mardi 12 août 2008

Jonquilles

La jonquille c’est le printemps !

Le muguet, c’est bien beau. Ca sent bon. Le seul problème – et de taille – c’est que le client l’attend pour le 1er mai. Et que, sous nos latitudes, et encore plus à l’altitude où je vivais alors, le 1er mai, il n’y avait pas vraiment trace de muguet. S’enrichir de sa cueillette était donc exclu.
Des jonquilles, par contre, il y en avait. Et, finalement, peu importait la date. Quand elles apparaissaient, nous allions en cueillir. Juste un bouquet pour notre mère. Pour la maison. Le plus gros possible. Les tiges et les feuilles bien serrées. Qui ne fassent pas sentir qu’une heure après déjà, elles n’étaient plus aussi belles, plus aussi vivantes qu’elles ne l’étaient dans le sous bois. Mais au moins, faisaient-elles entrer un peu de printemps dans les maisons.
Et, puisqu’elles étaient si simples à cueillir. Nous en ferions donc le commerce. Il y en avait pour des centaines de bouquets. Que les milliers d’acheteurs de la ville se battraient pour acquérir. La fortune était à portée de main.

Partis donc pour une belle carrière commerciale. Prudents tout de même. Avant de nous lancer à grande échelle, nous faisions notre étude de marché. Quatre ou cinq bouquets chacun seraient suffisants comme échantillons. Et les voisins représentatifs de notre cible. Il ne fallait évidemment pas exagérer sur les prix. Vingt francs – nous comptions alors en francs belges – serait-ce trop ? Quinze ne seraient-ils pas mieux ? Les premiers clients – bien que souriants – plutôt que de participer à un commerce promis au plus bel avenir, semblaient nous faire l’aumône. Et dix maisons plus loin, nous bradions déjà ce qu’il nous restait de marchandise. Deux bouquets pour le prix d’un. Puis trois pour la même somme. Pourvu que la chose finisse.
Evanouies les illusions de fortune facile. Abandonnées toutes les ambitions d’une brillante carrière dans les affaires, de succursales à Bruxelles, Liège et Verviers. Mais au moins, nous avions passé une excellente journée dans les bois puis dans les rues.
Que pourrions-nous bien inventer pour le lendemain ?

Aucun commentaire: