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jeudi 17 janvier 2008

Chouco

A dix heures, ceux qui avaient de l’argent s’achetaient un chouco. Nous avions nos gourdes.

Chouco, sans majuscule au fil du temps, c’était la marque de chocolat au lait, en petites bouteilles. Vous diriez sans doute Cécémel. Pour nous, c’était un chouco… avec l’accent.
Le goût ? meilleur ou pire ? Aucune idée. Je n’ai jamais goûté ni l’un ni l’autre. Mais je jurerais que tout malmédien qui en aura bu vous assurera que le goût était incomparable, et plongeant dans ses souvenirs qu’il est incompréhensible que l’histoire ait fait une telle injustice au chouco en nous forçant d’écrire qu’il s’agit d’une « sorte de Cécémel », alors que l’inverse aurait dû survenir.

mercredi 16 janvier 2008

Couper

Ne prétends pas que tu as lu ce livre... il n'est pas encore coupé !

C'était un des plaisirs de la lecture. Un livre (certains livres) se coupait avant de se lire.
La feuille imprimée est évidemment bien plus large que le livre lui même. On y imprime plusieurs pages. La feuille est pliée, en deux, quatre, huit, puis seize sans doute et cousue à la reliure... et c'était tout. Contrairement à aujourd'hui, on pouvait acheter certains livres qui n'avaient pas été rognés.
Rituel immuable, instants précieux pour l'amateur: le lecteur se lancait donc avec un coupe papier, ou un couteau, dans la coupure des pages avant de pouvoir les tourner.
La lecture était donc d'abord un acte manuel, avant de devenir intellectuel.
Il y avait aussi les fines peluches qui tombaient sur la table, les genoux ou le fauteuil. Qui s'envolaient. Et qui faisaient qu'on sentait le livre autant qu'on le touchait et le manipulait ou qu'on le voyait. Une expérience multimédia bien avant l'heure !
La dernière fois que cela m'est arrivé c'était je crois avec "Le roman d'un spahi", de Pierre Loti, acheté à Dakar au tout début des années 80. Mais les livres, c'est comme le bon vin... j'ai encore sur mes étagères un "Eloge de la folie" non coupé. Je ne sais de quel milésime. Mais c'est comme ça qu'il me plait. Gardant tout son mystère derrière ses pages fermées...

dimanche 13 janvier 2008

Champion de Belgique

Un jour tout le monde, même moi, aura oublié que j’ai été champion de Belgique des patrouilleurs scolaires.

Un patrouilleur scolaire c’était, à l’époque, un élève de fin de primaires, qui règlait la circulation à la sortie de l’école. Moralité, pour moi, ça date de fin 1969 ou de 1970.
Et j’ai vraiment été champion de Belgique, au même moment. Le concours avait eu lieu à Woluwé-st-Lambert. Même l’Internet n’en fait pas mention ! Ce qui fait que je le suis peut-être encore…
Je trouverais d’ailleurs pas mal qu’on organise – sur le même modèle - des tas de championnats à édition unique que ne pourraient remporter que ceux qui n’ont jamais rien gagné. Lancer de Tupperware, effeuillage de marguerite, lecture d’instruction de montage Ikea, peinture de quart de rond, filage de mauvais coton, j’en passe et de meilleurs.
Je suis certtain qu’une Belgique qui serait composée pour majorité de champions de Belgique ne se poserait définitivement plus la question de son existence.

mercredi 2 janvier 2008

Regle a calculer

Le soir, sur la table du salon, mon père travaillait encore. La règle à calculer était sa meilleure assistante.

J’ai appris à l’école secondaire comment elle fonctionnait. Même appris rapidement à vaguement l’utiliser avant d'aussi rapidement l'oublier. Mais toujours, elle a gardé pour moi un aspect tout à fait magique.
Il y avait bien, au magasin en face, une machine à calculer mécanique qui a grand renforts de coups de manivelle, et à grand bruit, faisait les opérations nécessaires à la gestion de la boutique.
Il y aurait, bien plus tard, les premières machines à calculer électroniques.
Mais cet engin ci était silencieux. N’avait besoin d’aucune source d’énergie, sauf celle de mon père qui la manipulait. Et se glissait dans la poche de son veston ou dans sa serviette. Il en avait même il me semble une de format réduit.
Sans compter ces pages entières d’idéogrammes qu’il produisait. Qu'il a toujours prétendu avoir composé de nos bons chiffres arabes et d’orthographe française. N’ayant jamais rien pu en déchiffrer, je suis sûr qu’il avait le génie ainsi que le goût du secret d’un Léonard de Vinci.

mardi 18 décembre 2007

Cadran

Le cadran du téléphone était rond.

Le téléphone, c’est toute une histoire. Un objet à part dans la maison.
Et le cadran du téléphone, quelque chose qui a fait partie de l’histoire.
Arrivé après la manivelle, numéroté de 1 à 0, en passant par le 9. Composer un numéro, c’était faire tourner le cadran d’autant de positions.
Le geste était tellement familier que, plusieurs dizaines d’années plus tard, mon index droit en conserve encore la mémoire. Sans parler du son, si typique, que produisait le mouvement.
Avec le cornet, le cadran faisait le téléphone, l’un ou l’autre suffisant à le représenter.

vendredi 14 décembre 2007

Crin

Paul s’est fait un crin au front. Quatre agrafes.

