mercredi 30 avril 2008

Nicolay (Jean)

On ne me l’enlèvera pas de la tête: quand je pense au Standard de Liège, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Jean Nicolay. Le gardien de but.

Et d’ailleurs, c’est à peu près tout ce que je sais du football : le Standard est champion et Jean Nicolay est le plus grand gardien de but. En me creusant un peu les méninges, je pourrais encore reconnaître avoir entendu parler d'un certain Piot – gardien de but aussi, mais piètre copie à mon avis (de profane) de son grand prédécesseur -, et avouer aussi que j’ai bien un jour entendu prononcer le nom de Preudhomme – mais il aurait tout aussi bien pu pour moi être coureur automobile ou patineur sur glace -.
Et si l’une et l’autre de ces connaissances sentent la naphtaline et le pas frais… c’est bien que je n’ai jamais été intéressé par le foot.

mardi 29 avril 2008

Moulin à café électrique

Le moulin à café, c’était d’abord un bruit, tout à fait désagréable… et puis une odeur… Et alors, le bruit devenait une sorte d’ami, de familier…

La dernière fois, c’était quand ? La dernière fois que j’ai entendu cette stridulation du moulin à café électrique. Et puis que l’arôme du café s’est développé. Pas juste comme un paquet qui s’ouvre… Non, quelque chose de plus long, dans lequel l’homme a sa part. Et le temps. Et toute la maison…
La dernière fois ? C’était en janvier ou février. Sous la neige. J’allais observer la danse absurde des coqs de bruyère dans la neige. Janvier 75 ou 76.
Mais je l’entends encore. Pas seulement un hurlement aigu de moulin à café, mais tout ce qui va avec. Le choc des grains de café contre le couvercle. Le déclic de la prise qu’on branche dans le mur. Le doux chuintement du café moulu qui s’écoule dans le filtre.
Et l’odeur !
Si je ne craignais pas tant de ne jamais retrouver toutes ses sensations, et de seulement gacher un souvenir encore si vivace,… j’achèterais bien un moulin à café !

lundi 28 avril 2008

Longueur des jupes

Le temps qui passait se mesurait à la longueur des jupes des filles.

Pas qu’on les regardait particulièrement, mais dès lors qu’une moitié au moins de l’humanité (sans compter les Ecossais et les curés !) portait jupe ou robe, les variations saisonnières et annuelles pouvaient bien se remarquer.
Maxi, midi, mini, et maxi de nouveau, et midi encore… Passaient les années et les saisons. Midi à nouveau, et maxi.
Verrait-on donc des genoux, seulement des mollets ou rien que des chaussures dans la rue cette saison ? Même les minijupes les plus courtes d’alors n’en révélaient pas beaucoup plus, et pourraient faire à certaines filles d’aujourd’hui figure de bourka.
Le pantalon est passé par là. Et les journaux ne titrent plus sur la longueur des jupes des filles.

dimanche 27 avril 2008

Ecole des filles

S’il y avait une école des filles, c’est bien qu’il y avait une école des garçons !

Prétendue naturelle à l’époque, cette séparation entre garçons et filles. Dix ans plus tard, elle était un enjeu. Dix ans après encore, elle n'était plus que risible et rétrograde.
Naturelle évidemment, puisque les filles étaient si différentes des garçons. Portaient des jupes. Sautaient à la corde. Jouaient à l’élastique. Riaient fort. Pleuraient. Crachaient et griffaient. Ou chantaient. Toutes des choses que jamais un garçon n’auraient faites. En tout cas, jamais dans une cour de récréation.
Une rue nous séparait. Pas tout à fait, puisque nous la traversions pour rejoindre certaines classes. Mais, c'est sûr, une rue séparait nos cours de récréation, et là était toute la différence.
Une rue et des siècles de culture.
Et pourtant, nous avions des sœurs !

samedi 26 avril 2008

Jeuner

Pas question de manger avant la messe. Vous seriez en état de péché…

Jeuner avant la messe du dimanche. Jeuner pendant le carême. Jeuner avant la messe de minuit, à Pâques et à Noël. Jeuner encore. Jeuner pour les pauvres. Jeuner pour les petits noirs. Jeuner à cause de nos péchés. Et si on n'en n'a pas commis, jeuner à cause du péché originel. Ils n’avaient que ce mot là à la bouche.
Comme s’il y avait eu une contre-indication médicale à l’absorption d’hostie lorsque l’estomac aurait contenu quoi que ce soit. Qu’en plus de notre âme, ce serait notre corps que nous aurions mis en danger.
Et jeuner avant d’aller à la piscine… se languir deux heures durant en été devant une rivière, de peur d'hydrocution. Et jeuner encore avant d’aller chez le médecin…
Et, évidemment, au seul endroit où nous aurions parfois voulu le faire, il n’était pas possible de jeuner ! C’était à la maison, quand nous n’aimions pas ce qui était sur la table…
Tu le manges maintenant, ou bien on te le servira froid plus tard !
Le monde est mal fait!

vendredi 25 avril 2008

Incendies

Nous adorions les incendies !

La ville était parsemée de sirènes publiques, destinées à appeler les pompiers volontaires au service - et puis aussi, on ne sait jamais, à avertir la population en cas de bombardement -. A la première sonnerie, nous sautions sur nos vélos. Guettions le pin-pon du camion des pompiers, qui nous indiquerait quelle direction il allait prendre. Vérifions si par hasard aucune fumée n’était visible au dessus de l’horizon, désignant un incendie dans l’une ou l’autre vallée proche.
Et puis, quelques instants plus tard, fusait le premier bolide rouge. Rapidement suivi d’un ou deux autres. Et au milieu, une bande de gosses, pédalant comme des dératés, impatients de rejoindre les lieux du sinistre.
S’agissait-il d’une maison, il n’y avait pas vraiment de raison de se réjouir. Moins encore d’occasion de participer au travail d’extinction. C’était là une chose sérieuse, grave, dans laquelle nous sentions que nous n’aurions pas notre place. Nous nous tenions alors à bonne distance. Et quittions les lieux dès que nous savions de quoi il s’agissait. Au moins, nous aurions pédalé tout notre saoul.
Mais lorsqu’il s’agissait d’un bois ou d'un bout de lande, nous étions à la fête. Et il ne serait venu à l’idée de personne de nous éloigner des lieux du sinistre. Il fallait parfois porter les tuyaux – dans les bois et les talus -, en assistance aux pompiers qui affrontaient les flammes, et pouvaient difficilement contrôler cet encombrant reptile. Ou bien, plus amusant encore, nous étions dans la ligne de front. Une branche feuillue à la main, un mouchoir noué sur la bouche si la fumée était trop forte. Battant comme des fous les flammes rugissantes, nous lançant comme des chevaliers du temps jadis à l’assaut du feu, puis des brasiers résiduels, enfin des quelques flammèches qui résistaient.
Nous rentrions à la maison noirs de suie et fourbus. Mais toujours, un sourire éclatant témoignait de la bonne journée que nous venions de passer ! Et pas besoin de rêver d’un jour devenir pompier. Nous l’étions déjà !

jeudi 24 avril 2008

Huile de foie de morue

L’huile de foie de morue c’est vraiment dégueulasse !

Une véritable horreur. Un truc gluant et puant. Et il aurait peut-être fallu faire la file pour être servi, avoir sa dose, comme on le ferait pour une distribution de chiques ou de vitamines – ça au moins c’était bon, les vitamines ! -…
Tellement dégueulasse que même les pharmaciens s’en sont rendu compte et ont inventé la gélule d’huile de foie de morue. Un remède nettement moins rébarbatif… mais pas vraiment appétissant non plus. Au moins, avec une gorgée d’eau, la gélule était avalée… et pouvait disparaître au fond des entrailles pour y libérer – en même temps que ses relents d’origine – ses bienfaits prétendus.
Car, a en croire les anciens, sans cette huile de foie de morue, on ne passerait pas l’hiver… Sans elle, on deviendrait blancs comme des poireaux... On serait définitivement maigres et pâles...
Mais alors, si c’était si bon, si important et si vital finalement, pourquoi est-ce que eux, les adultes, n’en prenaient pas ?

mercredi 23 avril 2008

Gletter

Mange proprement ! Arrête de gletter partout !

Encore un de ces mots irremplaçables. De gletter, j’en ai plein la bouche rien qu’à le dire… et la salive déborde juste du plaisir d’entendre ce mot. Gletter, cela peut être aussi facile que de faire des châteaux de sable. Gletter, c’est comme manger des gaufres à la confiture. J’en glette de plaisir !
Mais, aussi, gletter, c’est simplement, ou salement, baver…
Si simplement ? N’entendez vous pas la bave dans le mot même ? Le génie d’une langue qui n’est pas qu’une série de sons et de mots alignés. Une langue pratique plutôt que savante. Des mots qui collent à la vie de ceux qui la disent. Qui disent le gras, la puanteur, et toutes ces sensations du corps là où elles sont et disent ce qui est…
Des mots physiques, charnels. De ceux qui se disent avec toute la bouche comme d’autre se disent avec un mouvement du corps, de la main ou du pied. A mille lieues de la langue pincée des salons.
Et qui au delà de la simplicité, de la brutalité ou de la vulgarité apparente font d'un mot si simple tout un concentré d'une expérience totale, qui nous replonge par la magie d'un mot évoqué dans un de ces instants où une voix exaspérée nous a dit: "Arrête de gletter !"

mardi 22 avril 2008

Fete Dieu

De la fête Dieu, je n’ai vu que des ailes. De ces accessoires d’angelot, en tulle, qui devaient être portées par ma petite voisine d’en face.

