jeudi 31 janvier 2008

Chocolat Jacques

Tout Belge, parait-il est friand, et connaisseur, de bon chocolat. Laissez-moi donc vous conseiller le Chocolat Jacques fourré à la fraise.

Les souvenirs n’ont évidemment pas plus à faire de la gastronomie que de l'objectivité. Etait-ce bien à la fraise d'ailleurs ? Et heureusement, ce chocolat n’existe plus : il m’évitera de commettre l’irréparable et de tenter d'y retrouver quelques uns de mes souvenirs les plus chers.
Localisme encore. Le chocolat Jacques était fabriqué à Eupen. Juste de l’autre côté des Fagnes.
Détestant les pralines fourrées, et la persistante douceur du praliné, j’apprécie par contre, de temps en temps, une praline à l’alcool. Peut-être bien à cause de cette sensation sans égale de la barre de chocolat fourré qui éclate sous la dent et de la crème parfumée - ou de la liqueur - qui envahit la bouche. Juste avant, le gout unique du chocolat. Juste après, une marée de fruits et de fraicheur. Tout ce qui suit fait, au mieux, partie de l'alimentation.
Certains détestent-ils l’After Eight pour son mariage étrange du chocolat et de la menthe ? Je regrette juste pour ma part que l’irruption de la menthe soit bien trop peu spectaculaire, et cette retenue bien trop britanique !

mercredi 30 janvier 2008

Chaparall

Les voitures, on connaissait. Le circuit de Francorchamp était juste derrière la colline. Alors, l’arrivée de la Chaparall nous a bouleversés.

Imaginez. Un de ces prototypes comme on en faisait alors. Chose incroyable, il avait un aileron géant et mobile.
Pour nos jeux on en était restés aux classiques superbes : une BRM pour mon frère ainé je crois, une Lotus Climax pour moi. Jimmy Clarck, John Surtees étaient nos héros.
Et franchement, si, même lestée au maximum de plasticine, elle n’a jamais fait le poids dans les courses sur les bordures, la Chaparall nous a coupé la chique avec son look agressif d’oiseau difforme. Un peu comme si un Concorde avait débarqué dans une réunion de club d'ULM.
Maintenant, même les voitures tunées ont un aileron ! Etonnant, le seul dont je me souvienne est celui-là précisément.

mardi 29 janvier 2008

Boule Nationale

Les cigarettes avaient pour nom Bastos, Belga, Boule nationale,…

Dans le temps, les fumeurs fumaient local. Français, à la limite, pour marquer leur originalité ou un brin d'exotisme. Sinon, belge. Fumer était une marque de patriotisme. Au Français sa Gitane, au Belge sa Boule nationale.
Sans filtre évidemment.
D’ailleurs, comment auraient-ils commandé leur paquet de Marlborro (avec ce R mal placé), Peter Stuyvesant, Dunhill. Fumer fait mal aux poumons, mais prononcer Boule nationale est bien moins douloureux à la bouche et aux méninges que tous ces noms bizarres.

lundi 28 janvier 2008

Bebe Cadum

Bébé Cadum ! Bébé Cadum ! Bébé Cadum !

Cinq ou dix bouches qui scandent en rythme des « bébé Cadum » à l’encontre d’un gosse, c’est un truc à faire tchouler… Surtout quand on a déjà tendance à tchouler facilement… Ou qu'on a de bonnes raisons de le faire...
Le bébé Cadum du concours du plus beau bébé ou le joli bambin de la boite de savon n’avaient pas grand-chose à voir dans cette histoire. Qui aurait jamais imaginé que l'imagerie à la guimauve des publicitaires ou les rêves de gloire pour leur nourisson de certaines mères serviraient d'abord à chicaner les plus faibles ou les plus sensibles ?
Cruauté enfantine!

dimanche 27 janvier 2008

Banania

Y a bon Banania !

Banania, c’était une boisson chocolatée. Mais, je l’ai déjà mentionné, je n’étais même pas Ovomaltine, j’étais Nesquick !
Avec cette marque, c’était surtout l’imagerie coloniale qui survivait dans un commerce en voie timide de modernisation. La tirelire des missions sur le comptoir et sur les étagères la chicorée Pacha et le Banania sentaient la colonie et le colonial.
La honte n'était pas encore venue!

samedi 26 janvier 2008

Apal Buggy

Un bruit de VW Coccinelle, une apparence de soucoupe volante ou de sous-marin vert (dans la chanson en français, le "yellow submarine" était vert !) c’était l’Apal Buggy.

