samedi 26 juillet 2008

Sprotchi

C’est todi lu p’tit qu’on sprôtche !

Pour ceux qui ne parlent pas le Belge : « C’est toujours le petit qu’on écrase. »
Sprôtchi, c’est un des plus beaux verbes de la langue wallonne. Un de ces mots qui s’accompagne nécessairement d’une rotation du doigt sur la table ou du pied sur le sol. Porteur d’une infinité de nuances dans l’intonation, au point qu’on pourrait croire qu’une mesure précise de la longueur du « ô » pourrait nous dire la sévérité de l’écrasement et de l’étalement de la victime…
Un chat sur la route ? Sprôtchi ! Le hamster sous le tapis ? Sprôtchi de même ! La voiture du voisin, après la tempête et ses chutes d’arbres ? Sprôtchie…
Laissez voguer votre imagination au gré du mot. Vous verrez que vous en trouverez bien d'autres usages.

vendredi 25 juillet 2008

Rasprutcher

Il m’a tout rasprutché !

Juste pour le plaisir du mot en bouche. Rasprutcher, c’est arroser, éclabousser… avec un pistolet à eau par exemple. Ou mieux, au tuyau d'arrosage.
Vous ne l'avez jamais fait peut-être ?

jeudi 24 juillet 2008

Quincaillerie

Aujourd’hui, on va au brico,… on allait alors à la quincaillerie !

Une sorte de caverne d’Ali Baba.
Avec son gardien d’abord. Une sorte d’ogre peut-être. Aimable comme une porte de prison. Ou bien si lent. Trainant ses savates d’un rayon à l’autre. Plus fatigué à chaque commande. Ou alors agité, agile et sautillant. Si rapide que notre imagination ne le suit pas : une vis à pas droit ou à pas gauche ? d’acier ou de laiton ? Indispensable en tout cas. D’ailleurs, rien n’était en libre service alors. Et ce n’était pas plus mal. En un instant ou en cent, il vous trouvait l’objet rare. L’outil inimaginable. Résolvait en une seule visite ce qu’il vous aurait fallu des semaines à concevoir.
Le quincailler c'était une sorte de docteur des choses !

mercredi 23 juillet 2008

Papier buvard

Théoriquement, le papier buvard servait à éponger l’encre… En pratique, il en allait bien autrement !

Artistique… Posez la pointe de votre stylo sur un papier buvard, et observez le boire l’encre. La tache se répandre. Essayez d’en faire quelque chose d’esthétique. Essayez de contrôler la vague bleue qui parcourt le rose du papier. N’oubliez pas de laisser assez d’encre quand même dans votre stylo pour pouvoir écrire quand le maître recommencera sa dictée…
Médical… Il parait que le buvard humide dans les chaussures donnait la fièvre. Qu’il pouvait ainsi, au moment opportun, permettre d’éviter un examen ou une interrogation redoutée. Le seul problème est que la posologie et le monde d’application sont bien vagues. Et que je n’ai jamais réussi à appliquer une recette, soi-disant, infaillible.
Cancre… Dépourvue de colle, la cellulose des papiers buvard fait les meilleures boules de papier mâché dont on peut rêver. Roses, elles se détachent particulièrement bien sur le plafond blanc de la classe où les cancres les ont projetées. Plus elles sont grosses, plus grande est la gloire… Un jour peut-être, le ciel de la classe, sera-t-il entièrement rose !
Tactile… Doux, ou presque…. Mais il y avait des fibres plus dures dans le papier buvard. Comme des éclats de verre. Qui faisaient qu’il n’était pas si agréable que ça à manipuler. Qui fait qu’on n’aurait pas posé sa joue contre – juste pour le plaisir – alors qu’il ne devait être fait que de cellulose.
Nasal… Acide. L’odeur du papier buvard n’était pas agréable. Comme le toucher. Un peu paradoxale… On aurait attendu une odeur plus en harmonie avec le rose de sa couleur…
Non, le buvard était un jeu… mais un jeu un peu bizarre… et pas tout à fait aussi agréable qu’on aurait pu l’espérer.

mardi 22 juillet 2008

Odeurs

Fermez les yeux, laissez aller votre mémoire. Arrêtez de vous souvenir avec votre tête. Souvenez-vous avec votre nez !