Mes parents, bien que très religieux à leur manière, n’y participaient pas. Estimant que c’était tant de carnaval et si peu de religion. La laissaient donc aux vrais carnavaleux, les Malmédiens.
En grattant un peu encore ce qu’il me reste de mémoire de ces jours là, il me semble tout de même capturer encore une image. Le carrefour du début de la rue Chemin Rue parsemé de pétales de rose.
Et ça, c’est certain. Ca ne date pas du carnaval !

lundi 21 avril 2008

Excursion

Spa, Chaudfontaine, Spontin. On dirait que les excursions aimaient les villes d’eau.

Ah, les excursions scolaires. Rituel annuel et obligatoire. Tellement annuelles et obligatoires qu’elles généraient tellement de cet ennui qu’elles prétendaient combattre.
J’ai beau tenter me souvenir d’une excursion intéressante et qui ne sue pas la banalité, ma mémoire est impuissante. La plaine de jeu de Henrichapelle… celle de Spontin… la tour Zimmer de Lier… le barrage d’Eupen et la chocolaterie Jacques… l’embouteillage (pas automobile… avec de vraies bouteilles) de Spa monopole… et la cascade de Coo évidemment. Seul peut être le zoo d’Anvers mérite-t-il une mention spéciale. Aura-t-il été tellement chargé d'odeurs dans le soleil d'un presque été, que je ne peux que m'en souvenir.
Le voyage en car poussif. Partir tôt, revenir tard, et rouler longtemps.
Châteaux ridicules, musées minables, il parait que cela aurait dû nous intéresser. Tellement nous intéresser d’ailleurs qu’aucun de mes instituteurs n’a jamais envisagé de préparer ces visites, ni de les évoquer par la suite dans nos leçons…
Désespérants surtout, ces longs moments passés auprès des boutiques de souvenirs. Dont certains faisaient grand usage, surtout pour démontrer à leurs camarades moins nantis, qu’eux, au moins, avaient de quoi s’offrir toutes ces horreurs dont aucun de nous n’aurait voulu… mais que tant ont quand même achetées pour ces mauvaises raisons.

dimanche 20 avril 2008

Diabolo

Il est fou, le fils des voisins. Il tirait sur notre façade. Et avec des diabolos en plus !

Le diabolo que l’on fait danser sur une corde, que l’on lance vers le ciel pour le rattraper au terme de figures tarabiscotées. Très peu pour nous. Cela faisait partie de l’imagerie ancienne. Un truc qui appartenait plutôt à Bécassine qu’à notre époque. Les écoles du cirque n'existaient pas encore. Et attendraient longtemps avant d'être à la mode.
Par contre, le diabolo que l’on charge dans une carabine à air comprimé… Ca c’était de l’actuel ! Et bien plus précis en tir à l’extérieur que les plombs simples utilisés sur les foires. Bien plus lourd et destructif aussi.
Car des carabines à air comprimé, certains en possédaient. Mon frère par exemple. Et nous les utilisions.
La plupart pour le tir à la cible. Infiniment moins cher quand on le pratiquait ainsi que sur les champs de foire. Au risque sur ceux-là de s’encombrer d’un nounours géant (rose de surcroit) ou d’être moqué par l’ensemble des spectateurs si chaque coup ne portait pas. Alors que nous faisions plus que soupçonner tous les gérants de tir de fausser les canon pour distribuer d'autant moins de lots - pourtant infames -.
Certains pour le tir aux pigeons… aux moineaux… et sur tout ce qui était petit et bougeait dans leur jardin. Jusqu’au jour où, peu contents de la réticence des oiseaux à encore venir se faire tuer chez eux, ils se mettaient à canarder le jardin des voisins. Cela se terminait immanquablement par un coup de sonnette rageur du voisin en question… d’une correction magistrale… et par la disparition définitive de la carabine à plomb…
Pour tous ceux que j’ai connus, c’est là que s’est arrêtée pour toujours une brève histoire de délinquance… et peut-être un brillant futur de tueur à gage !

samedi 19 avril 2008

Champion olympique

Certains ont voulu me faire croire que mon prof de gym était un champion olympique !

