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samedi 11 octobre 2008

Schleuhs

Comme certains esprits dérangés aujourd’hui détestent l’immigré, certains haïssaient alors en toute démesure le Schleuh !

Schleuh, boche, frisé, fritz, fridolin, doryphore : deux ou trois guerres et tout un vocabulaire hérité des générations précédentes les rendaient poètes à leur manière. Vingt ans plus tard, ils en voulaient encore aux Allemands de l’occupation nazie, mais aussi, par droit d’héritage de la grande guerre de 14 et ce celle de 1870 – oubliant qu’à l’époque ils n’avaient jamais été belges ! -. Après un quart d’heure de récit, il leur venait des héroïsmes qu’ils avaient – très prudemment - oublié d’exercer en temps utile. Mais qu’aurions nous fait à leur place à l’époque ?
Ils n’ont heureusement pas réussi à inoculer leurs allergies et leur fiel ne nous a pas rendus amers. L’Europe est enfin là !

mardi 16 septembre 2008

Saucisson au jambon

Et pour les enfants, le boucher découpait toujours une belle tranche de saucisson au jambon !

Etonnant non que les enfants se tenaient toujours bien chez le boucher. Jamais un mot plus haut que l’autre. Jamais de crise de colère, même chez les plus caractériels. Des enfants parfaits, de vrais échantillons pour un livre de la Comtesse de Ségur.
Et pourtant. C’était bien un endroit bien peu agréable. Eté comme hiver, il y faisait froid. L’étalage et les frigos pulsaient leur morsure glaciale que réverbéraient sans pitié les carrelages blancs. Et la lumière crue mettait en évidence toutes les horreurs que certains projetaient d’ingurgiter : des foies répugnants, des pieds de porc, des langues gigantesques.
Mais en fait, nous n’en voyions rien. Les yeux fixés sur le boucher ou la bouchère. Et cela ne manquait jamais. Quelle que soit l’importance de la commande, le saucisson au jambon était amené sur la machine à trancher. Le boucher réglait sa machine : pas question d’une fine tranche ! Non, un bon demi-centimètre conviendrait. Il en coupait une tranche par enfant. Il prenait le plus souvent encore le soin d’en retirer la peau. Et un grand sourire éclairant sa face, il nous distribuait la récompense attendue.
Rien que pour le souvenir de ce sourire éclatant, je crois que j’aimerai toujours le saucisson au jambon et l’atmosphère des boucheries !

samedi 23 août 2008

Mur du son

Un avion qui passe le mur du son, c’était vraiment terrifiant !

Quarante ans et plus après ma dernière expérience, j’en reste encore à craindre la suivante. Et à me demander ce qu’il prenait aux militaires d’ainsi nous mépriser, pauvres civils, à jouer au dessus de nos têtes leurs jeux dangereux. Le hurlement des tuyères des jets qui déferlaient sur la vallée, se croyaient à la guerre, fonçaient, toujours plus vite et franchissaient sans prévenir le mur invisible dans une grande explosion.
Et quand j’apprends qu’il s’agit aujourd’hui d’une arme de guerre classique – destinée à terroriser les populations civiles – je ne peux pas m’en étonner. Nos militaires alliés l’ont testée sur nous !

jeudi 21 août 2008

Skis en bois

A l’époque, il fallait farter ses skis chaque jour, au moins. Parfois le matin et l’après-midi, parce que la neige changeait. Il semble bien que ce ne soit plus le cas !

D’ailleurs, les premiers skis que j’ai eus aux pieds étaient en bois. C’étaient ceux de mon père. De beaux skis de bois beige et brun. Un peu plus tard, nous avons eu une paire pour enfants. Bleus. En bois eux aussi. Nos premiers skis de fonds ? En bois aussi. Et le rite était toujours le même. Sélectionner la cire en fonction de la température de la neige… et puis, au travail.

dimanche 17 août 2008

Stavelot

Juste au dessus du Flamand – ou à côté peut-être –, tout juste humain selon nos traditions, il y avait le Stavelotain !

