A genoux. En rangs d’oignons. Les fidèles attendaient leur tour. Tendaient la langue, fermaient les yeux, fermaient la bouche sur l’hostie… Dieu ne pouvait qu’exister (à l’époque ! J’avoue ne pas avoir suivi son parcours récent et tout ignorer de ce qu’il est devenu depuis), tant l’expérience était divine… plutôt que particulièrement agréable.
Mais halte là… je parle bien de la vraie hostie ; l’hostie en hostie. De cette pâte fine et blanche. Sans aucun goût, dont on emballait aussi les poudres sûres et qui recouvrait certains biscuits. De celles qui étaient si fragiles qu’il fallait les doigts experts du curé pour les manipuler sans leur faire de mal.
Comment, vous ne le saviez pas ? On ne pouvait pas mordre sur l’hostie. Sinon elle pouvait saigner !
Surtout pas de ces nouvelles choses qui sont venues par la suite, sous prétexte d'authenticité et de proximité avec l'expérience du Christ. Grosses, vulgaires, brunâtres… goûtant et sentant le vieux, le renfermé, le pas propre… Que même la grand faim que nous avions ne pouvait pas nous faire trouver appétissantes…
Serait-ce la vraie raison pour laquelle les églises sont vides de nos jours ?
jeudi 1 mai 2008
mercredi 30 avril 2008
Nicolay (Jean)
On ne me l’enlèvera pas de la tête: quand je pense au Standard de Liège, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Jean Nicolay. Le gardien de but.
Et d’ailleurs, c’est à peu près tout ce que je sais du football : le Standard est champion et Jean Nicolay est le plus grand gardien de but. En me creusant un peu les méninges, je pourrais encore reconnaître avoir entendu parler d'un certain Piot – gardien de but aussi, mais piètre copie à mon avis (de profane) de son grand prédécesseur -, et avouer aussi que j’ai bien un jour entendu prononcer le nom de Preudhomme – mais il aurait tout aussi bien pu pour moi être coureur automobile ou patineur sur glace -.
Et si l’une et l’autre de ces connaissances sentent la naphtaline et le pas frais… c’est bien que je n’ai jamais été intéressé par le foot.
Et d’ailleurs, c’est à peu près tout ce que je sais du football : le Standard est champion et Jean Nicolay est le plus grand gardien de but. En me creusant un peu les méninges, je pourrais encore reconnaître avoir entendu parler d'un certain Piot – gardien de but aussi, mais piètre copie à mon avis (de profane) de son grand prédécesseur -, et avouer aussi que j’ai bien un jour entendu prononcer le nom de Preudhomme – mais il aurait tout aussi bien pu pour moi être coureur automobile ou patineur sur glace -.
Et si l’une et l’autre de ces connaissances sentent la naphtaline et le pas frais… c’est bien que je n’ai jamais été intéressé par le foot.
mardi 29 avril 2008
Moulin à café électrique
Le moulin à café, c’était d’abord un bruit, tout à fait désagréable… et puis une odeur… Et alors, le bruit devenait une sorte d’ami, de familier…
La dernière fois, c’était quand ? La dernière fois que j’ai entendu cette stridulation du moulin à café électrique. Et puis que l’arôme du café s’est développé. Pas juste comme un paquet qui s’ouvre… Non, quelque chose de plus long, dans lequel l’homme a sa part. Et le temps. Et toute la maison…
La dernière fois ? C’était en janvier ou février. Sous la neige. J’allais observer la danse absurde des coqs de bruyère dans la neige. Janvier 75 ou 76.
Mais je l’entends encore. Pas seulement un hurlement aigu de moulin à café, mais tout ce qui va avec. Le choc des grains de café contre le couvercle. Le déclic de la prise qu’on branche dans le mur. Le doux chuintement du café moulu qui s’écoule dans le filtre.
Et l’odeur !
Si je ne craignais pas tant de ne jamais retrouver toutes ses sensations, et de seulement gacher un souvenir encore si vivace,… j’achèterais bien un moulin à café !
La dernière fois, c’était quand ? La dernière fois que j’ai entendu cette stridulation du moulin à café électrique. Et puis que l’arôme du café s’est développé. Pas juste comme un paquet qui s’ouvre… Non, quelque chose de plus long, dans lequel l’homme a sa part. Et le temps. Et toute la maison…
La dernière fois ? C’était en janvier ou février. Sous la neige. J’allais observer la danse absurde des coqs de bruyère dans la neige. Janvier 75 ou 76.
Mais je l’entends encore. Pas seulement un hurlement aigu de moulin à café, mais tout ce qui va avec. Le choc des grains de café contre le couvercle. Le déclic de la prise qu’on branche dans le mur. Le doux chuintement du café moulu qui s’écoule dans le filtre.
Et l’odeur !
