mercredi 5 décembre 2007

Maquer

La nouvelle m'a complètement maqué !

D'une femme qui vous dit qu'elle est maquée, ne cherchez pas le souteneur. Réconfortez-la plutôt. C'est qu'elle est comme assommée par une mauvaise ou trop étonnante nouvelle: bouleversée, abasourdie ? Qui donc pensera à aller se dire abasourdi lorsqu'il est sous le coup de l'émotion ?
Dites plutôt et tous simplement maquée ! On entend presque dans le mot la violence du coup et le bruit qu'il fait, fussent-ils tout deux purement imaginaires.
Au sens non figuré... c'est avec un coup de poing dans la figure de son adversaire qu'on pourra le maquer !

mardi 4 décembre 2007

Boite a fromage

Avec une boite de Vache qui rit, nous fabriquions une crèche.

Les enseignantes maternelles manquaient sans doute de moyens ; il faut avouer qu’elles manquaient cruellement d’imagination parfois, ou que la leur bégayait.
Pliez un fond de boite de Vache qui Rit en deux. Fabriquez vos Marie, Joseph et petit Jésus en découpant le couvercle de carton. Les plus courageux et les plus doués peuvent aussi s’essayer à faire un âne et un bœuf.
Décorez ! Avec de l’ouate évidemment ; indispensable pour représenter la neige que nous associions à la Noël.
Ramenez à la maison et espérez que les institutrices de vos trop nombreux frangins n’ont pas eu la même idée - évidemment au même moment, parce que Noël ce n'est pas toute l'année -. Et surtout qu’en ce cas ils ne soient pas beaucoup plus doués que vous pour le bricolage.
Laissez trainer quelques jours dans la maison et espérez que votre mère fera disparaître ces horreurs dans la poubelle du vendredi. Si vous avez de la chance, l'an prochain, vous ferez autre chose que cette horreur!

lundi 3 décembre 2007

Charrette de GB

Les gosses insistent pour s'asseoir dans la charrette de GB, les plus âgés font des courses de vitesse.

On ne dit pas caddie (marque déposée). Un caddie, c'est un bidule à deux roues que trainent les vieilles quand elles vont faire leurs courses. Une charrette de GB en a 4 et est un engin moderne.
On dit charrette de GB. Le GB, c'était le supermarché. Le seul. Il y avait bien l'Unic et le Nopri, mais ils n'avaient pas de charrette. Ce n'étaient d'ailleurs pas vraiment des supermarchés. Tout juste des magasins un peu plus grands que les autres.
Et à l'époque, il ne fallait pas de pièce pour prendre une charrette. Il est vrai que l'idée ne serait venue à personne de renter chez lui avec ce bidule horrible. D'ailleurs on était venu en vélo ou à pied. Et c'était déjà bien assez de le trainer dans les rayons du magasin.
Les seules utilisations que nous appréciions ? Trop vieux pour s'y asseoir lorsque le GB s'est installé, évidemment. Donc choisissez bien la vôtre, et en avant pour une course de vitesse dans les rayons. Dans 5 minutes elle sera trop chargée, et on pourra la passer à nos parents.
J'en connais beaucoup qui n'ont jamais fait de vitesse avec des rollers ou un skateboard. Un peu moins qui ne l'ont jamais fait en vélo. Mais aucun qui n'aura profité des allées de grands magasins pour se griser de la vitesse aux commandes d'une charrette de GB.

dimanche 2 décembre 2007

Petits pois non casses

Que vouliez vous que nous fassions de petits pois cassés?

Une fois ou deux par an, nous faisions le tour des épiceries à la recherche de petits pois non cassés. Les seuls qu'acceptaient nos pistolets comme munition.
A une époque où les parents (les nôtres) avaient nettement moins de scrupules que ceux d'aujourd'hui (nous et bientôt nos enfants) sur l'usage des armes factices, le pistolet à petits pois était un jouet fantastique.
Nous tirions de véritables projectiles... tout à fait inoffensifs, et parfaitement comestibles. Un simple jouet de plastique, un dispositif à ressort, un chargement par le haut qui acceptait une foule de munitions. Une arme automatique pour des jeux animés.
J'ignore si l'arme ou la munition a disparu d'abord. Ou bien avons nous trop vite préféré le claquement des amorces et l'odeur acre de la poudre brulée. J'en ai vu plus tard de pénibles imitations, tirant des billes de plastique, toutes identiques ou si elles ne l'étaient pas, difformes et inutilisables -, et qui n'auront jamais quand on les met en bouche, l'odeur et le goût du pois... non cassé!

samedi 1 décembre 2007

Rasoir

Le rasoir d'alors laissait les joues rèches.

Le rasoir était un petit bijou de mécanique. Dévissez le manche et il s'ouvrait en papillon. La lame - une Gilette sans doute, mais à l'époque, on ne s'intéressait pas aux marques, on les utilisait, les nommait seulement - se logeait au centre et l'on refermait les ailes du papillon en tournant le manche dans l'autre sens.
Simple lame évidemment. Un tranchant de chaque côté. Modèle universel. Pas question de manche Gilette G2 qui n'accepte pas les têtes de Mach 3 ou de Wilkinson, encore moins de G5 ou de Turbo machin. Tout était alors compatible. Le fabriquant de lame de rasoirs pouvait avoir la même fierté que le fabriquant de vis de 8mm par 35, et inversément. Pas question de plastique non plus. Tout était recyclable, même s'il n'était pas recyclé.
"Les enfants... ne pas toucher!", nous le savions. C'est que les lames de rasoir, ça coupait... et pas de bidule plastique pour les tenir.
Mais je touchais quand même. Prudemment. Pas fou. Pour le poids du métal, lourd dans la main - comme pourrait l'être un pistolet ou un marteau, une charrue peut-être -. Pour le fini du métal, granuleux, presqu'à l'image d'une barbe d'un jour, rèche. Mais de cette rudesse qui attire: comme le baiser de mon père mal rasé. Pour la température enfin, si chargé de froid alors que les salles de bain n'étaient chauffées qu'à l'heure d'y entrer.

vendredi 30 novembre 2007

Armand Bachelier

... depuis Paris, Armand Bachelier.

C'était le correspondant éternel de la RTB (pas encore F) à Paris. A la grosse voix de nounours. Et une métrique reconnaissable entre toutes.
Quand il lisait ses billets on aurait cru qu'il récitait du La Fontaine... mais avec l'expression en plus. Et même si je n'y comprenais rien, je ne pouvais qu'être subjugué par cette voix fascinante qui nous parvenait de centaines de kilomètres plus loin.

jeudi 29 novembre 2007

Weck

Avant les surgelés, il y avait les Weck.

Citation: "L'idée que la technique Weck serait démodée, est complètement dépassée. Au contraire, Weck est à la mode, stériliser est de nouveau dans le coup!"
Une cuve d'aluminium avec couvercle. Un grand thermomètre qui plongeait au centre de ce couvercle. Des pots de verre scellés par un anneau élastique orange. Mystérieuse, la confection de conserves avait un peu de la cuisine du diable. Je me souviens avoir longtemps encore déplacé cette casserole bizarre lorsqu'il fallait chercher quelque chose dans la cave.
Quant à savoir ce que contenaient ces pots, je n'en ai plus la moindre idée. A part les poires cuites, que j'adorais. Je me souviens seulement du geste bizarre et magique, génialement simple, qui permettait de les ouvrir. Il suffisait de tirer sur l'élastique emprisonné entre les deux parfois de verre... l'air entrait, et le pot était ouvert.