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dimanche 12 octobre 2008

Projecteur de cinema

Vous rappelez-vous le bruit de la machine à écrire ? Et celui du projecteur de cinéma ?

Dans une rue de Prague, cet été, je me suis arrêté soudain. D’une fenêtre ouverte, résonnait dans la rue, la frappe régulière d’une machine à écrire. Quinze ans ? Vingt ans ? Plus encore ? Depuis combien de temps n’avais-je plus entendu ce bruit jadis familier ? Et qui était le (ou la) dactylographiste qui se mettait ainsi à jouer de mes souvenirs ?

Alors, entrainons-nous. De tous les sens, capturons les sensations qui bientôt ne seront plus. Allez de gauche et de droite, sans bien faire le tri : toutes les choses passent ! Concentrez vous tout de même sur les disparitions annoncées, sur les changements qui ont déjà eu lieu.
Le cinéma par exemple : les volutes de fumée des cigarettes qui se déployaient dans le cône de lumière du projecteur ; l’odeur rouge des sièges empoussiérés ou alors trop humides ; la vue de la salle depuis la galerie supérieure. Mais surtout, le bruit caractéristique du projecteur, qui déroule, image après image, son récit. Les interruptions, en cours de film, pour le changement des bobines. La lumière qui s’allume et s’éteint à nouveau – la tâche terminée – dans la cabine du projectionniste. Tous les cinémas du monde ne sont pas encore assez modernes pour nous priver de tous ces incidents !

jeudi 2 octobre 2008

Coupe-frites

Les frites d’alors étaient faites avec des pommes de terre… qu’il fallait éplucher… et qu’il fallait couper… avec un coupe-frites dans le meilleur des cas !

Chacun faisait alors – en Belgique au moins – ses frites à la manière des professionnels.
Eplucher ses pommes de terre d’abord. Les familles nombreuses avaient parfois une machine à éplucher. Une sorte d’essoreuse dont le tambour était couvert d’aspérités. Bien pratique pour les grandes quantités. Et un bon entrainement pour celui qui, comme moi, un jour se retrouvait à l’épluchage des patates dans un hôtel restaurant.
Les couper ensuite. Au couteau, si l’on voulait. Cela faisait des frites bien irrégulières. Artisanales dirait-on aujourd’hui pour les vendre plus cher. Ou au coupe-frites. On abaissait une manette, qui poussait la patate – épluchée au préalable – à travers une grille plus ou moins fine.
Les frire enfin, en deux fois, ce qui faisait toute la différence entre la Belgique et le reste du monde. Une première fois pour les cuire… la deuxième pour leur donner leur croquant final. Les Belges d’aujourd’hui mangent les mêmes frites surgelées que les Français, mais ils prétendront longtemps encore que les leurs sont incomparables : à cause de la double cuisson évidemment !

vendredi 26 septembre 2008

Cloches

Quand nous faisions nos plus horribles et spectaculaires grimaces, ou que nous nous égarions à en faire de très anodines face à l’un ou l’autre mauvais caractère, il se trouvait toujours quelqu’un pour prétendre que : si les cloches de l’église sonnent, tu resteras comme ça toute ta vie !

Cela n’aurait été que risible si certains n’y avaient cru ! Car pour certains parents, la bonne conduite de leurs enfants passait par l’enseignement de superstitions stupides. Incapables qu’ils étaient d’imaginer d’abord que certains jeux d’enfants – bien que pas très intelligents – n’en étaient pas moins tout à fait anodins et ne choquaient qu’eux-mêmes. Obtus aussi au point de ne pas prévoir qu’un jour leurs rejetons réaliseraient peut-être que la tromperie avait été établie comme système d’éducation.
Mais sans doute n’avaient-ils d’autre ambition – avec la complicité d’une certaine frange de l’Eglise - que de produire des enfants aussi crétins qu’eux-mêmes ! Le pire étant que certains y ont sans doute réussi.

vendredi 12 septembre 2008

Capoules

Ma mère refaisait régulièrement les capoules de ma sœur !

Faut-il donc, en changeant de région, oublier à jamais certains mots ? Ma mère rafraichissait donc régulièrement les capoules de ma sœur – en français de France, on parlerait sans doute de la chienne de ma sœur -. Mais du côté de Liège – et plus loin – on parlait donc des capoules.

jeudi 11 septembre 2008

Chou rouge

Qui mange encore du chou rouge ?