Les haines villageoises d’alors étaient tenaces. Héréditaires en même temps que contagieuses. Même si elles étaient bien bénignes, ne portant de coups que de langue.
Le Stavelotain était bête, sale, méchant, stupide, tout ce que vous voulez. C'était avéré. Presque scientifique. Ou si la science n'avait pas réussi à le démontrer, c'est qu'elle était donc faillible. Qu'elle était peut-être même manipulée par les Stavelotains !
Rien de bon ne venait de Stavelot. La preuve, même les nuages de pluie en venaient.
Savez-vous d’ailleurs qu’il était question de raser Stavelot ? Pour faire un parking pour le GB de Malmédy, ajoutait-on en s’esclaffant.
Le carnaval de Malmédy ? Incontestablement plus authentique, ancien, amusant que cette Laetare des Stavelotains. Même pas capables de faire leur carnaval au carnaval, il fallait qu’ils le fassent à la mi-carême. Aussi, ils manquent d’imagination : ils n’ont qu’un seul masque traditionnel ; Malmédy en a quinze. Leur Blanc moussi n’est qu’une pâle imitation certainement de notre Djoup’sène et de nos Longs nez.
Aller à l’école à Stavelot ? Hors de question. Ou alors, il fallait se faire discret. C’était bien le seul collège catholique à proximité. Mais était-ce une bonne excuse.
Une fille de Malmédy fréquenter un gars de Stavelot ? ou l’inverse. Vous n’y pensez-pas. Quelle famille tolérerait-elle semblable mésalliance. Roméo et Juliette, eux au moins, avaient un peu de bon sens, ils n'ont jamais envisagé d'aimer de Stavelotain !
Faire des achats à Stavelot ? Plutôt courir à Verviers, trois fois plus loin, que de s’abaisser à cela.
En faire une visite touristique ? Comme tant d’autres belges ? Aucun intérêt. Le Malmédien devenait aveugle dès le moment qu’il s’agissait de voir que la ville voisine aurait pu être jolie. Pittoresque même. Que, contrairement à Malmédy, elle avait vraiment quelque chose à montrer.
Même un match de football Malmédy-Stavelot éveillait bien peu d’intérêt. Parlez-moi de Malmédy-Xhoffraix : c’était la grande foule garantie. Mais franchement, que voulez-vous attendre d’une petite équipe comme ça.
L'histoire et la géographie ? Falsifiées. Les bouquins parlaient-ils de la principauté de Stavelot-Malmédy ? Il fallait bien entendu lire Malmédy-Stavelot. Et nos maîtres ne manquaient pas de le corriger à la lecture. Une coquille sans doute. A moins qu'il ne s'agisse de la manipulation vicieuse de la vérité par un correcteur stavelotain infiltré chez l'éditeur.

La mauvaise foi règnait en maître. Pour regarder Stavelot, et tout ce qui en venait, le Malmédien chaussait nécessairement - ne fut ce que par jeu - ses lunettes déformantes.
Règnait ? Venait ? Chaussait ? Le Malmédien se serait-il donc trouvé un nouvel ennemi héréditaire ? ou bien le Stavelotain reste-t-il inégalé tout autant qu’irremplaçable ?

mercredi 13 août 2008

Soirées diapositives

Si votre beau frère – celui là qui rit si bêtement et dont vous ne comprendrez jamais comment il a fait pour épouser votre sœur - insiste pour vous montrer ses vidéos de vacances, dites-vous que l’époque a changé, et que vous n’avez échappé - de dix années au moins - aux soirées diapositives que pour tomber dans pire encore !

Les soirées diapositives, c’était comme les maladies d’enfance. Pénible, douloureux parfois, mais il suffisait d’attendre que ça passe.

La forme la plus courante : les diapos de vacances.
Ca, c’est notre départ. La famille devant la voiture. Avec tout le chargement. Ca, c’est le premier parking où on s’est arrêtés. Martine était malade. Elle ne supporte pas la voiture. Trois images, et trois parkings plus loin, c’était enfin l’entrée du camping. Et l’impression qu’on allait devoir revivre – image par image et en temps réel – l’ensemble des vacances stupides et banales au camping de Blankenberge de la famille Dupneu. En plus, pas question de pause publicitaire, pour chercher asile à la toilette – non, les toilettes, c’est pour les Français -. Faites mine d’avoir un besoin pressant et le projectionniste compatissant patientera le temps qu’il faut pour que vous ne ratiez pas une image de l’expédition. Et encore, s’il y avait des chips en quantité. Que nos papilles et notre tube digestif puissent au moins nous communiquer des signaux, des informations positifs au lieu de ces platitudes, de ces alignements de lieux communs et ces visions de paysages et personnages sans charmes qui défilent à l’écran.

