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lundi 6 octobre 2008

Martelange

La Belgique avait son Liechtenstein, son rocher de Monaco : Martelange !

C’était avant l’autoroute… quand la nationale 4, déroulait interminablement ses kilomètres dans la campagne ardennaise. Quand les files de camions faisaient craindre – et accomplissaient parfois – le pire dans les villages traversés. Martelange était le village le plus étrange que l’on pouvait imaginer. D’un côté de la route – vers la Belgique – la vie de tous les jours, les maisons modestes qui bordent toutes les routes nationales. De l’autre – et le Luxembourg – une suite de pompes à essence, de magasins d’alcools et de tabac.
Ouvrir un commerce du mauvais côté – belge – de la route, aurait nécessairement signifié la ruine, après des jours et des semaines d’ennui dans un magasin que personne ne viendrait jamais visiter.
Martelange, c’était le tax-free shop du peuple, qui ne prendrait peut-être jamais l’avion. Le lieu de la transgression des lois et des règlements – allez, on va quand même prendre trois bouteilles d’alcool de prune, même si la loi nous permet seulement d’en importer une – pour les fonctionnaires paisibles et d’habitude obéissants. Le point de départ de tous les héroïsmes et d’un road movie qui ne s’achèverait que la porte de leur domicile close. Suants, tremblants, passant leur nervosité sur les enfants inconfortablement entassés depuis des heures sur le siège arrière, à l’idée que les douaniers pourraient faire un contrôle inopiné. Ou pire… les avoir pris en filature !
La cigarette fumée le lendemain. Le petit verre d’alcool dégusté lors de la prochaine fête de famille n’auraient pas seulement l’avantage de peser moins lourd sur le portefeuille. Ils seraient encore bien chargés de l’adrénaline de ces moments aventureux. Et n’en seraient que plus savoureux !

dimanche 5 octobre 2008

Matoufet

Le matoufet : je l’ai longtemps préféré sucré, avant de reconnaître qu’il était incomparable avec du lard.

Le matoufet ? Aussi appelé « mate faim » dans certaines régions de France, même si les Wallons prétendront en avoir l’exclusivité. Entre la crêpe et l’omelette. Œufs, farine, lait. Ca c’est pour la base. Sur laquelle tout le monde s’entendra.
Quant aux proportions, il y a autant d’écoles que de cuisiniers. Mais tout le monde le prétend : « ma mère – mon père dans certaines versions – faisait le meilleur matoufet de ce côté-ci de la galaxie ! »
Question de finition enfin : certains l’aimaient sucré, évoquant furieusement la crèpe ; et d’autres le préféraient au lard, beaucoup plus proche dans ce cas de l’omelette.
Et très étrangement, cette cuisine particulièrement simple et économique prenait des airs de fête : peut-être parce qu’elle survenait ces soirs d’hiver où nous nous étions tellement dépensés dans nos jeux à l'extérieur.

mardi 23 septembre 2008

Visiter les morts

La mort nous était somme toute familière : quand quelqu’un décédait, il était de coutume de lui rendre une dernière visite, et de le revoir une dernière fois avant qu’il ne disparaisse.

Mourir n’était pas moins triste, ni moins dur qu’aujourd’hui. Mais nous ne craignions pas alors que la vue d’un mort nous ferait le moindre mal !
S’il arrivait que le défunt soit exposé dans sa chambre à coucher, c’était souvent la première – et la dernière – occasion d’entrer aussi loin dans son intimité. Et même dans le salon, les quelques personnes qui l’entouraient avaient l’air de composer une famille : de plus jeunes et de plus vieux, des hommes et des femmes, liés intimement – au point de pouvoir cohabiter avec son cadavre – à celui qui n’était déjà plus là.
C’était pour nous, les gosses, l’occasion de détailler enfin un visage qui n’était déjà plus familier ! D’y voir alors certains éléments dont nous doutions parfois qu’ils aient été présents du vivant de leur porteur. D’oser regarder enfin sans crainte quelqu’un qui nous faisait peur de son vivant.
Dans la pénombre, seulement éclairée par quelques bougies – qui parfumaient doucement l’atmosphère de leur blanche odeur de cire – et par l’une ou l’autre lampe masquée de voiles, il nous venait des bâillements, et une envie irrésistible de nous asseoir. Ces veillées duraient toujours trop longtemps à notre goût. Nous aurait-on proposé de nous coucher dans un coin ou de nous assoupir dans un fauteuil, nous n’aurions pas résisté bien fort !
Même plus âgé, j’ai goûté à sa juste valeur de ce dernier instant passé avec des êtres plus ou moins chers. Et si j’ai appris à les redouter aussi, je ne peux que regretter que la coutume s’en soit perdue. Après un tel ultime face à face, je me suis toujours trouvé apaisé. Comme s’il était plus facile de consciemment laisser partir quelqu’un dont on voit le visage… que d’abandonner à de sombres projets de pourrissement ou d’incinération une caisse fermée dont on ne connaît pas le contenu avec certitude !