APAL, je ne l’ai appris que récemment sur l’internet, c’était « Application Polyester Armé de Liège », rien de bien poétique comme nom – ils font des baignoires ! – mais, en tout cas, c’était de la production locale (armes, ou polyester armé, les Liégeois s'y connaissent depuis des siècles en armement).
Juste un véhicule pour frimer (les dunes et les plages sont excessivement rares dans la région de Malmédy), pour se les geler (quand il neigeait, ventait et faisait de vrais et longs hivers), se décoiffer (pas vraiment le principal des soucis à l'époque des cheveux longs) et ne pas entendre son voisin (mais on n'avait pas encore les sonos surpuissantes des voitures actuelles).
Et puis, il y avait le bruit sympatique de la cox ! Alors, rétrospectivement, et à voir de partout surgir aujourd’hui les Hummers, Range Rovers, Dodge RAM et autres stupidités à quatre roues motrices, sans parler des quads, je trouve que nos frimeurs à nous étaient, somme toute, bien sympathiques !

vendredi 25 janvier 2008

Panhard

Le son si caractéristique de la Panhard se faisait entendre. Venant de Falize. L’engin débouchait sous le chemin de fer. Passait devant nous. Puis s’éloignait vers la ville. Nous n’aurions pas été plus fascinés par un dirigeable !

Dans les années soixante je crois, la Panhard faisait déjà figure d’ancêtre. Monocylindre ? Moteur à deux temps ? Ou un flat twin comme sur les motos BMW ? Je n’en sais rien. Mais elle faisait un bruit de tracteur à pétrole… ou de machine à coudre.
Et ses formes confirmaient l’impression, il ne pouvait pas s’agir d’une vraie voiture.

La Panhard a sans doute eu son temps. Mais, c'était visible, de mon temps, le sien était déjà bien passé depuis longtemps !

jeudi 24 janvier 2008

Viewmaster

Tous les Disney, nous les avons vu au Viewmaster.

Au départ, la stéréoscopie. Un truc vieux comme la photographie. Deux images, des lunettes spéciales pour les regarder.
Mettez là-dessus un coup de miniaturisation et d’ingéniosité : les photos sont disposées de part et d’autre d’un disque de carton.
Ajouter une couche de plastique. Le Viewmaster était en plastique et sentait le plastique. C’est sans doute à cause de cette odeur persistante que je ne m’y suis jamais fait.
Terminez enfin en le consacrant définitivement à célébrer la monomanie Disney. Nous n’avions pas le journal de Mickey, pas de Tshirts ni de Sweat-Shirts de ses héros (d'ailleurs il n'y avait à l'époque ni de T, ni de Sweat-shirts)… nous connaissions à peine la plupart des héros de l’ami Walt… Mais nous avons vu à nous en fatiguer les yeux Blanche neige et les autres vieux Disney au Viewmaster.

Fascinés que nous étions par cette illusion de relief. Comme si dans ce boitier ridicule que nous tenions dans les mains se tenait enfermé un univers entier, et toutes ses dimensions.

mercredi 23 janvier 2008

Toyota

Dis « Toyota » ! - « Tayoto ! » - Non « Toyota ! » - « … Trop difficile. »

Imaginerez-vous un jour le mal que nous avons eu a retenir, puis à dire Toyota. Et ne me parlez pas (mais ce serait bien plus tard) de Mitsubishi.
A peine moins étranger que le martien ou le klingon (la langue de Star Trek). Même dire « schild en vriend » sans accent était plus facile.
Une suite aléatoire de sons... alors que toutes les bandes dessinées nous avaient appris que les noms japonais avaient tous un sens (Yamamoto Kadératé par exemple) ou alors étaient des onomatopées faciles à retenir (Taka Takata, un brave soldat).
Mais franchement, Toyota, c’était trop. Un peu comme Mpenza, Ndiaye ou Mbanza Ngungu pour les bouches de nos journalistes d’aujourd’hui.

mardi 22 janvier 2008

Livret de caisse d'epargne

En classe, on déposait de l’argent sur notre livret de la caisse d’épargne.

