samedi 30 août 2008

Briquet a essence

Un briquet, c’était lourd. Fort. Et cela sentait l’essence.

Ne me parlez pas de Zippo. Connais pas ! Jamais vu. Jamais entendu. Les marques et nous, vous savez ! Un briquet, c’était un briquet. C’est tout. Mais un briquet à essence de toute façon.
Un briquet à essence, c’est lourd, si lourd. Et ça sent l’essence évidemment. Il en reste toujours un peu à l’extérieur. Et ensuite sur les mains quand on l’a manipulé. Dans la poche du fumeur. Il y a la pierre à briquet aussi, qu’il faut régulièrement changer. Attaquée par l’acier de la roulette, elle jette des étincelles en même temps qu’une odeur caractéristique d’orage. Vers une mèche, imbibée d’essence. La mèche aussi, il faut la remplacer régulièrement. Rien d’étonnant à ce que les fumeurs préfèrent les briquets jetables.
Mais un briquet d’alors, ça semblait puissant. Tout plein de force et de violence contenue. Comme celles d’un pistolet ou d’une moto.

vendredi 29 août 2008

Alouette

Une alouette, c’est un hélicoptère ! Un hélicoptère, c’est une alouette !

Bon, d’accord. L’alouette, c’est aussi un oiseau. Mais, franchement, dans notre haute Ardenne, elle n’était pas particulièrement fréquente. Ou bien on ne la voyait pas.
Et tous les hélicoptères étaient des alouettes ! Tous ? Enfin, juste ceux qu’on voyait. Ceux de la gendarmerie surtout. De l’armée parfois.
Les plus gros, ce n’était pas pour chez nous. Il y en avait bien à la mer, pour le sauvetage. Et puis, parfois on voyait aussi passer l’un ou l’autre OVNI, une banane volante de l’armée américaine par exemple.
Non. Je le maintiens. Un hélicoptère, c’était une alouette !
Fascinante cette bestiole. On avait l’impression qu’elle était toute vitrée. Que pilote et passagers flottaient ainsi dans l’air, retenus par presque rien, et spectateurs de tout. Des gnomes dans une bulle de savon.

jeudi 28 août 2008

Marchand de cliquottes

Marchand de cliquottes ! Marchand de cliquottes ! criions nous dans la rue, comme le ferrailleur s’annonçait marchand de vieux fers.

Les cliquottes, c’étaient des chiffons, même si on utilisait parfois le mot pour parler – en plaisantant – des vêtements : « range tes cliquottes ! » Et si le marchand de vieux fers n’a pas disparu, je dois avouer n’avoir jamais vu trace d’aucun marchand de cliquottes. Les achetait-il ? Ou les vendait-il ? Le marchand de vieux fers et le marchand de poubelles étaient bien là pour nous débarrasser de celles-ci comme de ceux là.
Raté encore. J’ai dû naître un poil trop tard !

mercredi 27 août 2008

Chicoree

La chicorée, c’est comme du café. Pas vraiment la même couleur, sans la bonne odeur et surtout, un goût affreux ! Mais il paraît que c’est meilleur pour la santé !

Habitude bizarre que celle qui consiste, en temps de paix, à continuer à consommer des produits de guerre, et en temps de richesse – même relative – ceux auxquelles nous contraignaient la pauvreté. Certains n’en avaient, au sujet de la guerre, qu’à propos de tous ces ersatz qui leurs étaient imposés : le café aux glands, le pain à la sciure et les rutabagas à n’en plus finir pour les plus chanceux.
Se pourrait-il qu’en buvant cette chicorée infecte, ils veuillent seulement ranimer leur machine à souvenirs ? Se plonger à nouveau pour un instant dans un temps révolu, en ayant recours au moindre de ses mauvais côtés. Pour en exhumer les quelques bons instants et trop de chers disparus.

mardi 26 août 2008

Beret

Avant d’enfourcher son vélo, mon père coiffait son béret.

Le Français : béret sur la tête, baguette sous le bras. L’image est connue. Mais des bérets j’en ai bien vu sur d’autres têtes que celles des Français. Et alors qu’aujourd’hui c’est surtout une coiffure pour dames, à l’époque, beaucoup d’hommes le portaient. Le préférant au chapeau – trop cher – peu pratique pour faire du vélo - risquant toujours de s’envoler -.

lundi 25 août 2008

Calicot

De gauche à droite, longeant la plage, l’avion traine son calicot.

Ces avions publicitaires que l’on voyait alors à la côte belge (« côte flamande ») me fascinaient. Avec les boules de Berlin (« boules de l’Yser »), les cuisse-tax et le sable qui nous collait aux pieds au moment de rentrer à notre lieu de résidence, ils constituent le squelette de mon expérience de gamin à la côte.
Leur arrivée, de loin, longeant parfaitement la plage. Leur passage, si lent, mais si bref à la fois. Permettant normalement à chacun de bien prendre la mesure du message qu’ils portaient. Puis leur disparition, si lente, vers le Nord ou le Sud, selon la direction du vent.
En réalité, même si j’ai lu chacun de leurs messages, je pense n’en avoir retenu aucun. Certain que, même si j’en déchiffrais sans peine le texte, seule importait la magie de cet avion lui-même. Comme dans un cerf-volant, on ne regarde pas tellement les couleurs, ou la figure - ou alors un instant seulement – tant on est pris par la qualité de leur vol, ou simplement par l’étonnement.
Cette année, en janvier, le miracle s’est renouvelé. A Miami Beach… un avion est passé. Trainant à son tour son calicot. Foncant vers le Nord. Et c’est sûr… si j’ai bien lu le texte qui y figurait… dix secondes après, je ne m’en souvenais plus. Bouche bée. Gamin fasciné à nouveau par l’avion publicitaire.

dimanche 24 août 2008

Plaque de velo

Chaque année, le vélo recevait sa nouvelle plaque, confirmation du payement de la taxe provinciale.

Regardez attentivement les plus anciens des vélos encore en circulation. Sur la fourche gauche il y avait un pas de vis, servant à y attacher la plaque. Et, si vous ouvrez les yeux mieux encore, vous verrez que certains, fiers de l’age de leur monture, exhibent une plaque parfois pas si vieille que ça. Le Brabant n’a abandonné la pratique qu’en 1998.