lundi 31 décembre 2007

Piedboeuf

En colonie, sur la table du diner, une bouteille de Piedboeuf blonde et une de brune.

A midi, en colonie, nous les enfants avions droit à notre bière de table. Légèrement alcoolisée, mais alcoolisée tout de même. Qui favorisait évidemment la sieste qui suivait.
Des années durant la bière Piedboeuf a trôné sur les tables belges. Le taureau liégois du logo se tenait sur les pattes arrière, comme prêt à boxer un adversaire éventuel.
La bière de table a disparu. Je n’ai plus jamais revu la Piedboeuf.

dimanche 30 décembre 2007

Ordures

Les ordures, à la poubelle.

Des ordures, on devait en produire bien moins qu’actuellement sans aucun doute. Je crois me souvenir qu’avec notre famille de 8, nous avions deux poubelles pour la collecte hebdomadaire (du vendredi je crois).
Mais tout y passait. Dans une poubelle qui sentait la mort après quelques jours. Et qui méritait régulièrement son lavage à l’eau de javel. En tôle d’aluminium au début je crois. En plastique vert par la suite. En tout cas, pas de ces sacs plastiques actuels.
Le tri des ordures ? Même les auteurs de science-fiction les plus fous n’en parlaient pas encore !

samedi 29 décembre 2007

NSU

«Les voitures NSU furent construites à partir de 1958»

Qu’est ce qui fait que l’on se souvienne d’une marque de voiture plutôt que d’une autre ? A cette époque, sans doute la présence d’un seul exemplaire dans ma rue, alors qu’elles étaient si rares.
Coincidence, les NSU naissent avec moi, en 1958…Il devait y avoir une NSU Prinz dans le quartier. Je ne me rappelle plus à qui elle appartenait. Mais elles avaient alors des formes proches des BMW de l’époque.
Est venue ensuite, bien plus tard, alors que nous étions en age d'apprécier les carosseries et d'imaginer ce que pouvaient être les technologies déployées sous un capot, la RO 80, avec son moteur rotatif et ses formes si originales. Juste avant l’absorption par Audi
Il me semble me souvenir qu’à l’époque de la fusion émergeaient, insistantes, de douloureuses histoires sur le passé nazi de la firme NSU. Qu'elle devait sa santé au travail forcé. Et que l’on retirat le vieil uniforme vert de gris NSU de la RO 80 pour l’habiller du sigle Audi. Mais personne n’était dupe !

vendredi 28 décembre 2007

Manivelle

La 2CV ne démarrant pas, on a du la faire partir à la manivelle.

Comme dans les très vieux films muets, où le héros démarre sa voiture avec une manivelle, la 2CV Citroën (et ses déclinaisons Ami 6, Ami 8, Dyane et Méhari) offrait une issue aux pannes de démarreur.
Avant la fiabilité des véhicules actuels (jusqu'au moment ou l'électronique vous dit M... irrémédiablement) et l’arrivée rapide (pour peu qu'il fasse beau et que vous ne soyez pas pressé) des services d’assistance, la manivelle était là, pour rassurer le propriétaire de la 2CV. La seule voiture encore à l’avoir, à se moquer de toutes celles qui n’avaient même plus ce moyen de secours ultime.
Mais jamais à ma connaissance personne de sensé ne se serait risqué à tenter un démarrage à la manivelle – au risque d’en recevoir un retour (de manivelle) bien nommé -, ni n’aurait eu la moindre idée de la conduite à suivre.
Mais il en va sans doute de même de l’extincteur et de la trousse de secours dans nos voitures actuelles.

jeudi 27 décembre 2007

Linotype

De la linotype tombent les lignes de plomb.

Au début des années 80, alors que la photocomposition, l’offset, et toutes les techniques modernes d’impression bousculaient toutes les veilles habitudes, à l’imprimerie Saint-Paul de Dakar, fonctionnaient encore, pour certaines productions, de bonnes vielles linotypes.
Une sorte d’immense machine à écrire, plus haute qu’un homme. Un clavier libérant un à un les moules à caractères, et quand la ligne était terminée le plomb était injecté, la forme coulée. Les lignes assemblées, les corrections faites, il fallait parfois refaire une ou deux lignes. Ranger les caractères à nouveau dans leurs casiers et produire, dans un cliquetis de filature, le nouveau texte.
On croyait voir un animal préhistorique. Moins un dinosaure qu’un ptérodactyle. De ceux qui, bien qu'affligés de la lourdeur de leur genre, démontrent qu’ils sont capables de se dépasser, et de prendre la voie des airs.
Dommage pour eux, leur envol ne les menait pas bien loin car notre imprimerie ne leur donnait pour pature que les annonces notariales.

mercredi 26 décembre 2007

Ketche

T’as vu Jean-Luc avec sa ketche ?