La caisse d’épargne c’était, mais pas besoin de le préciser alors, la Caisse Générale d’Epargne et de Retraites, la CGER. Chacun, ou presque, y avait son livret. Un vrai carnet, avec des pages, du temps où la comptabilité s’écrivait dans le livret de l’épargnant. Avant la dématérialisation de l'épargne.
Nous y mettions des montants ridicules : 5 francs ? N’en retirions jamais rien. On apprenait ainsi, dès l’école, en bon petit citoyen belge, à épargner, franc par franc, à thésauriser sur le bon livret d’épargne.
Le livret ? Il a disparu un jour. Remplacé par la gestion centrale informatisée. Il a bien fallu s’y faire, non sans inquiétudes : avec notre carnet à la maison, il nous semblait détenir quelque chose, avoir quelque contrôle sur ces sommes.
La CGER ? Elle s’est modernisée, a quitté le giron de l’Etat pour se lancer toute seule dans la jungle de la finance. Avalée ensuite, diluée dans le grand jeu des fusions et acquisitions, inimaginable pour le banquier de mon époque.
Il me reste surtout, si vivace, le souvenir de ces tirelires de plastique orange que l’on nous avait distribué. Rien à voir avec le stupide cochon de plastique. La tirelire CGER, ça, c’était du design, de la modernité ! Je m'étonne de n'en avoir jamais recontré sur les brocantes.

lundi 21 janvier 2008

TEE

Trans Europe Express, la magie du chemin de fer. Celui qu’on regardait passer dans la gare sans jamais pouvoir rêver y embarquer.

Il me semble me souvenir de voitures rouge et or. Héritières directes du mythique Orient Express.
Alors que nous avions encore l’expérience de la troisième classe, et de ses sièges en bois, pas question d'y monter: le TEE était uniquement réservé à la première classe. Et il filait vers une destination magique : Paris !
Paris c’était le TEE. Pas étonnant que, quand est arrivé le TGV, il ait si facilement et si rapidement détrôné l’avion vers cette destination. Il nous permettait enfin de réaliser nos rêves d’enfants.
Nous avions imaginé les vedettes de cinéma et de la chanson, lancées à la vitesse incroyable de 160 km/h vers la ville lumière. A notre tour d’y aller, à plus de 300 !

dimanche 20 janvier 2008

Oxo

J’ai joué à OXO en buvant un Oxo !

Faux. Je n’ai jamais bu d’Oxo.
Stupide. Mais c’était le genre de jeux de mots que nous aimions quand nous étions gosses.
Oxo, une bouteille toute en rondeurs. Remède définitif contre le froid, quand certains revenaient de promenade ou du travail à l’extérieur.
Je lui préférais personnellement le cube de bouillon (Maggi)… et une (ou deux, ou trois) biscotte(s).
Remède miracle aussi, semble-t-il, contre les chutes de tension. La teneur en sel d’un bol d’Oxo doit sensiblement dépasser celle de la mer morte. Les amateurs d'Oxo prétendent que le goût de leur boisson est aussi nettement supérieur à celui de cette dernière.

Et puis de l’autre côté le jeu. Transportable partout, puisqu’il suffit de l’esquisser dans la poussière.
Y compris sur la lune. Je n’imagine pas la surface de la lune après le passage de ces quelques humains sans, quelque part, la trace d’un jeu d’oxo.
Plutôt que de croire qu’un jour le contenu d’un Cdrom ou d’une volée d’ondes radio envoyées dans l’espace puissent être un jour compris par des entités extraterrestres, n’aurait-il pas mieux valu esquisser pour eux sur le sol lunaire une partie d’oxo ? Et seulement espérer qu'en y participant ils comprennent qu'il y a dans l'univers d'autres entités intelligentes qu'eux !
Au fait, rappelez m’en les règles ! Elles sont tellement simples que je n’ai jamais pris la peine de les retenir.

samedi 19 janvier 2008

Ovomaltine

Oublions le Banania, deux écoles s’affrontaient de mon temps : les défenseurs de l’Ovomaltine et les buveurs de Nesquick.

