samedi 24 mai 2008

Historia

S’il y avait Tintin et Spirou, il y avait aussi Artis et Historia.

Nous on était Artis.
Mais, franchement, si vous voulez faire tourner la machine à remonter le temps, allez regarder les albums Historia.
Historiques, évidemment. Avec tous les rois, les reines, les hommes de Cro-Magnon et tout le tintouin… Pas en photo, évidemment. Le tout en vignettes soigneusement dessinées, comme pour fournir au bon élève la touche finale qu’il lui manquait encore pour mettre en scène les faits du temps jadis.
Clovis brise le vase de Soisson… et puis la tête de l’idiot qui l’avait volé. La vignette est prise juste entre les deux actions… on sent que le coup va venir. Qu’il va y avoir du sang. Beaucoup. Mais, on reste propre. On reste digne. L’histoire n’est pas une branche de la boucherie ou de la médecine à crane ouvert !
Les vignettes Historia étaient déjà vieillies quand j’étais un gamin. Mais, étonnement, elles n’ont pas vieilli depuis !

vendredi 23 mai 2008

Gaine

Les femmes d’alors avaient de ces coquetteries ! La gaine par exemple…

Ca leur améliorait la silhouette, probablement. Pour celles chez qui il était possible d’améliorer quelque chose en tout cas, ne parlons pas des cas désespérés.
Mais franchement, sur un fil à linge, ça faisait son petit effet.
La couleur d’abord. Rose, toujours. Couleur chair prétendait certainement sa propriétaire. Mais chair de quoi ? En fait, c’était rose cochon, sans aucun doute ! Chair de cochon.
La texture ensuite. De ces tissus élastiques que l’on imaginerait venus d’Allemagne de l’Est, voire de plus loin dans les profondeurs communistes. Dont il sera toujours impossible d’imaginer la manière dont ils ont pu être fabriqués. A moins qu’ils ne poussent à l’état naturel sur le dos de certains reptiles inconnus chez nous.
La gaine, c’était l’attribut des grosses et des moches !

jeudi 22 mai 2008

Feu Vert

Feu Vert, c’était Jacques Careuil, et Jacques Careuil, c’était Feu Vert !

Bon, il y avait André Rémy aussi, mais, Jacques Careuil, lui, avait une voix… inoubliable. Inimitable.
Feu Vert, c’était le jeu télévisé pour les enfants, le mercredi après midi. Des questions de connaissances. Des épreuves physiques. Des trucs inimaginables aujourd’hui dans leur élémentaire simplicité. Des chanteurs aussi : Robert Cogoi, Jean-Claude Darnal, Joe Dassin étaient abonnés de l’émission.
A vos marques, c’était pour les plus grands. Ceux de l’école secondaire. Des vieux, somme toute.
Il n’y avait pas grand monde pour manquer notre Feu Vert hebdomadaire.

mercredi 21 mai 2008

Emballage

Du plastique à la place du carton… ou bien alors plus de carton. Beaucoup plus. Les emballages ne sont plus ce qu’ils étaient.

J’en sais quelque chose, pour en avoir tant et tant manipulé. Dans l’épicerie d’en face d’abord, où j’ai parfois donné un modeste coup de main quand j’étais gamin. Du plastique, il y en avait bien peu. Jamais pour tout dire. Du carton, oui. Beaucoup. Ou plutôt, partout. Mais, juste assez. A la limite de la fragilité, de la rupture. Du papier aussi. Au risque de la déchirure.
Du plastique ? A peine. Jamais, je crois ! Je ne m’en souviens plus en tout cas. D’ailleurs, c’eut été impossible pour bien des denrées. Le plastique sentait mauvais ! Il était donc exclu pour toutes les denrées alimentaires. Trop cher probablement pour tout le reste.
Du carton donc. Et pas de ce carton coriace d’aujourd’hui.
Il me semble me souvenir qu’il était alors doux au toucher. Que le déchirer était une sorte de plaisir pour les doigts. Dur autour… doux à l’intérieur. Comme s’il s’était agi de deux matières différentes.

mardi 20 mai 2008

Deux parents

J’ai beau chercher… Sans exception, tous mes copains avaient deux parents !

Il y avait bien l’habituel et inévitable fils de la veuve, dans chaque école. Bon élève, toujours. Bonne mère, toujours aussi.
Sinon, c’était monotone. Papa, maman, le ou les enfants. Pas le moindre enfant de divorcé dans les rangs. Aucun de ces voyageurs qui auraient passé une semaine chez papa et sa nouvelle femme, une chez maman et son nouveau mari.
Tout juste des familles lisses, apparemment propres sur elles, sans problèmes ni états d’âmes.
Et s’il y avait bien l’un ou l’autre divorcé dans la ville, cela faisait bizarre… très… Comme un bouton au milieu du visage ou un nid de poule au milieu de la route.
Les temps ont bien changé depuis !

lundi 19 mai 2008

Café vert

Dans une réserve, un sac entier de café vert, qui attendait depuis la guerre de Corée d’être enfin torréfié et ne le serait jamais.

Le café vert et le sucre, sans doute les dernières denrées à avoir été stockées par les Belges, en quantités déraisonnables.
Déraisonnable, c’est le mot. Réaction instinctive de cette part de la population qui a connu les pénuries, les restrictions, les tickets de rationnement.
Réaction bizarre pour nous, qui ne penserions pas nécessairement au café ou au sucre, dont nous n’avons jamais manqué. D’un autre temps aussi, car, qui aujourd’hui serait encore en mesure de torréfier son propre café ? et – mal - torréfié, qui a encore à la maison un moulin à café ?
Réaction contre-productive enfin puisqu’elle contribue elle-même à la pénurie.
Et pourtant… imaginez-vous ce qu’il se passerait si, à l’instant, l’alimentation électrique de toute la Belgique venait à être coupée durablement – disons 1 mois, pour ne pas exagérer dans le catastrophisme - ? Ne seriez-vous pas heureux d’avoir, quelque part, une vingtaine de kilos de sucre, ou ce sac de café vert datant de la guerre de Corée ?

dimanche 18 mai 2008

Bille de chemin de fer

Bille de chemin de fer. Nom féminin. Actuellement a) Objet en bois qui sert à décorer les jardins et n’a jamais vu passer un train b) Objet en béton qui sert à porter les voies. Jadis : un objet en bois qui servait à porter les voies… et n’avait jamais vu un jardin

D’accord, c’est pratique. Bien utilisé, on peut dire que c’est beau, à défaut d’être élégant. En tout cas, c’est solide.
Mais il en va de la bille de chemin de fer comme de la roue de charrette encadrée dans le mur des fermettes. Les véritables ont disparu… mais le marché en demande encore et toujours. La bille de chemin de fer sauvage, ayant vécu l’aventure du rail, subi les intempéries, et ayant été abreuvées de tous les produits les plus toxiques, a donc disparu. On ne livre plus donc, en jardinerie, proprement empaqueté et raboté, traité aux produits respectueux de l’environnement et sans dangers pour les enfants, que le la bille de chemin de fer d’élevage, qui n’imagine même pas les grands espaces et la vibration de boggies… ne rêvera jamais de liberté que face au gazon trop soigné et trop vert de nos villas.