Ma connaissance du wallon est bien trop sommaire pour tenter d’en savoir plus. Mais la ketche c’était la copine, à ne pas confondre avec sa version bruxelloise (le petit gars, le ketje de Bruxelles, équivalent du titi parisien).
Evidemment un ou deux rangs en dessous de la crapaude. Et pas du tout aussi sérieux ni adulte.
La ketche, c’était vraiment un truc de gosses.

mardi 25 décembre 2007

Jules

Je vais chez Jules.

Est-ce que l’expression est encore utilisée ?
Pudeur stupide du langage ? Tartuferie ? Aller chez Jules, c’était aller à la toilette (aux toilettes pour nos amis français).
Qui oserait s'appeler Jules dès lors ? Pas de chance, j'aurais tant voulu prénommer mon fils ainsi !

lundi 24 décembre 2007

Internat

Comme Harry Potter, j’ai vécu à l’internat.

Chaque école un peu importante avait le sien. Et dans la mienne les externes n’étaient qu’une petite minorité d’indigènes, de fils de paysans parfois un peu balourds - pas plus, pas moins que les autres évidemment -.
Le monde était bien plus grand alors… où alors étions nous plus petits que les distances paraissaient si importantes; qu’aller à l’école à 40 km de distance impliquait nécessairement de partir le lundi matin pour ne revenir que le samedi midi. Et que dire de ces fils de militaires casernés en Allemagne qui, en une petite journée et demi, faisaient un rapide aller retour entre l’école et leur famille résidant en territoire ennemi - comment appeler autrement un territoire que nous occupions militairement ? -.
L’internat de tous les fantasmes et légendes, pour ceux qui n'y vivaient pas. Derrière le secret de leurs murs, l’occasion de tous les récits fabriqués pour – au choix - fasciner ou effrayer l’auditeur.
Mais en tout cas, c’était chez nous. La première véritable occasion de vivre pendant des jours et des semaines sur un territoire qui était le nôtre. Que jamais aucun parent ne pourrait parcourir qu’en visiteur et en étranger.

dimanche 23 décembre 2007

Hache-persil

Charles, tu peux me hacher le persil ?

Dans la cuisine, il n'y avait pas 150 ustensiles. Et bien peu étaient électriques. La plupart semble avoir disparu de notre mémoire. Et ce qu’ils servaient à préparer ne figure évidemment plus sur nos assiettes au quotidien.
Le persil par exemple et le hache-persil.
Une sorte d'entonoir de tôle avec une poignée, au fond une grille, sur le côté une manivelle. On tournait la manivelle et le persil finissait haché sur les aliments. Finement, proprement. Tous les hachoirs électriques n'arriveront pas à autant de douceur.
S’il y avait une machine dans le tiroir, c'était donc bien que l’on consommait souvent du persil…

samedi 22 décembre 2007

Guyou

Qui veut jouer au guyou(oouuuu) ?

Des dizaines de fois, dans la cour de l’école communale des garçons, l’appel a été lancé. Mobilisant les participants. Dégageant le terrain.
Le guyou, c’était la chaine. Un en attrape un deuxième et, le tenant par la main, ils en attrapent un troisième. La quatrième capture permet de couper la chaine en deux et ainsi de suite.
Courir, attraper, se tenir par la main. Derrière les barrières de l'école, s'agiter de gauche à droite, tout le temps d'une récréation.
C’était un de nos rares jeux je crois. Nous n’avions pas de ballon. Aucun jeu ou accessoire. Mais nous n’aurions pour rien au monde manqué cette récréation.
Qui veut jouer au guyou(oouuuu) avec nou(oouuuu)s ?

vendredi 21 décembre 2007

Frontiere

A la frontière, le douanier levait la barrière et nous indiquait, d’un signe paresseux, que nous pouvions passer.

