lundi 8 septembre 2008

Toile

Le camping, c’est gai. Ce qui l’est moins, c’est de se trimballer une lourde tente de toile de coton.

Avant le nylon ultra léger et les piquets de tente en fibre de carbone… il y avait la toile de coton et les tubes d’aluminium.
Ils avaient bien du courage les campeurs d’alors. Du moins ceux qui circulaient à pied ou en vélo en transportant leur logement sur le dos ou le porte bagage. D’accord, tous les cotons n’étaient pas aussi rébarbatifs ni lourds que celui des tentes SNJ. Il en était de bien doux, et bien légers. Mais, au bout du compte, il en allait toujours de quelques kilos de plus à porter que de nos jours.
Mais le coton avait pour moi un autre avantage, celui de donner au camping une odeur particulière. Au pire, celle d’un peu de moisissure et de pas très frais d’une toile qui aura passé des mois dans un grenier, au mieux, celle d’une toile fraichement nettoyée et imperméabilisée, pas très éloignée du parfum des draps de lit d’alors. Se couchait-on, il n’y avait pas seulement les bruits de l’extérieur, mais aussi ce parfum très particulier qui nous rappelait, les yeux fermés, où nous dormions.
Aujourd’hui, seuls les Hollandais semblent avoir conservé un attachement certain aux tentes de toiles.

dimanche 7 septembre 2008

Jahrgang 58

Je suis du Jahrgang 58 !

Encore une de ces expressions allemandes qui ont percolé dans la langue de Malmédy.
Le Jahrgang 58, ce sont tous ceux qui sont nés en 1958 à Malmédy. Comme le font les copains de classes terminales, ils se retrouvent parfois… 30, 40 ou 50 ans plus tard.
Ce qu’ils se racontent et quelles sont leurs activités ? Je n’en ai aucune idée. Demandez-le plutôt à ceux qui auront déjà participé à l’une ou l’autre de ces réunions.

samedi 6 septembre 2008

Chemin de derriere les maisons

Au bout des jardins il y avait le chemin de derrière les maisons !

Mitoyennes deux à deux, les maisons déroulaient derrière elles un long jardin, le plus souvent potager. Au bout on arrivait sur le chemin de derrière les maisons. Pour entrer parfois, juste en face, dans le jardin du voisin de derrière que l’on aurait pu traverser pour se retrouver sur la rue de l’autre côté du bloc. Il se dessinait ainsi des chemins de traverse : pour les familiers, à travers les jardins ; pour les autres entre les rangées de maisons, bien loin du trafic de la rue. Mais jamais d’un jardin à l’autre : chacun tenait à sa clôture et n’accueillait le visiteur que par l’avant ou l’arrière !
L’un ou l’autre avait bien une voiture, et un garage. Et le passage était bien carrossable. Mais si peu fréquenté – il y avait d’ailleurs bien peu de voitures – et les automobilistes s’y engageaient comme en s’excusant, sorte d’intrus dans un espace habituellement réservé aux jeux et aux piétons.
Passer par derrière les maisons, c’était comme les surprendre dans leur intimité : le linge qui sèche, les parterres et le potager plus ou moins bien entretenus, les objets qui trainent éventuellement ça ou là. Surprendre aussi par les fenêtres le mouvement des habitants : on vivait à l’arrière, laissant la pièce du devant – de toute façon masquée par des voiles - pour les grands jours.
Le chemin de derrière les maisons était enfin la porte vers l’aventure : ici, un terrain vague entre deux maisons et une grande prairie ou s’exhibait parfois un cirque ; là, le monde magique du talus de chemin de fer ; à un autre endroit encore, des prairies. Choisir l’un ou l’autre déciderait de nos jeux de la journée.

vendredi 5 septembre 2008

Piscine

Comment voulez-vous apprendre à nager dans une piscine glacée ?

De 19 à 21 degrés, c’était habituel pour les piscines.