Nuance, il le fut presque…
Citation : « Le Malmédien Freddy Herbrandt, dont le principal adversaire est Roger Lespagnard, reste notre spécialiste numéro un du décathlon. Totalisant quinze titres nationaux dans cinq spécialités différentes, il réalise son plus bel exploit aux Jeux de Munich en 72. Au départ de la dernière épreuve, le 1500 mètres, il est toujours candidat au podium, finalement sixième. Son record national n'a pas encore été battu. » (Source : wallonie-en-ligne.net)
Mais franchement, nous, un presque champion cela nous impressionnait peu.
Gaston Roelants… lui était champion du monde et champion olympique ! Ou Serge Reding – trop tôt disparu - et sa bonne bouille sympathique. Même Emile Puttemans et Karel Lismont avaient ramené des médailles.
Alors, plutôt que de presque champions wallons, laissez moi plutôt me souvenir des vrais champions belges !

vendredi 18 avril 2008

Baraque Michel

La Baraque Michel était autrefois le sommet de la Belgique.

Pour les belgicains, la Belgique existe depuis Jules César… et existera encore quand la majorité du territoire des Etats-Unis aura été récupéré par le Mexique. D’ailleurs, que savent les belgicains de nos frontières, de notre histoire ? Et combien se sont déjà promenés sur ces limites changeantes ? Sont passés devant le lieu de l’un ou l’autre ancien bureau de douane. ? Imaginent même que derrière les tribunes du circuit de Francorchamp se cache un de ses endroits qui dit le passé ?
De mon temps, il y avait des manuels scolaires dans les écoles… et il en trainait même parfois qui avaient un peu trop vécu. Qui avaient oublié l’une ou l’autre étape. J’ai donc pu lire, avec amusement, dans certains manuels de primaires, que le sommet de la Belgique se trouvait à la Baraque Michel, ce qui fut vrai avant la fin de la première guerre mondiale… et pendant la deuxième. La frontière séparant la Belgique de l’Allemagne – et donc des futurs cantons rédimés – passant entre les deux.
Il n’y a donc pas grand mystère… avant 1919, la Belgique culminait à 674 mètres… après – sauf pendant la deuxième guerre – elle culmine à 694 mètres. Sans phénomène géologique particulier… tout juste une petite annexion de territoire appartenant alors à la Prusse.
Annexion ? Vous avez-dit annexion ?

An 2000

L’expression « An 2000 » s’utilise seulement au futur, en relation avec un progrès technique non vérifiable (« En l’an 2000, les voitures voleront ») et soi-disant idéal (« En l’an 2000, on ne mangera plus que des pilules »).

Bien peu des prévisions que j’ai entendues ou formulées se sont réalisées dans les délais impartis (le GSM)… et les représentations qui en étaient faites semblent aujourd’hui presque aussi datées que celles de Jules Verne ou de Melies concernant la conquête spatiale.
L’an 2000, c’était loin. Si loin. Tous les rêves et les fantasmes étaient permis. Toutes les inventions.
L’an 2000, c’était notre « 2001, Odyssée de l’espace ». Mais un monde idéalisé. Toujours. Le changement. Le changement technique allait toujours dans le bon sens. La médecine, que nous voyions avancer à grands pas, nous guérissait de tous les maux. Les transports ? Illimités. On en était déjà à habiter la lune et la planète mars. Les communications ? Le téléphone dans la montre bracelet était sûr.
Et les voix discordantes du Club de Rome ne sont venues que plus tard. Et n’ont jamais eu beaucoup d’écho. La pollution. La technique qui rongeait la terre comme un cancer. Tout cela aurait fait tache sur une image bien trop brillante pour être gâchée par de si futiles détails. Oui, c’était vrai, il y avait des problèmes. Mais… en l’an 2000, tout cela aurait trouvé une solution !

Étions-nous frappés de myopie ? Faites donc le test vous-même.
En l’an 2050, la montée des eaux, due au réchauffement climatique, pourrait mettre en danger des zones entières en Flandre et aux Pays-Bas… Ou bien. Les filles qui naissent aujourd’hui vivront le passage du siècle suivant, au-delà de 2100 !
Ces idées ne sont pas vraiment le problème… Le seul problème c’est la date. Qui d’entre nous pourrait donc se projeter 20, 50 et même 100 ans en avant… alors qu’en même temps nous nous demandons ce que nous pourrons bien préparer ce soir pour le souper ?

jeudi 17 avril 2008

Direction assistée

Avant la direction assistée, le volant se tournait à l’huile de bras… et les manœuvres de parking faisaient des biceps de camionneur.