Au pire, s'il voulait faire du zèle, il y allait de la question rituelle "Rien à déclarer ?".
Une frontière n’était pas qu’un trait sur une carte, un panneau – ou un changement subtil - de signalisation sur une autoroute. Nous n’étions pas alors européens, mais belges, allemands, luxembourgeois, néérlandais ou français…
Le poste frontière avait cet aspect désuet qu'on ne retrouve vraiment que dans les albums de Tintin. Et entre Belgique et Allemagne on pouvait croire franchir le passage entre la Bordurie et la Syldavie.
Le même batiment sans éclat. La même barrière stupide. Une simple perche de sapin, levée par la force humaine… à une époque où tout ne devait pas être électrique, motorisé, télé ou radio commandé. Partout comme une copie d'un même douanier qui veut en faire le moins possible et rêve déjà d'une pension aussi paisible que l'aura été sa carrière.

jeudi 20 décembre 2007

Ecole le samedi

Nous allions à l’école du lundi au samedi. Seulement le matin, le mercredi et samedi.

Les week-ends sans voitures actuels de certaines de nos villes ne manquent pas de nous faire penser aux dimanches sans voitures de l’hiver 73-74. A la grande crise pétrolière qui eut lieu alors.
Cet hiver là, au lieu de quitter l’internat le samedi midi, c’est le vendredi soir que nous partions. Le pétrole était rare. Le dimanche, les autoroutes étaient envahies de cyclistes ou de skieurs parfois. Une vraie crise. Des rumeurs de guerre. Une tension internationale extrème.
Je crois me souvenir qu’en septembre suivant notre ministre de l’éducation nationale s’était rendu compte qu’il était effectivement possible d’organiser la semaine sur 5 jours. Mais il faudra encore quelques années avant que le ministre de l'emploi et du travail à son tour prenne ses mesures en faveur de nos parents.
La crise pétrolière nous avait offert ce que l’on appellerait plus tard le week-end.

mercredi 19 décembre 2007

Digue

Soudain, il y avait devant nous la digue… et derrière la digue, la mer !

La mer était si loin alors.
Mais, même proche, il restait la digue à franchir.
Il y avait depuis longtemps quelque chose dans l’air. Une tension. De l’iode peut être. Ou bien une mouette. Une nature particulière du vent. A pied ou en voiture, la digue était comme une page à tourner. Que caractère par caractère on déchiffre et qui subitement révèle le mystère du récit.
La mer était subitement là, et l’histoire faisait disparaître le livre qui la retenait. La digue, on était dessus mais on ne la voyait plus, on ne vivait plus que la mer, le vent, l’iode, le ciel…
Même la dune n’aura jamais sa rigueur à contenir notre patience.
La digue est à la mer ce que le suspense est au récit.

mardi 18 décembre 2007

Cadran

Le cadran du téléphone était rond.

Le téléphone, c’est toute une histoire. Un objet à part dans la maison.
Et le cadran du téléphone, quelque chose qui a fait partie de l’histoire.
Arrivé après la manivelle, numéroté de 1 à 0, en passant par le 9. Composer un numéro, c’était faire tourner le cadran d’autant de positions.
Le geste était tellement familier que, plusieurs dizaines d’années plus tard, mon index droit en conserve encore la mémoire. Sans parler du son, si typique, que produisait le mouvement.
Avec le cornet, le cadran faisait le téléphone, l’un ou l’autre suffisant à le représenter.

lundi 17 décembre 2007

Baise

Je lui ai donné une baise …

La baise… un si joli et si doux mot alors… si vulgaire aujourd’hui !
Au moment de quitter une vieille tante - et avec votre esprit mal tourné et votre langage d’aujourd’hui vous pensez déjà à quelqu’un d’autre que ma tante Hortense ! – elle n’aurait pas manqué de dire «Allez fi, donne moi une baise !».
Faudra-t-il le dire avec notre accent ? belge, pour être enfin compris ?
Une baise de ma mère, le matin avant d’aller à l’école. Une baise à mon père avant d’aller me coucher. Une baise de l’oncle ou de la tante, si vieux, si presque mort que toucher de si près un peu de vie ne peut que leur faire énormément de bien…
Bécot, baiser, baise… c’est du pareil au même. Un mot si doux, la caresse des lèvres.

dimanche 16 décembre 2007

Abat-jour

J’ai fait un abat jour au cours de travaux manuels. Encore plus laid que celui offert par la tante Germaine.

