien trop complaisant vis à vis de Pretoria.
A la mort du communisme, l'apartheid est soudainement tombé, comme un fruit trop mur. Reste à expliquer comment et pourquoi il aura pu survivre aussi longtemps.

D'autres aberrations sont en face de nous, que nous reconnaissons facilement. Il nous faudra un certain temps encore pour en identifier et nommer d'autres, que nos esprits engourdis prétendent trouver fréquentables... Plus de temps encore pour que quelque chose soit fait pour mettre fin au scandale. Quels prétextes trouverons nous alors pour justifier qu'elles auront subsisté si lontemps? Que retiendra l'histoire de nos aveuglements coupables?

jeudi 15 novembre 2007

Blaireau

Pour trouver un blaireau, il suffisait d'aller dans la salle de bain.

Avant les rasoirs jetables et le savon en spray. Bien avant les rasoirs électriques et leur gel incorporé. Il y avait le rasoir et le blaireau.
Le blaireau, un court et épais pinceau que mon père frottait sur son savon à barbe - un cylindre de savon enrobé de papier argenté -. Ferme et doux à la fois... un magnifique pinceau pour caresser les joues.
Souvent je le prenais pour le frotter sur ma main ou mon visage. Sûrement pas dans la perspective de me raser un jour - je savais le rêche d'un visage mal rasé -... mais pour la douceur animale du contact. Comme si un peu de la vie et de la chaleur de l'animal avaient survécu dans cet objet quotidien.

mercredi 14 novembre 2007

Etourneau

L'étourneau a voulu chasser l'homme des villes.

Le volatile peut sembler bien innocent, mais à une certaine époque, il nous a joué les oiseaux de Hitchcock. Des millions de ces petits monstres ailés convergeait vers nos villes tous les soirs. Obscurcissant le ciel. Fondaient sur les arbres des boulevards. Et s'en allaient le matin après avoir empêché les riverains de dormir.
Pire, ils conchiaient copieusement les précieuses voitures ainsi que des bancs publics où aucun amoureux n'aurait plus envie de se bécoter.
La guerre a pris toutes les formes... et s'ils sont nettement moins présents de nos jours, il y a une époque où les vergers de Hesbaye ont été piégés à la dynamite. N'en restaient que de la purée d'étourneau... et sans doute de la purée de verger... Mais ils revenaient!

mardi 13 novembre 2007

Travail

Ma mère ne travaille pas !

Cette affirmation ne signifiait évidemment pas qu'elle était chomeuse ou qu'elle passait ses journées devant la TV.
Elle élevait seulement six gosses nés entre septembre 57 et septembre 64. Chacun d'entre eux évidemment accompagné d'un certain nombre de copains et copines qui faisaient qu'on était rarement 6 pour le goûter.
Elle cultivait le potager. Tricotait tous les pulls et les bonnets. Elle cousait les vêtements. Les réparait et reprisait les chaussettes. Elle faisait des gauffres, gateaux et beignets. Chaque année elle préparait les confitures et - avant l'apparition du surgélateur - les conserves de fruits et légumes.
Elle veillait encore à ce que les vieux voisins ne manquent de rien. A ses moments libres il lui est arrivé de faire le catéchisme pour les petits qui se préparaient à leur communion - question de ne pas laisser les curés leur bourrer la tête de certaines aneries -. Et comme il le faut bien, elle prenait soin des merles et pigeons tombés du nid que nous lui ramenions.
L'été, avec un sac de sable et quelques plastiques, elles transformait la cour en piscine; l'hiver en patinoire.
Et quand il fallait aller en ville, c'était à pied, en poussant un landau, ou en vélo quand nous étions plus grand.
Mais c'est bien vrai... ma mère ne travaillait pas!

lundi 12 novembre 2007

Flamind

... Flamind ...

Flamind, pas flamand. La langue d'alors était parsemée de scories wallonnes.
L'injure était fréquente, pratiquement équivalente à notre "T'es con !" ou "T'es blonde ou quoi ?" actuels.
Bête comme un Flamand, personne n'en doutait. On en était bien loin des soupçons du Flamand Leterme sur les capacités intellectuelles du Wallon moyen. A l'époque, l'idiot, c'était le Flamand. Tous les Flamands.