jeudi 18 septembre 2008

Melodica

Croisement entre un piano et une flute : le mélodica !

Une sorte d’ornithorynque musical. Je n’ai jamais su en jouer, évidemment. A part la guimbarde et la musique à bouche, j’ai bien rarement produit des airs reconnaissables !
J’avais pourtant un certain faible pour le mélodica.
Le contact général d’abord. Du bon gros plastique comme on n’en fait plus. Presque de la bakélite. On sentait la solidité. C’était frais. Inusable. Incassable. Ingriffable. Et des années plus tard, c’était encore propre, presque comme neuf. Pas étonnant dès lors que les gosses n’hésitaient pas à le prendre en main – et en bouche - et à en tirer quelques notes.
La musique ensuite. Pas qu’elle soit belle vraiment. Simplement qu’elle était juste ! Pas moyen, je pense, d’en tirer une fausse note. Ou alors, il aurait fallu être un fameux virtuose je crois. Vous en connaissez beaucoup vous des instruments qui ne jouent jamais faux ? Mes oreilles en remercient encore les inventeurs.

mercredi 10 septembre 2008

Mopette

Avoir une mopette ? Un rêve inaccessible pour la plupart d’entre nous !

Il parait que ça s’écrit « moped » normalement, mais pour nous c’était bien une mopette. Pour les plus dignes : une mobylette. Scooter, scoot, cyclo, moto ? Que disent les jeunes maintenant ? En tout cas, ils ne parlent plus ni de mobylette, ni de mopette il me semble.
Evidemment, ça faisait du bruit. D’autant plus qu’elles n’étaient pas nombreuses… Tout le monde savait donc quand le fils machin s’en allait… et aussi à quelle heure il revenait… Et dans une ville qui était toute consacrée au vélo – chacun en avait un – les mobylettes étaient comme des intruses.
Tout juste tolérées à l’école. Pas besoin de frimer quand on va en classe… On y va bien pour étudier. Surtout utilisées le week-end et en soirée.
Le plus marrant – on en aurait acheté une rien que pour ça – c’est quand il fallait faire le plein : de mélange deux temps. Pomper à la main l'huile et l'essence dans la colonne vitrée du mélangeur. Et seulement alors pouvoir remplir le réservoir.
Trop chères de toute façon. Mais surtout, trop dangereuses. Elles fonçaient évidemment à près de 60 kilomètres heures. Trop dangereux avaient décidé la plupart de nos parents ! Qui ne pouvaient pourtant pas ignorer que parfois, sur nos vélos, nous dévalions les routes en pente à des vitesses au moins aussi déraisonnables. Mais bon, ce devait surtout être un prétexte !

samedi 6 septembre 2008

Chemin de derriere les maisons

Au bout des jardins il y avait le chemin de derrière les maisons !

Mitoyennes deux à deux, les maisons déroulaient derrière elles un long jardin, le plus souvent potager. Au bout on arrivait sur le chemin de derrière les maisons. Pour entrer parfois, juste en face, dans le jardin du voisin de derrière que l’on aurait pu traverser pour se retrouver sur la rue de l’autre côté du bloc. Il se dessinait ainsi des chemins de traverse : pour les familiers, à travers les jardins ; pour les autres entre les rangées de maisons, bien loin du trafic de la rue. Mais jamais d’un jardin à l’autre : chacun tenait à sa clôture et n’accueillait le visiteur que par l’avant ou l’arrière !
L’un ou l’autre avait bien une voiture, et un garage. Et le passage était bien carrossable. Mais si peu fréquenté – il y avait d’ailleurs bien peu de voitures – et les automobilistes s’y engageaient comme en s’excusant, sorte d’intrus dans un espace habituellement réservé aux jeux et aux piétons.
Passer par derrière les maisons, c’était comme les surprendre dans leur intimité : le linge qui sèche, les parterres et le potager plus ou moins bien entretenus, les objets qui trainent éventuellement ça ou là. Surprendre aussi par les fenêtres le mouvement des habitants : on vivait à l’arrière, laissant la pièce du devant – de toute façon masquée par des voiles - pour les grands jours.
Le chemin de derrière les maisons était enfin la porte vers l’aventure : ici, un terrain vague entre deux maisons et une grande prairie ou s’exhibait parfois un cirque ; là, le monde magique du talus de chemin de fer ; à un autre endroit encore, des prairies. Choisir l’un ou l’autre déciderait de nos jeux de la journée.