Déjà, on pense stratégie. Vaudra-t-il mieux y aller aussi l’an prochain – pour pouvoir dire qu’on connaît - ? Ou bien proclamer son amour exclusif de la montagne, son allergie à la mer – même sur pellicule, qui, sait-on, pourrait aussi être porteuse d’un excès d’iode - ? La cause, il fallait se l’avouer, était toujours désespérée. Mieux valait rêver à des issues plus réalistes : le divorce – et couper tous les ponts évidemment avec le beau-frère -, le veuvage – apparemment élégant et définitif, mais ma sœur pourrait se remarier avec pire ! -, le vol du matériel – mais le beau frère est bien assuré -,… Et enfin, à rechercher une issue, notre esprit était libre. Les diapositives pouvaient continuer de défiler. Il nous suffisait de dodeliner de la tête. D’émettre quelque grognement au gré de pensées qui n’avaient rien à voir avec les images. Le plus grave était passé.

Plus raffiné : le montage audio-visuel.
Et c’est bien de raffinement qui s’agit ici. De celui qui permet que l’épreuve en devienne presque un plaisir - rarement -. De belles images, de manière rythmée, sur une musique appropriée. Et pas trop longtemps. Ajoutez-y un commentaire intelligent. Et vous sortiez d’un tel montage avec l’impression d’avoir reçu, sinon appris, quelque chose. Apaisé, détendu.

Mais ne vous faites aucune illusion. Ces expériences étaient aussi rares que précieuses. Car le raffinement pouvait être celui de la torture. Vous assommant de musiques toujours les mêmes (Popcorn et Oxygène neuf fois sur dix). Multipliant les images banales, ratées et répétitives; et montrant en cinquante photos ce que deux vous avaient déjà fait comprendre: il n'y avait rien à comprendre ni à espérer ! Vous vous agitiez sur votre chaise. Cherchant un peu de ce confort qui ne venait pas de la projection. Soupiriez. Tentiez d’étendre vos jambes. Ressentiez l’étouffement déjà – cette salle manque d’air, il y fait trop chaud – ou l’engourdissement par le froid. Comme une chape de béton qui descendait sur le public.
Votre seul espoir : que le projecteur tombe. Que l’ampoule éclate. Une panne de courant. Un incendie s’il vous plait. Non, surtout pas. Seigneur, que votre volonté soit faite. Laisser ces moments de douleur s’achever. Que leur auteur ne se doute de rien et n’ait aucun prétexte – surtout – à prononcer la sentence fatidique : "Puisque tout le monde semble avoir apprécié, il nous reste le temps de repasser le montage une fois encore !"

jeudi 31 juillet 2008

Via secura

C’était du temps où la sécurité routière était nationale, et s’appelait Via Secura.

Un temps où les voitures étaient faites de tôle légère. Où les 4x4 étaient l’exception plutôt que de devenir la règle. Où les voitures étaient bien moins nombreuses, et la vitesse bien moindre. Où les enfants allaient encore tous à l’école à vélo ou à pied - et si la route prenait parfois son tribut, c'était encore assez exceptionnel pour que cela serve de leçon aux autres -. Où la rue, pourtant bien droite sur quelques centaines de mètres, nous servait de terrain de football.
Le plus étrange, rétrospectivement ?
La ceinture de sécurité. D’abord il n’y en avait tout simplement pas. Avant qu’elle ne soit installée sur les voitures. Mais personne ne l’utilisait. Puis qu’elle devienne obligatoire à l’avant. Mais la police ne contrôlait pas. Puis seulement à l’arrière. Combien de centaines de morts aura-t-il fallu avant qu’on ne prenne cette décision toute simple ? Et combien en faudra-t-il encore avant que les bus, les trams et les trains en soient aussi équipés.
Le casque moto ensuite. Imaginez-vous donc que, lui non plus, n’était pas obligatoire. Que beaucoup de motards roulaient sans. Et que la plus grande fantaisie régna ensuite sur les différents types de casques que l’on rencontra. Le bol avec sa garniture de cuir sur les oreilles est bien loin de la sécurité des casques intégraux actuels.
Sans parler du casque vélo. Et n’allez pas y voir les choses modernes et fluorescentes que portent nos cyclistes aujourd’hui. Que non. Un casque vélo, c’étaient simplement une série de boudins de cuir, remplis de je ne sais quoi. Par contre, comme sa version actuelle, alors que les cyclistes en reconnaissaient l’utilité – toute relative -, ils ne voulaient pas le porter. Trop chaud. Gênant. Et peu leur importait déjà la perspective de répandre leur cervelle sur le bitume.

