dimanche 10 août 2008

Hirondelle

D’un coup de balais rageur, la voisine faisait éclater les nids d’hirondelle – excédée du manège des volatiles qui conchiaient, prétendait-elle, sa façade -.

En dehors du centre-ville, chaque bloc d’habitation abritait quelques nids d’hirondelles de fenêtre. Frêle ouvrage de maçonnerie. Qu’on aurait pu croire fait de ces boulettes de papier mâché dont nous maculions les plafonds des classes et réfectoires. Ballet incessant des parents exhibant l’éclat de leur cul blanc comme un jockey sa casaque d’or. Stridulation incessante.
Les hirondelles de cheminées, elles, plus discrètes et plus dignes - un rien prétentieuse avec leur costume de gala -, se réservaient les étables des fermes.

L’hirondelle des champs – queue de pie et masque de sang, comme pour un bal de la haute – semblait ainsi mépriser l’hirondelle des villes – ouvrière endimanchée -.

Elles nous disaient la saison, comme l’horloge dit l’heure. Leur apparition, au printemps – l’hirondelle de cheminée précédant de plusieurs semaines celle de fenêtre – était synonyme de beaux jours et de floraisons. Et leur danse nous faisait souvent ne pas remarquer l’arrivée tardive du martinet, leur cousin.

Bien trop tôt aussi, les congrégations sur les fils électriques d’oiseaux semblant s’entrainer au chant choral nous faisaient sentir qu’il était grand temps de profiter des beaux jours avant l'automne. Qu’il serait bientôt trop tard pour courir les rues en manches courtes. Que les soirées se feraient de moins en moins longues, et de plus en plus noires.

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