mardi 9 septembre 2008

Laque

Vous souvenez vous des choucroutes qui surmontaient les cranes de nos mères et de leurs copines ? Des tas de bigoudis et des kilos de laque aboutissaient à ces échafaudages périlleux !

Question de style, il fallait aimer. Et manifestement, à parcourir les photos anciennes, cela plaisait. Les dames s’aspergeaient le crane de laque comme elles trempaient leurs draps dans l’amidon : la fermeté était alors la seule qualité à l’ordre du jour. Faire ainsi gonfler la chevelure, lui donner une légèreté apparente qu’elle n’avait pas dans la réalité était impératif.
Une impression qui disparaissait d’ailleurs dès lors que la dame bougeait la tête. Car, s’il y avait bien du mouvement, la chevelure n’était pas concernée. Pas un poil ne bougeait. L’édifice restait bien aligné, comme s’il était fait de roc ou de métal. Comme s’il était osseux et faisait partie intégrante de la boite crânienne. Et si par hasard votre main s’y hasardait – je l’ai fait plus d’une fois dans les cheveux de ma mère – le sentiment devenait plus paradoxal encore : ce n’était pas vraiment dur, un peu comme un nid d’abeilles ou de guêpes… une légère pression des doigts suffisait à en changer les formes, à en percer les parois…
Mais c’était rêche ! La bombe de laque posait comme une couche de papier émeri là où l’on attendait le soyeux d’une toison vivante et chaude.
Les hommes ? Ils s’y sont mis à leur tour – au moins certains d’entre eux – dans les années 70, avec une certaine mode des cheveux longs. Avant ça, il parait qu’ils utilisaient bien la brillantine – le gel de l’époque – mais nos petites villes étaient épargnées : la brillantine, c’était un truc qu’on voyait dans les films, chez les voyous et les bellâtres, pas chez gens normaux !

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