samedi 26 juillet 2008

Sprotchi

C’est todi lu p’tit qu’on sprôtche !

Pour ceux qui ne parlent pas le Belge : « C’est toujours le petit qu’on écrase. »
Sprôtchi, c’est un des plus beaux verbes de la langue wallonne. Un de ces mots qui s’accompagne nécessairement d’une rotation du doigt sur la table ou du pied sur le sol. Porteur d’une infinité de nuances dans l’intonation, au point qu’on pourrait croire qu’une mesure précise de la longueur du « ô » pourrait nous dire la sévérité de l’écrasement et de l’étalement de la victime…
Un chat sur la route ? Sprôtchi ! Le hamster sous le tapis ? Sprôtchi de même ! La voiture du voisin, après la tempête et ses chutes d’arbres ? Sprôtchie…
Laissez voguer votre imagination au gré du mot. Vous verrez que vous en trouverez bien d'autres usages.

samedi 12 juillet 2008

Expo 67

Evidemment, l’expo 58 a été importante. Mais je ne me souviens que ce celle de 67, à Montréal !

Les deux ont marqué ma vie. La première par ma naissance. La seconde, par l’arrivée de la télévision.
Je me souviens seulement vaguement des images de l’époque. De ces batiments futuristes. De ces travellings interminables dans un monde plus étrange encore que les rares films de science fiction de l’époque.
Mais franchement, ce n’était pas notre premier souci !
Nous regardions plutôt la télévision elle-même. Ce mastodonte de bois et de verre. Sur une table à roulettes hyper moderne, aux pattes d’insecte. Tellement haute et tellement moderne qu’au bout d’une semaine – mais peut-être sont-ce six mois – la table, et la télévision avec elle, s’est cassé la figure.
En fait, j’ai longtemps cru qu’on avait acheté la télévision pour l’expo 67 !

samedi 5 juillet 2008

Xhoute si plout

Il habite à Xhoute si plout !

Prononcer "Hoûte si ploût". Ecoute s'il pleut ! Quel nom bizarre pour un lieu...
Habiter à Xhoute si plout… aller à Xhoute si plout… venir de Xhoute si plout… c’est quand même plus joli qu’habiter (aller à, venir de) « je ne sais où » ou « n'importe où »… Plus couleur locale que « le bled ». Même si l’intention était la même.
Ce que nous ne savions pas alors – ou ne voulions pas savoir – c’est que le lieu existait bien. Les lieux faudrait-il dire. Puisqu’il y en avait deux au moins à moins de cinquante kilomètres de chez moi…
L’expression m’est d’autant plus chère depuis que j’ai appris qu’il y avait des Xhoute si plout un peu partout en France : Escota si plau dans le Béarn, Escoute s'il plot en Ardèche. Et qu’ils font tous référence à la nécessité pour le propriétaire d’un moulin à eau d’attendre la pluie.
La poésie du language se cache derrière les exigences les plus triviales.

lundi 30 juin 2008

Scierie

On disait juste « la scierie ». Je vais à la scierie. Ou parfois, à la scierie Closson.

