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mercredi 24 septembre 2008

Acier froid

Le quai de la gare de Verviers sentait l’huile et l’acier froids. L’acier froid surtout !

Si certaines gares disent le passage, d’autres ont vocation de terminus. Celle de Verviers était de ces dernières. Et bien qu’un tunnel la traversait de part en part – qui devait bien mener quelque part, vers un plus loin et un autre ailleurs – on avait l’impression que le monde s’y arrêtait, tant il y faisait sombre, et qu’il semblait impossible d’imaginer plus sombre encore !
Le hall proclamait un glorieux passé qui ne vivait plus que dans l’esprit embrumé des plus vieux de ses habitants. Glorieuse architecture vantant les mérites des artisans lainiers de jadis. Mais la ville était morte. Les usines fermées. Les artisans depuis longtemps partis, retraités ou morts. Seul le buffet dégageait encore un peu de chaleur et invitait à rester un instant encore. Juste le temps de sauter dans le prochain train… ou de s’en aller avec le prochain bus.
Et puis sur le quai cette odeur typique, de roues raclant les rails, de freins arrêtant les trains, de caténaires perclus d’humidité, d’ombre et d’âge. L’on respirait à courtes inspirations des morceaux entiers de locomotives, des mètres de rails. Et ce n’était pas vraiment désagréable. Un peu comme ces tabacs de pipe, parfumés au miel ou aux épices, dont on traverse la fumée en se retenant : d’inspirer trop fort, au risque de capturer avec le miel, toute l’amertume… et d’expirer trop vite, pour garder un instant encore les notes magiques. Ou comme ces parfums qui surgissent au passage d’une dame… et qu’il ne sert à rien de tenter de respirer encore: juste d’en garder, un instant encore, le peu qu’on a pu en capturer.

samedi 30 août 2008

Briquet a essence

Un briquet, c’était lourd. Fort. Et cela sentait l’essence.

Ne me parlez pas de Zippo. Connais pas ! Jamais vu. Jamais entendu. Les marques et nous, vous savez ! Un briquet, c’était un briquet. C’est tout. Mais un briquet à essence de toute façon.
Un briquet à essence, c’est lourd, si lourd. Et ça sent l’essence évidemment. Il en reste toujours un peu à l’extérieur. Et ensuite sur les mains quand on l’a manipulé. Dans la poche du fumeur. Il y a la pierre à briquet aussi, qu’il faut régulièrement changer. Attaquée par l’acier de la roulette, elle jette des étincelles en même temps qu’une odeur caractéristique d’orage. Vers une mèche, imbibée d’essence. La mèche aussi, il faut la remplacer régulièrement. Rien d’étonnant à ce que les fumeurs préfèrent les briquets jetables.
Mais un briquet d’alors, ça semblait puissant. Tout plein de force et de violence contenue. Comme celles d’un pistolet ou d’une moto.

vendredi 29 août 2008

Alouette

Une alouette, c’est un hélicoptère ! Un hélicoptère, c’est une alouette !

Bon, d’accord. L’alouette, c’est aussi un oiseau. Mais, franchement, dans notre haute Ardenne, elle n’était pas particulièrement fréquente. Ou bien on ne la voyait pas.
Et tous les hélicoptères étaient des alouettes ! Tous ? Enfin, juste ceux qu’on voyait. Ceux de la gendarmerie surtout. De l’armée parfois.
Les plus gros, ce n’était pas pour chez nous. Il y en avait bien à la mer, pour le sauvetage. Et puis, parfois on voyait aussi passer l’un ou l’autre OVNI, une banane volante de l’armée américaine par exemple.
Non. Je le maintiens. Un hélicoptère, c’était une alouette !
Fascinante cette bestiole. On avait l’impression qu’elle était toute vitrée. Que pilote et passagers flottaient ainsi dans l’air, retenus par presque rien, et spectateurs de tout. Des gnomes dans une bulle de savon.

dimanche 3 août 2008

Artis

Avec les albums Artis, ce n’était pas seulement de la lecture qu’on s’offrait.