J’aime le chou vert et la choucroute. Un peu moins le chou fleur. Je ne raffole pas des brocolis. Le chou blanc en salade ou en potée n’est pas mauvais du tout. Ne me parlez pas des choux de Bruxelles, je les déteste. Mais je me méfie du chou rouge !
Ce n’est qu’un chou pourtant. Malgré cette couleur qui en ferait douter. Et si aujourd’hui on se contente de quelques feuilles tranchées fines pour colorer un plat, nous avions à subir le chou rouge comme légume. L’odeur ? Indéfinissable. Tout autant que le goût. Mais en tout cas : pas bon ! Acide si je me souviens bien. Malgré les morceaux de pommes que certaines cuisinières y mettaient.
Bizarre non cette aversion ? Mais elle doit être partagée : sinon, pourquoi le chou rouge a-t-il pratiquement disparu des étals de nos magasins ?

dimanche 7 septembre 2008

Jahrgang 58

Je suis du Jahrgang 58 !

Encore une de ces expressions allemandes qui ont percolé dans la langue de Malmédy.
Le Jahrgang 58, ce sont tous ceux qui sont nés en 1958 à Malmédy. Comme le font les copains de classes terminales, ils se retrouvent parfois… 30, 40 ou 50 ans plus tard.
Ce qu’ils se racontent et quelles sont leurs activités ? Je n’en ai aucune idée. Demandez-le plutôt à ceux qui auront déjà participé à l’une ou l’autre de ces réunions.

samedi 6 septembre 2008

Chemin de derriere les maisons

Au bout des jardins il y avait le chemin de derrière les maisons !

Mitoyennes deux à deux, les maisons déroulaient derrière elles un long jardin, le plus souvent potager. Au bout on arrivait sur le chemin de derrière les maisons. Pour entrer parfois, juste en face, dans le jardin du voisin de derrière que l’on aurait pu traverser pour se retrouver sur la rue de l’autre côté du bloc. Il se dessinait ainsi des chemins de traverse : pour les familiers, à travers les jardins ; pour les autres entre les rangées de maisons, bien loin du trafic de la rue. Mais jamais d’un jardin à l’autre : chacun tenait à sa clôture et n’accueillait le visiteur que par l’avant ou l’arrière !
L’un ou l’autre avait bien une voiture, et un garage. Et le passage était bien carrossable. Mais si peu fréquenté – il y avait d’ailleurs bien peu de voitures – et les automobilistes s’y engageaient comme en s’excusant, sorte d’intrus dans un espace habituellement réservé aux jeux et aux piétons.
Passer par derrière les maisons, c’était comme les surprendre dans leur intimité : le linge qui sèche, les parterres et le potager plus ou moins bien entretenus, les objets qui trainent éventuellement ça ou là. Surprendre aussi par les fenêtres le mouvement des habitants : on vivait à l’arrière, laissant la pièce du devant – de toute façon masquée par des voiles - pour les grands jours.
Le chemin de derrière les maisons était enfin la porte vers l’aventure : ici, un terrain vague entre deux maisons et une grande prairie ou s’exhibait parfois un cirque ; là, le monde magique du talus de chemin de fer ; à un autre endroit encore, des prairies. Choisir l’un ou l’autre déciderait de nos jeux de la journée.

dimanche 31 août 2008

Cirer les chaussures

Chaque jour, cirer ses chaussures, et en hiver les graisser : quelle corvée !

Un peu par élégance. Mais si peu. Surtout lorsque les chaussures n’étaient pas trop anciennes. Ou héritées d’un frère ou d’un cousin. Pas pour leur donner l’impossible apparence du neuf. Juste pour qu’on en reconnaisse encore la couleur : noires ? brunes ? beiges ? Il n’y avait, pour les garçons - et les hommes en général -, pas d’autre couleur. Ah si. Blanc. Pour les chaussures de gym en toile. Qui, elles aussi, une ou deux fois l’an – ou bien à la veille d’une compétition – recevaient leur couche de blanc.
Beaucoup par économie. C’est bien connu, le cuir qui n’est pas nourri sèche et casse. Et comme nos souliers avaient vocation de durer – sinon à nos pieds à ceux d’autres enfants -, il fallait donc nourrir les bêtes ! Chaque jour, c’est beaucoup dire, et nous croire bien plus soigneux que nous l’étions. Mais une fois la semaine sans doute. Une couche de cirage. Prendre son repas. Et ensuite faire briller. Par vraiment pour que ça brille… mais bien pour être sûr qu’on ne s’en mettra pas plein le bas du pantalon.
Mais aussi par confort. Surtout lorsqu’il s’agissait de graisser ses chaussures en hiver. Le cirage devenait accessoire. La graisse indispensable pour aller à l’école en pataugeant dans la neige et la gadoue. Ne pas oublier les coutures et la jointure entre le cuir et la semelle. Et bien procéder au tartinage la veille… pour que cela ait le temps d’imprégner le cuir et de sécher ensuite.