On montait, par la laiterie. Puis à gauche, vers Floriheid et la ville. Pas tout droit, on serait alors arrivé aux trois bosses, puis à la grosse bosse. Et ça, c’était pour l’hiver seulement, pour le traineau. Donc, à gauche ! Il y avait encore un autre bâtiment, avant. Mais ma mémoire me joue des tours. Pas moyen de lui redonner forme. Une usine de machines à laver ? Je rêve peut-être. De machines à coudre ? Il me semble y voir encore « Singer ». Inactive en tout cas. Depuis toujours.
Juste après le coude, séparée de la voie ferrée par la route, c’était donc la scierie. De longs batiments plats à droite et au fond. Et puis, juste devant, le paradis des enfants. Une montagne de déchets !
Des cintres de bois – le modèle tout simple, l’équivalent des stupides cintres en plastique de nos supermarchés – par centaines. Deux cintres cloués ensemble faisaient un cimeterre. Un cintre tout seul pouvait constituer la garde d’une épée.
Des moulures rondes – clouées au bas du cintre, elles en constituaient la partie droite – dont nous faisions des fleurets ou des flèches pour nos arcs.
Des dosses – la dernière planche de sciage, présentant l’arrondi du tronc – et autres déchets plats, nous tenaient lieu de boucliers.
Ainsi équipés, nous étions prêts pour nous lancer dans la fabrication de nos armes… et le lendemain, c’était la guerre enfin. Entre cow-boys et indiens… mousquetaires… chevaliers et templiers… Entre templiers et cow-boys s'il le fallait. Au mépris de l'histoire et pour notre plus grand plaisir.
Pour le prix de trois clous et deux bouts de ficelle, nous avions fabriqué nos jouets. Recyclables et biodégradables !

mercredi 25 juin 2008

Nicolas (Saint)

La fête à cadeaux, c’était la Saint Nicolas. Uniquement.

Aujourd’hui c’est cadeaux à la Saint Nicolas, cadeaux à la Noël, et re-cadeaux pour l’anniversaire. Les plus assidus n’oublient pas non plus les cadeaux de Pâques en attendant qu’un jour on en offre encore pour Halloween et la fête nationale !
Pour nous, Saint Nicolas, c’était la fête. J’entends, celle où on recevait des cadeaux.
Pour les anniversaires ? Une voiture modèle réduit, un animal miniature pour notre zoo. Mais surtout un gâteau. Un quatre quart pour moi.
A Noël ? Des mandarines – on n’en avait pas à d’autres moments -, des printen – un délicieux biscuit fabriqué en Allemagne -, un cadeau collectif aussi – un jeu de société par exemple -, et c’était tout.
Des cadeaux aussi pour les grands événements de la vie : la première communion (la petite communion, ou communion privée comme on disait), la communion solennelle (la grande communion). D’événements importants, il n’y en avait pas d’autres pour les enfants.
Aux autres fêtes ? Quelques bonbons. A Pâques on recevait des œufs – je veux parler principalement de ces choses ovales que pondent les poules. A l’époque, à Pâques, on mangeait surtout ça. Pas tellement d’imitations en chocolat ! - ; le nouvel an, on se rendait à peine compte que c’était une fête ; Halloween n’avait pas encore été importé.

Il nous restait donc Saint Nicolas. Le 6 décembre pour ceux qui l’auraient oublié !
Souvent, nous l’avons fêté la veille au soir. Pour de simples raisons pratiques, mais mes parents s’arrangeaient toujours pour créer quand même la surprise. Pour pouvoir mieux en profiter surtout. Profiter surtout d’une bonne nuit sans l’attente du matin.
L’école commençait un peu plus tard… et sur un rythme et un ton qui n’était pas vraiment celui de tous les jours. Le 6 décembre, c’était une sorte de jour de vacances en classe.

mardi 24 juin 2008

Martin (Saint)

Le 10 novembre au soir, c’était à Malmédy, les feux de la Saint Martin.

Il y en avait un à Outrelepont, à Floriheid, et le dernier dans le quartier des Grands Prés.
Traditionnellement, on y brulait tous les déchets avant l’hiver… mais les temps avaient changé et il était surtout fait de bois (ce n’est pas grave) et de vieux pneus (j’entends d’ici les hurlements de réprobation dans la salle !).
La nuit tombée, tout le quartier se dirigeait vers son bucher, au son de la fanfare. Les garçons portaient des torches. Les plus petits des lampions. Pas question quand on avait un peu grandi de se promener avec un lampion, on aurait eu l’air de quoi devant les copains !
Le feu mis, les chansons chantées (« C’est’u lu veuye do saint martin, nos ava fini scol’a tin… »), les rondes faites, chacun retournait chez lui. Les enfants recevaient un paquet de biscuits et de friandises du comité de quartier. Prélude à ceux qu’ils recevraient à la Saint-Nicolas, un peu moins d’un mois plus tard.
Le feu, quand à lui, continuait de brûler, et c’était, pour nous les gosses, à celui qui brulerait le plus longtemps. Deux ? Trois jours ? Ou plus encore. Il se racontait que lors de la construction de la cité - vers 60 je crois - notre feu brûlait encore en janvier !