Si je ne craignais pas tant de ne jamais retrouver toutes ses sensations, et de seulement gacher un souvenir encore si vivace,… j’achèterais bien un moulin à café !
lundi 28 avril 2008
Longueur des jupes
Le temps qui passait se mesurait à la longueur des jupes des filles.
Pas qu’on les regardait particulièrement, mais dès lors qu’une moitié au moins de l’humanité (sans compter les Ecossais et les curés !) portait jupe ou robe, les variations saisonnières et annuelles pouvaient bien se remarquer.
Maxi, midi, mini, et maxi de nouveau, et midi encore… Passaient les années et les saisons. Midi à nouveau, et maxi.
Verrait-on donc des genoux, seulement des mollets ou rien que des chaussures dans la rue cette saison ? Même les minijupes les plus courtes d’alors n’en révélaient pas beaucoup plus, et pourraient faire à certaines filles d’aujourd’hui figure de bourka.
Le pantalon est passé par là. Et les journaux ne titrent plus sur la longueur des jupes des filles.
Pas qu’on les regardait particulièrement, mais dès lors qu’une moitié au moins de l’humanité (sans compter les Ecossais et les curés !) portait jupe ou robe, les variations saisonnières et annuelles pouvaient bien se remarquer.
Maxi, midi, mini, et maxi de nouveau, et midi encore… Passaient les années et les saisons. Midi à nouveau, et maxi.
Verrait-on donc des genoux, seulement des mollets ou rien que des chaussures dans la rue cette saison ? Même les minijupes les plus courtes d’alors n’en révélaient pas beaucoup plus, et pourraient faire à certaines filles d’aujourd’hui figure de bourka.
Le pantalon est passé par là. Et les journaux ne titrent plus sur la longueur des jupes des filles.
dimanche 27 avril 2008
Ecole des filles
S’il y avait une école des filles, c’est bien qu’il y avait une école des garçons !
Prétendue naturelle à l’époque, cette séparation entre garçons et filles. Dix ans plus tard, elle était un enjeu. Dix ans après encore, elle n'était plus que risible et rétrograde.
Naturelle évidemment, puisque les filles étaient si différentes des garçons. Portaient des jupes. Sautaient à la corde. Jouaient à l’élastique. Riaient fort. Pleuraient. Crachaient et griffaient. Ou chantaient. Toutes des choses que jamais un garçon n’auraient faites. En tout cas, jamais dans une cour de récréation.
Une rue nous séparait. Pas tout à fait, puisque nous la traversions pour rejoindre certaines classes. Mais, c'est sûr, une rue séparait nos cours de récréation, et là était toute la différence.
Une rue et des siècles de culture.
Et pourtant, nous avions des sœurs !
Prétendue naturelle à l’époque, cette séparation entre garçons et filles. Dix ans plus tard, elle était un enjeu. Dix ans après encore, elle n'était plus que risible et rétrograde.
Naturelle évidemment, puisque les filles étaient si différentes des garçons. Portaient des jupes. Sautaient à la corde. Jouaient à l’élastique. Riaient fort. Pleuraient. Crachaient et griffaient. Ou chantaient. Toutes des choses que jamais un garçon n’auraient faites. En tout cas, jamais dans une cour de récréation.
Une rue nous séparait. Pas tout à fait, puisque nous la traversions pour rejoindre certaines classes. Mais, c'est sûr, une rue séparait nos cours de récréation, et là était toute la différence.
Une rue et des siècles de culture.
Et pourtant, nous avions des sœurs !
samedi 26 avril 2008
Jeuner
Pas question de manger avant la messe. Vous seriez en état de péché…
Jeuner avant la messe du dimanche. Jeuner pendant le carême. Jeuner avant la messe de minuit, à Pâques et à Noël. Jeuner encore. Jeuner pour les pauvres. Jeuner pour les petits noirs. Jeuner à cause de nos péchés. Et si on n'en n'a pas commis, jeuner à cause du péché originel. Ils n’avaient que ce mot là à la bouche.
Comme s’il y avait eu une contre-indication médicale à l’absorption d’hostie lorsque l’estomac aurait contenu quoi que ce soit. Qu’en plus de notre âme, ce serait notre corps que nous aurions mis en danger.
Et jeuner avant d’aller à la piscine… se languir deux heures durant en été devant une rivière, de peur d'hydrocution. Et jeuner encore avant d’aller chez le médecin…
Et, évidemment, au seul endroit où nous aurions parfois voulu le faire, il n’était pas possible de jeuner ! C’était à la maison, quand nous n’aimions pas ce qui était sur la table…
Tu le manges maintenant, ou bien on te le servira froid plus tard !
Le monde est mal fait!
Jeuner avant la messe du dimanche. Jeuner pendant le carême. Jeuner avant la messe de minuit, à Pâques et à Noël. Jeuner encore. Jeuner pour les pauvres. Jeuner pour les petits noirs. Jeuner à cause de nos péchés. Et si on n'en n'a pas commis, jeuner à cause du péché originel. Ils n’avaient que ce mot là à la bouche.