Direction assistée, freinage assisté, boite automatique, lève glace électrique, ouvre coffre électrique il ne faut plus grand effort physique pour conduire une voiture. Ce n’est que le moteur arrêté que les utilisateurs s’en rendent parfois compte… se disant que quelque chose doit être en panne !
Et quand on apprenait à conduire, c’était la première difficulté : s’habituer à s’accrocher au volant – des deux mains – pour maintenir la voiture dans la bonne direction, lui faire prendre les virages élégamment. Supplice surtout, lors des manœuvres de parking. Lorsqu’il fallait, de manière répétée, braquer, contrebraquer, braquer encore, et contrebraquer à nouveau… Et si le corps était bien face au volant, cela pourrait encore aller… mais non, la plupart des véhicules n’avaient pas de rétroviseur droit… Il fallait donc se tourner pour voir en arrière… Et tirer quand même. Et tourner, et retourner quand même.
Dur, lourd. Mais on s’y faisait. Et au bout de quelques mois, on ne s’en rendait plus compte. On imaginait difficilement que cela pût être autrement.

mardi 15 avril 2008

Cascade de Coo

C’était notre Niagara, nos chutes du Zambèze : la cascade de Coo !

Obligatoire, l’excursion scolaire vers la cascade de Coo. Vague prétexte géographique (comment un méandre de rivière peut être court-circuité par une cascade). Et ennui profond sur une plaine de jeu en voie de sous développement. En plus, ce n’était même pas loin !
Au cours des dernières 40 années, la plaine de jeu a changé parait-il… et le méandre oublié de la rivière a été transformé en barrage. Mais je n’y suis jamais retourné.

lundi 14 avril 2008

Bouillotte

Quand en hiver, trop longtemps assise à son bureau, ma femme se couche, je sers de bouillotte à ses pieds glacés.

La bouillotte ? Une poche de caoutchouc que l’on remplit d’eau chaude et que l’on glisse dans son lit pour se réchauffer.
Le rituel du coucher en hiver était toujours le même. La bouillotte à la main, nous faisions la file devant ma mère, qui les remplissait d’eau presque bouillante. Emballée ensuite dans un essuie de bain, serrée contre nous dans le froid de l’escalier, nous étions prêts pour la nuit.
Encore faut-il rappeler que les chambres à coucher n’étaient pratiquement jamais chauffées – pas de chauffage central, le plus souvent un seul poêle dans le living ou dans la cuisine, qui faiblissait au cours de la nuit – et encore moins bien isolées qu’à l’heure actuelle – pas question de double ou de triple vitrage -.
Chacun avait donc sa bouillotte. Vide, une sorte de chose flasque, que l’on agitait comme une méduse. Rouge, bleue, verte, … mais jamais de teinte vive. Solide, à toute épreuve. Et avec un bouchon qui défiait – à raison – l’eau de jamais tenter s’en échapper. Combinaison ingénieuse de métal et de caoutchouc.
Les bricoleurs – ou les désordonnés qui, l’hiver venu, ne savaient plus où ils l’avaient rangée le printemps dernier – s’en fabriquaient avec une bouteille de Bols – en terre cuite -.
Mais, de toute façon, comme le fourneau ou le poêle à charbon, le matin, la bouillotte était désespérément froide. Et celle là, que l’on serrait contre son corps au moment de se coucher, pour y trouver tant de réconfort, on la repoussait au plus loin… ou l’on se recroquevillait pour ne plus la toucher.
C’était alors vraiment une méduse que l’on avait au fond du lit !

Warche de toutes les couleurs

La Warche et l’Amblève aussi d’ailleurs avaient des allures de caméléons, au gré des productions des papeteries malmédiennes.

Je parle bien sûr d’une époque où le tout à l’égout était la pratique normale. Où les deux papeteries de Malmedy dictaient au jour le jour la couleur de la rivière à 20 kilomètres en aval… Où les tanneries agressaient le promeneur attiré sur ses rives de relents d’égouts, de cadavres et de potions amères. Vous dégoutant à tout jamais d’y mettre les pieds. Nous que la moindre rivière attirait comme un aimant !
Et puis un jour, il est venu une station d’épuration… qui a réduit l’intensité de la pigmentation…
Ensuite ont fermé les tanneries… et l’odeur s’en est allée…
Alors que les papeteries, à leur tour, étaient frappées par le sort…
Et l’on dit que la rivière est faible ? Elle aura sans aucun doute un jour le dernier mot ! Survivant à la ville elle même.

samedi 12 avril 2008

Vêtements

Mettez un enfant à nu aujourd’hui, et comparez ses vêtements avec ceux que je portais à son âge. Nous vivons définitivement dans un autre monde.

