vendredi 11 juillet 2008

Dos

Le curé tournait le dos au public. Distant. Presque méprisant pour l’assemblée. Le rite le voulait !

A la messe, il y avait d’abord le latin. Ne me demandez pas comment – moi qui n’arrive pas à retenir un numéro de téléphone -, mais j’ai encore dans la tête des phrases complètes que j’ai entendues alors… Du temps de la messe en latin. Il y a donc très, très longtemps. Sans doute avec bien des fautes. Celles que fait un gamin qui entend quelque chose à laquelle il ne comprend rien. Mais des relents phrases entières, avec l’intonation qui les accompagne. J’aimais en particulier la musicalité du « est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti, omnis honor et gloria… »
La soutane ? Ce n’était pas différent. Pour les acolytes et autres adjoints sans doute. On les voit le plus souvent en civil maintenant, ce qui n’était pas le cas.
Le sexe des assistants ? Evidemment, à l’époque, les femmes étaient juste bonnes à prier et à nettoyer. Quant à servir la communion ou assister le prêtre dans la cérémonie, il n’en était pas question. Il a fallu sans doute que les églises se vident pour qu’on les en juge enfin dignes !
Il y avait la barrière aussi… On s’agenouillait devant, pour recevoir la communion. Elle marquait aussi clairement la distance qu’il y avait entre le prêtre – et ses acolytes – et le peuple. Les uns dans un monde sacré, les autres dans le monde terrestre.
Mais franchement, comme si la barrière ne suffisait pas, fallait-il vraiment que l’autel se trouve encore bien loin, tout au fond du cœur. Et que, non content de ne pas participer à la communauté, le prêtre lui tourne aussi le dos. Rétrospectivement, il me fait l’effet d’un officiant Aztèque, sur sa pyramide sanglante, et l’or du calice celui d’un couteau sacrificiel.

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