D’abord, il y avait les joies de la collection de timbres. Parcourir les emballages des produits à la recherche du précieux point qui pourrait nous manquer. Veiller peut être à se faire aider par des amis, des voisins, de la famille. Les rassembler ensuite – c’est fou comme ce genre de petites choses a tendance à se trouver n’importe où, dans le vide poches du salon, le tiroir de la cuisine, l’armoire de la salle à manger, parce qu’on n’a jamais vraiment décidé de l’endroit où il faudrait les ranger ou, qu’au moment de les récolter, on n’a ni le temps ni l’envie de faire l’effort d’un déplacement -. Les trier et les compter ensuite. Jusqu’à avoir le nombre de points requis.
Ensuite le plaisir du voyage. Jusqu’au centre Artis, à Verviers je crois. Le bus d'abord. Puis un long trajet à pied. Pour y échanger la précieuse récolte contre les albums et leurs images. Précieusement enrobées de papier cristal. A pied à nouveau jusqu'à la gare. Puis le bus encore.
Pour suivre, celui du bricolage. Que ma mère se réservait. Consciente que, si elle nous laissait agir, le résultat final risquait - au mieux - d’être médiocre. Et tout l’effort de la collection et l'argent perdus. Enduire le bord de la photo de colle blanche. L’appliquer précautionneusement à sa place réservée. Et passer à la suivante.
Associé à celui de l’odorat. Car ma mère utilisait de cette colle blanche semi-solide, délicieusement parfumée. Qui fleurait la vanille, ou quelque chose de similaire.
L’extase de la découverte enfin. Celle des images surtout. Que les livres illustrés d’aujourd’hui n’égalent pas nécessairement. Le texte d’un côté. L’image de l’autre. De ce texte aussi. Auxiliaire précieux pour les élocutions à venir. Un seul album Artis nous donnait toujours matière à au moins un exposé pour l'école. Suffisait pour toutes les explications... débordait de trop d'illustrations.
Croyez-moi. Je les ai tellement relus que je n’étais pas loin de penser que j’avais vraiment voyagé au Siam, au Népal et dans tant d’autres régions du monde.

mardi 8 juillet 2008

Aniline

Ignorant le danger, avec un peu de salive, le facteur humectait son crayon à l’aniline.

Indélébile, c’était l’instrument du facteur. Pour les documents importants. Les recommandés. Les colis… Toxique surtout. Le facteur savait qu’il ne fallait pas le mettre en bouche. Mais le faisait quand même. Finalement, on l’a interdit.
Moins spectaculaires quand même que la cire à cacheter. Elle aussi a disparu. Même pour les paquets de bulletins de vote, après le dépouillement des élections, on ne l’utilise plus depuis récemment.

lundi 7 juillet 2008

Zoo d'Anvers

L’excursion au zoo d’Anvers était incontournable. Mais qu’en retiendrait-on ?

Oublions la boutique, voulez-vous. Elle n’a rien de plus, ou de moins, que n’importe quelle boutique de lieu touristique. On s’y arrête. On y achète. Juste parce qu’on est là. Parce qu’on est en excursion et qu’acheter à la boutique de l’endroit visité fait partie du rituel.
Restent alors, des couleurs, et des odeurs.
Par exemple, celle des singes – obsédante -. Je pourrais d'ailleurs m'arrêter là. Terminer ainsi ma visite du Zoo d'Anvers. Le résumer à la seule odeur des primates.
Mais continuons. Celles de la maison des éléphants, des girafes. Un zoo se visite au moins autant avec le nez qu’avec les yeux. Crottin et urine font partie de l’image que nous nous faisons de ses habitants. Même les cages des oiseaux ou l’enclos des flamants (roses) laissent une trace olfactive dans nos mémoires.
Odeur encore au delphinarium. C’est le même bleu qu’à la piscine. La même humidité. Les même plaisir et presque les mêmes cris. Ce sont des plongeons plus spectaculaires. Mais, c’est aussi une odeur. Une odeur d’eau bleue avec du soleil dessus. Chaude. Pas comme celle des ours blancs. Au delphinarium aussi, on entre avec son nez.
Des couleurs enfin… toutes résumées dans le pavillon des girafes. Ces décorations arabisantes. Exotiques. Avec des échos art nouveau.
Somme toute… au zoo d’Anvers, les animaux ne sont pas l’essentiel !

jeudi 12 juin 2008

Aufray (Hugues)

Inoxydable ! Hugues Aufray est inoxydable !