jeudi 28 août 2008

Marchand de cliquottes

Marchand de cliquottes ! Marchand de cliquottes ! criions nous dans la rue, comme le ferrailleur s’annonçait marchand de vieux fers.

Les cliquottes, c’étaient des chiffons, même si on utilisait parfois le mot pour parler – en plaisantant – des vêtements : « range tes cliquottes ! » Et si le marchand de vieux fers n’a pas disparu, je dois avouer n’avoir jamais vu trace d’aucun marchand de cliquottes. Les achetait-il ? Ou les vendait-il ? Le marchand de vieux fers et le marchand de poubelles étaient bien là pour nous débarrasser de celles-ci comme de ceux là.
Raté encore. J’ai dû naître un poil trop tard !

samedi 23 août 2008

Mur du son

Un avion qui passe le mur du son, c’était vraiment terrifiant !

Quarante ans et plus après ma dernière expérience, j’en reste encore à craindre la suivante. Et à me demander ce qu’il prenait aux militaires d’ainsi nous mépriser, pauvres civils, à jouer au dessus de nos têtes leurs jeux dangereux. Le hurlement des tuyères des jets qui déferlaient sur la vallée, se croyaient à la guerre, fonçaient, toujours plus vite et franchissaient sans prévenir le mur invisible dans une grande explosion.
Et quand j’apprends qu’il s’agit aujourd’hui d’une arme de guerre classique – destinée à terroriser les populations civiles – je ne peux pas m’en étonner. Nos militaires alliés l’ont testée sur nous !

samedi 16 août 2008

Tour de la Baraque Michel

En face de la Baraque Michel, il y avait une tour. On ne voyait qu’elle.

La Baraque Michel, pour nous, c’était la tour. Il y a une vingtaine d’année, elle était encore là. Son étrange silhouette se découpant sur le ciel du plateau des hautes fagnes. Quant à l’escalader, il n’en était plus question depuis longtemps. Si longtemps que je ne me souviens pas vraiment de l’avoir jamais fait !

vendredi 15 août 2008

Machine à écrire

Rythmée la frappe de la machine à écrire. Tac, tac, tac
Ting faisait elle en bout de course
Trrt on la ramenait à sa place et en même temps le rouleau faisait avancer le papier d’une ligne
Puis la frappe reprenait
C’était tellement une chanson qu’un compositeur s’en est emparé

Ecoutez donc « Typewriter » de Leroy Anderson, et vous saurez un peu ce que représentait la machine à écrire dans notre univers sonore. Ce n’était évidemment pas aussi musical. Pas aussi rythmé, ni aussi construit. Mais tout y est. Nous avions alors des machines qui semblaient chanter. Ecoutez aussi « Pacific 231 » de Honegger. Nous étions les enfants de la musique urbaniste des années 20. Ecoutions des machines, les entendions élaborer leur mélodie. Le moteur de la Panhard. Le murmure du moteur de la machine à coudre Singer, ou le cliquetis et les chuintements du pédalier sur les modèles plus anciens.
Si les musiques d’aujourd’hui battent – égoïstement et violemment – au rythme de notre cœur, celles d’alors tenaient le leur de ce qui les entourait.
Mais la machine à écrire c’était aussi le ruban bicolore… c’était le papier carbone… Et une odeur de métal bien propre.
Et tant pis pour ceux qui n’ont connu que l’ordinateur !

mardi 5 août 2008

Cartes magiques en relief

Vous les aurez sans doute déjà vues, ces cartes magiques, en relief ou animées. Aujourd’hui, elles semblent kitsch. Alors, elles avaient un véritable air de modernité.