Ce qu’on faisait avec nos Nike, Reebok et autres Adidas ? Vous rêvez ? Vous imaginez peut-être qu’on portait des chaussures de sport en rue ? Tout le monde se serait moqué de nous. D’ailleurs, nous n’en avions pas ! Trop cher !

jeudi 28 août 2008

Marchand de cliquottes

Marchand de cliquottes ! Marchand de cliquottes ! criions nous dans la rue, comme le ferrailleur s’annonçait marchand de vieux fers.

Les cliquottes, c’étaient des chiffons, même si on utilisait parfois le mot pour parler – en plaisantant – des vêtements : « range tes cliquottes ! » Et si le marchand de vieux fers n’a pas disparu, je dois avouer n’avoir jamais vu trace d’aucun marchand de cliquottes. Les achetait-il ? Ou les vendait-il ? Le marchand de vieux fers et le marchand de poubelles étaient bien là pour nous débarrasser de celles-ci comme de ceux là.
Raté encore. J’ai dû naître un poil trop tard !

mercredi 27 août 2008

Chicoree

La chicorée, c’est comme du café. Pas vraiment la même couleur, sans la bonne odeur et surtout, un goût affreux ! Mais il paraît que c’est meilleur pour la santé !

Habitude bizarre que celle qui consiste, en temps de paix, à continuer à consommer des produits de guerre, et en temps de richesse – même relative – ceux auxquelles nous contraignaient la pauvreté. Certains n’en avaient, au sujet de la guerre, qu’à propos de tous ces ersatz qui leurs étaient imposés : le café aux glands, le pain à la sciure et les rutabagas à n’en plus finir pour les plus chanceux.
Se pourrait-il qu’en buvant cette chicorée infecte, ils veuillent seulement ranimer leur machine à souvenirs ? Se plonger à nouveau pour un instant dans un temps révolu, en ayant recours au moindre de ses mauvais côtés. Pour en exhumer les quelques bons instants et trop de chers disparus.

lundi 25 août 2008

Calicot

De gauche à droite, longeant la plage, l’avion traine son calicot.

Ces avions publicitaires que l’on voyait alors à la côte belge (« côte flamande ») me fascinaient. Avec les boules de Berlin (« boules de l’Yser »), les cuisse-tax et le sable qui nous collait aux pieds au moment de rentrer à notre lieu de résidence, ils constituent le squelette de mon expérience de gamin à la côte.
Leur arrivée, de loin, longeant parfaitement la plage. Leur passage, si lent, mais si bref à la fois. Permettant normalement à chacun de bien prendre la mesure du message qu’ils portaient. Puis leur disparition, si lente, vers le Nord ou le Sud, selon la direction du vent.
En réalité, même si j’ai lu chacun de leurs messages, je pense n’en avoir retenu aucun. Certain que, même si j’en déchiffrais sans peine le texte, seule importait la magie de cet avion lui-même. Comme dans un cerf-volant, on ne regarde pas tellement les couleurs, ou la figure - ou alors un instant seulement – tant on est pris par la qualité de leur vol, ou simplement par l’étonnement.
Cette année, en janvier, le miracle s’est renouvelé. A Miami Beach… un avion est passé. Trainant à son tour son calicot. Foncant vers le Nord. Et c’est sûr… si j’ai bien lu le texte qui y figurait… dix secondes après, je ne m’en souvenais plus. Bouche bée. Gamin fasciné à nouveau par l’avion publicitaire.

mardi 19 août 2008

Chaleur charbon

Pas moyen de me souvenir de ce slogan publicitaire – de la réclame disait-on alors – qui terminait sur une incomparable « chaleur charbon ». Ne restent que les derniers vestiges d’un âge d’or : les quelques briquettes et boulets qui sont encore en vente dans certains magasins, sans oublier les terrils, comme un décor de théâtre pour le pays noir.