vendredi 13 juin 2008

Bonnes soeurs

La sœur Marie-Bernard nous donnait cours de religion. Avec elle vivaient une ou deux autres bonnes-sœur.

Les bonnes sœurs. On disait aussi qu’on allait chez les Chères sœurs. Qui avaient parfois un (ou deux) prénom(s) – mais de nom, jamais -. Qui n’était pas le leur évidemment, mais celui dont on les avait affublées quand elles avaient quitté la vie civile.
Quand j’étais vraiment gamin, certaines portaient encore la cornette. A croire qu’elles voulaient s’envoler. Ou paraître moins sévères qu’elles ne l’étaient.
Sœur Sourire chantait Dominique (nique nique !) et cartonnait au hit-parade.
Au collège, il parait qu’elles étaient encore présentes. Qu’elles habitaient de l’autre côté de la cour. Qu’elles travaillaient un peu dans la cuisine. Si discrètes, si invisibles, qu’on aurait pu les prendre pour des elfes de maison.
Elles semblent avoir disparu. S’être dissoutes dans l’air du temps en même temps qu’elles quittaient leur habit.

mercredi 4 juin 2008

Sirop de souris

Si tu fais encore pipi au lit, on te donnera du sirop de souris !

Je le confesse, longtemps j’ai fait pipi au lit ! Ils n’étaient pas méchants les voisins, que du contraire, qu’aurions-nous fait sans leur acceuil bienveillant lorsque nos parents étaient débordés, mais leurs méthodes éducatives laissaient à désirer !
Contre la toux, le sirop de limaces. Que j’imaginais sorti de ses verres de bière que les jardiniers alors enterraient dans les jardins. Je n’aimais pas la bière, et je savais que je n’aimerais pas plus la limace. Alors, les deux, pensez donc !
Contre le pipi au lit, le sirop de souris. Que je n’ai jamais pu me représenter d’ailleurs. Mais qui ne me tentait pas plus que celui à la limace. Sachant d’expérience combien une souris était plus solide qu’une limace. Craignant par-dessus tout qu’il en reste quelque morceau dans la potion au moment d’avoir à l’avaler.
De plus, ça ne marchait pas ! Nous ne toussions pas moins, ni ne pissions moins au lit, d’imaginer la torture. Que du contraire peut-être.

vendredi 16 mai 2008

Standard champion

Se pourrait-il que revienne le temps où un match Standard Anderlecht signifierait encore quelque chose ? Pendant 25 ans, personne n'aurait parié 1 centime sur cette idée.

Le monde nous semblait coupé en deux.
D’un côté nous, les bons, les rouges. Les Wallons, les liégeois. Enfin, ceux dont le cœur battait, plus ou moins, et de moins en moins, pour le Standard de Liège. N'aurait en tout cas battu pour aucun autre club.
De l’autre, les autres. Les mauvais. Les Bruxellois et les Flamands réunis (d’ailleurs, un Bruxellois n’était au mieux qu’une sorte de Flamand en un peu plus stupide, au pire une sorte de Parisien en plus arrogant s'il était possible, toujours aussi affublé d'un ridicule accent - pas comme nous ! -). De ceux qui arboraient une couleur du plus haut ridicule : le mauve que seuls les curés portaient lors de certaines cérémonies ! En bref, des crétins qui croyaient qu’Anderlecht pourrait l’emporter.
Et il est vrai que les autocollants sur les voitures se sont faits plus discrets pour le Standard… qu'ils se sont faits plus rares, qu’ils ont terni ensuite et que finalement les voitures qui les portaient sont parties à la casse, rarement remplacées.
Que Liège ne fut bientôt plus ni le centre du monde, ni celui du football wallon. A peine celui du cinéma des frères Dardenne - avant celui grotesque, pitoyable et éthylique du ministre Daerden -. Mais ni Rosetta, ni aucun des héros des romances des deux Liégeois n'ont jamais arboré le rouge et blanc...
Et certains d'ailleurs s’étaient mis à regarder au loin, et vers Mouscron – mais est-ce vraiment en Wallonie ? – et Charleroi.
Mais bon, ça fait du bien de voir les Liégeois - ne fût-ce qu'un jour - au sommet à nouveau. Ca nous rajeunit un peu.
Mais sans aucune illusion sur les nouvelles vexations que le futur nous réserve ! Pour vingt-cinq ans à nouveau ?