Toutes les blagues en témoignaient. Recyclées ensuite sur les Belges par nos amis français. Les voilà qui concernent aujourd'hui les blondes. Dans cette fuite du politiquement correct qui sera la prochaine victime?

dimanche 11 novembre 2007

Macaroni

Les macaronis c'étaient nos étrangers, les seuls qu'on connaissait, les Italiens.

Des gens qui ne mangeaient pas comme nous - macaroni et spaghetti n'étaient pas au menu quotidien -. On mangeait bien, exceptionnellement, des macaroni au jambon et au fromage, avec de la compote, mais la bolognaise n'avait pas encore franchi la frontière. Rare étaient ceux qui avaient jamais goûté à une pizza... et l'ail ou l'huile d'olive semblaient avoir un goût trop fort pour nos palais délicats.
Des gens qui semblaient avoir une autre religion. Le signe de croix des coureurs cycliste italiens prête encore à sourire aujourd'hui. Jeunes ou d'age mur, leurs femmes étaient encore plus religieuses que nos vieillardes.
Des gens qui ne parlaient pas comme nous et semblaient incapables de se débarasser d'un accent qui leur collait aux semelles.
Des gens qui venaient d'un monde perclu de pauvreté. Des réfugiés économiques somme toute... De ceux dont aujourd'hui les garde-côtes repoussent les chaloupes vers le Sud ou recueuillent les cadavres sur les plages touristiques du Sud.

Tous les ingrédients somme toute qui aujourd'hui - s'agissant d'autres peuples - permettent aux imbéciles de conclure à l'impossibilité de l'intégration.

samedi 10 novembre 2007

Pain francais

La boulangère française: "Mais monsieur, tous les pains sont français ici !"

Non, pas baguette, un pain français. Personne ne l'appelait autrement.
Si on en trouvait à Malmedy, je n'en ai aucun souvenir. Il nous arrivait d'en manger quand on était en excursion en Allemagne avec mes parents. Comme une sorte de friandise, ou comme un rituel. Visiter Montjoie impliquait aussi de grignoter, en se promenant dans la ville, un peu de cette nourriture étrange.
Et si nous allions en France, il y en avait toujours bien un pour demander à la boulangère un pain français.

vendredi 9 novembre 2007

Zapper

Qui aurait imaginé zapper du temps où il n'y avait que deux chaines et pas de télécommande.

La TV, c'était dans notre vallée la RTB (pas encore F), grâce à un relais installé sur les hauteurs. Certains avaient aussi la télédistribution, c'est à dire la RTB et RTL (et peut-être bien l'une ou l'autre chaine allemande). Mais là non plus il n'était pas question de zapper. On était d'ailleurs RTB ou RTL. Deux tribus bien différentes, même si la TV n'avait pas encore pris la place qu'elle prendrait plus tard.
En plus, pour changer de chaine, il fallait se lever, aller jusqu'au poste de télévision, et prendre le risque de changer de canal. La zapette ne viendrait évidemment que bien plus tard pour nous permettre de nous muscler le pouce.
Et tout était donc binaire: l'image en noir et blanc... et on regardait sa chaine ou bien on ne regardait pas... Que le monde était simple à cette époque!

jeudi 8 novembre 2007

Ylang-ylang

Il flottait parfois dans les livres de Bob Morane une odeur subtile d'ylang-ylang.

C'est que la dame en question - Miss Ylang-Ylang -, une dangereuse criminelle par ailleurs, avait été dans les parages. Pour sauver sans doute le bon Bob Morane - dont elle semble amoureuse - d'un danger qu'il ignorait.
C'est fantastique non, un personnage qui est d'abord une odeur? J'ai bien lu une floppée de ces romans à deux sous, mais si j'ai lu une quelconque description de la dame, je l'ai gommée au profit de l'idée de son seul parfum, de son absence lorsqu'on sent son parfum...
Un personnage qui n'est qu'une odeur... mais qui en plus n'est déjà plus là quand on le sent. L'idée est géniale.
Je laisse à ceux qui manquent d'imagination les tentatives de représentation qui en ont été faite. Et je ne veux même pas savoir ce que sent véritablement l'ylang-ylang.
Ylang-ylang, le parfum de la femme absente.

mercredi 7 novembre 2007

Xerographie

En ma présence, le mot xérographie n'est jamais sorti du dictionnaire.