Ce n’est pas simplement la mode qui a changé. C’est tout.
Du tout au tout. De la tête aux pieds il n’y a plus rien de commun entre le slip, t-shirt, jeans, chaussettes industrielles, sweat-shirt, parka nylon, chaussures de sport et ce que portait son père (caleçon, chemisette, chaussettes tricotées par ma grand-mère, pull tricoté par ma mère, manteau de toile, chaussures de cuir).
Bouleversement total des formes, mais surtout des lieux et des modes de production et de distribution. Réduction de la durabilité. On ne peut plus réparer…

Ange gardien

Pas particulièrement bigots les voisins. D’ailleurs, il ne me semble pas qu’ils allaient souvent à la messe. Mais question superstition… ils marchaient à fond… Et "Le Petit Jésus t'a puni" par ci... et une médaille de la Vierge par là... et une gourde d'eau de Lourdes en cas de coup dur... Et dans leur salon, au dessus du divan, face à la télévision, il y avait l’image d’un ange gardien, guidant un petit enfant sur le droit chemin.

Ne le saviez vous pas ? Chacun de nous a donc un ange gardien. Beau et blond – mais intraitable avec le mal -. Un air un peu efféminé – mais puissant plus que tous les super-héros -. Irradiant la lumière dans la pire obscurité – et pourtant invisible -.
Heureusement qu’il y avait ces tableaux chez certains de nos copains / copines pour nous révéler la vérité. Savoir que nous pouvions faire toutes le conneries possibles et imaginables… traverser la route en fermant les yeux… rouler en vélo à contresens… nous promener en slach sur le rocher de Falize… sauter dans la grande profondeur alors que nous ne savions pas nager… Et que (voir plus loin pour les conditions de cette offre) rien de fâcheux ne nous arriverait !
Parce qu’évidemment, il y avait quelques conditions, écrites en petits ou en gros caractères selon la personnalité des parents.
Et que si l’accident arrivait quand même… c’est que nous n’aurions pas été sages (qui rimait avec comme une image)… que nous n’aurions pas bien fait nos prières en nous couchant (même si nos parents n’en faisaient jamais)… et que « le Petit Jésus » nous aurait puni !
Résumons : il ne m’arrive rien, c’est l’ange gardien… il m’arrive quelque chose, c’est le Petit Jésus… Vous auriez la photo de qui au dessus de votre divan dans ce cas ? Du méchant Petit Jésus qui punit ? Ou bien de l’ange gardien ? Bien, c’est bien ce qu’ils faisaient, et laissaient donc Jésus à son business à l’église !
Mais franchement, à le voir couché dans la paille de la mangeoire, pour la crèche de Noël, je n'ai jamais pu imaginer ce Petit Jésus avec un gros doigt menaçant, et encore moins au volant de la voiture ou du camion qui allait m'écraser!

jeudi 10 avril 2008

TV

Nous, les Belges, parlons le belge. Et nous disons donc TéVé et pas TéLé pour la télévision !
Question d'économie. Deux lettres seulement à écrire.
Et puis, contrairement aux Français, nous ne risquons pas de confondre TV (TéVé) et TW (TéWé), puisque nous avons encore un alphabet complet de 26 lettres !

Et qui trouverait donc à y redire ? Mais j’y tiens. Laissez-nous notre langue !

mercredi 9 avril 2008

Saint Jean

Le jour de la Saint Jean (le 24 juin) les enfants du quartier de la route de Falize dansaient dans les rues. C’étaient les rondes de la Saint Jean !

Les filles coiffées d’une couronne de pâquerettes souvent, de Saint-Jean (des marguerites) si elles étaient déjà en fleur, de marguerites des jardins parfois. Les garçons le torse barré – à la manière des édiles communaux – d’un ruban de papier crépon.
Je pourrais vous fredonner l’air – mais cela passe très mal dans un blog qui se limite au texte -… j’ai encore le souvenir brumeux de quelques strophes de la chanson, en wallon évidemment, comme tout ce qui est folklorique à Malmédy – il y était question de fête, de la naissance « do binamé St Jean » (du bien aimé Saint Jean), et pour rimer, de petits et grands - … mais je me souviens surtout que ce qui pourra paraître d’ici quelques années comme une coutume antique, avait disparu.
Je ne me souviens d’ailleurs que de deux éditions dans le quartier… et d’aucune dans les autres de la ville…

mardi 8 avril 2008

Réveil

Tic, tic, tic, font les réveils d’aujourd’hui !
Tic, tac, tic, tac, faisaient ceux d’autrefois !