Pour le relief, nous n’avions pas vraiment le choix.
La stéréoscopie, presque aussi vieille que la photographie, restait bien vivante, grâce au Viewmaster et à Walt Disney… Mais elle exigeait de s’appliquer sur les yeux le dispositif adéquat.
L’hologramme n’était pas encore inventé. Et il faudrait longtemps encore pour qu’il se généralise, puis se banalise.
Nous restait donc la carte magique. Soit qu’elle tente de donner l’illusion du mouvement (en la tournant, l’animal ou le personnage changeait de position) ou du relief (les différentes vues présentaient le même objet sous différents angles). Les sujets étaient les plus stupides : une fille qui clignait de l’œil… une plage dont les palmiers se balançaient… une perruche sur son perchoir… Rien d’étonnant à ce qu’ils le soient devenus plus encore : la vierge Marie dans la grotte de Lourdes et autres sujets religieux semblent avoir aujourd’hui pris l’exclusivité sur cette technique !

vendredi 1 août 2008

Bleu de méthylene

L’infirmière du collège avait un truc infaillible pour distinguer les faux malades des vrais : le bleu de méthylène !

Collège catholique oblige, elle n’avait rien d’une pin-up, rien qui risque d’échauffer les sangs des élèves. Sans parler de celui des quelques curés qui y vivaient encore - quand leur goût ne leur faisait pas préférer les jeunes garçons -. Chargée de la bonne santé de la population, mais surtout de veiller à chasser les resquilleurs. Il est vrai que les maladies se déclaraient souvent le matin d’une interrogation, ou celui d’une activité physique redoutée : un cross dans la neige, un travail de bucheronnage avec les ainés de l’école, un devoir pas fait ou une leçon pas apprise.
Simuler la fièvre n’était pas vraiment dans nos cordes. Trop aléatoire. La vieille fille ne nous aurait laissé aucune chance à ce petit jeu. Et sans nul doute aurait-elle été capable d’inventer quelque remède cent fois pire que la corvée que nous voulions éviter. Nous étions souvent téméraires, fous jamais !
Alors, quel que soit le mal, il fallait ouvrir grand la bouche, laisser voir notre gorge – il est vrai, admettait-elle – un peu rouge. Garder la bouche ouverte, juste par sécurité… Et elle de saisir une longue pince d’acier, avec la pince un bout d’ouate, de l’imbiber de bleu de méthylène, et de nous en badigeonner le fond de la gorge.
Le plus souvent, la maladie s’en arrêtait là. Si le traitement était déjà aussi cruel pour un mal qui n’existait que dans ses propres yeux rougis par la vieillesse et la solitude, qu’allait-elle imaginer pour les vrais maux ? Nous retournions à notre interrogation ou aux autres corvées. Soupirant, tentant de nous faire plaindre du professeur et de nos copains, mais certains en tout cas d'avoir de justesse échappé au pire. Sincèrement plaints même par certains enseignants qui savaient ce que nous venions d'endurer. N'aurions-nous pas été souffrants avant cette visite funeste, nous l'étions à coup sûr après !
Pendant une longue année, toute la semaine durant, j’ai donc soigneusement évité d’être malade. Et je dois reconnaître que, le jour où mes copains m’ont amené à elle les yeux gonflés par un jet de formol, le sens de l'urgence - et peut-être l'impression de vivre enfin un instant d'exception - lui a heureusement dicté d'éviter de suivre son protocole habituel. Me soignant pour ce que j’avais réellement plutôt que de veiller à entretenir une réputation déjà bien établie par plusieurs générations d'élèves.
L’année suivante, atteinte par la limite d’âge, elle n’était plus là.

mardi 29 juillet 2008

Visa pour le monde

Tous les dimanche après-midi, la Belgique regardait « Visa pour le monde » !

Chaque semaine on voyageait avec les candidats du jeu concours. On tremblait avec eux. On rêvait comme eux de ce prix incroyable : un tour du monde. Un vrai. Comme celui de Jules Verne, ou de Magellan. Un de ces cadeaux énormes, formidables et – somme toute - totalement inutiles. Qui en faisaient donc encore plus rêver !
Quand le candidat ne connaissait pas la réponse, il pouvait faire appel au téléphone. Demander pour ce faire une valise. « Maryse, une valise ! » entendrai-je encore résonner dans un coin de ma tête, chaque fois que je penserai à « Visa pour le Monde ».

dimanche 20 juillet 2008

Machefer

« Le mâchefer est le résidu solide de la combustion du charbon ou du coke dans les fours industriels ou bien encore de celle des déchets urbains dans les usines d'incinération. » Wikipedia