Pourtant, il y a cinquante ans, et quarante encore, presque tout le monde je crois se chauffait au charbon. Pas de chauffage central. Juste un poêle dans le living. Et parfois aussi – chez les plus modernes -, un chauffe eau dans la salle de bain. Pour le charger, le seau et la pelle à charbon – si caractéristiques l’un comme l’autre avec leurs figures carrées -. Indispensable aussi, le tisonnier, pour activer la combustion quand le feu baissait, qu’il fallait démêler la cendre de ce qui pouvait encore bruler. Et inévitable, la corvée de nettoyage : cendrée et mâchefer qui terminaient sur les sentiers des jardins. Au dessus de chaque maison montait la fumée caractéristique, jaunâtre, qui donnait à l’air en hiver son odeur caractéristique.
Evidemment, il fallait que le charbon vienne de quelque part. De la mine, du charbonnage, naturellement. Il y en avait encore en Wallonie… et puis il n’y en avait plus. Il en est resté quelques temps encore en Flandre. Et puis, ce fut fini là aussi. Mais il n’y avait presque plus personne pour s’en inquiéter. On ne se chauffe plus au charbon. Il n’y eut plus de mines et plus de mineurs.
Il fallait donc qu’il vienne de quelque part, qu’il soit livré. Imaginez-vous qu’il y avait en ville un magasin, ou presque, - le comptoir charbonnier malmédien (CCM) – dont la vitrine présentait les différents produits : charbon gras, mi gras, boulettes, briquettes. Au moins une dizaine de bacs qui me fascinaient. Presque comme la boutique d’un confiseur, où tout est sucré… mais avec tant de goûts différents. Un camion livrait donc les ménages. Les hommes déversaient par le soupirail le contenu des sacs dans la cave à charbon. Tout le monde avait une cave à charbon. Pas moyen de faire autrement. Difficile de partager le stockage du combustible en vrac avec celui de conserves, le séchage de vêtements ou la présence d’une lessiveuse.

Le charbon a disparu, doucement. Il est resté, et reste encore, présent ça et là. Certains vieillards ne voudront jamais rien d’autre.
Il parait que, pendant les trente ou quarante années qu’elle est restée inoccupée avant sa démolition, dans la caserne de Malmédy, chaque chambrée avait son poêle et son seau de charbon prêts. C'est en tout cas ce que nous racontait l'adjudant, de garde à la porte. Pour en cas. La consommation massive de charbon aurait ainsi été un des premiers signes d’une guerre imminente.
Il y a vingt ans encore, alors que le charbon n’était déjà pratiquement plus utilisé nulle part, il restait pourtant dans une administration à Bruxelles un bureau où deux ou trois fonctionnaires s’activaient – si l’on peut dire – à l’achat du précieux combustibles pour tous les ministères. Faut-il préciser que le lieu ne ressemblait à rien d’autre qu’au château de la belle au bois dormant ! Peut-être y sont-ils encore.

lundi 11 août 2008

Coucou

Quand avez-vous donc, pour la dernière fois, entendu le coucou chanter ?
Pour ma part - hasard - c’était il y a quelques semaines seulement, du côté de Brugge… et la fois d’avant, il y a dix ans au moins, quinze peut-être, dans mon jardin !

Je ne parle pas de l’horloge suisse ou de la forêt noire. Savez-vous que dans le temps, il y avait un oiseau qui s’appelait comme ça ? Quand le coucou chantait, on ne manquait pas – et je le fais encore – de vérifier qu’on avait bien de l’argent dans les poches: des pièces si possible - la tradition ne s'est pas encore vraiment habituée aux billets de banque -. Il parait qu’à cette condition seulement il portait chance et fortune !

Le chant du coucou était aussi synonyme de beau temps. En mai ou en juin. Par grand soleil. Les deux notes résonnaient. Se répétaient. Mais rares sont ceux qui pouvaient affirmer l’avoir vu. Le coucou ne se montrait pas. Dans son discret costume gris, malgré sa taille respectable, il préférait se cacher des hommes. Etonnant pour cet oiseau que tout le monde connaissait. Le seul dont, à coup sur, les plus incompétents en matière de nature - et n'importe quel citadin - pouvaient imiter le chant. Une vedette des magazines et de la télévision aussi, dont les reportages nous montraient les habitudes bizarres, cruelles et parasites de reproduction.