De plus, il fallait les remonter. Régulièrement. Tous les jours pour les plus faibles. Tous les jours pour les autres aussi. Juste une question d’habitude. Juste pour ne pas oublier.
Et puis ce tic, tac, tic, tac… Ferme, puissant… Alors qu’aujourd’hui le stupide et léger tic, tic des réveils digitaux empêchent certains de dormir, nous n’étions dérangés ni par le tic, ni par le tac de ces monstres mécaniques. Ils nous berçaient plutôt.
Et puis la sonnerie. Intégrée pour les plus doux… surmontant l’appareil pour les plus agressifs. L’appel à quitter les limbes était impératif, magistral, tempétueux… Pas question de se réfugier sous son oreiller ou de feindre l’ignorance.
Le réveil imposait son cocorico de métal, se déchainait sur la table de nuit. Il fallait tendre le bras dans le froid de la chambre. Faire taire l’importun chambard.
Mais, l’homme s’habitue à tout. Et il en était que même ces monstres d’acier hurlant n’arrivaient pas à réveiller. Ne restaient alors que trois options.
Le modèle géant. Pas sûr. Tout juste une sorte de gadget décoratif.
Deux réveils… dont un hors de portée du bras du dormeur… Pas mal du tout. Mais très dérangeant pour les occupants de chambres voisines qui devaient supporter l’intégralité du chant du premier.
Ou enfin, poser le réveil sur une assiette remplie de pièces de monnaie. Qui ajoutaient leur cacophonie à l’original horloger. Imparable autant que délicat !

lundi 7 avril 2008

Quatre couleurs

Bleu, rouge, noir, vert. Les quatre couleurs du bic de mon père.

Deux versions existaient. Mais avec les mêmes couleurs. En métal ou en plastique.
Celle ou chacune des couleurs était activée par un curseur différent. La plus sérieuse et solide. Octogonale à l’origine. Lourde, si lourde, dans sa version métallique.
L’autre, que l’on inclinait dans la direction de la couleur à sélectionner. Bien plus fragile, et de section ronde.

J’ai toujours vu mon père s’en servir. Chargeant d’un rapide geste du pouce la couleur de son écriture. Et qu’il s’agisse de comptes du ménage, ou de formules chimiques qui allaient décider de la qualité des papiers Steinbach pour les dessinateurs, les photographes ou les radiographistes, il passait du bleu au rouge. Du noir au vert. En un coup de main. Avec un petit bruit discret qui disait la couleur qui se mettait au repos, et celle qui prenait, tout aussi discrètement son service.

dimanche 6 avril 2008

Pinscher nain

Imaginez un doberman qui aurait monstrueusement réduit au lavage. Et vous avez le pinscher nain. La pire création de la génétique juste après le caniche et avant le skinhead (et George Bush) !

Le pinscher nain a, je l’espère, sans que personne ne s'en préoccupe, disparu de la surface terrestre. Et si aucune loi n’a été nécessaire pour l’interdire, c’est que peut-être, le genre humain démontre un minimum de cohérence dans son évolution vers un avenir meilleur.
Le pinscher nain tenait au bout de sa laisse une veille. Au moins aussi laide, stupide et méchante que lui. Mais souvent bien plus édentée.
La voix du pinscher nain et celui de sa propriétaire pouvaient parfois être confondues. Une observation systématique et à grande échelle semble pourtant démontrer que le pinscher aboyait plus que sa propriétaire.
Une étude similaire devait porter sur les morsures mais n’a jamais abouti à des résultats concluants. A moins que ceux-ci - trop accablants pour les humains - n'aient jamais été publiés !
Enfin, le pinscher nain et sa propriétaire partageaient une odeur caractéristique. Le pinscher nain était - à ce sujet, je suis formel - le seul animal à sentir la veille femme et sa propriétaire, sans aucun doute, le seul humain à sentir irrémédiablement le chien mouillé !

samedi 5 avril 2008

Oeuf à repriser

Un œuf dans une chaussette. Des doigts de vieille. Une chaussette reprisée. Comme tant d’autres avant elle.