Wikipedia oublie que - du temps du poêle à charbon - les foyers domestiques produisaient aussi leur lot de mâchefer. Régulièrement. Etait-ce une fois par semaine ou moins ? Il fallait nettoyer le foyer. En arracher la croute solide qui se formait au fond. Le seau à charbon devenait seau à déchets. Et le mâchefer terminait sa carrière dans le jardin.
Proprement concassé, il constituait l’essentiel des chemins qui parcouraient plates bandes et potagers. Il avait une odeur. Une certaine acidité. Comme celle d’une tôle rouillée. Et un son particulier. Un crissement entre pierre, verre et métal quand on tentait de le concasser. Quand on voulait l’organiser.

mardi 24 juin 2008

Martin (Saint)

Le 10 novembre au soir, c’était à Malmédy, les feux de la Saint Martin.

Il y en avait un à Outrelepont, à Floriheid, et le dernier dans le quartier des Grands Prés.
Traditionnellement, on y brulait tous les déchets avant l’hiver… mais les temps avaient changé et il était surtout fait de bois (ce n’est pas grave) et de vieux pneus (j’entends d’ici les hurlements de réprobation dans la salle !).
La nuit tombée, tout le quartier se dirigeait vers son bucher, au son de la fanfare. Les garçons portaient des torches. Les plus petits des lampions. Pas question quand on avait un peu grandi de se promener avec un lampion, on aurait eu l’air de quoi devant les copains !
Le feu mis, les chansons chantées (« C’est’u lu veuye do saint martin, nos ava fini scol’a tin… »), les rondes faites, chacun retournait chez lui. Les enfants recevaient un paquet de biscuits et de friandises du comité de quartier. Prélude à ceux qu’ils recevraient à la Saint-Nicolas, un peu moins d’un mois plus tard.
Le feu, quand à lui, continuait de brûler, et c’était, pour nous les gosses, à celui qui brulerait le plus longtemps. Deux ? Trois jours ? Ou plus encore. Il se racontait que lors de la construction de la cité - vers 60 je crois - notre feu brûlait encore en janvier !

mardi 17 juin 2008

Fagne mangeuse d'hommes

Les hautes fagnes sont dangereuses. On s’y perd. On s’enfonce dans leurs tourbières. On s’égare dans les brouillards et les tempêtes de neige. La fagne est une mangeuse d’hommes !

Il y avait bien les vieilles histoires. Celle de la croix des fiancés – de celles qui finissent mal, dans la nuit et dans la neige – de la chapelle Fischbach et de la baraque Michel – et de la cloche qui devait permettre au voyageur égaré de retrouver son chemin -. Mais tout cela datait de bien avant la naissance de mes grands-parents. Nous n’avions pas plus peur de nous perdre en fagne que de rencontrer le loup du chaperon rouge quand nous parcourions les bois ! Il fallait que cela change !
En 1969, le feuilleton « Les galapiats » y contribua. Le mauvais tombe dans les tourbières et ne doit son salut qu’à l’intervention du cow-boy de service. Les tourbières, c’est en effet terrible ! La marée du Mont St Michel, comparée aux tourbières, ce n’est rien du tout. On se fait avaler en moins de deux. En plus, il y a des plantes carnivores ! Ce n’est sans doute pas pour rien. Avec toute la viande de touristes perdus qui s’y trouve…
Vers la même époque aussi, il faut noter la contribution remarquable de l’université de Liège à une plus juste et plus complète connaissance de l’endroit. Un groupe d’étudiant s’est en effet perdu, en hiver. Perdus pour perdus, au lieu de suivre les vallées – vers les villes – ces idiots ont tenté de rejoindre leur point de départ. Ils furent retrouvés, frigorifiés, dans la nuit. La petite histoire racontait qu’ils n’avaient dû leur salut qu’à un étudiant vietnamien qui avait emporté de la viande séchée (gardée à même son corps, prétendait la rue).
Un feuilleton kitsch… une bande d’idiots en balade… et toute la confiance que nous pouvions avoir dans la fagne s’effondrait – pour les plus crédules en tout cas -. Et la légende est tenace.
Mais, au moins, elle a le mérite de garder la plupart des promeneurs sur les sentiers balisés et d’en tenir éloignés les moins téméraires ! Continuez donc à raconter ces terribles histoires. La fagne vous en sera reconnaissante !

samedi 14 juin 2008

Claudine (Merckx)

Claudine faisait les frites pour Eddy avec de la graisse Rési !