Hirondelle, moineau, coucou… à eux trois ils étaient les plus forts symboles de la vie ailée d’alors.

mardi 5 août 2008

Cartes magiques en relief

Vous les aurez sans doute déjà vues, ces cartes magiques, en relief ou animées. Aujourd’hui, elles semblent kitsch. Alors, elles avaient un véritable air de modernité.

Pour le relief, nous n’avions pas vraiment le choix.
La stéréoscopie, presque aussi vieille que la photographie, restait bien vivante, grâce au Viewmaster et à Walt Disney… Mais elle exigeait de s’appliquer sur les yeux le dispositif adéquat.
L’hologramme n’était pas encore inventé. Et il faudrait longtemps encore pour qu’il se généralise, puis se banalise.
Nous restait donc la carte magique. Soit qu’elle tente de donner l’illusion du mouvement (en la tournant, l’animal ou le personnage changeait de position) ou du relief (les différentes vues présentaient le même objet sous différents angles). Les sujets étaient les plus stupides : une fille qui clignait de l’œil… une plage dont les palmiers se balançaient… une perruche sur son perchoir… Rien d’étonnant à ce qu’ils le soient devenus plus encore : la vierge Marie dans la grotte de Lourdes et autres sujets religieux semblent avoir aujourd’hui pris l’exclusivité sur cette technique !

jeudi 10 juillet 2008

Caniche

Un caniche, c’est un chien qui serait coiffé comme une femme !

Un certain type de femme évidemment. Et d’une certaine époque.
Le milieu du corps rasé… les pattes aussi, mais pas les pieds. Des tas de poils autour de la tête… et comme des bottes de fourrure.
On regardait toujours la propriétaire ensuite – jamais un propriétaire, ou alors c’était juste monsieur qui sortait le chien de madame -. Une vieille souvent. Pas bien comique. Mais quand c’était une plus jeune, ça ne ratait jamais : la propriétaire ressemblait à son chien. Une boule de cheveux bouclés, de grandes lunettes, et les vêtements qui vont avec.
Bizarre. On ne rase plus les caniches !

lundi 23 juin 2008

Loriot (Jean-Pierre) et Lenain (Christiane)

Jean-Pierre Loriot et Christiane Lenain nous ont fait passer tant de bonnes soirées.

Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !

samedi 21 juin 2008

Colombophilie et batellerie

Barcelone, ciel dégagé, lâcher à cinq heures trente. Bordeaux, couvert, les convoyeurs attendent.
Grands malades, trois poutrelles levées ; Hastière, deux vantelles ouvertes.
Les disques choisis, la météo marine, les communiqués colombophiles et ceux pour la batellerie me manquent !

Les cérémonies religieuses avaient leur litanie des saints – Saint Charles… Priez pour nous ! Sainte Martine… Priez pour nous ! Saint Quirin… Priez pour nous ! - ; les cérémonies patriotiques leur litanie des héros – Camille Lemaire… Mort pour la patrie ! François Bovesse… Mort pour la patrie ! Clément Hubert… Mort pour la patrie ! -. La radio avait les siennes !
Les disques choisis ? De Martin pour Viviane, à l’occasion de son anniversaire. De bon-papa José pour sa petite Monique à l’occasion de sa communion. De tonton Louis pour sa nièce préférée… De Lulu pour Bertha : merci pour ton cadeau. Et ça continuait. Dix, quinze personnes avaient choisi le même disque – très quelconque la plupart du temps -. Et la présentatrice lisait ces messages l’un après l’autre. Comme pour enfiler un chapelet de personnes. Ou pour en faire une chanson. Au point que l’on écoutait celle qui suivait de manière distraite. Seul importaient ces noms, toutes ces personnes qui, d’une certaine manière, passaient à la radio.
Les communiqués colombophiles, eux, comme ceux pour la batellerie nous faisaient voyager. Loin avec les pigeons : Nantes, Bordeaux, Amiens… Bien plus près avec les bateaux : Hastière, le canal Albert… Et là aussi, c’était comme une chanson qui disait le voyage. Toute une géographie et une poésie de lieux connus ou pas. Les pigeons qui reviennent. Qui arriveront ou pas au pigeonnier. Les bateaux qui s’en vont, qui partent ou qui passent.
C’était enfin, avec ces derniers, une langue mystérieuse. De poutrelles et de vantelles, qui pouvaient être levées ou abaissées, ouvertes ou fermées ! Et cela semblait être important. Comme des messages codés de radio Londres. Le brouillage en moins !

samedi 14 juin 2008

Claudine (Merckx)

Claudine faisait les frites pour Eddy avec de la graisse Rési !