Son premier disque date de 59. Avant ça, c’est sûr, je ne l’aurais pas écouté !
Connu ? On peut difficilement l’être plus. Même mes parents – qui n’en avaient pas vingt - avaient un disque de lui : Stewball sur une face, Céline sur l’autre. A moins que ce ne soit l’inverse puisqu’il y avait bien une face A et une face B sur les vinyls.
Mais - comme d’autres chez les scouts - c’est au patro que j’en ai entendu d’autres. Santiano par exemple, et Stewball à nouveau. Et à s’en casser les oreilles. A en avoir marre… et pourtant, on continuait. Des paroles, une histoire, qui coulent de source. Une mélodie facile à caser dans l’oreille et dans la bouche. Ce sont plutôt de ces chansons que l’on chante que de celles qu’on écoute ! A la veillée, dans le bus ou le car, en marchant.
Et la voix d’Hugues Aufray a quelque chose d’étrange. Qui pourrait la rendre rebutante. A moins qu’elle ne soit seulement de son époque. Ce fond de vibrato. Ce son un peu nasillard. Dans son genre, elle me fait penser à celle de Christophe (Aline … pour qu’elle revienne !). Pas identique, pas du tout, mais décalées toutes les deux. Hors format.

samedi 17 mai 2008

Amateur

Professionnalisme et publicité semblent aujourd’hui être les piliers du sport de compétition. L’amateur, juste une sorte de comique, qui n’arrivera jamais à rien de bon (passer à la télévision)… ou pas longtemps…

D’ailleurs, amateur est devenu une sorte d’injure… et – au masculin en tout cas – un professionnel, c’est bien, c’est beau, c’est grand… et c’est cher ! Mais ça vaut son prix, quand on voit les problèmes qu’on a après avec les amateurs…
Mais je m’éloigne de mon sujet. Le sport.

Peut-on aujourd’hui se souvenir d’un temps pas si éloigné – 20 ans à peine – où seuls les amateurs avaient accès aux jeux olympiques, et où les « étudiants » américains et les « militaires » soviétiques raflaient toutes les médailles.
Mais, même comme cela, le sport avait encore quelque chose de frais, d’innocent et d’accessible. Les stades et les corps des athlètes n’étaient pas le patchwork de publicités qu’ils sont devenus aujourd’hui. Les courts de tennis n’étaient pas le lieu d’un défilé et de changement de mode permanent. Les cyclistes ne ressemblaient encore ni à des clowns ni à des oiseaux exotiques, bariolés de toutes les couleurs.
Ils ne roulaient ni en Porsche, ni en Ferrari.
Et même s’ils se dopaient – sans aucun doute – ils ne trainaient pas derrière eux leur spécialiste de la remise en forme à coups de médications normalement utilisés dans le traitement du cancer (EPO), dans les opérations chirurgicales (transfusions sanguines) pour ne parler que des plus remarquables. Ils n’étaient pas non plus tous, subitement, atteints d’asthme.
Finalement, l’amateurisme avait du bon !

vendredi 2 mai 2008

Par avion

By airmail: Il y avait bien de la magie dans une lettre par avion !