Bonne pour la santé, l’Ovomaltine. Mais franchement, ma santé passait au dernier plan dès que je la gouttais. Le malt, d’accord dans la bière… limite dans le whisky (que je n’aime pas). L’œuf, on ne le goutait pas. Quant au chocolat, dont il parait que cette boisson avait le parfum, ce n’était surement pas du chocolat belge. Peut-être une de ces choses que les règles européennes permettent aujourd’hui de désigner sous ce vocable. De ces horreurs qui sont moins appétissantes encore qu’une plaque de Côte d’Or oubliée pendant six mois dans un grenier surchauffé !
Je le dis tout net. Moi, j’étais Nesquick.

vendredi 18 janvier 2008

Musique a bouche

La soirée s’éternisait. Alors quelqu’un a sorti sa musique à bouche. Et le temps s’est définitivement arrêté.

La musique à bouche, c’était l’harmonica. Cher à Toots Thielemans. Et donc cher à chaque Belge.
Pas particulièrement répandu, sauf comme jouet à faire du bruit. A un moment ou à un autre, chaque enfant de mon époque a eu sa musique à bouche, le plus souvent dans la version plastique. Encore plus irritante pour les oreilles délicates. Un harmonica de plastique joue nécessairement faux !
C’est le seul instrument de musique – à part le pick-up et la guimbarde -, dont j’aie jamais réussi à tirer des mélodies reconnaissables. Y compris par les autres !

jeudi 17 janvier 2008

Chouco

A dix heures, ceux qui avaient de l’argent s’achetaient un chouco. Nous avions nos gourdes.

Chouco, sans majuscule au fil du temps, c’était la marque de chocolat au lait, en petites bouteilles. Vous diriez sans doute Cécémel. Pour nous, c’était un chouco… avec l’accent.
Le goût ? meilleur ou pire ? Aucune idée. Je n’ai jamais goûté ni l’un ni l’autre. Mais je jurerais que tout malmédien qui en aura bu vous assurera que le goût était incomparable, et plongeant dans ses souvenirs qu’il est incompréhensible que l’histoire ait fait une telle injustice au chouco en nous forçant d’écrire qu’il s’agit d’une « sorte de Cécémel », alors que l’inverse aurait dû survenir.

mercredi 16 janvier 2008

Couper

Ne prétends pas que tu as lu ce livre... il n'est pas encore coupé !

C'était un des plaisirs de la lecture. Un livre (certains livres) se coupait avant de se lire.
La feuille imprimée est évidemment bien plus large que le livre lui même. On y imprime plusieurs pages. La feuille est pliée, en deux, quatre, huit, puis seize sans doute et cousue à la reliure... et c'était tout. Contrairement à aujourd'hui, on pouvait acheter certains livres qui n'avaient pas été rognés.
Rituel immuable, instants précieux pour l'amateur: le lecteur se lancait donc avec un coupe papier, ou un couteau, dans la coupure des pages avant de pouvoir les tourner.
La lecture était donc d'abord un acte manuel, avant de devenir intellectuel.
Il y avait aussi les fines peluches qui tombaient sur la table, les genoux ou le fauteuil. Qui s'envolaient. Et qui faisaient qu'on sentait le livre autant qu'on le touchait et le manipulait ou qu'on le voyait. Une expérience multimédia bien avant l'heure !
La dernière fois que cela m'est arrivé c'était je crois avec "Le roman d'un spahi", de Pierre Loti, acheté à Dakar au tout début des années 80. Mais les livres, c'est comme le bon vin... j'ai encore sur mes étagères un "Eloge de la folie" non coupé. Je ne sais de quel milésime. Mais c'est comme ça qu'il me plait. Gardant tout son mystère derrière ses pages fermées...

mardi 15 janvier 2008

Betterfood

Prononcez betterfoot ! avec un T.