Il y a, et il n'y a jamais eu, n'en déplaise à monsieur Rank et madame Xerox, que la photocopie. Xérographie n'a jamais eu d'utilité que pour les joueurs de Scrabble et de mots croisés ou pour les élèves à la recherche de mots cochons dans le dictionnaire et qui, surpris, pouvaient toujours manifester un intérêt subit pour les mots en X a défaut d'autres versions elles aussi marquées X.
Mais franchement, les premières photocopies, c'était une sorte de farce. Un, ça coutait une fortune. Deux, on ne voyait pas grand chose. Trois le papier était bizarre, tout fin, avec une tendance irrésistible à croller. Et enfin... au bout de quelques temps, il n'y avait plus rien à voir. La photocopie était envolée.
Alors, franchement, pour reproduire les documents, il vallait mieux utiliser d'autres moyens dont je parlerai probablement par ailleurs.

mardi 6 novembre 2007

Wallon

Les Flamands parlent le flamand. Les Bruxellois parlent le français. Les Wallons parlent le belge.

D'ailleurs, Wallon ce n'est pas et ne sera peut être jamais une nationalité. Peut-être justement pour cette raison: l'incapacité de se donner autre chose comme identité collective qu'un vague et trop récent territoire. Incapacité de se définir par rapport à des cousins bruxelles un peu encombrants et grande-gueule. Encore plus face à ces immigrés de la périphérie, sorte de francophones de l'étranger...
Un Wallon? C'est un de ceux qui se réunissent encore en face pour parler, en wallon, de choses et d'autres pendant que le garagiste soigne les dents d'une moissoneuse batteuse ou le moteur d'un tracteur.
C'est un de ceux qui, au carnaval de Malmédy, vit pendant cinq jours en wallon. 24 heures sur 24. Boit, mange, rote, baise et vomit en wallon. Jure et chante en wallon pendant la trève sacrée d'avant carême. L'essentiel du carnaval, ce n'est donc pas le masque: beaucoup de ne sont pas masqués et font le carnaval. C'est le wallon. Seule langue de ces jours de folie publique.
Mais y-a-t'il encore de ces Mohicans comme ceux qui arrivaient chez nous dans les petites classes et ne parlaient pas le français. De vrais Wallons, dont la langue marternelle, paternelle, grand-paternelle et grand-maternelle... est le wallon. Qui ont sucé le dialecte au biberon et le cultivent jour après jour.
En tout cas, à l'école, ils devaient se couler dans le moule. Ils apprenaient la langue commune... le français.

lundi 5 novembre 2007

Vol en rase mottes

Les avions de chasse volent en rase motte et terrorisent la population.

Peut-être dans mon souvenir volent-ils bien plus bas qu'ils ne le faisaient en réalité. Mais je sens encore le hurlement de leurs réacteur déchirer mes tympans. Et je me sens me réfugier dans le giron de ma mère.
Plonger dans la vallée et froler les toits devaient être bien tentant juste avant d'aller tirer sa charge de missiles au camp d'Elsenborn. Se croyaient-ils vraiment en guerre ou méprisaient-ils totalement la population?

dimanche 4 novembre 2007

URSS

L'URSS (CCCP en Russe), c'était au choix: le danger principal, une grande nation, un pays de sportifs, loin derrière le rideau de fer...

Le monde était simple. Il y avait les bons (nous) et les mauvais (les rouges). Je parlerai sans doute un autre jour des jaunes, qui étaient des sortes de rouges.
Donc, pour faire simple, quand on voulait un jeu simple - par exemple des manoeuvres militaires, ou une stratégie de défense, ou une décision sur une implantation de missiles - il y avait les bons (nous, je le rappelle) et les mauvais (les rouges, donc eux).
Il y avait bien quelques communistes en Belgique. Il y en avait même au parlement. Mais ils se trompaient. La preuve, c'est en Belgique qu'ils vivaient. Qu'ils aillent voir là bas. Ils seraient déjà au goulag.
Une autre preuve? L'URSS ça n'existe plus, les rouges non plus alors que la Belgique ça existe encore. Si ce n'est pas une preuve ça! Même le Vatican existe encore.
Les Russes, c'était connu, ne rêvaient que de nous balancer leur bombes atomiques sur la tête. Mais heureusement, nous avions une armée, il y avait le service militaire, et il y avait nos amis les Américains.
D'ailleurs, même dans la conquête spatiale ils étaient moins bons que les Américains. Qui est allé sur la lune? Les Américains. C'est bien la preuve (et tant pis si d'autres premières étaient le fait des Russes, ça ne compte pas).
Un petit doute quand même quand on lisait le journal Vaillant qui en disait pas mal de bien et nous en montrait de bien jolies images.
Il faut avouer aussi que peu de marques rivaliseront jamais avec la puissance de leur logo: CCCP en blanc sur fond rouge. Collé sur le dos de sportives avec des carrures larges comme celles des deux soeur Williams réunies. Mais leur logo, franchement, ça vaut au moins celui de Coca-Cola.