Quand on la recevait, c’était un plaisir tout particulier. Avant de la toucher, la couleur d’abord : bleue, parfois bordée d’une frise alternant le bleu, le blanc et le rouge. Tous les autres courriers étaient blancs, bruns à l’occasion. Bleu, signifiait par avion.
Posée sur la main, son poids ensuite : celui d’un papillon, d’un colibri. Celui d’un souffle de vent peut-être.
On regardait alors l’adresse de l’expéditeur, ou le timbre. On regardait les deux. Elle venait sûrement du Congo, ou bien du Zaïre, ou bien du Congo à nouveau, plus tard… Elle venait de loin toujours.
D’un coup de couteau de cuisine (de ceux qui coupent bien plus finement que nos couverts de table), la lettre était ouverte, avec précaution pour ne pas déchirer le précieux contenu. Un feuillet, deux parfois, de papier par avion. Bleu aussi. Fin comme du papier bible. Couvert d’un seul côté d’une écriture appliquée de religieuse ou de missionnaire, de celle passionnée de l’explorateur ou de l’aventurier, molle du colon attardé ou de l’épave alcoolique - mais ceux-là, c'est vrai, n'écrivaient jamais ! -. Disant des nouvelles d’il y a longtemps déjà. Des jours nécessairement. Des semaines souvent. Des mois parfois, tant le monde était plus grand alors qu’il ne l’est aujourd’hui.
Lue, relue, précautionneusement rangée, la lettre avait apporté son lot de rêve. On tentait d’imaginer le là-bas… On se faisait son petit cinéma personnel sans même imaginer que les choses pourraient être bien différentes de ces rêves éveillés.
Il serait bientôt temps de s’y mettre soi même. Une enveloppe bleue. Une ou deux feuilles de papier par avion. Et de tenter à notre tour d’offrir à notre correspondant un peu de ce plaisir que nous avons ressenti …

vendredi 18 avril 2008

An 2000

L’expression « An 2000 » s’utilise seulement au futur, en relation avec un progrès technique non vérifiable (« En l’an 2000, les voitures voleront ») et soi-disant idéal (« En l’an 2000, on ne mangera plus que des pilules »).

Bien peu des prévisions que j’ai entendues ou formulées se sont réalisées dans les délais impartis (le GSM)… et les représentations qui en étaient faites semblent aujourd’hui presque aussi datées que celles de Jules Verne ou de Melies concernant la conquête spatiale.
L’an 2000, c’était loin. Si loin. Tous les rêves et les fantasmes étaient permis. Toutes les inventions.
L’an 2000, c’était notre « 2001, Odyssée de l’espace ». Mais un monde idéalisé. Toujours. Le changement. Le changement technique allait toujours dans le bon sens. La médecine, que nous voyions avancer à grands pas, nous guérissait de tous les maux. Les transports ? Illimités. On en était déjà à habiter la lune et la planète mars. Les communications ? Le téléphone dans la montre bracelet était sûr.
Et les voix discordantes du Club de Rome ne sont venues que plus tard. Et n’ont jamais eu beaucoup d’écho. La pollution. La technique qui rongeait la terre comme un cancer. Tout cela aurait fait tache sur une image bien trop brillante pour être gâchée par de si futiles détails. Oui, c’était vrai, il y avait des problèmes. Mais… en l’an 2000, tout cela aurait trouvé une solution !

Étions-nous frappés de myopie ? Faites donc le test vous-même.
En l’an 2050, la montée des eaux, due au réchauffement climatique, pourrait mettre en danger des zones entières en Flandre et aux Pays-Bas… Ou bien. Les filles qui naissent aujourd’hui vivront le passage du siècle suivant, au-delà de 2100 !
Ces idées ne sont pas vraiment le problème… Le seul problème c’est la date. Qui d’entre nous pourrait donc se projeter 20, 50 et même 100 ans en avant… alors qu’en même temps nous nous demandons ce que nous pourrons bien préparer ce soir pour le souper ?

jeudi 17 avril 2008

Direction assistée

Avant la direction assistée, le volant se tournait à l’huile de bras… et les manœuvres de parking faisaient des biceps de camionneur.