Un cadre de fil de fer… un bout de tissus… quand on ne parlait pas encore d’halogènes ni de luminaires… Il parait que les nazis en faisaient en peau humaine. Du meilleur goût évidemment. Mais il semble bien qu'en matière de goût ce ne soit ni du côté des nazis, ni de celui des abat jour qu'il faille aller chercher.
Et côté éclairage n’oublions pas non plus le lustre de cristal… Et, pour le sommet du kitch, les fausses bougies… avec leurs ampoules torsadées pour faire plus vrai…
Dans ce temps là, c’était si laid, et si facile. Essayez maintenant de penser l’éclairage de votre maison ou de votre appartement.

samedi 15 décembre 2007

Marechal ferrant

Chaque matin et chaque soir, et sans nous arrêter sur le temps de midi, nous passions devant la forge, aux bords de la Warchenne. Eté comme hiver, les portes grandes ouvertes, résonnait du rythme du marteau sur le fer rougi, du chuintement du soufflet, exhalait l’odeur de la corne brulée et du crotin frais.
Il y avait souvent des chevaux au ferrage.
Deux ou trois fermiers irréductibles, les débardeurs, les propriétaires de chevaux de manège et de promenade faisaient que cette activité était pour nous comme quotidienne.
D'un fer droit parfois, en général d'un fer préfabriqué, le forgeron modelait la chaussure qu'il fallait. Nous tenant juste devant la porte, nous ne perdions pas un instant ni un détail de la scène.
Et, alors que le spectacle se répétait pratiquement à l'identique, nous étions la prochaine fois aussi nombreux et aussi attentifs. Captivés chaque fois par un rituel quasi religieux.

vendredi 14 décembre 2007

Crin

Paul s’est fait un crin au front. Quatre agrafes.

Nous, les garçons, avions notre mesure exacte de l’intensité avec laquelle nous vivions notre vie : le crin, qui se mesure en agrafes pour les meilleurs, en points de suture pour la classe intermédiaire et enfin en centimètres ou millimètres pour la dernière catégorie.
Le crin, c’était donc la coupure, à la tête de préférence, car plus visible. A la limite aux jambes. Tout autre endroit relevait seulement de l’anecdote et ne pouvait témoigner d’aucun héroïsme.
Quant aux objets qui avaient causé la blessure, ils n’étaient pas classés avec tant de certitudes. Seul le fil de fer barbelé régnait sans conteste tout en haut de la liste.

jeudi 13 décembre 2007

Wii

Wii, enfin, je veux dire que…

Avant d’être une marque déposée pour une console de jeu, le Wii rythmait les interventions de Wilfried Martens. Longtemps inamovible premier ministre de la Belgique.
Comme les "Pan", "Bam", "Slash", "Bing" des bandes dessinées... le "Wii" de Wilfried Martens était comme le "Glop glop" de Pifou ou le "Gnap gnap" des Schtroumpfs noirs.

mercredi 12 décembre 2007

Sucre candi

Parfois dans un morceau de sucre candi, un bout de ficelle…

Le sucre candi, je le mets d’abord dans le café, pour qu’il s’échauffe. Et au moment de boire, je le glisse dans ma bouche, sous la langue.
Enfant, c’était comme un avant goût de rhum dont je ne connaissais que l’étiquette sur les étagères de magasin.
Magie enfin quand un morceau contient un bout de ficelle, une sorte d’accident de la production, de témoignage incontestable de la nature artisanale du produit. Bien autre chose que ces carrés de sucre blanc, trop propres et trop parfaits.
Le sucre candi, c’était pour nous comme un fruit exotique. Un bout de tropiques qui se prend du bout des doigts.

mardi 11 décembre 2007

Rhum

Pour moi, le rhum, c’était d’abord une femme. L'antillaise de la bouteille de Negrita. C’est celui que j’ai vu sur les rayons de l'épicerie d'en face, rarement dans la cuisine de ma mère, plus souvent dans celle de l’hôtel de mon oncle par la suite.
Peu friand de pâtisseries, je ne me rappelle pas quand j’en en perçu enfin le goût.

Mais je préférerai donc sans doute encore longtemps le rhum brun au rhum blanc, et le fort parfum du Negrita à la fadeur industrielle du Bacardi. Le Negrita sent la canne à sucre et les îles, la sueur aussi... Le Bacardi sent juste l’alcool et la boite de nuit…

lundi 10 décembre 2007

Parachute

Un parachute, c’est rond !