L'ennui avec les russes, le vrai, c'est qu'avec leur rideau de fer à quelques heures de routes de la maison, pendant de si longues années ils ont réussi à faire croire à tout le monde qu'il y aurait définitivement deux Europe, la leur (rouge) et la nôtre (la bonne).

samedi 3 novembre 2007

Traineau

Nous dévalions la colline sur nos traineaux.

Eh oui. Traineau. Pas luge. Et avec l’accent liégeois ou verviétois, le mot prend encore plus de saveur. Avec le tré qui s’allonge autant que le nô…
Chacun avait le sien, qu’il fallait remettre en état dès les premières neiges. La rouille sur les patins ? Il nous est bien arrivé de croire qu'un peu de technique moderne arrangerait les choses, et de farter nos bêtes de course comme on le faisait avec les skis à l'époque. Rien n'y faisait, seules les techniques traditionnelles réussissaient. Sur le chemin de la piste, il suffisait de trouver des morceaux de route encore découverts et de l’y trainer. Un peu plus loin, la neige compléterait le boulot.
Les plus lourds permettaient sur de longues pistes d’atteindre une plus grande vitesse finale, mais les plus courts étaient les meilleurs, Seul le torse reposait alors sur le bolide.
Je pense me souvenir avoir acheté le mien 25 francs. Tout le contenu de ma tirelire y était passé.

vendredi 2 novembre 2007

Speakerine

La TV d’aujourd’hui m’a enlevé les speakerines.

Il me semble qu’elles étaient toutes blondes. En tout cas, elles étaient permanentées à souhait et souriantes, quoi qu’il advienne.
Avec elles, pas besoin de programme TV. On savait tout de suite si on avait envie de voir le film ou s’il fallait mettre les enfants au lit en raison de scènes qui ne leur conviendraient pas.
Elles accompagnaient notre soirée. Et bizarre, elles n’ont jamais porté qu’un prénom : Sylvie, Maryse, … Je ne me souviens pas qu’aucune ait jamais eu un soupçon de nom de famille.
Normal, cela nous aurait retiré le droit de croire qu'elles faisaient partie de la nôtre.
Un jour elles ont disparu. J’imagine, à la RTBF, une grande armoire dans laquelle on aurait rangé toutes les speakerines, en attendant d’en faire à nouveau usage. Sans aucun doute, comme les manequins des vitrines, ont elles pris un petit air kitch, mais elles ne peuvent pas avoir changé, et leur sourire doit toujours briller du même éclat qu'au jour où elles ont été remisées là.

jeudi 1 novembre 2007

Rage

Le 8 juillet 1885, Louis Pasteur vaccine contre la rage un jeune Alsacien.

Du temps où il n’était pas question du SIDA et où la maladie de Lime n’était pas encore connue. Depuis longtemps la crainte du grand méchant loup avait été bannie, et pourtant, le petit chaperon rouge a failli être privé de promenades en forêts.
La rage règnait. Ou du moins c’est ce que l’on nous disait. Elle est passée par ici, elle repassera par là. Et de gazer tous les renards. Et en un temps où les chasseurs ne passaient même pas d’examen de chasse, de gazer aussi tous les blaireaux, par ignorance tout autant que par bêtise.
Nous avions tous en mémoire les gravures de nos livres de sciences naturelles. Le grand Pasteur sauvant d’une mort affreuse un enfant autrement condamné. Un renard avec la rage devenait dans l’imaginaire bien pire qu’un loup.
Jusqu’au jour où quelqu’un a imaginé qu’il serait peut être plus efficace de vacciner les animaux plutôt que de poursuivre un jeu, perdu d’avance, de massacre.
Les sauvageons et la racaille peuvent donc aujourd’hui tranquillement affirmer : j’ai la rage !
Ils ne seront pas gazés.