Pour repriser une chaussette. Stop. Repriser signifie réparer un tissus, un tricot. Donc, pour repriser une chaussette ma grand-mère (ouf, un terme qu’il ne faut pas encore expliquer !) utilisait son poing ou un œuf à repriser.
Plutôt son poing, je dois le dire. Bien plus facile à retrouver et à ranger que l’œuf en question. Mais bon, il existait donc un outil qui ne servait qu’à réparer – faut-il expliquer ce mot ? – les chaussettes.

vendredi 4 avril 2008

Nain

Quand je vois ces nains de jardin en résine, brillant de tout leur plastique, il me vient des envies d’intégrisme, de guerre sainte. Il n’y a de vrai nain de jardin qu’en plâtre !

Le nain – nous ne disions pas de jardin – était en plâtre. Toujours. Peint avec soin, originellement. Repeint avec tout autant de précision – si possible – par la suite, lorsque les intempéries ou le grand soleil l’auraient rendu lépreux et méconnaissable.
Et sa voisine, la biche, inévitable, était de béton. Qu’un jour éclatât une de ses pattes, lui arrachant des lambeaux géométriques de chair, ou tout un morceau de son flanc. Se révélait alors un squelette de fers ronds à béton. Qui révélaient alors, définitivement, l’imposture.
Seuls étaient réels, et éternels, les nains !

jeudi 3 avril 2008

Machines agricoles

Monsieur Gentges, le fermier d’en face, avait quelques machines agricoles.

Pas de charrue. On ne cultivait plus – et pas encore de mais – à l’époque dans la région. Mais bien des barres faucheuses, ou d’autres pour retourner le foin. Des herses. Sans moteur. Les roues entrainaient le mécanisme. Même si plus tard viendraient d’autres versions, branchées sur la prise de force du tracteur.
Mais la mécanique n’était pas tout. L’essentiel était peut être dans le siège. De métal, tout simplement. Mais moulé pour les fesses d’un humain. Et percé de larges trous, pour la pluie, et peut être la transpiration aussi. Monté sur une simple lame d’acier qui faisait ressort. Un objet génial et design dans sa simplicité. Nous le retrouvions comme siège de certaines balançoires.
Définitivement disparues dans les années 70. La faucheuse à disque, et le tracteur, avaient remplacé la barre faucheuse, et le cheval que j’avais connus dans mon enfance.
Sauf – croyais-je – dans le pays Amish, au-delà de Valley Forge, dans le Lancaster County. A la fin des années 80, j’y ai retrouvé avec plaisir toutes ces machines. Neuves dans un magasin de matériel agricole. Tirées par des chevaux dans les champs. Et d’autres que je n’avais jamais vues dans mon coin. Parce que l’on n’y faisait que de l’élevage.
Et puis aussi, pas plus tard que la semaine passée, en Orégon… j’ai revu toutes ces machines. Pas trop rouillées. Et d’usage encore si pas toujours courant au moins récent ou actuel. Qui aurait donc dit qu’il nous suffirait d’aller aux USA, symboles de la modernité, pour retrouver, vivants, ces vestiges de notre passé ?

mercredi 2 avril 2008

Lait

Le camion de la laiterie passait chaque jour et vidait les bidons. Le lait prenait le camion pour faire cette centaine de mètres à vol d’oiseau jusqu’à la laiterie.

Au bord de la route, tous les matins, les fermiers – et les fermières – disposaient leurs bidons de lait.
Il y avait donc la ferme d’un côté, avec ses vaches, son fermier et sa fermière, la traite, manuelle encore dans pas mal d’endroits. De l’autre la laiterie. Machines, eau, chaleur et propreté. A peine peuplée d’hommes. Juste des machines et du lait. Entre les deux, ce trottoir de la route de Falize. Ces bidons de lait.
La modernité est passée par là évidemment. Plus de traite à la main. Plus de bidons sur le trottoir. Plus de bidons tout simplement.

mardi 1 avril 2008

Kilt

Le kilt, pour les hommes ? Laissez-moi rire !

Pour vous, le kilt, c’est la pub William Lawson. Les Ecossais qui effrayent les All Blacks de Nouvelle Zélande en le soulevant… qui profitent des épouses des chasseurs plutôt que de la chasse à courre… et autres variations humoristiques. Mais avouez, qu’avec leurs cheveux soigneusement lavés et peignés… question d’attributs virils… les leurs sont plutôt cachés…
Pour moi, le kilt, c’est d’abord une épingle. Un kilt, c’est une jupe avec une sorte d’épingle de nourrice dorée. L’épingle à kilt implique que le tissus est écossais… Mais si le tissus est écossais et qu’il n’y a pas de grande épingle, ce n’est pas un kilt… Mais franchement. Jamais il ne m’est venu à l’idée de porter un kilt.
Le kilt, c’est vraiment pour les filles !