Quel ne fut pas notre étonnement quand les parachutes modernes, ces ailes bizarres, sont apparus dans le ciel, qui n’étaient pas ronds, qui ne pouvaient donc pas être des parachutes.
Un parachute, c’était rond, évidemment. Et les parachutistes à leurs commandes - mais commande-t-on vraiment un coursier à peine dompté - accomplissaient à nos yeux des prodiges de précision. Ils nous faisaient nécessairement penser aux films de guerre que nous avions vus à la télévision. Ou à la légion, qui sautait alors sur Kolwezi.
Leur héritiers, avec leurs ailes multicolores, ont évidemment brisé toute référence à ce passé militaire.

dimanche 9 décembre 2007

Marchand de poubelles

Le vendredi passe le marchand de poubelles.

C’est ainsi qu’on appelait les éboueurs. Comme s’ils vendaient les poubelles plutôt que de nous débarrasser de leur contenu.

samedi 8 décembre 2007

Front de la jeunesse

Ceux du front de la jeunesse sont sans doute devenus vieux en même temps que nationaux

Qui a dit cheveux longs, idées courtes ? Avec leurs cheveux courts, les membres du front de la jeunesse et des scouts d’Europe avaient les idées bien plus courtes encore. On pouvait s'amuser à imaginer que la croix celtique était tout ce qu’ils étaient capable de poser en guise de signature.
Un temps on a cru qu’ils avaient disparu, qu’un peu d’intelligence les avait frappés et que les idées d’extrême droite pourraient ne plus avoir cours.
Que du contraire, du front de la jeunesse au front national et au vlaamse blok (ou vlaams belang) il y a moins qu’un pas. Les jeunes salauds on probablement tout simplement vieilli, pour devenir aujourd'hui de vieux salauds.

vendredi 7 décembre 2007

Crapaude

T’as vu ? C’est la crapaude de Jean.

Un galant, une crapaude. La déclinaison des mots wallons ont masculin et au féminin a souvent de bien étranges détours. La copine, la fiancée, celle qu’il fréquente, c’était bien la crapaude - qu’on prononçait « crapôte » -.
Pour ma part, j’ai toujours aimé l’image. A tout crapaud sa crapaude. Et ça laisse le droit à l’amour aux moins gâtés, aux plus laides. Ca nous met la romance bien loin des princes charmants et des princesses en pantoufles de vair.

jeudi 6 décembre 2007

Bougie

Un sapin de Noël a pris feu chez …

Les gens étaient fous sans doute. Sur le sapin de Noël, de vraies bougies. Dans de ridicules bougeoirs de métal. Parfois cela tournait mal et le sapin prenait feu. Rarement heureusement. Et le plus souvent sans conséquences irrémédiables.
Ou sommes nous devenus fous ? De préférer de ridicules guirlandes qui clignotent (ou qui, encore pire, jouent parfois une insupportable mélodie électronique) sur un sapin de plastique. De préférer à l’odeur mêlée de la résine et de la cire fondue ces horribles pots-pourris des boutiques de Noel.

mercredi 5 décembre 2007

Maquer

La nouvelle m'a complètement maqué !

D'une femme qui vous dit qu'elle est maquée, ne cherchez pas le souteneur. Réconfortez-la plutôt. C'est qu'elle est comme assommée par une mauvaise ou trop étonnante nouvelle: bouleversée, abasourdie ? Qui donc pensera à aller se dire abasourdi lorsqu'il est sous le coup de l'émotion ?
Dites plutôt et tous simplement maquée ! On entend presque dans le mot la violence du coup et le bruit qu'il fait, fussent-ils tout deux purement imaginaires.
Au sens non figuré... c'est avec un coup de poing dans la figure de son adversaire qu'on pourra le maquer !

mardi 4 décembre 2007

Boite a fromage

Avec une boite de Vache qui rit, nous fabriquions une crèche.

Les enseignantes maternelles manquaient sans doute de moyens ; il faut avouer qu’elles manquaient cruellement d’imagination parfois, ou que la leur bégayait.
Pliez un fond de boite de Vache qui Rit en deux. Fabriquez vos Marie, Joseph et petit Jésus en découpant le couvercle de carton. Les plus courageux et les plus doués peuvent aussi s’essayer à faire un âne et un bœuf.
Décorez ! Avec de l’ouate évidemment ; indispensable pour représenter la neige que nous associions à la Noël.
Ramenez à la maison et espérez que les institutrices de vos trop nombreux frangins n’ont pas eu la même idée - évidemment au même moment, parce que Noël ce n'est pas toute l'année -. Et surtout qu’en ce cas ils ne soient pas beaucoup plus doués que vous pour le bricolage.
Laissez trainer quelques jours dans la maison et espérez que votre mère fera disparaître ces horreurs dans la poubelle du vendredi. Si vous avez de la chance, l'an prochain, vous ferez autre chose que cette horreur!

lundi 3 décembre 2007

Charrette de GB

Les gosses insistent pour s'asseoir dans la charrette de GB, les plus âgés font des courses de vitesse.