Il m’aura fallu plusieurs années d’anglais pour enfin lire et comprendre ce nom. Pour moi, c’était juste une marque de biscuits pour le déjeuner.
Cassez donc chaque Betterfood/t en deux. Et pour les plus jeunes, vous aurez encore – résultat du suremballage naissant – à ouvrir l’emballage de plastique regroupant les biscuits deux par deux.
De mon temps, il y avait juste la boite de carton… et, parfois, quand on ne les mangeait pas assez vite… des exemplaires tout à fait défraichis et ramollis au fond. Boite de carton orange à l’ancienne… avec la tête ridicule du bébé, façon bébé Cadum … qui tronait au centre de la table.
Faites donc une muraille de vos demi biscuits tout au long de votre tartinière. Une épaisseur. Deux pour les grandes faims. Les biscuits bien en quinconce, comme dans toute bonne construction. La tasse de café au lait au centre. Et vous êtes prêt.
Et une par une, les briques de la muraille, trempées dans le café, disparaissaient, avalées.
Un peu comme les mandalas. Sitôt faits, on les détruit. On ne se servait pas une deuxième fois !

lundi 14 janvier 2008

Livre

Livre rimait alors avec lecteur.

Avant toutes ces émissions littéraires et l’omniprésence des auteurs à succès, il y avait le livre. Peu m’importait que son auteur soit artiste ou artisan. Que sa vie fut passionante ou quelconque. Qu’il soit laid ou beau.
Il y avait le livre, le lecteur et le temps qu’ils se consacraient l’un à l’autre.
Pas d’auteurs obligatoires à la maison, pas plus que de livres interdits. Zola et la bible m’ont donné autant de plaisir l’un que l’autre.
J’en reste persuadé, les livres sont comme des enfants que leurs parents, les auteurs, devraient laisser vivre leur vie. Et ne pas tenter de justifier chacun de leurs actes et virgules.
Je n’aime pas les auteurs. Les livres me suffisent.

dimanche 13 janvier 2008

Champion de Belgique

Un jour tout le monde, même moi, aura oublié que j’ai été champion de Belgique des patrouilleurs scolaires.

Un patrouilleur scolaire c’était, à l’époque, un élève de fin de primaires, qui règlait la circulation à la sortie de l’école. Moralité, pour moi, ça date de fin 1969 ou de 1970.
Et j’ai vraiment été champion de Belgique, au même moment. Le concours avait eu lieu à Woluwé-st-Lambert. Même l’Internet n’en fait pas mention ! Ce qui fait que je le suis peut-être encore…
Je trouverais d’ailleurs pas mal qu’on organise – sur le même modèle - des tas de championnats à édition unique que ne pourraient remporter que ceux qui n’ont jamais rien gagné. Lancer de Tupperware, effeuillage de marguerite, lecture d’instruction de montage Ikea, peinture de quart de rond, filage de mauvais coton, j’en passe et de meilleurs.
Je suis certtain qu’une Belgique qui serait composée pour majorité de champions de Belgique ne se poserait définitivement plus la question de son existence.

samedi 12 janvier 2008

Kleenex

Un Kleenex ? Vous ne pouvez pas utiliser un mouchoir comme tout le monde ?

Eh bien non ! Plus personne n’utilise de mouchoir en tissus. A la place, cette chose immatérielle, sans consistance, qui vous explose dans les mains si vous avez le malheur de vous moucher sérieusement. Vous laissant les mains toute morveuses.
C’est la course permanente au « qui a un mouchoir pour moi ? » juste avant le « où est la poubelle que je puisse jeter mon mouchoir ? »
Il est vrai qu’avant on perdait ses mouchoirs. Mais aussi, et par voie de conséquence, on en ramassait – pour les moins dégoutés dont j’étais - tout autant qu’il suffisait de laver pour refaire sa provision.

Et comment voudriez vous jouer à « j’ai perdu mon mouchoir » avec un Kleenex ?
Et que dire des demoiselles qui, dans les romans, laissaient choir (rien que pour la survie de ce verbe, il faudrait faire du largage volontaire de mouchoir une discipline olympique ou un trésor immatériel de l’humanité !) le leur pour qu’un galant jeune homme s’en emparre.
Les amoureux d’aujourd’hui n’auront plus jamais pour ce délicat mouchoir de baptiste (aucune idée à quoi cela ressemble… mais d’après les romans, c’était très bien) qu’un regard dégouté !

vendredi 11 janvier 2008

Jokari

Ballon, pelle, rateau, seau et jokari. Sans oublier les maillots évidemment. Il n’en fallait pas beaucoup plus, selon nous les enfants, pour une semaine à la mer.