Direction assistée, freinage assisté, boite automatique, lève glace électrique, ouvre coffre électrique il ne faut plus grand effort physique pour conduire une voiture. Ce n’est que le moteur arrêté que les utilisateurs s’en rendent parfois compte… se disant que quelque chose doit être en panne !
Et quand on apprenait à conduire, c’était la première difficulté : s’habituer à s’accrocher au volant – des deux mains – pour maintenir la voiture dans la bonne direction, lui faire prendre les virages élégamment. Supplice surtout, lors des manœuvres de parking. Lorsqu’il fallait, de manière répétée, braquer, contrebraquer, braquer encore, et contrebraquer à nouveau… Et si le corps était bien face au volant, cela pourrait encore aller… mais non, la plupart des véhicules n’avaient pas de rétroviseur droit… Il fallait donc se tourner pour voir en arrière… Et tirer quand même. Et tourner, et retourner quand même.
Dur, lourd. Mais on s’y faisait. Et au bout de quelques mois, on ne s’en rendait plus compte. On imaginait difficilement que cela pût être autrement.

samedi 12 avril 2008

Ange gardien

Pas particulièrement bigots les voisins. D’ailleurs, il ne me semble pas qu’ils allaient souvent à la messe. Mais question superstition… ils marchaient à fond… Et "Le Petit Jésus t'a puni" par ci... et une médaille de la Vierge par là... et une gourde d'eau de Lourdes en cas de coup dur... Et dans leur salon, au dessus du divan, face à la télévision, il y avait l’image d’un ange gardien, guidant un petit enfant sur le droit chemin.

Ne le saviez vous pas ? Chacun de nous a donc un ange gardien. Beau et blond – mais intraitable avec le mal -. Un air un peu efféminé – mais puissant plus que tous les super-héros -. Irradiant la lumière dans la pire obscurité – et pourtant invisible -.
Heureusement qu’il y avait ces tableaux chez certains de nos copains / copines pour nous révéler la vérité. Savoir que nous pouvions faire toutes le conneries possibles et imaginables… traverser la route en fermant les yeux… rouler en vélo à contresens… nous promener en slach sur le rocher de Falize… sauter dans la grande profondeur alors que nous ne savions pas nager… Et que (voir plus loin pour les conditions de cette offre) rien de fâcheux ne nous arriverait !
Parce qu’évidemment, il y avait quelques conditions, écrites en petits ou en gros caractères selon la personnalité des parents.
Et que si l’accident arrivait quand même… c’est que nous n’aurions pas été sages (qui rimait avec comme une image)… que nous n’aurions pas bien fait nos prières en nous couchant (même si nos parents n’en faisaient jamais)… et que « le Petit Jésus » nous aurait puni !
Résumons : il ne m’arrive rien, c’est l’ange gardien… il m’arrive quelque chose, c’est le Petit Jésus… Vous auriez la photo de qui au dessus de votre divan dans ce cas ? Du méchant Petit Jésus qui punit ? Ou bien de l’ange gardien ? Bien, c’est bien ce qu’ils faisaient, et laissaient donc Jésus à son business à l’église !
Mais franchement, à le voir couché dans la paille de la mangeoire, pour la crèche de Noël, je n'ai jamais pu imaginer ce Petit Jésus avec un gros doigt menaçant, et encore moins au volant de la voiture ou du camion qui allait m'écraser!

jeudi 3 avril 2008

Machines agricoles

Monsieur Gentges, le fermier d’en face, avait quelques machines agricoles.

Pas de charrue. On ne cultivait plus – et pas encore de mais – à l’époque dans la région. Mais bien des barres faucheuses, ou d’autres pour retourner le foin. Des herses. Sans moteur. Les roues entrainaient le mécanisme. Même si plus tard viendraient d’autres versions, branchées sur la prise de force du tracteur.
Mais la mécanique n’était pas tout. L’essentiel était peut être dans le siège. De métal, tout simplement. Mais moulé pour les fesses d’un humain. Et percé de larges trous, pour la pluie, et peut être la transpiration aussi. Monté sur une simple lame d’acier qui faisait ressort. Un objet génial et design dans sa simplicité. Nous le retrouvions comme siège de certaines balançoires.
Définitivement disparues dans les années 70. La faucheuse à disque, et le tracteur, avaient remplacé la barre faucheuse, et le cheval que j’avais connus dans mon enfance.
Sauf – croyais-je – dans le pays Amish, au-delà de Valley Forge, dans le Lancaster County. A la fin des années 80, j’y ai retrouvé avec plaisir toutes ces machines. Neuves dans un magasin de matériel agricole. Tirées par des chevaux dans les champs. Et d’autres que je n’avais jamais vues dans mon coin. Parce que l’on n’y faisait que de l’élevage.
Et puis aussi, pas plus tard que la semaine passée, en Orégon… j’ai revu toutes ces machines. Pas trop rouillées. Et d’usage encore si pas toujours courant au moins récent ou actuel. Qui aurait donc dit qu’il nous suffirait d’aller aux USA, symboles de la modernité, pour retrouver, vivants, ces vestiges de notre passé ?