Souvent, il m’arrive de me trouver en éveil. Comme un chien de chasse. De tendre la narine gauche. Puis la droite. D’entrouvrir la bouche. De tenter de capter tel arôme qui vient de passer.
Ou quand je mange, ou que je bois, de fermer les yeux. De sentir ma perception qui bascule de l’avant, de mes yeux et de ma pensée, vers quelque chose qui se trouve bien en arrière. De très animal.
Sentir mes doigts, à l’instant. Imprégnés de fumée. Souvenir de cigarettes. Poisson, jambon fumé. De feux de camps.
Boire une bière. Etre frappé par un goût. Ne pas pouvoir le nommer tout de suite. Les yeux fermés, aller de gauche et de droite. A travers des mémoires proches et d’autres bien plus lointaines. Trouver finalement. Le houblon tout simplement. Ou bien la pêche. Là où d’autres nommaient la vanille.
Entrer dans une maison parfois. Et laisser notre nez évoquer les souvenirs. Le moisi de tel immeuble. L’odeur de vieux – d’urine, de merde et de vieille sueur – ailleurs. Le bois ou la cire. Le pavé ou la dalle de schiste. Et voyager. Retrouver des moments si passés qu’on ne s’en souvenait plus. La descente de l’escalier de la cave de notre grand-mère… L’odeur que dégageait celui du grenier lorsqu'on posait ses pieds sur chaque marche… Celle de la haie du voisin… Reconnaître avant de l'avoir vue une personne qui n'est déjà plus là.
Dire un mot, et l'instant d'après, le naseau frémissant, avoir l'impression que le nez pourrait encore sentir ce qui n'est que dans la mémoire. Toute une histoire et une géographie en parfums.
Rouler en voiture et dire la menthe sauvage, puis l'ail, ici un animal mort, la ville et maintenant la mer: vase et iode.

Il faudrait pouvoir écrire les odeurs, ou les photographier !

lundi 21 juillet 2008

Nuits d'été

Si William Shakespeare a ses songes d'une nuit d'été, personne ne m’enlèvera mes odeurs d’une nuit d’été !

C’était entre Rocherat et Bullange.
En 1964 peut-être. Sinon, à l’été 1965.
Nous faisions un jeu de nuit dans un de ces terrains vagues couverts de ronces, de muriers, d’épilobes et de fougères aigles.
Il y faisait si nuit et si chaud. C’était en juillet sans doute.
J’ai encore le nez plein de ces odeurs de plantes. Une odeur qui habille le nez. Une odeur qui pourrait être celle d’aisselles, de sexe et de sueur. De parfums trop lourds et d’alcools trop forts.

dimanche 20 juillet 2008

Machefer

« Le mâchefer est le résidu solide de la combustion du charbon ou du coke dans les fours industriels ou bien encore de celle des déchets urbains dans les usines d'incinération. » Wikipedia

Wikipedia oublie que - du temps du poêle à charbon - les foyers domestiques produisaient aussi leur lot de mâchefer. Régulièrement. Etait-ce une fois par semaine ou moins ? Il fallait nettoyer le foyer. En arracher la croute solide qui se formait au fond. Le seau à charbon devenait seau à déchets. Et le mâchefer terminait sa carrière dans le jardin.
Proprement concassé, il constituait l’essentiel des chemins qui parcouraient plates bandes et potagers. Il avait une odeur. Une certaine acidité. Comme celle d’une tôle rouillée. Et un son particulier. Un crissement entre pierre, verre et métal quand on tentait de le concasser. Quand on voulait l’organiser.