mercredi 8 octobre 2008

Pronostic Prior

Chaque semaine, oncle Joseph remplissait avec application sa grille Prior.

En fait, Oncle Joseph n’était pas plus notre oncle que tante Catherine n’aurait eu un quelconque lien de parenté avec nous. C’étaient juste de ces parentés de quartier, dans lesquelles les liens d’affection sont parfois plus fort que ceux du sang. De ces délégations d’autorité et d’amour que l’on se croyait forcé d’authentifier en leur attribuant une place dans l’ordre familial.
Chaque semaine, oncle Joseph reprenait donc ses opérations cabalistiques : inscrire de mystérieuses croix sur son bulletin de participation. Jouer ses quelques francs en espérant les récupérer à la fin du week-end, pour pouvoir les rejouer la semaine suivante. Sans aucune passion ni espoir de fortune – il n’y avait pas grand-chose à gagner il me semble -. Mais avec une application et une discipline sans faille. Comme un devoir dont eut dépendu la bonne rotation de la terre : impératif et répété, mais aussi partagé avec tant d’autres que son résultat ne fait plus aucun doute, ou que la fatalité de sa fin ne fasse plus vraiment peur.
Le pronostic était comme le miroir de la marâtre de Blanche Neige : « Pronostic, joli pronostic, dis moi s j’ai encore un tout petit peu de chance et d’habileté… » Un miroir un peu fatigué, qui toujours aurait répondu que s’il y en avait peut être de plus chanceux, on n’était finalement pas si mal. Un peu comme le miroir de votre salle de bain, si vous voyez ce que je veux dire !

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