samedi 22 mars 2008

Airelles

Je n’aimais pas la confiture d’airelles… mais je peux au moins distinguer une airelle d’une canneberge… surtout lorsque cette dernière vient du Canada et a fait du bodybuilding.

Mais continuez donc à croire que vous mangez de la confiture d’airelles à Noël, cela ne fera jamais de mal qu’à la langue française.
Pour ma part j’ai appris à l’école que, dans la préhistoire, les cueilleurs/chasseurs avaient précédé les agriculteurs. Me voilà donc bien plus préhistorique que je ne le pensais. Car, la cueillette – bien plus que la chasse – ça nous connaissait.
Les airelles, cueillies sur la Fagne à grand peine. Les myrtilles, pratiquement aux mêmes endroits. Les jonquilles. Le muguet. Pour vendre ou donner. Les champignons des champs à l’automne. Les chicorées des champs (les pissenlits) pour la salade et les orties pour la soupe au printemps. Les prairies et les bois étaient des sources de nourriture pour les humains.
Et c’était délicieux !
On est bien loin là de ces fruits surgelés, exportés du lointain Canada.

mercredi 19 mars 2008

X (croix de Saint André)

Au passage à niveau, une croix de Saint André – juste un X en rouge et blanc – suffisait pour arrêter les voitures.

Les trains bien moins fréquents et plus poussifs qu’à l’heure actuelle, évidemment. Les automobilistes, sans doute beaucoup plus disciplinés. Et bien moins nombreux eux aussi.
Mais il suffisait donc d’un simple X, barré de blanc et de rouge, pour que la discipline s’établisse. Que l’on veille à sa sécurité. Et que l’on passe seulement quand il n'y avait pas de train.
Quelle époque étrange nous vivions !

lundi 25 février 2008

Angleterre

L’Angleterre était une île !

Ponts et tunnels ont changé le monde tout autant que certains grands canaux avaient marqués les époques précédentes.
Il y avait l’avion, bien entendu. Mais j’ai fait mon baptême de l’air à passé 23 ans. Et d’autres, de ma génération, auront sans doute dû attendre bien plus longtemps encore. Ou ne l'ont pas encore fait.
L’Angleterre était donc bien une île, que l’on n'atteignait qu'en bateau. Quand la mer n’était pas trop mauvaise. Ou quand le Herald of Free Enterprise ne faisait pas la culbute au moment de quitter la Belgique. L'hydroglisseur, lui, était un truc pour riches, aussi vite abandonné qu'inventé.
On en a donc rêvé, à ce jour où on arriverait à Londres à pied sec. Des années. Des décennies. L’idée d’un tunnel était de celles qui revenaient régulièrement. Tellement régulièrement et avec tellement peu de suites que personne n’y croyait plus vraiment.
On croyait à la possibilité d’un tunnel sous la Manche comme on croyait qu’un jour l’an 2000 arriverait, avec toute la magie de la date et les fantasmes que nous nous faisions sur ce que serait la technologie à cette époque.
On y croyait, comme on aurait cru à la possibilité de mettre le pied sur la lune. Un truc tellement hors de portée de nos esprits, autant hors la mesure des moyens techniques que nous pouvions penser, que l’on ne pourrait, finalement, qu’être un peu déçu, au moment où notre rêve s’accomplirait.
Nous nous étonnons toujours, lorsque surviennent de tels événements qu'ils arrivent si tôt, comme pour nous surprendre. Puis nous trouvons bien vite banal ce que nous avons si longtemps attendu.
Mais heureusement, même accessible en voiture et en train, l'Angleterre ne fera sans doute jamais vraiment partie du continent européen. L'insularité n'est plus maintenant dans la nature mais dans ses habitants, moins visible mais tout aussi profonde !

samedi 26 janvier 2008

Apal Buggy

Un bruit de VW Coccinelle, une apparence de soucoupe volante ou de sous-marin vert (dans la chanson en français, le "yellow submarine" était vert !) c’était l’Apal Buggy.