Un bloc de bois. Une balle de caoutchouc tenue par un fil élastique. Une raquette de bois blanc. C’était le jokari. Un des jeux classiques de notre enfance.
La version avec la balle de tennis ne viendrait que bien plus tard. Décevante somme toute lorsque la balle finissait par perdre de son lustre, à ressembler à une peluche qui aurait passé six mois dans une poubelle.
Question exercice, c’était notre squash. Un effort intense. Court le plus souvent. De quoi écouler un surcroit d’énergie. De passer par exemple la frustration d’être resté assis trop longtemps aux côtés des parents.
Jusqu’à l’accident inévitable. L’élastique qui lache. La balle qui file au loin. La course pour la récupérer. Et ma mère qui la répare, jusqu’à la prochaine fois.

jeudi 10 janvier 2008

Passe-montagne

Maintenant, on dit cagoule. Et on en fait même des chansons. Quand nous allions à la neige, c’était pourtant bien d’un passe montagne que nous avions besoin.

Pour affronter le froid polaire sans doute, pour nous protéger de tous nos excès et de ceux de nos copains aussi. La neige ne restait pas longtemps au sol… et nous ne restions pas longtemps sur nos traineaux… La neige nous habillait, et quoi de mieux pour protéger le cou d’une bonne savonée qu’un passe-montagne.

mercredi 9 janvier 2008

Draps de lit froids

Comme l’ane et le bœuf de la crèche exhalaient la chaleur, la maison de ma grand-mère exhalait le froid.

Quitter la touffeur du salon ou la bonne chaleur de la cuisine pour aller à la toilette ou à la buanderie, au-delà du couloir glacé, était déjà toute une épreuve. Mais ce n’était rien à côté de la simple perspective des draps glacés et humides qui nous attendaient à l’étage, non chauffé.
Eté comme hiver, le couloir semblait souffler une odeur de froid sur ses visiteurs. Et de poser le pied sur l’escalier craquant qui menait à l’étage vous en remplissait les narines. Semblait en imprégner à l’instant tous vos vêtements.
Et toutes les bouillottes n’y feraient rien ; vous ne retiendriez à jamais de ces rares nuits que la frayeur de cette plongée dans l’humidité froide de la vieille maison maternelle, prélude au contact insupportable, même à travers la toile du pyjama, des draps de lit glacés et humides.

mardi 8 janvier 2008

Talus

Par intérêt ou indifférence, les adultes nous laissaient chaque année bruler les herbes sèches du talus de chemin de fer.

A quelques centaines de mètres de la maison, il marquait là, comme d’un trait, la limite de la ville. En deça, le tissus dense des habitations sociales du Foyer Malmédien ; au-delà, le terrain de football et deux ou trois commerces.
Comme dans un décor de train miniature, la locomotive débouchait du tunnel, et suivait la voie, accrochée au flanc de la colline. Franchissait le viaduc au dessus de la rivière. Et longeait la ville, longuement, comme en hésitant. Surplombant les maisons, puis des champs encore, avant d’aboutir enfin à la gare.
Mais les trains étaient si rares. Et on les voyait approcher de si loin. Ils roulaient si lentement à l’époque, que le talus ne leur appartenait pas. Et même si l’on parlait bien du talus du chemin de fer, il est clair que c’était notre domaine à nous !

lundi 7 janvier 2008

Zwin

Ce n’était pas seulement à la mer – donc très loin – mais, comme La Panne, le coin de la mer. Juste après, c’était la frontière. Pour nous, frontaliers de l’autre bout, cela signifiait quelque chose. Nous y retrouvions un peu de l’ambiance de nos régions limitrophes de l'Allemagne, du Luxembourg et des Pays-Bas.
Il fallait prendre le train d’abord, puis un bout de tram sans doute. Et encore une bonne trotte à pied jusqu’à l’entrée du parc. A moins de passer par la plage, les dunes, et de franchir les barbelés.
Le Zwin était comme un bout d’histoire. Pas très glorieusement, delta pitoyable et morceau de dépouille de Brugge la morte. Plus positivement, le dernier bout d’anarchie et de mauvaises herbes sur une côté trop réglementée et intégralement vouée au béton.
L’antithèse du mur de l’Atlantique ?

dimanche 6 janvier 2008

Xhoffraix

Xhoffraix se dit tout juste Hofrê, avec un H aspiré.