lundi 5 mai 2008

Siege en bois

Les voitures de troisième classe avaient des sièges en bois.

Eh oui, les trains avaient jadis trois classes. La première, à laquelle on n’accédait jamais, sauf pour passer dans la voiture voisine; et avec l’impression - ou la certitude - que notre seule présence gênait ces messieurs dames. La seconde, pour tout le monde, enfin, les gens normaux, comme vous et moi. La troisième enfin pour … je ne sais pas qui. Je ne savais même pas qu’il y avait des billets de troisième classe, qui auraient peut-être pu coûter moins cher que nos billets réduction famille nombreuse, mais en tout cas, il y avait des voitures de troisième classe.
Rustiques au possible, mettant à mal nos fessiers. Reliques sans doute d’une autre époque, pas si lointaine, où des flots d’ouvriers prenaient le chemin de fer pour se rendre au travail. Qui n'auraient pas besoin de plus que du bois, eux qui en avaient vu d'autres...

mercredi 9 avril 2008

Saint Jean

Le jour de la Saint Jean (le 24 juin) les enfants du quartier de la route de Falize dansaient dans les rues. C’étaient les rondes de la Saint Jean !

Les filles coiffées d’une couronne de pâquerettes souvent, de Saint-Jean (des marguerites) si elles étaient déjà en fleur, de marguerites des jardins parfois. Les garçons le torse barré – à la manière des édiles communaux – d’un ruban de papier crépon.
Je pourrais vous fredonner l’air – mais cela passe très mal dans un blog qui se limite au texte -… j’ai encore le souvenir brumeux de quelques strophes de la chanson, en wallon évidemment, comme tout ce qui est folklorique à Malmédy – il y était question de fête, de la naissance « do binamé St Jean » (du bien aimé Saint Jean), et pour rimer, de petits et grands - … mais je me souviens surtout que ce qui pourra paraître d’ici quelques années comme une coutume antique, avait disparu.
Je ne me souviens d’ailleurs que de deux éditions dans le quartier… et d’aucune dans les autres de la ville…

mercredi 19 mars 2008

X (croix de Saint André)

Au passage à niveau, une croix de Saint André – juste un X en rouge et blanc – suffisait pour arrêter les voitures.

Les trains bien moins fréquents et plus poussifs qu’à l’heure actuelle, évidemment. Les automobilistes, sans doute beaucoup plus disciplinés. Et bien moins nombreux eux aussi.
Mais il suffisait donc d’un simple X, barré de blanc et de rouge, pour que la discipline s’établisse. Que l’on veille à sa sécurité. Et que l’on passe seulement quand il n'y avait pas de train.
Quelle époque étrange nous vivions !

vendredi 14 mars 2008

Saut ventral

Pour le saut en hauteur, nous pratiquions le saut ventral.

L’alternative, bien moins efficace était le saut en ciseau. Donc, en compétition, personne n’aurait pensé sauter autrement. Et ils franchissaient encore 2 mètres 33 en 1977 avec cette technique.
Quel ne fut donc pas notre étonnement quand un jour - aux jeux olympiques de 1968 - un certain Fosbury au moment d’arriver à la latte, se retourne et saute en arrière. Comique. Mais redoutablement efficace. En quelques années, le saut ventral avait disparu des concours.
Et pourtant, il avait un certain charme et bien de l'élégance. La course vers le sautoir: l'obstacle en ligne de mire. La première jambe qui s'élance. Le corps qui roule autour de la barre. Le nez, les yeux qui la tutoient. La deuxième jambe qui suit, qui passe, ou ne passe pas. La chute sur le matelas et la latte qui tiendra, ne tiendra pas !