Comme s’il y avait eu une contre-indication médicale à l’absorption d’hostie lorsque l’estomac aurait contenu quoi que ce soit. Qu’en plus de notre âme, ce serait notre corps que nous aurions mis en danger.
Et jeuner avant d’aller à la piscine… se languir deux heures durant en été devant une rivière, de peur d'hydrocution. Et jeuner encore avant d’aller chez le médecin…
Et, évidemment, au seul endroit où nous aurions parfois voulu le faire, il n’était pas possible de jeuner ! C’était à la maison, quand nous n’aimions pas ce qui était sur la table…
Tu le manges maintenant, ou bien on te le servira froid plus tard !
Le monde est mal fait!
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vendredi 25 avril 2008
Incendies
Nous adorions les incendies !
La ville était parsemée de sirènes publiques, destinées à appeler les pompiers volontaires au service - et puis aussi, on ne sait jamais, à avertir la population en cas de bombardement -. A la première sonnerie, nous sautions sur nos vélos. Guettions le pin-pon du camion des pompiers, qui nous indiquerait quelle direction il allait prendre. Vérifions si par hasard aucune fumée n’était visible au dessus de l’horizon, désignant un incendie dans l’une ou l’autre vallée proche.
Et puis, quelques instants plus tard, fusait le premier bolide rouge. Rapidement suivi d’un ou deux autres. Et au milieu, une bande de gosses, pédalant comme des dératés, impatients de rejoindre les lieux du sinistre.
S’agissait-il d’une maison, il n’y avait pas vraiment de raison de se réjouir. Moins encore d’occasion de participer au travail d’extinction. C’était là une chose sérieuse, grave, dans laquelle nous sentions que nous n’aurions pas notre place. Nous nous tenions alors à bonne distance. Et quittions les lieux dès que nous savions de quoi il s’agissait. Au moins, nous aurions pédalé tout notre saoul.
Mais lorsqu’il s’agissait d’un bois ou d'un bout de lande, nous étions à la fête. Et il ne serait venu à l’idée de personne de nous éloigner des lieux du sinistre. Il fallait parfois porter les tuyaux – dans les bois et les talus -, en assistance aux pompiers qui affrontaient les flammes, et pouvaient difficilement contrôler cet encombrant reptile. Ou bien, plus amusant encore, nous étions dans la ligne de front. Une branche feuillue à la main, un mouchoir noué sur la bouche si la fumée était trop forte. Battant comme des fous les flammes rugissantes, nous lançant comme des chevaliers du temps jadis à l’assaut du feu, puis des brasiers résiduels, enfin des quelques flammèches qui résistaient.
Nous rentrions à la maison noirs de suie et fourbus. Mais toujours, un sourire éclatant témoignait de la bonne journée que nous venions de passer ! Et pas besoin de rêver d’un jour devenir pompier. Nous l’étions déjà !
La ville était parsemée de sirènes publiques, destinées à appeler les pompiers volontaires au service - et puis aussi, on ne sait jamais, à avertir la population en cas de bombardement -. A la première sonnerie, nous sautions sur nos vélos. Guettions le pin-pon du camion des pompiers, qui nous indiquerait quelle direction il allait prendre. Vérifions si par hasard aucune fumée n’était visible au dessus de l’horizon, désignant un incendie dans l’une ou l’autre vallée proche.
Et puis, quelques instants plus tard, fusait le premier bolide rouge. Rapidement suivi d’un ou deux autres. Et au milieu, une bande de gosses, pédalant comme des dératés, impatients de rejoindre les lieux du sinistre.
S’agissait-il d’une maison, il n’y avait pas vraiment de raison de se réjouir. Moins encore d’occasion de participer au travail d’extinction. C’était là une chose sérieuse, grave, dans laquelle nous sentions que nous n’aurions pas notre place. Nous nous tenions alors à bonne distance. Et quittions les lieux dès que nous savions de quoi il s’agissait. Au moins, nous aurions pédalé tout notre saoul.
Mais lorsqu’il s’agissait d’un bois ou d'un bout de lande, nous étions à la fête. Et il ne serait venu à l’idée de personne de nous éloigner des lieux du sinistre. Il fallait parfois porter les tuyaux – dans les bois et les talus -, en assistance aux pompiers qui affrontaient les flammes, et pouvaient difficilement contrôler cet encombrant reptile. Ou bien, plus amusant encore, nous étions dans la ligne de front. Une branche feuillue à la main, un mouchoir noué sur la bouche si la fumée était trop forte. Battant comme des fous les flammes rugissantes, nous lançant comme des chevaliers du temps jadis à l’assaut du feu, puis des brasiers résiduels, enfin des quelques flammèches qui résistaient.
Nous rentrions à la maison noirs de suie et fourbus. Mais toujours, un sourire éclatant témoignait de la bonne journée que nous venions de passer ! Et pas besoin de rêver d’un jour devenir pompier. Nous l’étions déjà !
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