Nous, les garçons, avions notre mesure exacte de l’intensité avec laquelle nous vivions notre vie : le crin, qui se mesure en agrafes pour les meilleurs, en points de suture pour la classe intermédiaire et enfin en centimètres ou millimètres pour la dernière catégorie.
Le crin, c’était donc la coupure, à la tête de préférence, car plus visible. A la limite aux jambes. Tout autre endroit relevait seulement de l’anecdote et ne pouvait témoigner d’aucun héroïsme.
Quant aux objets qui avaient causé la blessure, ils n’étaient pas classés avec tant de certitudes. Seul le fil de fer barbelé régnait sans conteste tout en haut de la liste.

mercredi 12 décembre 2007

Sucre candi

Parfois dans un morceau de sucre candi, un bout de ficelle…

Le sucre candi, je le mets d’abord dans le café, pour qu’il s’échauffe. Et au moment de boire, je le glisse dans ma bouche, sous la langue.
Enfant, c’était comme un avant goût de rhum dont je ne connaissais que l’étiquette sur les étagères de magasin.
Magie enfin quand un morceau contient un bout de ficelle, une sorte d’accident de la production, de témoignage incontestable de la nature artisanale du produit. Bien autre chose que ces carrés de sucre blanc, trop propres et trop parfaits.
Le sucre candi, c’était pour nous comme un fruit exotique. Un bout de tropiques qui se prend du bout des doigts.

vendredi 7 décembre 2007

Crapaude

T’as vu ? C’est la crapaude de Jean.

Un galant, une crapaude. La déclinaison des mots wallons ont masculin et au féminin a souvent de bien étranges détours. La copine, la fiancée, celle qu’il fréquente, c’était bien la crapaude - qu’on prononçait « crapôte » -.
Pour ma part, j’ai toujours aimé l’image. A tout crapaud sa crapaude. Et ça laisse le droit à l’amour aux moins gâtés, aux plus laides. Ca nous met la romance bien loin des princes charmants et des princesses en pantoufles de vair.

lundi 3 décembre 2007

Charrette de GB

Les gosses insistent pour s'asseoir dans la charrette de GB, les plus âgés font des courses de vitesse.

On ne dit pas caddie (marque déposée). Un caddie, c'est un bidule à deux roues que trainent les vieilles quand elles vont faire leurs courses. Une charrette de GB en a 4 et est un engin moderne.
On dit charrette de GB. Le GB, c'était le supermarché. Le seul. Il y avait bien l'Unic et le Nopri, mais ils n'avaient pas de charrette. Ce n'étaient d'ailleurs pas vraiment des supermarchés. Tout juste des magasins un peu plus grands que les autres.
Et à l'époque, il ne fallait pas de pièce pour prendre une charrette. Il est vrai que l'idée ne serait venue à personne de renter chez lui avec ce bidule horrible. D'ailleurs on était venu en vélo ou à pied. Et c'était déjà bien assez de le trainer dans les rayons du magasin.
Les seules utilisations que nous appréciions ? Trop vieux pour s'y asseoir lorsque le GB s'est installé, évidemment. Donc choisissez bien la vôtre, et en avant pour une course de vitesse dans les rayons. Dans 5 minutes elle sera trop chargée, et on pourra la passer à nos parents.
J'en connais beaucoup qui n'ont jamais fait de vitesse avec des rollers ou un skateboard. Un peu moins qui ne l'ont jamais fait en vélo. Mais aucun qui n'aura profité des allées de grands magasins pour se griser de la vitesse aux commandes d'une charrette de GB.

dimanche 2 décembre 2007

Petits pois non casses

Que vouliez vous que nous fassions de petits pois cassés?

Une fois ou deux par an, nous faisions le tour des épiceries à la recherche de petits pois non cassés. Les seuls qu'acceptaient nos pistolets comme munition.
A une époque où les parents (les nôtres) avaient nettement moins de scrupules que ceux d'aujourd'hui (nous et bientôt nos enfants) sur l'usage des armes factices, le pistolet à petits pois était un jouet fantastique.
Nous tirions de véritables projectiles... tout à fait inoffensifs, et parfaitement comestibles. Un simple jouet de plastique, un dispositif à ressort, un chargement par le haut qui acceptait une foule de munitions. Une arme automatique pour des jeux animés.
J'ignore si l'arme ou la munition a disparu d'abord. Ou bien avons nous trop vite préféré le claquement des amorces et l'odeur acre de la poudre brulée. J'en ai vu plus tard de pénibles imitations, tirant des billes de plastique, toutes identiques ou si elles ne l'étaient pas, difformes et inutilisables -, et qui n'auront jamais quand on les met en bouche, l'odeur et le goût du pois... non cassé!

mercredi 21 novembre 2007

Carte à jouer

Des cartes à jouer et des pinces à linge. Quel boucan cela faisait dans les rayons de nos vélos.

Au mieux, nous jouions à bataille. Plus grand, nous apprendrions aussi parfois à jouer au couillon. Cela ne nous empêchait nullement de faire grand usage de cartes à jouer.
Une pince à linge, une ou deux cartes qui aboutissent dans les rayons de la roue avant. L'opération répétée de chaque côté... et de préférence aussi sur les vélos des copains, et nous étions prêts pour faire le tour du quartier.
Aucune utilité évidemment, sauf celle de se faire entendre... mais c'était un plaisir si simple.

mercredi 17 octobre 2007

Chalumeau

Un chalumeau, c'était une paille...

En excursion, nous buvions notre spa citron avec un chalumeau, pas encore avec une paille.
Après avoir bu - ou bien plus tôt pour les impatients -, le jeu était de découper l'extrémité en spirale... le plus loin possible. Quand on soufflait, le bout s'agitait comme un jouet de réveillon. Plaisir dérisoire mais chaque fois répété. Essayez aujourd'hui: avec un chalumeau, c'était presque facile et si amusant... Avec une paille ce n'est même plus possible...
Est venu un moment où je n'ai plus bu avec un chalumeau... mais bien au verre, comme un grand... Etrange, quand il m'est arrivé plus tard de refaire l'expérience... Il n'y en avait plus. Ne restaient que des pailles !