On ne dit pas caddie (marque déposée). Un caddie, c'est un bidule à deux roues que trainent les vieilles quand elles vont faire leurs courses. Une charrette de GB en a 4 et est un engin moderne.
On dit charrette de GB. Le GB, c'était le supermarché. Le seul. Il y avait bien l'Unic et le Nopri, mais ils n'avaient pas de charrette. Ce n'étaient d'ailleurs pas vraiment des supermarchés. Tout juste des magasins un peu plus grands que les autres.
Et à l'époque, il ne fallait pas de pièce pour prendre une charrette. Il est vrai que l'idée ne serait venue à personne de renter chez lui avec ce bidule horrible. D'ailleurs on était venu en vélo ou à pied. Et c'était déjà bien assez de le trainer dans les rayons du magasin.
Les seules utilisations que nous appréciions ? Trop vieux pour s'y asseoir lorsque le GB s'est installé, évidemment. Donc choisissez bien la vôtre, et en avant pour une course de vitesse dans les rayons. Dans 5 minutes elle sera trop chargée, et on pourra la passer à nos parents.
J'en connais beaucoup qui n'ont jamais fait de vitesse avec des rollers ou un skateboard. Un peu moins qui ne l'ont jamais fait en vélo. Mais aucun qui n'aura profité des allées de grands magasins pour se griser de la vitesse aux commandes d'une charrette de GB.

dimanche 2 décembre 2007

Petits pois non casses

Que vouliez vous que nous fassions de petits pois cassés?

Une fois ou deux par an, nous faisions le tour des épiceries à la recherche de petits pois non cassés. Les seuls qu'acceptaient nos pistolets comme munition.
A une époque où les parents (les nôtres) avaient nettement moins de scrupules que ceux d'aujourd'hui (nous et bientôt nos enfants) sur l'usage des armes factices, le pistolet à petits pois était un jouet fantastique.
Nous tirions de véritables projectiles... tout à fait inoffensifs, et parfaitement comestibles. Un simple jouet de plastique, un dispositif à ressort, un chargement par le haut qui acceptait une foule de munitions. Une arme automatique pour des jeux animés.
J'ignore si l'arme ou la munition a disparu d'abord. Ou bien avons nous trop vite préféré le claquement des amorces et l'odeur acre de la poudre brulée. J'en ai vu plus tard de pénibles imitations, tirant des billes de plastique, toutes identiques ou si elles ne l'étaient pas, difformes et inutilisables -, et qui n'auront jamais quand on les met en bouche, l'odeur et le goût du pois... non cassé!

samedi 1 décembre 2007

Rasoir

Le rasoir d'alors laissait les joues rèches.

Le rasoir était un petit bijou de mécanique. Dévissez le manche et il s'ouvrait en papillon. La lame - une Gilette sans doute, mais à l'époque, on ne s'intéressait pas aux marques, on les utilisait, les nommait seulement - se logeait au centre et l'on refermait les ailes du papillon en tournant le manche dans l'autre sens.
Simple lame évidemment. Un tranchant de chaque côté. Modèle universel. Pas question de manche Gilette G2 qui n'accepte pas les têtes de Mach 3 ou de Wilkinson, encore moins de G5 ou de Turbo machin. Tout était alors compatible. Le fabriquant de lame de rasoirs pouvait avoir la même fierté que le fabriquant de vis de 8mm par 35, et inversément. Pas question de plastique non plus. Tout était recyclable, même s'il n'était pas recyclé.
"Les enfants... ne pas toucher!", nous le savions. C'est que les lames de rasoir, ça coupait... et pas de bidule plastique pour les tenir.
Mais je touchais quand même. Prudemment. Pas fou. Pour le poids du métal, lourd dans la main - comme pourrait l'être un pistolet ou un marteau, une charrue peut-être -. Pour le fini du métal, granuleux, presqu'à l'image d'une barbe d'un jour, rèche. Mais de cette rudesse qui attire: comme le baiser de mon père mal rasé. Pour la température enfin, si chargé de froid alors que les salles de bain n'étaient chauffées qu'à l'heure d'y entrer.