Claudine qui ? Mais Claudine Merckx voyons ! Le 4ème personnage de l’Etat – juste après le roi (Baudouin), la reine (Fabiola) et Eddy (Merckx) -. Claudine Merckx faisait donc bien de la publicité pour de la graisse à frites.
Imagine-t-on aujourd’hui, la reine Paola dans une pub, qui annoncerait qu’elle lave les caleçons d’Albert avec Dash ? Ou Carla (Bruni) assurant que les assiettes de Nicolas (Sarkozy) sont plus brillantes avec Dreft ? Barbara (Bush) certifiant que George (W) exige que les sols de la Maison Blanche soient nettoyés avec Monsieur Propre ? Angelina (Jolie) prétendre que son Brad (Pitt) ne se torche qu’avec du papier WC Lotus ?
C’est que nos héros étaient aussi nos familiers. Qui ne vivaient pas vraiment différemment de nous. Mangeaient les mêmes choses. Roulaient dans (presque) les mêmes voitures. Avaient les mêmes activités. Qu’il n’était pas impensable de les croiser dans la rue, ou chez le boucher. Que de suggérer même qu’ils pourraient avoir besoin de gardes du corps vous aurait mené tout droit à l’asile. Ils n’avaient pas pour seule gloire de nous exhiber dans les journaux à scandales, leurs amours aussi tumultueuses que passagères et leur luxe insensé !
Mais maintenant, j’ai des doutes : ne me dites pas que vous ne connaissez pas Eddy Merckx !

samedi 31 mai 2008

Orchestre mécanique

Le long des nationales, certains cafés accueillaient les autocars. Au fond de la salle jouait parfois un orchestre mécanique.

Des excursions, je garde tout de même ce souvenir émerveillé.
Kitch au possible, tout en cuivres, en ors et en rouges. Jouant une musique imbuvable avec une froideur presque militaire. Et pourtant, l’orchestre mécanique nous fascinait. On l’aurait cru vivant. Et nous tentions de devenir, de suivre simplement, l’intervention de chacun des instruments. Assourdis par leur boucan, nous nous éloignions pas d’un pas tant que la bête ne s’était pas définitivement endormie.

jeudi 29 mai 2008

Machine à coudre

Fasciné par la course de la courroie, le va et vient du pédalier, il y avait autant à voir sous la machine à coudre qu’au dessus.

Les tables de machine à coudre font aujourd’hui office de tables de restaurant ou de bar. Leur pédalier, à jamais figé, ne permettra plus jamais de coudre chemises, robes et manteaux. De réparer les accrocs, inévitables, à ces vêtements que nous avions déjà hérités de nos frères, que nous léguerions à ceux qui nous suivaient, à moins que ce ne soit à l’un ou l’autre cousin.
La machine Singer trônait dans pas mal de maisons. Electrique, souvent. Le progrès était passé par là. Mécanique parfois. Elles faisaient pratiquement le même bruit. Ce ronronnement obsédant de l’aiguille, le chuintement du tissus qui avance, parfois le claquement sec de l’aiguille qui casse.
Mais coudre était aussi comme une cérémonie, un rituel et une atmosphère. Le silence et l’ordre se faisaient. Les ciseaux coupaient, taillaient. Les aiguilles, les sabots, les tournevis s’entrechoquaient. Prenaient chacun leur place. Et quand le ronronnement se faisait entendre, c’était comme assister à une naissance. Les pièces informes s’assemblaient une à une en un vêtement qui, le lendemain au plus tard, ferait se retourner les voisines.

jeudi 8 mai 2008

Veaux de mars

Pluie, soleil, puis neige à nouveau… un temps bien de saison pour les veaux de mars.

Dites donc giboulées de mars si cela vous plait, en mars je préfère penser à ses veaux. Veaux de Mars faudrait-il d’ailleurs écrire, s’agissant - paraît-il - d’une référence à une légende concernant le Dieu de la guerre. Mais peu importe.
Spectaculaires et imprévisibles, comme peuvent l’être les orages en été. Un quartier sera touché, une ville, et pas leurs voisins. On sort léger vêtu, comme pour profiter d’un ciel qui se met au grand beau… et voilà qu’on se retrouve dans une ambiance polaire.
C’est ce que j’adore dans notre météo pourrie. En plus d’être – soi-disant – pourrie, elle est imprévisible. Alors, en mars, je suis heureux !