Claudine qui ? Mais Claudine Merckx voyons ! Le 4ème personnage de l’Etat – juste après le roi (Baudouin), la reine (Fabiola) et Eddy (Merckx) -. Claudine Merckx faisait donc bien de la publicité pour de la graisse à frites.
Imagine-t-on aujourd’hui, la reine Paola dans une pub, qui annoncerait qu’elle lave les caleçons d’Albert avec Dash ? Ou Carla (Bruni) assurant que les assiettes de Nicolas (Sarkozy) sont plus brillantes avec Dreft ? Barbara (Bush) certifiant que George (W) exige que les sols de la Maison Blanche soient nettoyés avec Monsieur Propre ? Angelina (Jolie) prétendre que son Brad (Pitt) ne se torche qu’avec du papier WC Lotus ?
C’est que nos héros étaient aussi nos familiers. Qui ne vivaient pas vraiment différemment de nous. Mangeaient les mêmes choses. Roulaient dans (presque) les mêmes voitures. Avaient les mêmes activités. Qu’il n’était pas impensable de les croiser dans la rue, ou chez le boucher. Que de suggérer même qu’ils pourraient avoir besoin de gardes du corps vous aurait mené tout droit à l’asile. Ils n’avaient pas pour seule gloire de nous exhiber dans les journaux à scandales, leurs amours aussi tumultueuses que passagères et leur luxe insensé !
Mais maintenant, j’ai des doutes : ne me dites pas que vous ne connaissez pas Eddy Merckx !

dimanche 1 juin 2008

Papier carbone

Une feuille de papier, un papier carbone, une autre feuille de papier, un autre papier carbone, la dernière feuille de papier, le tout dans la machine à écrire. Avant la photocopie, magie du carbone, qui permettait de multiplier les messages.

Le papier carbone ? Je parie que mes gosses n’en ont jamais vu. Ca fait d’ailleurs au moins vingt ans que je n’en ai plus vu moi-même. Le matériau, quelque chose qui ressemblait à du plastique, très fin et résistant à la fois. Noir. La frappe de la machine à écrire se transmettait à travers le papier, et le carbone laissait sa trace d’encre sur la page suivante. Simplissime.
J’en ai utilisé des tonnes, et d’autres aussi. S’imagine-t-on l’énergie qu’il aurait fallu autrement pour écrire à tous ses copains, à toute la famille, pour donner chaque fois les mêmes nouvelles quand on vivait au loin ? Il n’était pas encore question de mémoire informatique, et la photocopie, quand elle est apparue était aussi instable que chère.
Tiens, et à force d’y penser, il me semble aussi que le papier carbone avait une odeur particulière. Quelque chose de très subtil, que je n’arrive plus à retrouver vraiment. Je l’ai là, sur le bout du nez, comme d’autres ont un mot sur le bout de la langue.

jeudi 29 mai 2008

Machine à coudre

Fasciné par la course de la courroie, le va et vient du pédalier, il y avait autant à voir sous la machine à coudre qu’au dessus.

Les tables de machine à coudre font aujourd’hui office de tables de restaurant ou de bar. Leur pédalier, à jamais figé, ne permettra plus jamais de coudre chemises, robes et manteaux. De réparer les accrocs, inévitables, à ces vêtements que nous avions déjà hérités de nos frères, que nous léguerions à ceux qui nous suivaient, à moins que ce ne soit à l’un ou l’autre cousin.
La machine Singer trônait dans pas mal de maisons. Electrique, souvent. Le progrès était passé par là. Mécanique parfois. Elles faisaient pratiquement le même bruit. Ce ronronnement obsédant de l’aiguille, le chuintement du tissus qui avance, parfois le claquement sec de l’aiguille qui casse.
Mais coudre était aussi comme une cérémonie, un rituel et une atmosphère. Le silence et l’ordre se faisaient. Les ciseaux coupaient, taillaient. Les aiguilles, les sabots, les tournevis s’entrechoquaient. Prenaient chacun leur place. Et quand le ronronnement se faisait entendre, c’était comme assister à une naissance. Les pièces informes s’assemblaient une à une en un vêtement qui, le lendemain au plus tard, ferait se retourner les voisines.