Xhoffraix, Xhignesse, avec un H en français, et qui se prononce par endroit Chofrê en wallon. Et ne mélangez pas l’un avec l’autre, vous passeriez au mieux pour un rustre, plus probablement pour pédant et idiot.
La prononciation des noms de villages et de lieux dits est parfois aussi rocailleuse que les chemins qui y mènent. Ils servent ainsi à reconnaître le nouveau venu. Celui qui n’y a jamais mis les pieds – ni la langue – pour s’en moquer, et l’éloigner si nécessaire.
Et si par hasard, l’amour du lieu le prend, pour le reconnaître ensuite comme familier, comme ami peut-être un jour.

samedi 5 janvier 2008

W (double V)

Wagon pas vagon et Wallon pas vallon !

Si on a inventé des lettres différentes, c’est bien pour s’en servir. Et pas pour allègrement les confondre l’une avec l’autre. Le vallon, c’est une petite vallée, avec un V. Et le Wallon, c’est un habitant de la Wallonie, avec un W.
Faut-il absolument être un peu germain pour faire la différence ?
Nous serons alors donc germains ! Et, si elle peut s'en contenter, la Belgique en survivra peut-être.

vendredi 4 janvier 2008

Tchouler

Arrête de tchouler. T’es pas une fille tout de même.

Tchouler… avec le «ou» qui prend tout son temps, en wallon, c’est pleurer. Un de ces mots superbes qui, quand on les a entendus, ne seront jamais oubliés.
Irremplacables. Tchouler, ce n’est pas seulement pleurer. C’est plutôt pleurer comme une Madeleine… ou bien pleurer toutes les larmes de son corps… ou bien… n’importe quelle forme de pleurer qui ne soit pas seulement pleurer. Tchouler comme un gosse… tchouler dans un coin… tchouler pour des bêtises…
Tchouler quoi !

jeudi 3 janvier 2008

Sac a dos

Un sac à dos, c’est beige… et c’est un Lafuma, ou bien c’est kaki, et il est militaire.

Il y avait deux couleurs de sacs à dos : les beiges – civils – et kakis – militaires -. Et deux sortes : à armature métallique – les normaux – et à lattes de bois – pour l'escalade -. Au magasin de sport et camping, le choix était donc des plus simples – sachant que les montagnes manquaient cruellement de nos paysages et que nous n’avions rien de militaire - : le grand ou le petit.
D’ailleurs on disait Lafuma, comme on disait bic, frigidaire ou mobylette.

mercredi 2 janvier 2008

Regle a calculer

Le soir, sur la table du salon, mon père travaillait encore. La règle à calculer était sa meilleure assistante.

J’ai appris à l’école secondaire comment elle fonctionnait. Même appris rapidement à vaguement l’utiliser avant d'aussi rapidement l'oublier. Mais toujours, elle a gardé pour moi un aspect tout à fait magique.
Il y avait bien, au magasin en face, une machine à calculer mécanique qui a grand renforts de coups de manivelle, et à grand bruit, faisait les opérations nécessaires à la gestion de la boutique.
Il y aurait, bien plus tard, les premières machines à calculer électroniques.
Mais cet engin ci était silencieux. N’avait besoin d’aucune source d’énergie, sauf celle de mon père qui la manipulait. Et se glissait dans la poche de son veston ou dans sa serviette. Il en avait même il me semble une de format réduit.
Sans compter ces pages entières d’idéogrammes qu’il produisait. Qu'il a toujours prétendu avoir composé de nos bons chiffres arabes et d’orthographe française. N’ayant jamais rien pu en déchiffrer, je suis sûr qu’il avait le génie ainsi que le goût du secret d’un Léonard de Vinci.

mardi 1 janvier 2008

Queue de renard

Une Opel Manta avec une queue de renard attachée à l’antenne radio.

A Malmédy, la queue de renard était déjà le symbole de l’arlequin, qui en caressait la tête des spectateurs du carnaval.
Mais ce fut aussi un accessoire de décoration automobile. Assez stupide d’ailleurs. Qui donc a eu le premier l’idée de tuer un renard. De lui couper la queue. Et d’attacher celle-ci à l’antenne d’une auto-radio ? Et si l’idée était stupide, le résultat, lui, était affligeant.
La queue de renard est à peu de choses près aussi décorative que la balle de tennis sur l’attache remorque !