Je me souviens de leçons de natation, bien vaines, à la piscine de Malmédy. Une jolie piscine tout de même… mais bien trop tôt dans la journée couverte par l’ombre de la colline. Je me souviens de mes membres qui s’ankylosent dans le froid. De ma respiration qui se fait de plus en plus désordonnée. Et puis de la constatation par tous – ma mère, le maître nageur, moi je le savais déjà depuis longtemps - que ça ne servait à rien, qu’on n’arriverait à rien… que le gamin ne nagerait pas aujourd’hui, ni cette année probablement.
Plus glauque encore, l’ambiance de celle de l’école communale. Une piscine dans une cave. Eté comme hiver, la lumière qui nous arrivait par les soupiraux faisait penser à la pluie, nous faisait frissonner à l’avance. Construite hors sol, il nous fallait - comme un suicidé le fait d'une balustrade - escalader la paroi et nous jeter enfin dans une eau qu’aucun soleil ne réchaufferait jamais. Là non plus, rien d'étonnant, je ne suis jamais arrivé à rien.

Et puis… mes parents ont décidé d’aller voir plus loin. En Allemagne d’abord, à Montjoie (Monschau). 26 ou 27 degrés dans l’eau. De quoi se sentir enfin bien, par tous les temps.
Et Spa aussi, plus tard, aux mêmes températures. A l’intérieur en hiver, à l’extérieur – et en piscine olympique chauffée s'il vous plait – en été.
Certains nous prenaient pour des fous, de faire autant de kilomètres pour aller nager… Les gosses des voisins qui nous accompagnaient en redemandaient. Les autres ne nageaient pas, ou alors si peu, seulement en été et bien à contrecoeur !

jeudi 4 septembre 2008

Goffe

On passait d’abord devant le moulin Kalbusch, puis la 1ère carrière, la 2ème carrière ensuite, la goffe enfin.

La goffe c’était une sorte de grande piscine naturelle dans le lit de la Warche.
Tous les étés, on pouvait y nager. En tout cas les plus courageux, car cela faisait bien loin de la ville. Pour notre part, nous nous arrêtions à la première carrière. L’eau y était peut-être moins profonde mais personne d’autre ne s’y arrêtait. Nous avions la rivière pour nous seuls !
La goffe ! J’adore ces mots que l’on a toujours prononcés et dont on ne connaît pas la signification !

mercredi 3 septembre 2008

Firlon

Nous avions bien des arcs, mais ils étaient tout à fait inoffensifs. Par contre, avec un firlon, on pouvait faire bien des dégats !

Le firlon, c’était le lance pierre. Une arme parait-il ! Nous étions donc tous, un jour ou l’autre, armés !

mardi 2 septembre 2008

Epidiascope

Faire un exposé, c’était bien. Mais c’était mieux encore si l’on faisait bon usage de l’épidiascope !

Episcope, épidiascope ? D’abord on trébuchait sur le nom.
Ensuite on veillait bien à ne pas trébucher en le transportant. C’est qu’il était lourd comme un cheval mort. Qu’il pesait bien sa vingtaine de kilos d’acier et de verre. Un monstre de ferraille et de lumière qui servait à projeter pour la classe n’importe quel document, n’importe quelle page de livre.
Aujourd’hui on scanne et on utilise ordinateur et projecteur numérique.
Une forme étrange aussi. Des formes de ce temps là, qui n’arrivaient pas à se décider entre les angles droits et les courbes. Une couleur de char d’assaut ou de milicienne Est-allemande : gris sombre, grenu. De ces couleurs qu’on n’ose plus.
La plupart des classes avaient le leur. Ou au moins les classes de sciences, qui faisaient grand usage de documentation.

L’épidiascope, c’était finalement le seul outil audio-visuel dont disposaient nos professeurs de l’époque. Le simple fait de l’allumer était pour nous un début de détente : le professeur s’arrêtait de dicter, et nous de noter. Dans la pénombre, il racontait, nous écoutions. C’est tout ce qu’il demandait.