APAL, je ne l’ai appris que récemment sur l’internet, c’était « Application Polyester Armé de Liège », rien de bien poétique comme nom – ils font des baignoires ! – mais, en tout cas, c’était de la production locale (armes, ou polyester armé, les Liégeois s'y connaissent depuis des siècles en armement).
Juste un véhicule pour frimer (les dunes et les plages sont excessivement rares dans la région de Malmédy), pour se les geler (quand il neigeait, ventait et faisait de vrais et longs hivers), se décoiffer (pas vraiment le principal des soucis à l'époque des cheveux longs) et ne pas entendre son voisin (mais on n'avait pas encore les sonos surpuissantes des voitures actuelles).
Et puis, il y avait le bruit sympatique de la cox ! Alors, rétrospectivement, et à voir de partout surgir aujourd’hui les Hummers, Range Rovers, Dodge RAM et autres stupidités à quatre roues motrices, sans parler des quads, je trouve que nos frimeurs à nous étaient, somme toute, bien sympathiques !

dimanche 16 décembre 2007

Abat-jour

J’ai fait un abat jour au cours de travaux manuels. Encore plus laid que celui offert par la tante Germaine.

Un cadre de fil de fer… un bout de tissus… quand on ne parlait pas encore d’halogènes ni de luminaires… Il parait que les nazis en faisaient en peau humaine. Du meilleur goût évidemment. Mais il semble bien qu'en matière de goût ce ne soit ni du côté des nazis, ni de celui des abat jour qu'il faille aller chercher.
Et côté éclairage n’oublions pas non plus le lustre de cristal… Et, pour le sommet du kitch, les fausses bougies… avec leurs ampoules torsadées pour faire plus vrai…
Dans ce temps là, c’était si laid, et si facile. Essayez maintenant de penser l’éclairage de votre maison ou de votre appartement.

vendredi 30 novembre 2007

Armand Bachelier

... depuis Paris, Armand Bachelier.

C'était le correspondant éternel de la RTB (pas encore F) à Paris. A la grosse voix de nounours. Et une métrique reconnaissable entre toutes.
Quand il lisait ses billets on aurait cru qu'il récitait du La Fontaine... mais avec l'expression en plus. Et même si je n'y comprenais rien, je ne pouvais qu'être subjugué par cette voix fascinante qui nous parvenait de centaines de kilomètres plus loin.

vendredi 16 novembre 2007

Apartheid

Trop longtemps, j'ai cru que l'apartheid me survivrait...

Le monde a produit et produira encore certaines aberrations qu'il n'est pas bon d'oublier.
Le développement séparé de nos coloniaux et la ségrégation raciale à l'américaine ont survécu trop longtemps en Afrique du Sud sous le nom de l'apartheid. L'histoire semblait arrêtée dans cette partie de l'Afrique.
En un temps ou la priorité politique était d'abord de lutter contre les rouges, le monde était bien trop complaisant vis à vis de Pretoria.
A la mort du communisme, l'apartheid est soudainement tombé, comme un fruit trop mur. Reste à expliquer comment et pourquoi il aura pu survivre aussi longtemps.

D'autres aberrations sont en face de nous, que nous reconnaissons facilement. Il nous faudra un certain temps encore pour en identifier et nommer d'autres, que nos esprits engourdis prétendent trouver fréquentables... Plus de temps encore pour que quelque chose soit fait pour mettre fin au scandale. Quels prétextes trouverons nous alors pour justifier qu'elles auront subsisté si lontemps? Que retiendra l'histoire de nos aveuglements coupables?